Quelle est votre stratégie ? Maximiser vos gains ou limiter vos pertes ?

Nicolas Galita
Dépenser, repenser
23 min readJan 14, 2018

“Je veux monter ma propre boîte mais j’ai peur de ne pas avoir assez d’expérience. Donc je vais d’abord aller dans une grosse boîte.”

“Je veux être augmenté, mais j’ai peur que si j’en parle avec mon manager, il me licencie.”

“Je veux travailler chez [nom d’une petite entreprise qui me passionne] mais avant je vais aller chez [nom d’une grande entreprise que je déteste]. Pour mon CV.”

Qu’ont en commun ces trois situations ? Vous avez des gens qui veulent quelque chose. Mais au lieu d’optimiser leurs chances d’obtenir cette chose, ils préfèrent minimiser leurs chances de perdre ce qu’ils ont déjà.

Je veux gagner plus d’argent. Ou plutôt je crois vouloir (on a vu dans cet article qu’en fait ce n’est pas ça la volonté). Pourtant je ne suis pas prêt à prendre le risque (réel ou fantasmé) de demander à mon manager. Je joue donc pour limiter les pertes.

J’ai lu un jour que le succès d’une personne pouvait se mesurer au nombre de conversations difficiles qu’elle était prête à avoir. Cette phrase a toujours été criante de vérité dans ma vie. J’ai obtenu les meilleures choses de ma vie professionnelle comme privée, en arrêtant de fuir une conversation difficile.

Mais concrètement, dans la vraie vie, pourquoi est-ce si important de choisir de jouer pour maximiser les gains ?

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La différence entre jouer pour maximiser les gains et jouer pour limiter les pertes

On peut jouer pour maximiser les gains. Mais on peut aussi jouer pour minimiser les pertes. Des fois, je discute avec des gens qui ne se sentent pas bien dans leur couple ou leur entreprise. Et ils me sortent une réplique qui me glace le sang à chaque fois :

“On sait ce qu’on quitte mais on ne sait pas ce qu’on retrouvera”

Vous avez dans cette phrase le résumé le plus pur de l’état d’esprit “jouer pour limiter les pertes”. C’est une manière de penser qui heurte tellement ma nature que j’ai été très surpris la première fois qu’on m’a dit cette phrase. Puis, j’ai fini par prendre l’habitude de répondre :

“Bah JUSTEMENT. Je sais ce que je quitte et je sais ce que j’espère trouver. Je vais faire ce que je n’ai jamais fait pour obtenir ce que je n’ai jamais eu.”

Cette fois-ci, vous avez dans cette phrase un résumé de l’état d’esprit “jouer pour maximiser les gains”. Bien entendu, ça implique d’avoir confiance en soi et en l’avenir. D’ailleurs, j’ai eu une discussion qui illustrait ce principe, appliqué aux relations humaines. La question de départ était : faut-il faire confiance, par défaut, aux gens ? Ou s’en méfier par défaut ?

Depuis que j’ai l’âge de penser, je fais confiance par défaut. Je pars du principe que les gens me disent la vérité tant que je ne les prends pas en flagrant délit de mensonge. Je pars du principe que les gens sont intelligents tant que je ne les prends pas en flagrant délit de bêtise. Je pars du principe que les gens sont bienveillants tant que je ne les prends pas en flagrant délit de malveillance.

J’ai d’ailleurs récemment appris que c’était une des quatre caractéristiques des gens chanceux. Et ce n’est pas parce que les gens ont de la chance qu’ils sont optimistes avec les gens. C’est parce qu’ils sont optimistes avec les gens qu’ils ont de la chance. Plus vous vous attendez à avoir des interactions positives avec les gens et plus vous avez des interactions positives avec les gens.

“La confiance ça coûte cher… La méfiance aussi.”

À cause de l’aversion au risque on a tendance à surestimer les risques de faire confiance. Ainsi qu’à sous-estimer les risques de la méfiance. Quand vous vous méfiez des gens, ils se comportent en conséquence. Pire encore : quand vous vous méfiez, vous créez en face des mécanismes de contre-méfiance. Essayez un jour de vous promener dans la rue en position de garde de karaté, et regardez les réactions que vous suscitez. D’ailleurs, vous remarquerez que personne ne se balade dans la rue en garde de karaté.

Pourtant, c’est une des meilleures positions pour réagir en cas d’attaque. Simplement, la plupart du temps, on fait confiance quand on marche. L’effort de se déplacer les jambes fléchies et les mains levées ne vaut pas le coup, par rapport à la probabilité de se faire attaquer.

En effet, une méfiance par défaut ralentit tout : elle oblige à créer des barrières de sécurité, à s’éviter de vivre pleinement par peur de tomber. À cet égard, jouer pour gagner c’est donc faire confiance aux gens par défaut. Ce qui ne veut pas dire être naïf : quand quelqu’un trahit la confiance, il est immédiatement puni. L’idée c’est que je préfère aller le plus vite possible quitte à risquer de prendre des murs au passage, plutôt que de rouler super doucement par peur (réelle mais surestimée).

Dans la plupart des cas, la vitesse est plus importante que la précision ou la précaution. Dans la plupart des cas, contrairement à ce que le proverbe prétend, il vaut mieux guérir que prévenir. Parce que la prévention demande d’investir de l’énergie qu’on pourrait investir autre part. Bien entendu, on parle ici des cas où il n’y a pas de vie ou de santé en jeu.

Jouer pour gagner, certes. Mais vous pourriez me demander : pourquoi ne pas faire les deux à la fois ? Pourquoi ne pas jouer pour gagner ET ne pas perdre ? Pourquoi ne pas tenter à la fois de maximiser les gains ET minimiser les pertes ?

Tout simplement parce que le temps est compté et que, souvent, jouer pour gagner demande de mettre en jeu quelque chose que l’on peut perdre en échange. Ce n’est pas toujours le cas. Mais quand c’est le cas il faut faire un choix. Par exemple, il est possible de changer de métier sans perdre son niveau de salaire. Mais souvent il faut accepter de diminuer son salaire pour se reconvertir dans le métier qui nous fait rêver.

Une équipe de football ne joue pas de la même manière selon qu’elle cherche à marquer le plus de buts possible ou à en encaisser le moins. Est-ce que je préfère gagner 1–0 pour garder mes buts invicibles ou est-ce que je préfère prendre plus de risques pour marquer plus de buts et finir sur un 5–2 ?

Le danger de jouer en défense

La plupart des gens ignorent le danger de jouer pour limiter les risques. Car oui, c’est dangereux. Aucun choix dans la vie n’est gratuit. Jouer pour gagner est dangereux, pour des raisons évidentes. Mais jouer pour ne pas perdre est également dangereux, pour d’autres raisons, moins évidentes.

Dans énormément de cas, jouer en défense c’est conserver le plus longtemps possible quelque chose qui s’effrite inévitablement. Et c’est pour ça que dans beaucoup de cas on vous dit que l’attaque est la meilleure des défenses.

C’est particulièrement le cas quand vous remettez à plus tard une décision mais que le temps joue contre l’une des options. Admettons par exemple que votre but est d’avoir un enfant avant 30 ans. Vous en avez 28. Vous êtes en couple avec quelqu’un qui est quasiment sûr qu’il n’en veut pas. Vous ne savez pas quoi faire. Quitter la personne pour essayer de trouver quelqu’un qui veut des enfants (jouer pour gagner) ou bien rester avec la personne en espérant qu’elle change d’avis (jouer pour ne pas perdre ?

Et comme vous ne savez pas quoi faire, vous ne prenez pas la décision. Vous êtes tiraillé entre les deux mais vous ne décidez rien. Et bien, par définition, si vous hésitez pendant 2 ans vous aurez de facto laissé le temps décider pour vous. Vous avez maintenant 30 ans et vous n’avez pas d’enfants.

La défense (jouer pour ne pas perdre) a évidemment un intérêt mais il faut savoir pourquoi on le fait. Bien entendu on peut alterner attaque et défense. La défense est saine quand elle est en soutien d’une stratégie d’attaque. De la même manière, des fois, vous pouvez avoir besoin de passer en mode défense parce que vous êtes étourdi par un mauvais coup que vous avez pris. En attendant de retrouver l’énergie de repartir à l’attaque.

L’autre danger de trop défendre c’est que l’attaque a toujours un temps d’avance sur la défense. Si vous passez votre temps, obsédé par l’idée de perdre le moins possible, vous allez vous faire dominer ceux qui jouent pour gagner le plus possible. Je le vois dans certains couples. Celui qui est prêt à mettre la relation en jeu finit par imposer toutes ces conditions à l’autre. Même sans le faire exprès. Parce qu’il va chercher ce qu’il veut, quitte à risquer une rupture. Tandis que l’autre passera son temps à faire des compromis pour ne surtout jamais risquer la rupture.

Enfin, le dernier danger de la défense c’est le mythe de la défense inviolable. J’observe ce syndrome particulièrement en matière de sentiments. Des gens s’interdisent de vivre des expériences épanouissantes par peur d’avoir mal ensuite. Donc ils cherchent par exemple à ne pas tomber amoureux. Mais, malheureusement, aucun être humain n’est capable de commander ce genre de choses. Donc en fait ce qu’ils font c’est qu’ils sabotent la relation dès qu’ils pensent tomber amoureux. Tout en ayant l’illusion d’avoir eu le contrôle.

Alors qu’il n’existe aucune défense inviolable. La vérité c’est que rien ne peut préparer à toutes les attaques.

Arrête de passer ta vie à fuir, angoissé par l’avenir
Parce qu’y’a rien à faire pour s’préparer au pire
Comme les attentats, les mauvaises nouvelles frappent quand tu t’y attends pas.

Si on était vraiment capable d’éviter toutes les pertes, la défense serait une voie bien plus efficace. Mais on ne peut pas. Vous avez beau jouer pour ne pas perdre, des fois vous perdrez. C’est même pire que ça : une défense prise par surprise s’effondre toujours. Le judo repose d’ailleurs en partie sur cette idée de la surprise. Contrairement à la lutte, le judo ne repose pas sur la force mais sur des effets de levier et de surprise. Pour qu’une projection fonctionne il faut donc qu’elle surprenne.

Or, vous ne pourrez jamais vous prémunir de toutes les surprises. Vous remarquez d’ailleurs qu’à chaque attentat les gens sont surpris. Et pourtant, les gens cherchent toujours à les prévoir en évitant tel ou tel rassemblement public. Jusqu’à être surpris de nouveau. On peut toujours être surpris. Même quand on croit s’y attendre. D’ailleurs, dans les compétitions de judo les deux s’y attendent. Et ça n’empêche pas Teddy Riner de gagner à la fin.

En conséquence, il faut être particulièrement vigilant à ne pas se laisser tétaniser par la peur. Souvent on se met à jouer pour ne pas perdre parce qu’on a peur de trop perdre.

Comprendre ce que veut dire la peur

Sans compter qu’on oublie souvent ce qu’est la peur. La peur est un signal. Elle permet à votre cerveau de se préparer à fuir, combattre ou se figer face à un danger. Votre amygdale s’active et vous ressentez une sensation de danger. Le mot “sensation” est, ici, crucial.

La peur n’implique pas nécessairement que le danger soit réel. D’ailleurs, les enfants adorent en profiter. Par exemple en se cachant derrière une porte puis en criant “Bouh !” quand quelqu’un passe. Il n’y a aucun danger et pourtant la personne sera d’abord apeurée.

Le futur est imprévisible et le présent n’est pas lisible avec 100% de fiabilité. Ce qui veut dire que des fois vous allez avoir peur de choses qui ne vous menacent pas réellement. Ou alors qui vous menacent trop faiblement pour que vous en ayez une peur si intense. Je dirai même que la plupart des scénarios catastrophes que vous fantasmez, sont improbables.

Souvent, pour justifier leur inaction, les gens tiennent le raisonnement (faux) de la pente glissante : si je dis à ma mère que je ne veux pas faire des études de droit, elle va être tellement déçue qu’elle va me virer de la maison. Sauf que la plupart de ces scénarios sont totalement faux.

En fait, l’anticipation d’une catastrophe est souvent contre-productive. Elle pollue le raisonnement.

“La menace est plus forte que l’exécution”

On le néglige souvent mais la peur de quelque chose est souvent plus puissante que la douleur effective ressentie quand le danger se concrétise pour de vrai. Si vous avez regardé la série How I met your mother, vous le savez. Barney perd un “Slap bet” avec Marshall. C’est-à-dire un pari où le perdant donne à l’autre le droit de lui mettre une claque de toutes ses forces. À un moment, on lui propose un dilemme :

Tu préfères 10 claques à la suite maintenant ou bien un bon pour recevoir 5 claques à n’importe quel moment, valable à partir de maintenant et pour l’éternité ?

Tu devrais choisir les 10 maintenant

Ah bon ? Pourquoi choisir 10 claques quand je peux en avoir que 5 ?

Parce que la peur constante de savoir qu’à n’importe quel moment tu peux prendre une claque te rendra fou

Je choisis les 5 pour l’éternité !

Horrible décision !

Et ce qui est frappant c’est que Marshall va se mettre à le torturer en lui faisant anticiper la claque, sans qu’elle ne vienne jamais. Et la torture psychologique se révèlera bien supérieure à la douleur objective de la claque. D’ailleurs, Marshall finit quand même par lui mettre les claques par surprise, malgré toute l’anticipation. Il a beau essayer de s’y attendre, il finit quand même par être claqué par surprise. Pendant plusieurs années.

D’autre part, il existe plein de situations où il faut suivre la peur. C’est contre-intuitif mais la peur se déclenche dans des situations où les enjeux sont importants. C’est donc un indicateur que quelque chose est important pour vous. Je ne parle évidemment pas de situations physiques comme se retrouver devant un tigre. Mais si vous avez peur de quitter votre travail pour suivre votre passion, ça dit quelque chose.

C’est de là que vient la fameuse question : “tu ferais quoi si tu n’avais pas peur ?”. Généralement, la réponse à cette question vous donne une idée de ce que vous devriez chercher à accomplir.

En fait, le problème c’est que la peur est un très mauvais outil pour évaluer un risque. Par exemple, ce qui est habituel fait moins peur. Alors que ça ne change rien au danger. Je connais des gens qui ont pris l’habitude de conduire en état d’ivresse et qui le vivent très bien. Parce que justement ils ont l’habitude de le faire. Mais ça reste aussi dangereux que la première fois. Ce qui est marrant c’est que les mêmes personnes vont avoir peur du terrorisme. Contredisant toutes les probabilités.

De la même manière, vous allez avoir des parents qui vont avoir peur de choses très peu probables alors qu’ils n’ont pas peur des dangers les plus probables mais auxquels ils sont habitués.

Voici les 5 choses qui inquiètent le plus les parents américains :

- Le kidnapping
- Les fusillades scolaires
- Les terroristes
- Les étrangers (au sens de gens qu’on ne connaît pas) malveillants
- Les drogues

Et ce qui est “marrant” c’est que les 5 choses dont meurent le plus souvent les enfants américains sont :

- Les accidents de voiture
- Les homicides intra familiaux
- Les abus sexuels
- Le suicide
- La noyade

Sauf que les parents ne se méfient pas de leur voiture, leur piscine ou les gens de leur propre famille. Parce qu’ils y sont habitués. Combien de parents préfèrent emmener leur enfant en voiture à l’école plutôt que de le laisser y aller à pied ? Sachant que pourtant l’accident de voiture est la cause de mortalité principale des enfants ?

Voici le coeur du problème : la plupart des gens se font une idée fausse des probabilités des risques. Du coup, prennent des décisions erronées. Souvent, les gens qu’on appelle courageux sont juste des gens qui font des analyses plus correctes des risques. Par exemple est-il plus risqué de quitter son job pour essayer pendant une année de vivre de votre passion ou bien de travailler pendant quarante ans sans jamais essayer ?

Fumer est une des choses les plus stupides et dangereuses que vous puissiez faire. Et pourtant, on voit des gens avoir plus peur de changer de travail que de continuer à fumer.

Comprendre l’importance de l’élan et des attentes

Quand vous êtes face à la décision de jouer pour gagner ou de jouer pour ne pas perdre, il faut prendre en compte l’effet du mouvement. En effet, le mouvement attire des choses à lui.

Un des quatre grands principes de la chance c’est que les gens chanceux maximisent leurs opportunités. Les gens chanceux sont deux fois plus souriants que les gens malchanceux et donc attirent à eux des gens souriants. De même, ils vont plus souvent au contact d’inconnus, ce qui augmentent leur probabilité de rencontrer quelqu’un qui leur proposera de l’aide ou une chance.

Il en va de même pour les attentes : s’attendre à la chance, provoque la chance. C’est le troisième principe que partagent les gens chanceux entre eux. Ils ont tendance à penser que leur malchance est temporaire. Les gens malchanceux, à l’inverse, ont tendance à penser que c’est leur chance qui est temporaire. De la même manière, les gens chanceux sont des gens qui s’attendent à ce que les autres soient des aides et non des obstacles.

D’ailleurs ça peut se comprendre aisément avec cet exemple, tiré du livre The Luck Factor (cf. annexes) :

“Imaginez que vous alliez à un rencard arrangé. Vous avez accepté de rencontrer l’ami(e) d’un ami dans un restaurant. Vous ne savez pas qui vous allez rencontrer mais votre ami vous a dit que cette personne est sympathique, chaleureuse et sociable. (…)

Imaginez que vous entrez dans le restaurant, trouvez la bonne table et vous assez en face de cette personne. Plusieurs choses vont se produire, très vite.

La première c’est que, parce que vous vous attendez à ce que la personne soit chaleureuse, vous allez vous sentir bien et donc sourire. La deuxième c’est que votre rencard voit votre sourire et se dit que vous êtes content(e) de la voir. La troisième c’est que monte en elle un sentiment positif envers vous parce que vous avez l’air d’avoir un sentiment positif envers elle. La quatrième c’est que ce sentiment positif pousse la personne à vous sourire en retour. La cinquième c’est que vous voyez ce sourire et ça confirme en vous l’impression qu’il s’agit en effet d’une personne sympathique.

Et tout ceci s’est passé en une fraction de seconde, sans que vous y pensiez, sans que vous n’ayez encore échangé le moindre mot.”

À l’inverse, si on vous disait juste avant que la personne est désagréable et que vous arriviez la mine fermée, vous provoqueriez la cascade d’événements inverses.

Nos attentes influent donc énormément sur nos perceptions et finissent par devenir des prophéties autoréalisatrices. Si vous jouez pour gagner vous commencer à vous attendre à gagner et à influencer positivement les autres.

Sans compter que vos attentes influencent aussi votre propre perception. Selon que vous choisissez de vous concentrer sur ce que vous pouvez gagner ou sur ce que vous pouvez perdre, votre perception puis votre comportement va changer. Ce n’est donc pas qu’une question de probabilité externes.

Voici un exemple qui illustre à quel point ce sur quoi on se concentre peut changer toute une appréciation des risques et des chances d’une situation.

Supposons qu’une épidémie mortelle se déclare. C’est un virus qui tue toutes les personnes qu’il touche, sans traitement.On sait que 600 personnes sont touchées et mourront si on ne fait rien.

Vous êtes médecin et vous avez le choix entre un traitement A qui sauve 200 personnes avec 100% de chances. Ou alors un traitement B qui sauve 600 personnes dans 1 cas sur 3 et qui ne sauve personne dans 2 cas sur 3. Vous prenez quoi ?

Si vous êtes comme 72% des gens vous avez décidé de prendre le traitement qui sauve à coup sûr 200 personnes.

Mais ce qui est paradoxal c’est que quand on change la manière de présenter le même énoncé, les gens changent de choix. Voici la nouvelle manière de présenter la même situation :

Supposons qu’une épidémie mortelle se déclare. C’est un virus qui tue toutes les personnes qu’il touche, sans traitement.On sait que 600 personnes sont touchées et mourront si on ne fait rien.

Vous êtes médecin et vous avez le choix entre un traitement C qui laisse mourir 400 personnes avec 100% de chances. Ou alors un traitement D qui laisse mourir 600 personnes dans 2 cas sur 3 mais où personne ne meurt, dans un cas sur 3.

Cette fois-ci, 78% des gens choisissent le traitement D. Qui est pourtant exactement le même que le B. Simplement parce qu’on a remplacé “qui sauve” par “qui laisse mourir”.

Le traitement A est le même que le C. Le traitement B est le même que le D. Pourtant, les gens font un choix différent alors que seule la manière de les présenter change.

Pourquoi il faut viser grand

Le dernier argument qui pousse à choisir d’essayer de jouer pour gagner c’est que ce qui est grand est clair. C’est pour ça qu’on dit :

“Visez la lune, au moins vous finirez dans les étoiles, si vous ratez”

Clarté interne

En fait, en plus des effets positifs du changement de perception interne, vous allez récolter les effets positifs de la clarté. Plus vous vous positionnez fortement et plus vos échecs et vos succès deviendront clairs. C’est pour ça qu’on dit aussi :

“Il vaut mieux avoir des remords que des regrets”

Imaginons que vous renonciez à tenter votre chance de vivre de votre passion (ex: le chant). Parce que vous ne voulez pas risquer de perdre votre salaire actuel de consultant ou de chef de projet. Vous ne saurez jamais si vous avez eu tort ou raison. Parce que vous avez joué pour ne pas perdre. En revanche, si vous décidiez de vous y mettre à fond pendant une année, vous allez probablement vite savoir si c’était une erreur ou pas.

Plus on vise grand, plus tout devient clair. Si jamais votre but est de prendre le moins de risques de carrière possible, vous allez probablement passer une vie à hésiter sur vos choix. Si demain vous décidez de devenir président ou présidente de la République, votre chemin devient d’un coup limpide. Ça ne veut pas dire que vous n’allez pas échouer. Au contraire, l’échec sera encore plus grand : mais il sera limpide. Et vous pourrez ensuite essayer quelque chose d’autre si ça arrive.

Sans compter que plus on va vite, plus on risque de casser des choses mais plus on peut aller loin. Et que plus on échoue vite, plus on apprend vite, plus on peut faire autre chose, rapidement. Sans gaspiller son temps.

Clarté externe

De la même manière, plus vous visez grand et plus c’est clair pour les gens autour de vous. Plus vous visez grand et plus vos proches vont vous aider facilement (ou s’effrayer). Plus ils penseront à vous quand ils rencontreront quelqu’un qui pourrait vous aider. Plus vous faites des choses claires et plus c’est facile pour vos proches de s’en souvenir au bon moment et de contribuer. C’est un effet magique de jouer grand. Vos proches voient que ça compte pour vous et deviennent vos ambassadeurs.

La peur tétanise

La plupart des gens qui jouent pour ne pas perdre ont, en réalité, peur de l’échec. C’est une évidence : la peur de l’échec a tendance à nous tétaniser et nous empêcher d’agir pour essayer de gagner. J’ai une amie qui hésite à se lancer dans une aventure amoureuse parce que la personne en question s’en va dans 1 mois sur un autre continent, pour au moins 6 mois. Sauf que ça fait un mois qu’elle hésite.

Donc avant elle avait le choix entre “essayer à fond pendant deux mois” ou “abandonner l’idée”. Depuis elle a tergiversé et son choix devient “essayer à fond pendant un mois ou abandonner”. Dans 3 semaines, si elle n’a toujours pas tranché, ce sera devenu “essayer à fond pendant une semaine” ou abandonner” (déjà bien plus compliqué). Et dans un mois ça sera devenu : bon bah j’aurais pas essayé. Ou pire encore : non mais de toutes façons ça n’aurait jamais pu marcher. Comme dans la fable le Renard et les Raisins : le renard voit des raisins qu’il aimerait manger. Mais il se rend compte qu’ils sont trop hauts. Donc il conclut que de toutes façons les raisins n’étaient pas bons.

Paradoxalement, l’hésitation la pousse à ralentir alors que ce qu’il faut faire c’est l’inverse. Il faut accélérer. Prendre la décision rapidement. Parce que le temps presse. Et si elle choisit de tenter sa chance, il faut y aller à fond. En un mois à fond on a même le temps d’aller jusqu’à une rupture…et la question est réglée.

Je fais rien à fond. Donc je serai qu’à moitié triste.

Et c’est tout à fait exact : quand on joue pour gagner gros et qu’on échoue on est très triste. C’est le jeu. Mais à l’inverse, quand on réussit on est très content. C’est aussi le jeu. Jouer pour limiter les pertes revient à choisir la formule où on est seulement un peu triste. Mais de manière certaine.

Pile ou face ?

Imaginez que vous pouvez gagner 2000€ en faisant face, perdre 500€ en faisant pile ou bien ne pas jouer (et donc gagner 0€, perdre 0€). Vous jouez ou pas ?

Sauf qu’il ne s’agit pas d’euros et que les émotions ne sont pas irréversibles. Donc le dilemme change. Il s’agit de choisir de tenter sa chance d’être super content quitte à risquer être super triste. Ou bien de rester dans un état mou, à moitié triste, à moitié content.

Sauf qu’il ne s’agit pas d’euros et que votre vie à vous est limitée. C’est-à-dire que votre temps est limité. Dans bien des cas, rester en défense revient à attendre mollement la mort. C’est d’ailleurs l’argument ultime pour jouer le plus gros possible : on meurt tous un jour. Dans l’intervalle vous voulez avoir tenté quoi ?

Hey ! Attends :D

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Conclusion

Maximiser les gains et minimiser les pertes sont deux choses différentes. Ce sont deux objectifs qui mènent à des stratégies différentes voire même parfois totalement opposées et incompatibles.

Ce n’est pas pour rien qu’on dit que la chance sourit aux audacieux. Bien entendu, il ne s’agit pas de prendre des risques inconsidérés mais justement d’apprendre à évaluer correctement les risques et les probabilités, pour viser les bonnes choses.

On ne peut pas choisir d’arrêter de jouer : le temps joue en permanence contre nous. Il décide à votre place quand vous hésitez. La société joue en permanence contre nous. Elle décide à votre place quand vous hésitez. Vous suivez le chemin le plus normal, ce qu’on attend de vous. L’incertitude joue en permanence contre nous. Elle fait échouer les défenses les plus solides en vous prenant par surprise.

La seule manière de résister, c’est de jouer vous aussi. Et de jouer pour gagner. De passer à l’offensive au lieu de rester en permanence sur la défensive.

Le but c’est pas de survivre, le but c’est de vivre.

Mais pour ça, encore faut-il savoir ce que l’on veut. Je vous donne RDV dans cet article pour en discuter plus en détails :

Hey ! Attends :D

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Annexes et sources

Rien ne s’écrit jamais sans les écrits des autres, voici donc ce qui m’a inspiré pour cet article.

Comment accomplir les choses (sans todo list) ?

Je ne savais pas que j’allais faire une série d’articles en commençant le premier mais vous pouvez voir cet article comme le premier d’une trilogie sur l’art de se guider dans la vie. Tout a commencé quand j’ai commencé à faire l’inverse d’une todo list : le bilan de tout ce que j’avais accompli cette année. Et je crois que je n’ai jamais accompli autant. Alors que c’était la première année où je me débarassais de mes todo list. J’ai donc voulu comprendre d’où venait ce paradoxe. Ça parle d’apprendre à comprendre ce qu’on veut vraiment.

Pourquoi la mort devrait être votre boussole ?

Qui dit trilogie dit trois. Voici par conséquent le second de la saga. C’est mon préféré. Il raconte l’importance de se rappeler qu’on va mourir. Afin de ne pas choisir la mauvaise direction.

The Luck Factor

Vous prenez un scientifique qui essaie d’analyser la chance et démontre qu’en fait on peut apprendre à avoir de la chance. Probablement une des lectures les plus choquantes que j’ai pu faire. L’auteur démontre que les gens chanceux sont en fait des gens qui remplissent 4 critères :

  1. Ils maximisent leur opportunités
  2. Ils ne vont pas à l’encontre de leur intuition profonde. Surtout la mauvaise intuition
  3. Ils sont convaincus d’avoir de la chance et voient mieux les opportunités
  4. Ils savent minimiser l’impact de leurs mésaventures et mettre en place des systèmes de sécurité

Je vous ai fait un résumé du livre un peu plus long (mais pas beaucoup plus) dans cet article (dans les bonus de bonus, tout à la fin):

Risques, décisions et incertitudes — Crétin de cerveau #5

Cette vidéo explique pourquoi on est si mauvais à évaluer le notamment à cause de ce qu’on appelle l’aversion au risque. J’en ai tiré plusieurs exemples chiffrés que vous reconnaîtrez.

5 Dangerous Things You Should Let Your Children Do

C’est dans cette vidéo que j’ai trouvé le décalage entre les 5 choses qui font le plus peur aux parents américains pour leurs enfants et les 5 choses qui tuent le plus souvent les enfants américains.

Slap bet from How I Met Your Mother

Je ne suis pas sûr que cet extrait soit une copie légale (et donc le lien disparaîtra peut-être, n’hésitez pas à le mettre en commentaire si ça arrive) mais c’est la scène que je vous ai retranscrite.

Nouvelle école #24 : Le but c’est d’être légendaires

J’ai tiré de ce podcast passionnant la phrase “mais le but c’est pas de survivre, le but c’est de vivre”. Si vous n’écoutez pas encore l’incroyable podcast Nouvelle École, c’est une bonne manière de le découvrir.

Inachevés

Chanson passionnante qui parle de cette peur de l’échec qui nous pousse à faire les choses à moitié.

Extrait du texte :

Adolescent mon seul but c’était d’mettre des paniers
Bien sur j’ai tout plaqué pour un seul match où j’ai pas joué
Évidemment j’vais faire pareil avec le son
Pas besoin d’une bonne raison, t’façon j’suis pas censé rapper
À toutes les vérités qu’j’ai pas osé m’avouer
Ma meuf me casse les couilles j’ai pas les couilles de m’en séparer
J’attends qu’elle m’quitte, les bras croisés en attendant la suite
En avant dans la fuite, j’attends la gloire, j’attends qu’elle m’bipe
Incapable de faire des choix j’suis comme mes figurines, inutile, j’reste chez moi, j’baisse les bras
Un prototype une version bêta
Une seule réponse à toutes les questions : “j’sais pas”
(…)
Mode de vie nul, j’avale la pilule tristement
Admettre la vérité j’refuse, j’me monte des complots
Longtemps que j’simule, persuadé que j’fixe le temps
Incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux
(…)
J’mérite une médaille au final j’ai fait qu’briller par mes absences
Tu parles de quoi ? J’te parle de moi, j’te parle de faire des choix
Si tu renonces à rien tu choisis pas faut que j’me barre de là
Et on parle et on parle de partir pendant qu’on reste là
Mais si on s’tire c’est vers le bas, on s’y fait on vit presque pas
À partir de maintenant j’commence mon ascension
J’ai plus peur du vide, d’affronter la spirale sans fond
Donc j’arrête d’arrêter, j’abandonne l’abandon

Notes pour trop tard

La chanson d’où j’ai tiré la phrase sur les attentats qui arrivent quand on ne s’y attend pas :

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Nicolas Galita
Dépenser, repenser

Tu as aimé ce que tu as lu ? Ce n’était qu’un amuse-bouche. Je partage bien plus de contenu ici : https://nicolasgalita.substack.com