Le Kaléidographe | épisode #11
Roman de vie
Je n’ai pas revu mon père depuis son opération de l’appendicite. Tant mieux. Mon projet de livre a vraiment avancé. Il s’agira donc bien de l’histoire d’une femme amoureuse d’un homme et qui sombre dans la folie suite à sa trahison.
Il lui fait croire qu’ils économisent ensemble pour pouvoir émigrer et se sortir de la pauvreté. Elle en arrive à se prostituer pour lui. Et, au moment fatidique, il l’abandonne à son sort pendant que lui s’évade.
Comment ne pas perdre la tête ? Quand on a sacrifié jusqu’à son intégrité corporelle et sa dignité par amour, en vain. Quand on a vendu son corps et qu’on l’en retire pas le salaire, on a donné son corps. On est esclave.
Plus j’écris cette histoire sordide et plus je suis saisie par un étrange sentiment de déjà-vu. C’est le signe que je tiens une histoire universelle. Ce que recherche tout écrivain. Je me demande néanmoins si elle est vraiment réaliste. Se mettre vraiment à la place du personnage est évidemment impossible.
Je vais essayer de sonder discrètement mon père à la recherche de quelqu’un qui pourrait témoigner d’une histoire similaire. Après tout, lui aussi a connu l’extrême pauvreté. Il a bien dû entendre des choses du même esprit. Pour une fois que mon père me servirait à quelque chose ! Il m’aiderait à rajouter de la profondeur à mon personnage de papier.
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