Le marché complexe de la #SexTech

Fred
Be Gentle !
5 min readMay 18, 2016

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Dans SexTech, il y a Sex, et il y a Tech.

Deux sujets plutôt bankables si on en croit les chiffres officiels des deux marchés mondiaux, toute obédience confondue.

Mais tout comme la côte de boeuf et le chocolat, il est parfois des associations difficiles à marier convenablement, surtout lorsque l’on est vegan.

Actuellement en plein lancement de Gentle, notre équipe se rend compte de pas mal d’écueils pour délimiter les contours de ce marché. Nous pourrions les classer de la façon suivante :

  • Difficulté d’évangéliser une SexTech
  • A contre-courant du marché sexe actuel
  • Non perception de la tech dans la relation humaine

Evangéliser une SexTech

Comme j’ai pu l’évoquer dans un article précédent, s’essayer au marketing web classique via les réseaux sociaux n’est pas chose aisée.

Mais il n’y a pas que pour les réseaux sociaux que cette situation existe.

Parler de sa startup, de son idée, de comment elle s’articule, la vision, le modèle économique, … cela demande une certaine abnégation car on sait que l’on va essuyer quelques claques, des remarques parfois justes et dures, d’autres condescendantes, amusées, voire déprimantes. C’est bien, c’est salutaire même, cela fait avancer le projet.

Mais lorsque vous y ajoutez une dimension intime, voire morale — pour ne pas dire religieuse pour certains — , vous pouvez avoir des réactions décuplées, pour ne pas dire excessives. Et là, les avis que l’on vous apporte parfois sont très loin d’être utiles : certaines personnes veulent simplement que vous arrêtiez, que rien ne change, que surtout aucune solution ne soit trouvée au problème, même si vous leur montrez bien que vous essayez vraiment d’en résoudre un, voire plusieurs. Visiblement, il est des sujets auxquels il ne faut surtout pas s’attaquer.

À un autre niveau, bien plus expert pourtant, nous avons des Business Angels qui s’intéressent au projet, mais qui auraient du mal à pouvoir “s’afficher” dans une SexTech. Eux sentent le potentiel, comprennent le problème que l’on veut résoudre, perçoivent la qualité de l’équipe, mais craignent qu’une fois engagé dans ce genre de deal avec une startup dans ce type de marché, ils en perdent d’autres sous couvert de vertu, non dit ou que sais-je encore. En gros, ils ont peur du raccourci qu’on nous plaque souvent à tort : SexTech = PornTech.

Dernier exemple : un ami nous filant un coup de main sur les pistes de communication et web marketing s’arrachait les cheveux car nous ne voulions pas trancher entre les deux seules catégories existantes sur le web pour le sexe : le porn, ou la psycho/sexo. Le fait est que notre approche du sujet n’est pas dans une de ces catégories, et nous estimons que la sexualité des couples la plus répandue n’oscille pas entre le hard et une pathologie psychologique !

Mais nous allons convaincre tout le monde à la fin…

A contre-courant du marché sexe actuel

Ce n’est pas dur à constater, il suffit de se balader un minimum, la production érotique sur le web est en grande majorité de piètre qualité, redondante, à majorité sous fantasme masculin, peu originale…

Sur le terrain des clubs, ce n’est guère mieux : le côté gaudriole est plus présent que le côté boudoir. Et quand bien même, il est dommage que la référence en la matière reste systématiquement le marquis de Sade, nous restons tout de même bien loin du siècle du Girl Empowerment.

Et comme tout bon startupper, nous allons sur le terrain, aussi bien web que réel. Le monde du sexe est un monde ouvert où les gens parlent clairement, sans ambages, et ils nous disent tous la même chose : notre vision de qualité est une vision bobo d’un univers sexe qui ne correspond en rien à ce qui paie aujourd’hui.

On écoute, novices que nous sommes, nous ne sommes pas fous. Mais notre vision ne colle décidément pas à ce que dit le marché. Têtus, nous estimons à ce stade — peut-être à tort, mais aussi parce que l’on commence aussi à avoir pas mal de retours qui vont dans notre sens — que l’univers sexe sur le web est aujourd’hui trusté par des sites et des produits aux qualités discutables — notez que c’est de moins en moins vrai pour les sextoys — et que la valeur ajoutée réelle se trouve encore dans toute une frange d’un public en désir d’épanouissement sexuel, mais ne trouvant aucune solution à ses demandes, en terme d’écoute, de personnes, d’anti-glauque attitude et de sensualité.

Et nous allons construire cet univers avec Gentle…

Non perception de la tech dans la relation humaine

Et ici charnelle…

On nous dit souvent que rien ne remplacera la rencontre physique pour ce qu’on essaie de mettre en musique numériquement.

Pour nous dire de telles choses, je suppose que les personnes ont en tête ces vidéos de sextoys dernier cri où tout est virtualisé, du partenaire à la caresse, genre celle-là :

https://www.youtube.com/watch?v=6MW3g82Xsxc

Or, ce ne sera pas ce que nous proposerons. Nous n’avons pas l’ambition avec Gentle de mettre fin à la misère sexuelle, ce que ce genre de vidéos semble pouvoir combler.

Par contre, la virtualité permet de référencer, trouver, oser demander et à la fin, oser tout court. L’éducation sexuelle est tout bonnement nullissime, tout peuple confondu. Des religions ou des morales ont pu faire oublier aux gens leur partie sensorielle sexuelle. Pire, le quotidien a pu tuer cela avec tout un tas de contraintes fatigantes, brisant l’élan, la passion, le couple et ne les conservant que pour le protocole, la famille et le paiement des impôts, là où, jadis, a pu brûler cette flamme que l’on aurait voulu voir durer. Mais les braises couvent encore, et nous pensons qu’une application est apte à souffler dessus, sans perversité, sans obsession maladive ou compulsive, sans tous les noms d’oiseau que l’on peut donner aux pratiques sexuelles qui sortiraient un peu du cadre de la reproduction.

Alors bon voilà. On nous secoue un peu, voire pas mal même parfois, mais notre conviction reste la même : offrir une expérience nouvelle aux couples d’amants, qu’ils aient des difficultés à allumer la lumière pour s’ébattre ou à trouver un plan à 4. Et nous allons le faire bien parce qu’on pense que c’est comme cela qu’on ouvrira un nouveau marché, et que l’on fédèrera l’ancien !

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Fred
Be Gentle !

Co-fondateur de GentleApp, application pour l’épanouissement sexuel des couples