Les DAOs et les smart contracts expliqués à ta mère (1/2)

Cet article n’a pas pour but de détailler les rouages technico-techniques des DAOs, des smart contracts et de leurs innombrables usages. Son but est d’expliquer à un public ‘non tech’ (comme ta maman ou ton petit frère) les principes de base des DAOs avec un angle orienté spécifiquement sur le ‘travail humain’. Vous ne trouverez donc pas des termes techniques du type ‘application décentralisée’, ‘consensus distribués’ ou ‘langage Turing-complet’ qui — à part pour les doctorants en informatique — ne signifient strictement rien pour le commun des mortels. Ce parti-pris devrait permettre à tout le monde de prendre conscience du potentiel ÉNORME d’une invention qui pour l’instant suscite surtout de la perplexité.

Ce qui va être décrit dans cet article n’est pas une théorie, une utopie ou une vue de l’esprit mais une forme d’organisation du travail humain (et non humain) qui existe déjà et qui, comme l’usage de l’informatique et de l’Internet, finira par s’immiscer dans une très large partie de nos interactions sociales au quotidien.

Première définition

Pour faire très simple, une DAO (organisation autonome décentralisée) est une entreprise qui n’a pas besoin d’une équipe managériale

  • ni pour vérifier le travail de ses employés
  • ni pour effectuer le paiement des salaires

Il n’y a plus de managers, plus de comptables. Dans une DAO, ces 2 tâches fondamentales pour le fonctionnement des entreprises sont exécutées par des algorithmes.

C’est quoi ces algorithmes qui remplacent le travail des managers?

Pour le savoir il faut tout d’abord rappeler ce qu’est vraiment une entreprise. Une entreprise n’est structurellement rien d’autre qu’un ensemble de ‘contrats de travail’. Et un contrat de travail n’est rien d’autre qu’un document qui défini principalement 3 choses:

  • les tâches à effectuer
  • la rémunération
  • la personne qui est chargée d’accomplir ces tâches

Ce ‘concept’ de contrats de travail ne s’applique pas seulement aux entreprises mais à toutes les formes d’organisation humaine du travail que nous trouvons dans nos sociétés modernes (entreprises, associations, ONGs, gouvernements).

Les organisations non autonomes, non décentralisées

Ces structures (entreprises, associations, etc) qui reposent toutes sans exceptions sur des contrats de travail sont par nature :

  • Non autonomes, car si aucun manager ne vérifie que les employés font leur travail ou si personne n’effectue le paiement des salaires, l’organisation cesse tout simplement d’exister.
  • Non décentralisées, car l’ensemble des contrats est contrôlé au sein d’une entité juridique qu’est l’entreprise, l’association, etc. Un certain niveau de centralisation est donc par définition, fondamentale à la survie de toutes ces structures.

Maintenant que vous avez en tête cette façon un peu abstraite de définir les organisations telle que nous les connaissons, redéfinissons ce qu’est une DAO.

Seconde définition

Si une entreprise classique n’est qu’un ensemble de contrats de travail, une DAO n’est quant à elle rien d’autre qu’un ensemble de ‘smart contracts’. Nous verrons plus tard pourquoi on dit qu’ils sont ‘smarts’, mais tout d’abord, il faut comprendre que comme un contrat de travail, un smart contract va définir:

  • des tâches qui devront être effectuées
  • un salaire pour rémunérer la personne qui réalise ces tâches

Mais à la différence d’un contrat de travail, un smart contract ne définit pas par nécessairement qui doit faire ces tâches. Tout le monde peut accomplir les tâches du smart contract et recevoir sa rémunération. Même un robot.

Un monde du travail sans candidature et sans recrutement

Cette différence entre les contrats de travail et les smart contracts est énorme. En effet, dans le cas du contrat de travail classique, avant de le signer et de pouvoir travailler pour l’entreprise, l’employé doit passer un ou plusieurs entretiens de recrutement. Cette phase de dépôt de candidatures, test/sélection/entretiens/recrutement est un véritable point de friction à l’entrée de toutes entreprises, de toutes organisations. C’est une phase délicate où les critères d’évaluation sont parfois — si ce n’est souvent — arbitraires (expériences, diplômes, compétences, potentiel, âge, sexe, ethnicité…)

La beauté des smart contracts, c’est qu’il n’y a pas d’arbitraire. Une personne qui cherche du travail pourra se contenter de passer en revue des smart contracts. Et si un des contrats lui convient, elle fait le travail demandé par le smart contract et se fait payer directement. Bien entendu, c’est celle ou celui qui réalise les tâches du smart contract en premier qui est payé. Avec les smarts contracts, il n’y a pas de candidatures à déposer avant de pouvoir travailler. Il n’y a pas de recrutement. Cela signifie qu’un autre poste clef de l’entreprise disparaît: recruteur, directeur des ressources humaines.

Parce qu’il n’y a plus de filtres arbitraires, l’entreprise dans le cas d’une DAO n’a plus de contours définis, tout le monde et à tout moment peut travailler pour la DAO et la quitter. Pas de CDD, pas de CDI, mais du travail accessible en permanence et sans candidature. Si vous voulez travailler toute votre vie pour une DAO ce sera possible, si vous ne voulez faire qu’une seule mission cela le sera aussi. Et c’est vous en tant qu’employé qui le décidera.

Des contrats de travail intelligents

Une autre particularité des smart contracts, c’est qu’ils ne sont pas écrit en français, anglais, espagnol, chinois etc… Ils ne sont pas écrit en langage humain mais en langage de programmation, en code. De façon très schématique, le contrat est du type: ‘Si {travail accompli} alors {payer utilisateur avec montant = XXX}’ et comme tout contrat de travail, il est possible d’écrire autant de conditions que nécessaire dans un smart contract. Savoir lire du code devient donc particulièrement crucial dans un monde où les smarts contracts définiront probablement nos futurs emplois.

Je disais plus haut que les DAOs remplacent l’équipe managériale d’une entreprise par des algorithmes, et bien les algorithmes en question sont justement ces smart contracts. Ils sont dit intelligents car ils ne se contentent pas de lister dans leur code les tâches à effectuer: Dès qu’une personne effectue le travail demandé par un smart contract, ce dernier par le biais de son propre code vérifie le travail puis s’il le considère comme étant valide, il effectue directement le paiement.

**La suite de l’article est ici**

--

--

JAK TRAN
Bitcoin, Ethereum, DAOs, smart contracts pour les nuls

#android #collectiveintelligence #Bitcoin #Ethereum #blockchains #smartcontracts