Keep calm !

Benoit Zante
TLDR by Benoit Zante
5 min readNov 12, 2018

De retour de Lisbonne…

… je suis assez étonné de lire autant de compte-rendus mitigés sur le Web Summit dans la presse française…

… à lire les différents articles qui reprennent l’AFP, cette édition du Web Summit était marquée par la “désillusion” en cette période de “trou d’air”, avec un monde de la tech que l’Opinion décrit en pleine “crise de conscience”. Pire, “Internet ne fait plus rêver mais fait peur” selon Le Figaro… quand Maddyness n’hésite pas à évoquer un monde en proie aux “flammes de l’enfer”…

Étonnamment, cette tonalité globalement négative ne se retrouve pas vraiment dans la presse étrangère… Passons évidemment sur la presse portugaise, qui considère l’édition 2018 comme “the biggest and best” et même la presse de Dublin, d’où est issu l’événement, qui salue les “initiatives admirables” du Web Summit dans le développement durable.

Forbes rappelle que l’événement se jouait à guichet fermé, avec 70 000 participants. En Espagne, La Vanguardia a vu dans le Web Summit un événement prônant la paix et luttant contre l’intolérance, alors qu’en Italie, Le Faro di Roma estime que le rêve est toujours possible. Même l’Allemand Der Spiegel préfère tourner la régulation du web sous un angle positif, en mettant en avant une citation de la commissaire européenne Margrethe Vestager : “les règles rendent créatif”.

Et sur une note plus légère, le Daily Mail, lui, a surtout retenu la tenue choisie par la princesse Beatrice lors de son intervention…

Les Français n’apprécieraient-ils pas qu’un autre salon européen face de l’ombre à Vivatech ? ;-)

Quand on creuse, on remarque que les articles français sont pour la plupart dans la lignée de la vision de l’AFP, qui a rédigé sa dépêche avant même l’ouverture des portes du salon. Cette dépêche s’appuie sur la conférence inaugurale qui avait lieu la veille au soir avec l’intervention de Tim Berners Lee, qui de l’avis de tous était loin d’être le plus inspirant des orateurs… Un autre intervenant y est mis particulièrement en avant : Christopher Wylie, le lanceur d’alerte de Cambridge Analytica.

Mais comment une ou deux interventions peuvent-elles être représentatives de l’état d’esprit d’un événement de 4 jours, avec 1 200 speakers et plus de 1 800 startups ?

Surtout, pour bien rendre compte du Web Summit, il faut faire le travail jusqu’au bout et y rester jusqu’au dernier jour : les startups exposants changent chaque jour, tout comme les thématiques abordées sur les 24 scènes (Sport le mardi, Fintech le mercredi, crypto et mode le jeudi, contenus les mardi et mercredi, etc.).

Ce que j’ai vu à Lisbonne est aux antipodes des descriptions désabusées : certes, la notion de “responsabilité” de la tech était présente, mais elle l’était tout autant les années passées. Le thème était même encore davantage central il y a deux ans, puisque l’élection surprise de Trump avait eu lieu en plein pendant l’événement… il fallait voir sur scène les têtes déconfites des intervenants américains le lendemain (comme cet article des Echos le décrivait à l’époque).

Pour sa troisième édition dans la capitale portugaise, le Web Summit brassait cette année encore plus de monde, de startups et d’argent… l’effervescence du secteur était plus que jamais palpable, alors que les 4 halls d’expositions atteignent leurs limites (une extension est prévue pour les années à venir, c’était l’une des conditions fixées par les organisateurs pour rester 10 ans de plus à Lisbonne).

Comme toujours, les allées avaient les allures d’un capharnaüm d’idées et d’initiatives plus ou moins pertinentes… de l’automatisation de certaines tâches marketing (coucou à mes amis d’Adriel, dont je vous avais déjà parlé lors de Dmexco à Cologne), aux innombrables “marketplaces”, chatbots et autres plateformes “décentralisées”, sans oublier les rencontres par tests ADN ou le robot compagnon pour chiens

Cette année, pour le HUB Institute, je me suis concentré particulièrement sur le sujet des RH et du futur du travail (à lire ici) : toutes ces startups me semblent surtout intéressantes pour les “insights” qu’elles ont identifiés et les grandes tendances qu’elles illustrent chacune à leur façon.

La valeur du Web Summit réside aussi dans la qualité de ses retours d’expérience, issus de startups, grands groupes ou géants de la tech, notamment sur les sujets de marketing et de stratégie. Pour vous en donner un aperçu, j’ai écrit pour le HUB Institute sur les interventions de Booking.com et TripAdvisor, ici et .

De nombreuses autres startups et interventions mériteraient des coups de projecteur : je m’y attellerai sûrement dans les semaines à venir. En attendant, vous pouvez lire aussi le compte rendu de certaines conférences, réalisé par l’agence Tips Tank (à lire ici).

// En Bonus //

L’une des conférences les plus inspirante de cette édition était peut-être celle des co-fondateurs de Calm, une application de méditation valorisée 250 millions de dollars. Alex Tew, l’un des deux entrepreneurs n’est pas à son premier coup : c’est lui qui était à l’origine de la “Million Dollars Homepage”, en 2005 (ça ne nous rajeunit pas…), dont l’histoire est racontée ici par The Hustle (en anglais).

Après cet afflux soudain d’argent, à seulement 21 ans, Alex Tew a traversé une petite crise existentielle, qui l’a amené à se tourner vers la méditation. De là est né “DoNothingFor2Minutes.com” puis Calm, un programme de méditation guidée à utiliser au quotidien.

L’histoire ne s’arrête pas là… En regardant les stats de l’application, l’équipe de Calm s’est rendue compte qu’il y avait un pic d’utilisation vers 23h : les américains utilisent l’application pour s’endormir… alors que ce n’était pas son rôle. Des “bedtime stories” pour adultes ont alors été lancées : un vrai succès, à tel point que leur usage dépasse celui des contenus de méditation. Pour s’amuser, Calm a même fait une version “berceuse” du RGPD… Et les gens sont prêts à payer pour cela (36€/an), puisque l’application affichait 18 millions de dollars de revenus l’an dernier.

La conférence qui explique tout cela est à voir ici.

// Avant de nous séparer //

N’hésitez surtout pas à partager cet article :)

Vous souhaitez recevoir directement par e-mail les prochains articles? Un formulaire d’inscription est disponible ici.

Benoit Zante

@bzante

--

--