Le problème d’une génération : “Fake it until you make it”

Valentin Decker
Content Studio
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5 min readNov 3, 2018

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“Théo, 24 ans, multimillionnaire et coach de vie.”
“Damien, conseiller en relations humaines et accélérateur de réussite.”
“Julien, entrepreneur à succès et expert en Marketing.”

Depuis peu, on assiste à une prolifération de ce genre de profils bullshit sur les réseaux sociaux.

Des soi-disant entrepreneurs à succès qui s’inventent une vie — un titre LinkedIn peut suffire — pour nous donner envie d’échanger la formule miracle qu’ils ont mise au point, contre quelques centaines d’euros.

Comme si toute une nouvelle génération s’était mise à appliquer au pied de la lettre le fameux adage startup “Fake it until you make it.

Avec l’espoir de la reconnaissance et de l’argent facile.

Avant d’aller plus loin dans cet article, j’aimerais souligner qu’il existe des situations pour lesquelles l’expression “Fake it until you make it” peut être positive.

Elle nous rappelle que :

  • l’on n’a pas besoin d’être à 100% certain de ce que l’on va faire avant de se lancer. C’est normal (et sain) de ne pas savoir précisément où l’on veut aller. Le meilleur moyen de trouver son chemin est justement de commencer à avancer, de mettre un pied devant l’autre et d’expérimenter les choses
  • l’on est tous en proie aux doutes, même les meilleurs dans leur domaine. Ce qui compte, c’est de parvenir à les surmonter pour avancer quoi qu’il arrive
  • le syndrome de l’imposteur n’est pas une fatalité. Peu importe qui l’on est et d’où l’on vient, on possède tous nos chances

Le problème avec “fake it until you make it”

Le problème vient quand on ne pense qu’au “fake it” et que l’on oublie que c’est la dernière partie de l’expression qui compte.

On oublie que “Fake it” n’est qu’un moyen pour arriver à une fin, “make it”.

Ce n’est qu’un moyen pour atteindre ce que l’on veut faire ou devenir qui l’on veut être.

On oublie que les choses demandent du travail et du temps.

On oublie que rien ne vient sans effort et que derrière chaque succès, se cachent des heures de labeur et d’abnégation dans l’ombre.

On peut se rassurer au début en “fakant” les choses. Mais il n’y a pas d’autres solutions que de vraiment faire les choses. Heureusement (oui, heureusement), il n’existe aucun raccourci.

Lots of people want to be the noun without doing the verb. They want the job title without the work.— Austin Kleon

J’adore cette citation ; elle résume parfaitement mon point.

  • On ne peut pas être forgeron sans forger
  • On ne peut pas être écrivain sans écrire
  • On ne peut pas être musclé sans aller à la salle de sport
  • etc

Je ne veux surtout pas me placer dans la position de celui qui a tout compris (je n’ai moi-même aucune idée d’où je souhaite aller).

Mais je trouve que l’on veut trop vite s’auto-proclamer expert de ceci ou de cela.

On veut gagner de l’argent facilement.

On veut devenir un “influenceur” rapidement.

On veut avoir la vie de nos rêves, tout en faisant le moins d’effort possible.

Ça ne fonctionne pas comme ça…

Ce n’est pas entièrement de notre faute

Comment nous en vouloir ?

Le temps s’accélère et notre environnement joue contre nous. Il nous pousse à tout vouloir plus vite, plus facilement, etc.

Les réseaux sociaux nous montrent la meilleure vie des autres. Ils nous donnent l’impression que tout est formidable autour de nous. Et on se compare irrémédiablement.

On est en permanence abreuvés de photos, vidéos et textes de personnes qui réussissent, ou prétendent réussir. Les fameuses photos des “digital nomades” qui travaillent depuis une plage à Bali.

Le pire, c’est que l’on est incapable de distinguer le vrai du faux. Qui sait réellement ce qui se cache derrière un tweet ou une photo Instagram ?

Je suis en fait dans mon lit, je viens de manger des Chocapic et j’ai froid.

La conséquence, c’est que l’on cherche des hacks et des techniques de court terme pour gagner 150% d’efficacité ou gagner 8x plus en y passant 2x moins de temps.

Une bien triste question Quora

L’explosion du nombre de personnes qui se lancent dans l’aventure startup avec l’espoir de la revente 3 ans plus tard, de coachs pour entrepreneurs ou de gens qui se lancent dans le Dropshipping en est une belle illustration.

D’ailleurs, qu’est-ce que le Dropshipping, si ce n’est le rêve d’un revenu prétendument facile et rapide ? En réalité, c’est tout le contraire, mais c’est ce que l’on fait croire à ceux qui se lancent.

Le message que je veux transmettre avec cet article, c’est que les choses prennent du temps. Souvent beaucoup plus que ce que l’on peut penser.

There are no Get-rich-quick schemes. If you see a Get-rich-quick scheme, that’s somebody else, trying to get rich off of you” — Naval Ravikant

Il faut faire, encore et encore, avant d’espérer devenir bon dans un domaine. Il faut être prêt à répéter les efforts pendant plusieurs années. Il faut être obsessionnel avec sa discipline et la traiter comme un artisanat.

C’est la leçon principale que je retiens de l’analyse que j’ai faite des mes blogueurs et auteurs favoris : Seth Godin, Ryan Holiday, Nicolas Cole et Tim Urban.

Tous se comportent comme des artisans. Tous cultivent et perfectionnent leur art quotidiennement. Lentement et délibérément, dans le but de devenir meilleurs que la veille.

Le succès n’est jamais soudain. Il est la conséquence de l’accumulation de petits avantages construits dans le temps.

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