Extra-ordinaire

Benoit Zante
TLDR by Benoit Zante
5 min readNov 28, 2018

… pendant 4 jours, le Grand Palais s’est mué en vitrine de l’industrie française, avec plus de 40 500 visiteurs…

… l’Usine Extraordinaire a fait le plein, malgré les gilets jaunes : avec ses démonstrations de robots, ses expériences en réalité virtuelle et son mur d’escalade, l’exposition a notamment attiré de nombreux groupes scolaires (10 300 élèves au total).

Le but du consortium d’industriels derrière l’événement était clair : “faire changer les idées sur l’usine”, bref, déringardiser l’image de l’industrie pour mieux recruter… car figurez-vous que le secteur manque de bras.

En filigrane, derrière l’opération de communication et ses grosses ficelles, on identifiait assez facilement les enjeux de l’industrie française, autour d’un défi central : maintenir, et même relocaliser, sur le territoire, la production industrielle.

Automatisation, numérisation, temps réel… autant de transformations qui mènent à “l’usine 4.0”, dans l’objectif de mieux répondre aux attentes des clients, pour, in fine, faire la différence face à des implantations plus lointaines… avec, cerise sur le gâteau, l’espoir de gains environnementaux, grâce au rapprochement de la production et de la consommation.

Si le concept d’”Usine 4.0” regroupe de nombreuses thématiques, la plus évidente est celle de l’automatisation des usines. Le processus de robotisation n’est pas une nouveauté (quoique…), mais il est question maintenant de connecter toute l’usine (et pas seulement des postes de travail isolés), pour la rendre communicante et plus flexible. C’est un point de départ vers des chaînes de production plus flexibles, adaptables en temps réel aux besoins.

Cette notion de temps réel est déjà en place dans la chaîne d’approvisionnement et la logistique : sous la voûte du Grand Palais, Sanofi présentait sa “Supply Chain Control Tower”, une série d’outils pour anticiper et prendre rapidement des décisions, en fonction de facteurs tels que la météo ou les pics de pollution.

La “personnalisation” de la production est aussi un sujet clé : l’impression 3D (ou “fabrication additive“) était en vedette sur les stands de la French Fab, d’Addup ou de Sanofi, avec notamment une démo de médicament “imprimé”. Le plus étonnant ? Le pneu en matériaux “biosourcés”, imprimé en 3D par Michelin.

Bref, si l’impression 3D n’a pas encore les applications grand public qu’on lui prédisait il y a quelques années, elle trouve bien sa place dans l’industrie (souvenez-vous aussi du pont imprimé en 3D dont je vous parlais voici quelques semaines) : l’objectif est de permettre une “personnalisation de masse”, avec une production à la demande, au plus près des lieux de consommation.

Derrière tous ces sujets, comme toujours, surgit la question de l’humain : comment attirer les talents capables de piloter ces usines de demain, former les ouvriers à l’interaction “homme-machine” et accompagner ces changements inévitables ?

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Ce sujet de l’humain est d’ailleurs une des thématiques que j’ai récemment étudié pour le HUB Institute, avec la publication d’un HUBREPORT sur le futur du travail, dont vous trouverez un bref aperçu ici.

// En bonus //

1️⃣ Connaissez-vous les restaurants fantômes ?

[TL;DR] Dans le sillage du développement du secteur de la “food delivery” (+20% de croissance par an aux Etats-Unis), une multitude de “restaurants fantômes” se sont développés : Uber Eats travaille avec 1 600 de ces restaurants virtuels à travers le monde. Grâce à l’analyse des données de recherche, la plateforme est capable d’identifier les attentes des consommateurs et de créer de toute pièce une offre alimentaire correspondante, avec l’aide de restaurateurs qui ouvrent une simple cuisine ou s’appuient sur les cuisines de restaurants existants pour concevoir une carte qui n’existe qu’en ligne, adaptée à une consommation à domicile.

La punchline : “L’an dernier, 40% des utilisateurs d’Uber Eats sont des nouveaux clients pour Uber. Ce sont eux qui portent la croissance de la plateforme.”

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2️⃣ “Avec Google, nous utilisons des technologies qui censurent”

[TL;DR] Safiya Umoja Noble est chercheuse en sciences de l’information à l’Université de Los Angeles. Elle alerte sur la confiance aveugle que nous accordons aux algorithmes… Car non, contrairement à ce qu’un Google voudrait faire croire, ceux-ci ne sont pas neutres. Ils renforcent même les inégalités, en jouant sur nos perceptions du monde. Le système est construit sur les règles de la majorité et entretient les stéréotypes… Un problème démocratique, qui se réglera par davantage de transparence sur la technologie, mais aussi par une nécessaire prise de responsabilité de la part des plateformes.

La punchline : “Avec Google, le racisme et le sexisme des médias traditionnels sont en train de resurgir sous une nouvelle forme, qui prend le masque de l’objectivité.”

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3️⃣ Non, The Guardian ne pratique pas la mendicité

[TL;DR] Au Web Summit, David Pemsel, le CEO du Guardian Media Group a annoncé que près de 12% des revenus de son titre provenait des donations de ses lecteurs, à la manière de Wikipedia. Grâce notamment à ces 500 000 contributeurs, le digital rapporte maintenant davantage que le papier. Pour y parvenir, les équipes du site ont imaginé différents messages d’incitation au don, qui évoluent en fonction des lecteurs et de leurs comportements. Le levier qui fonctionne le mieux ? Financer le journalisme, afin que ceux qui ne peuvent pas payer puisse quand même accéder à une information de qualité, gratuitement. On est loin de la mendicité décriée par les détracteurs du Guardian.

La punchline : “Le modèle économique de Facebook repose sur la viralité, pas sur la qualité. Nous sommes en opposition totale avec ce modèle, nous avons très peu de points communs.”

// Avant de nous séparer //

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A la semaine prochaine !

Benoit Zante
@bzante

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