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Quelque chose ne va pas au travail… Les signes qui préparent le terrain au burnout.

Guérir le burnout
Burnout : rallumons la flamme !
11 min readSep 17, 2016

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Vous êtes en baisse de régime, l’ambiance dans votre équipe s’est dégradée ces derniers temps… Quelque chose semble ne pas aller, mais quoi ? Nous vous proposons quelques pistes pour débusquer le mal-être au travail et tenter d’améliorer les choses.

Il n’y a pas que le burnout dans la vie !

Le stress au travail affecte pas moins d’une personne sur cinq : sur les 28 millions d’actifs en France, cela en fait, du monde ! Nul besoin d’être en burnout pour ressentir du stress. Autour de ce syndrome destructeur dont nous parlons beaucoup pour éveiller les consciences, le stress au travail et la souffrance au travail ont des milliers de facettes qu’il est parfois difficile de percevoir. Quelque chose ne va pas, mais on ne sait pas vraiment quoi… Tour d’horizon des symptômes les plus parlants.

Les arrêts maladie

Ce signe évident ne trompe pas : l’augmentation des arrêts maladie au sein d’une organisation témoigne d’un déséquilibre, ou d’un excès de stress. Si vos collaboratrices et collaborateurs (ou vous-mêmes) tombez comme des mouches, pour des maux de dos, des états migraineux, du “surmenage”, des virus à répétition, c’est que vos corps sont à bout et qu’ils ont besoin de repos.

Un arrêt n’est jamais anodin. Et bien qu’aucun chiffre ne les comptabilise, nombre de personnes se font prescrire un arrêt par leur médecin mais ne l’honorent pas et retournent travailler malgré leur fatigue ou leur maladie mentale. On ne s’arrête pas de travailler pour le plaisir : pour rappel, selon votre statut et votre type de contrat, une baisse de revenus peut rapidement arriver, ce qui est loin d’être avantageux et pénalise le repos des personnes malades. Évoquons aussi les pressions hiérarchiques à la performance qui dissuadent beaucoup de personnes épuisées de s’arrêter : cela serait mal vu ou pénalisant pour le reste de leur carrière, cela pourrait mettre en péril leur équipe et être vu comme de “l’abandon de poste” temporaire…

Le travail doit-il épuiser ? Nous sommes convaincus que non. Un nombre d’arrêts maladie suffisant pour être remarqué doit rapidement alerter : peut-être que quelque chose ne fonctionne pas bien dans la manière dont votre organisation protège ses membres.

L’ambiance dans l’équipe

Un récent témoignage dans notre communauté relate des faits typiques et aisément reconnaissables :

Cette organisation du travail et ce management par la peur déteignaient également sur le reste du service. Deux de mes collègues, d’ordinaire si souriants, ont également commencé à baisser les bras. Les sourires se sont raréfiés, remplacés par un stress évident sur les visages et un morne silence. À tel point que les bruits inhabituels, voix et rires un peu trop forts ont commencé à m’irriter autant qu’ils me manquaient. Et je m’agaçais moi-même de réagir de cette manière. Je me trouvais de moins en moins patiente. Je m’entendais râler, je ne me supportais plus.

Votre équipe a perdu le sourire ? L’ambiance s’est dégradée ? Vous avez arrêté d’écouter de la musique alors qu’avant, elle faisait partie de la vie quotidienne dans votre bureau ? Vos collègues et vous-mêmes faites preuve de cynisme envers les autres employé-es, les client-es, les prestataires alors que d’habitude tout le monde les respectait et ne critiquait jamais gratuitement ? N’attendez plus avant de vous poser des questions.

Le cynisme et le manque d’empathie sont des symptômes reconnus participant au syndrome du burnout. Et avant le burnout, il existe plein de petites marches qui y montent plus ou moins vite : si votre environnement de travail se trouve peuplé de gens qui, très positifs et joyeux d’habitude, se plongent lentement dans la tristesse et la négativité, vite, réagissez.

La pause café

Toute bonne habitude qui se perd doit sonner l’alarme : les pauses informelles, les goûters spontanés, les pauses café entre collègues témoignent d’une bonne santé relationnelle au sein d’une organisation. Vous aviez pour habitude de prendre un moment le lundi après déjeuner pour que chacun-e parle de son weekend ? Il était courant qu’une personne de l’équipe apporte des cookies maison ou que des goûters s’organisent le vendredi après midi ? Si ces habitudes ont totalement disparu, c’est le signe que l’ambiance dans l’équipe est en train de se dégrader, et c’est souvent mauvais signe.

Les événements sociaux et de partage inter-collègues sont essentiels sur bien des plans :

  • ils permettent de resserrer les liens entre collaboratrices et collaborateurs, et d’aborder des aspects de la sphère privée de chacun, aspects que l’on ne découvrira pas si l’on ne leur donne pas l’espace de s’exprimer,
  • ils instaurent des instants de décompression où les petites tensions dues au travail peuvent s’extérioriser et faire dégonfler les conflits mineurs,
  • ils rythment la vie d’une équipe, équilibrent les périodes de productivité et favorisent l’empathie.

Contrairement à la croyance commune, les moments consacrés à “glander”, discuter, échanger, rire et connaître ses collègues sont loin d’être du temps perdu. Ils permettent au contraire de faire gagner les gens en productivité, en leur proposant un environnement de travail agréable et équilibré.

Si de tels événements ont spontanément stoppé au sein de votre équipe, ne cherchez pas plus loin.

L’absence de disponibilité et de transparence

D’habitude très loquace, votre équipe dirigeante a arrêté de vous informer des récentes décisions ? Votre manager n’est jamais disponible, ou ne vous parle plus de stratégie, vous qui d’habitude participez à ce genre de réflexions ? Les réunions d’équipe se raréfient, l’information ne circule plus aussi bien qu’avant, dans un sens ou dans l’autre ? La bonne circulation de l’information favorise différents traits essentiels à l’équilibre d’une organisation :

  • la confiance mutuelle via l’écoute de chacun-e, quel que soit son statut,
  • l’esprit d’initiative et la créativité de la part des collaboratrices et collaborateurs,
  • l’identification et la remontée rapides des petits dysfonctionnements avant qu’ils ne deviennent importants.

Le manque de disponibilité peut aussi concerner vos collègues directs. Peut-être croulent-ils/elles sous un surplus de travail, peut-être sont-ils/elles épuisé-es et n’ont pas l’énergie de vous partager des informations pourtant importantes pour que vous puissiez mener à bien votre mission. De plus, quelqu’un qui croule sous le boulot, manager ou pas, a de grandes chances de finir en arrêt, soit d’épuisement intellectuel, soit parce que son corps se chargera de dire qu’il faut prendre du repos (mais on se repose moins bien quand on est malade !). Et bien souvent, avant d’en arriver là, on omet souvent de documenter, d’organiser clairement, de trier, de ranger… Ces les tâches qui n’ont pas de résultat concret à court terme pourraient un jour ou l’autre devenir des goulots d’étranglement si leur auteur-e est absent-e. En particulier pour celui ou celle qui reprendra ses dossiers…

Quoi qu’il arrive, un circuit d’information incomplet ou insuffisant peut témoigner d’un problème sous-jacent, soit au niveau des individus, soit au niveau de l’organisation elle-même qui néglige la bonne circulation d’informations participant à la fluidité technique et relationnelle.

Les heures supplémentaires

Dans certains domaines de métiers plus que d’autres, les heures supplémentaires sont monnaie courante, pour des raisons diverses allant des habitudes culturelles aux modèles de productivité. Il arrive légitimement qu’une période faste en contrats / missions génère des journées à rallonge pour les collaborateurs. Mais les heures supplémentaires excessives peuvent traduire plusieurs traits néfastes pour une organisation :

  • celle-ci est surchargée, et ne peut pas effectuer les missions qui lui ont été confiées avec les moyens dont elle dispose, d’où une compensation par des heures supplémentaires. Ce genre de problème est absolument capital à repérer, car il engendre l’épuisement des équipes, à plus ou moins long terme, et parfois très rapidement. Plusieurs semaines, parfois plusieurs mois de “charrettes” sont absolument néfastes aux organisations tout autant qu’aux employé-es.
  • les personnes sont en situation de stress au travail et/ou d’épuisement professionnel, leurs performances s’en retrouvent affectées et elles doivent compenser par le fait de faire plus d’heures. Bien souvent, cela ne résout aucunement le problème : compenser un manque de productivité par des heures supplémentaires ne fera qu’augmenter l’épuisement et la fatigue mentale et physique des employé-es. Si vos collègues accumulent les horaires impossibles, c’est un symptôme qu’il faut à tout prix repérer à temps.
  • la pression hiérarchique est telle que les employé-es pratiquent le présentéisme, parce que celui-ci est bien vu, ou pire, parce qu’il est la seule échelle permettant de progresser. Ce genre de pression à la présence en entreprise est totalement toxique : elle prive les personnes du temps nécessaire à leur repos et favorise des comportements dangereux sur le long terme pour la santé des employés et surtout pour la productivité de l’organisation. “Être plus présent” ne signifie pas du tout “en faire plus”.

Il est indispensable de se reposer. Le cerveau a besoin de repos pour bien fonctionner, le corps aussi. Ce n’est pas pour rien que la loi oblige à une coupure de 11h consécutives entre 2 journées de travail (note : ce chiffre peut être influencé par les accords de branche dans votre secteur). Et par repos, nous parlons aussi de coupure totale, celle où nous coupons notre téléphone et nos e-mails professionnels le soir et le week-end.

Sans repos, sans coupure mentale également, la personne pâtit à court et long terme. À court terme, c’est son cercle social et sa famille qui trinquent, car elle ne peut pas se sortir mentalement du travail, qui est un sujet qui revient sans cesse dans ses pensées. À long terme, c’est sa productivité et sa santé physique et mentale qui sont affectées : maladies, perte de productivité, perte totale de motivation… Le travail sans repos peut tuer. Et c’est inadmissible.

Surveillez les surplus d’activité au sein de votre organisation, qu’ils soient collectifs ou individuels. Chaque cas demande une attention accrue !

L’empathie en baisse

Ce point rejoint quelques-uns exprimés plus haut. L’empathie, ou capacité de chacun à se mettre à la place d’autrui et à comprendre son ressenti (et par extension accepter que le ressenti de l’autre soit différent du sien), peut se retrouver fortement affectée chez les membres d’une équipe. Ce signe est directement lié au stress, et par extension au burnout.

Vous avez remarqué, chez vous ou chez vos collègues, une certaine agressivité face aux comportements des autres ? Vous ne supportez plus la musique, le bruit ? Vous ne comprenez pas pourquoi ce collègue vient tout le temps vous embêter avec ses histoires sans intérêt, et quand l’un-e d’entre eux vous demande de l’aide, vous réagissez de manière épidermique ? Il se peut également que vous vous rendiez compte que vous tombez tout le temps à côté de la plaque dernièrement, que personne ne vous comprend, que vous faites face à de plus en plus de situations qui génèrent de petits conflits de communication : c’est la baisse d’empathie.

Le manque d’empathie traduit un problème : le stress nous met dans un état de “survie” permanent. Nos sens et notre cerveau sont dirigés vers un seul et même objectif : protéger nos fonctions vitales. Nous perdons la capacité à écouter les autres, à percevoir leurs émotions, comportements et attitudes, nous devenons incapables de les “lire”. Et nous sombrons dans un état qui nous rend imperméable à la souffrance d’autrui, presque autant qu’à la nôtre…

Quelles solutions ?

C’est bien beau de pointer du doigt toutes ces choses qui signalent que quelque chose ne va pas au sein d’une organisation. Mais on fait quoi ?

Tout d’abord, on prend la parole.

Chacun des symptômes décrits ci-dessus témoigne d’un dysfonctionnement, qu’il soit facilement identifiable ou pas. Le plus important est de signaler ce dysfonctionnement et de faire remonter l’information à qui de droit.

Prenez le taureau par les cornes et osez contacter votre management, votre dirigeant-e, ou quiconque en capacité d’entendre que quelque chose ne va pas. Il ne pourra pas vous être reproché de chercher à améliorer les choses, ou si cela arrive, c’est que vous n’êtes pas dans le bon environnement pour vous, et que vous ne bénéficiez pas de l’écoute bienveillante nécessaire à la bonne santé de l’équipe, voire de l’entreprise.

Vous pouvez aussi être à l’origine de la restauration de moments de décompression au sein de votre organisation : ceux-ci sont indispensables à l’expression de chacun-e sur un ton plus informel et libéré. Goûters d’équipe, pique-nique à l’extérieur, ou juste point hebdomadaire informel, toute fenêtre ouverte sur le dialogue et l’expression des tensions est bon, même s’il faut passer par quelques moments délicats où les personnes en souffrance exprimeront des faits qui ne sont pas forcément agréables à entendre pour tous. Mais devant le constat qu’il faut améliorer les choses, il est aussi possible qu’une bonne dynamique d’échange se mette en place pour que tout le monde en retire du positif à court terme !

Ensuite, on écoute.

Oui, l’écoute est primordiale au sein d’une équipe : nous parlons souvent d’intelligence relationnelle et émotionnelle, il est temps de la travailler, de pair avec notre empathie, et écouter nos collègues en souffrance.

Encore aujourd’hui, nous est parvenu un témoignage édifiant :

J’ai pris une claque récemment en discutant avec des gens du métier, que je respecte, et qui ont l’air, de l’extérieur, totalement heureux dans leur boulot. Et pourtant quand tu creuses un peu, c’est insécurité, détresse et bord du burnout, aucune confiance en soi. Alors que ce sont des gens TRÈS reconnus dans la profession, et rien n’est visible de l’extérieur…

Qui plus est quand notre réputation nous précède, la pression peut être si grande que nous n’osons plus exprimer notre souffrance. Alors que tenir coûte que coûte dans cette position (tout faire pour ne pas montrer que l’on souffre, de peur que cela nous desserve) encourage celles et ceux qui prennent ce comportement pour modèle à croire qu’il faut faire le sacrifice de la santé pour en arriver là, et qu’on peut bien vivre malgré tout. Il est grand temps de soulever le rideau et de montrer que dans les loges, les actrices et acteurs de premier plan sont comme les autres, fatigué-es, usé-es, humain-es, et que le système les détruit elles et eux aussi. Qu’elles-ils ne tiennent parfois que par un fil, parce qu’il est encore plus difficile socialement et professionnellement de quitter ce type de poste sans se “griller”, mais qu’elles-ils ne rêvent que de retrouver un équilibre plus supportable. Et surtout du temps pour eux-mêmes...

Oui, chacun-e d’entre nous mène une bataille dont nous n’avons aucune idée. Que ce soit une bataille personnelle, voire intime (un trouble de confiance en soi, une maladie qui n’est pas visible de l’extérieur par exemple, ou une phobie) ou un combat professionnel, nous ne savons pas ce que l’autre vit, et il est temps d’exercer notre empathie pour écouter la souffrance de l’autre. Cette écoute peut vous apporter énormément, autant au niveau relationnel que pour votre propre richesse personnelle.

Parfois, il faut aussi savoir lâcher prise…

Certaines situations sont sans issue, et il est alors bon de s’en rendre compte avant de s’épuiser totalement en tentant de changer les choses. Dans ce cas, entrez en introspection et demandez-vous si l’effort fourni en vaut le coup. J’ai en tête les paroles précieuses d’un ancien collègue et ami, paroles m’ayant beaucoup marquée et aidée à l’époque de mon burnout : “il faut parfois savoir abandonner, et comme le boxeur qui sait qu’il va prendre un coup, se détendre, se préparer à accuser la frappe, tomber pour mieux se relever ensuite, au lieu de se crisper et recevoir la patate en pleine figure et certainement prendre un K.O.”

Parfois, le salarié a beau se débattre pour éviter de sombrer dans le burnout, certaines conditions de travail sont impossibles à faire évoluer. La seule solution réside dans un arrêt ou un changement de travail.

— CATHERINE VASEY, Psychologue

Dans tous les cas, il convient de débusquer ces situations qui pénalisent une organisation, une équipe ou les personnes : soyez vigilant-es et n’hésitez pas à nous faire parvenir vos questions et vos témoignages dans les commentaires de cet article !

M.C.

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