L’île aux textures

Antony Legrand
Disconnect Collection
11 min readJun 27, 2016
© Théo Gosselin

En imaginant la collection Disconnect, nous souhaitions trouver des pays au plus proche de notre concept, des endroits qui nous plongeraient dans des situations et des paysages improbables et déstabilisants.

Forcément, quand on souhaite se déconnecter, on pense rapidement à de grandes étendues naturelles mêlant forêts, lacs, mers et autres immensités magnifiques qui nous couperaient du monde.

Pour l’anecdote, n’ayant pas de sujets précis en tête pour la collection, nous avions testé “le moteur à idée” sur Liligo. Vous donnez votre ville de départ, le mois, le budget max et même la température recherchée et hop, vous découvrez les possibilités affichées en temps réel (un module supplémentaire lié aux centres d’intérêt serait parfait) !

Ça rappelle un peu ce jeu qu’on a tous fait, consistant à faire tourner un globe les yeux fermés et à poser le doigt au hasard sur un pays.

Avec un budget ne dépassant pas les 500€ par avion, on pensait clairement rester en Europe. Nos perspectives ont clairement changé quand on s’est aperçu que les Philippines, le Japon ou encore les USA étaient accessibles.

Côté histoire, on ne voulait pas tomber dans la “facilité” qui nous pousserait à shooter “simplement” de jolies images de nature. Loin de moi l’idée de dénigrer ce type de “clichés”, comme tout le monde, j’aime aussi passer des heures sur Instagram à scroller les magnifiques prises de vues “nature”, mais au final, ce sont clairement les rencontres sur place qui comptent le plus.

Et s’il y a bien un photographe qui incarne cette manière de voyager, c’est bien Théo Gosselin.

© Théo Gosselin & What The Film

Théo me fascine depuis longtemps, il fait partie de ces photographes qui passent leur temps à capturer des moments de vie uniques. On sent que rien n’est préparé et que ses aventures ne sont qu’une suite de hasards improbables, exactement ce que je décrivais dans notre précédent voyage en Namibie avec le photographe Brice Portolano.

À force de voyager, on a aussi pris l’habitude de ne pas tout planifier pour laisser cette part d’inconnue et de découverte. Alors, l’Islande avec Théo, ça s’annonçait épique !

Nobody

En écrivant cet article, je me suis rendu compte qu’entre la Namibie et l’Islande, nous avions choisi, sans le vouloir, deux des pays les moins peuplés au monde (chiffres liés à la superficie du pays).

En tant que voyageur, le paradoxe est d’ailleurs souvent déconcertant, on adore venir passer quelques jours dans ce type de pays mais on ne s’imagine en aucun cas y habiter.

Force est de constater que s’il n’y a quasiment personnes dans ces contrées, c’est tout simplement que la vie y est très dure !

En Namibie, les conditions arides et le manque d’eau sont clairement les explications, ici, en Islande, l’eau n’est pas un problème, c’est tout le reste qui en est un.

Cette île volcanique isolée entre le Groenland et la Norvège n’est accessible facilement qu’en Avion et plus de la moitié du territoire est dépourvue de végétation terrestre. À part quelques étendues d’eau : lacs, rivières et lagunes, qui couvrent environ 2 % de la surface du pays, c’est donc un désert qui occupe principalement le plateau central et les chaînes montagneuses composées de glaciers, d’étendues de roches volcaniques nues et de sables. Autant dire que les ressources naturelles ne sont pas légion.

Ajoutons à ça les conditions climatiques difficiles : grosses rafales de vent, fortes précipitations, soleil qui ne se couche JAMAIS (en été), neiges abondantes qui bloquent les routes en hiver… et on obtient un joli mélange de pourquoi #yapasgrandmonde !

J’avoue que le soleil qui ne se couche pas, c’est vraiment perturbant pour l’organisme, je ne supporterais pas ces journées interminables durant plusieurs mois d’affilée. Sur ces photos, par exemple, il est 2h du matin !

© What The Film

En même temps, pour une équipe de tournage comme la notre, ça a ses avantages, vu que nous recherchons toujours la lumière, on n’a pas à se soucier de l’horaire pour filmer en extérieur.

Partant de ce constat, nous voulions absolument trouver des habitants qui eux, vivent, travaillent et font avec ces conditions.

Aux Philippines, nous avions découvert la communauté TAO, en Namibie on avait fait la connaissance avec un fermier nommé Clutch. Cette fois-ci, nous sommes tombés sur Guðmundur Ing, un sauveteur volontaire Islandais.

Vue le nombre de personnes isolées dans ce pays, le système d’entraide y est très développé. La plupart des villages disposent d’une équipe de volontaires qui se forment sur leur temps libre pour rendre service à la population.

Guðmundur est l’un d’eux, il est avant tout sauveteur en mer mais participe à toutes sortes de tâches responsables. La montagne, la mer, les volcans sont des éléments aussi beaux que dangereux. On se souvient notamment de la fameuse éruption volcanique en 2010 du volcan islandais Eyjafjallajökull qui perturba la circulation aérienne des avions dans toute l’Europe du nord.

© Théo Gosselin

Guðmundur

Oui je sais, ce prénom semble tout droit sorti du “Seigneur des anneaux” et ça collait parfaitement à l’ambiance, certains paysages étant tout droit sortis du Mordor !

Nous avions rendez-vous avec lui dans son village de pêcheurs, situé tout au nord de l’Islande à Ólafsfjörður ! Nous l’attendions près d’une montagne encore enneigée et au détour d’une route, un 4x4 immense apparaissait. Il nous amena directement dans un restaurant typique pour nous conter de nombreuses anecdotes sur son pays, sa culture et ses habitants, le tout, autour d’une bonne soupe de poissons islandaise.

© Théo Gosselin & What The Film

Le lendemain, nous découvrions sa caserne remplie de bateaux de sauvetage, de motos neige, de “talkies-walkies”… mais personne sur place… Tous occupés sur les routes à aider les gens dans le besoin.

Côté “hobby”, Guðmundur adore sillonner le monde et a l’habitude de partir seul. Il nous expliquait que la plupart de ses proches avaient du mal à quitter le pays simplement pour voyager, un peu comme si l’isolement était une fatalité et qu’il fallait faire avec.

Quand il ne voyage pas, afin de rencontrer de nouvelles personnes, Guðmundur pratique le “couchsurfing” en accueillant des gens gratuitement chez lui. Ainsi, chaque semaine, de nouveaux voyageurs, venus de toutes parts débarquent et partagent des moments uniques avec lui.

Bien entendu, il garde le contact sur Facebook avec tous ces étrangers afin de les rejoindre un de ces jours, c’est d’ailleurs grâce à ça que nous avons pu faire sa connaissance !

Pour conclure nos quelques jours passés ici, on a évidemment partagé l’un de ses passe-temps favoris : la pêche. Autant vous dire qu’au beau milieu de l’eau entourée des montagnes enneigées dans un silence absolu, on a vécu un moment totalement déconnecté.

Ombres et lumières

J’ai rapidement compris pourquoi les créatifs adoraient partir en Islande ! Nuages sombres, plages de sable noir, montagnes grises, glaces translucides qui se mêlent aux rochers en forme de polygones, dégradés de vert qui apparaissent derrière une épaisse fumée issue des sources d’eau chaude…

© What The Film

On peut le dire, c’est LE pays des textures ! On passait notre temps à photographier nos pieds sur la roche, nos silhouettes dans la brume, nos mains dans la poussière noire… Une véritable claque visuelle !

Tous les 20kms, le décor change, tous ces paysages qui me font voyager dans des séries comme Viking ou Game of Thrones étaient là ! J’ai par exemple toujours rêvé de voir les montagnes enneigées plongeant dans les Fjords, persuadés que je ne trouverais ça qu’en Nouvelles-Zélandes ou en Norvège.

Si comme moi, vous aimez les cascades, vous serez servis ! L’eau coule de partout ! Nous sommes vraiment arrivés à la bonne époque pour ça, car encore 1 mois avant, l’eau n’était pas si présente. Je vous conseille vivement la route du sud qui amène jusqu’à Vik et ses fameuses plages de sable noir !

© What The Film

The Darkside

Je crois que le moment qui nous a le plus marqué, c’est ce lieu totalement lunaire pour rejoindre le fameux avion crashé.

Plus que l’avion en lui-même, c’est le parcours qui était impressionnant. Il pleuvait des cordes avec un vent de face très puissant et il fallait faire 4 kms à pieds pour arriver à la carcasse. Autant vous dire que sur le papier, ça ressemblait vraiment à un mauvais plan, d’ailleurs, c’en était un.

Bizarrement, malgré la popularité de cette “attraction” touristique, ce jour-là, nous étions les seuls à avoir eu cette belle idée. Une amie de Théo présente pour un tournage la veille, nous rejoignait dans cette aventure. Forcément, comme prévu, nous sommes arrivés totalement trempés. Pourtant, afin de lutter face aux éléments naturels, j’avais tout prévu ! Un malheureux short de bain sur la tête et euh… non… rien d’autre en fait.

Mais au final, ce paysage totalement apocalyptique valait vraiment le détour ! On retrouvait un peu cette impression de “néant” que nous avions eu en Namibie mais, cette fois-ci, dans un décor totalement désaturé, une vision en noir et blanc.

Pour la petite histoire, cet avion de l’armée américaine s’est crashé en 1973 et n’a fait aucunes victimes ! J’imagine à peine l’impression des survivants, encore sous le choc, en découvrant l‘environnement autour d’eux… Je vous invite à lire les explications par ici, c’est tout récent !

Impression de liberté

La force de ce genre de trip dans de telles étendues, c’est vraiment cette impression totale de liberté. Avec Théo, nous passions notre temps à rire, à faire n’importe quoi comme se baigner dans une eau à 4°, courir en se jetant dans les dunes de sable noir, manger à n’importe quelle heure en se faisant un feu, faire des siestes calées dans une carcasse de voiture…

Des choses banales finalement, mais qui ne nous viendraient pas forcément à l’idée, dans notre vie de tous les jours. Ces petits moments de vie, que capture si bien Théo, permettent d’oublier tous nos problèmes du quotidien et franchement, ça fait du bien !

Quand je revois toutes ces photos aujourd’hui, ce sont clairement les meilleurs souvenirs que j’ai de ce voyage, ça me fait penser à cette fameuse citation que j’adore de Martine Franck :

“Une photographie, c’est un fragment de temps qui ne reviendra pas”

Avec toutes ces bêtises, j’ai d’ailleurs enfin pu découvrir l’intérêt du service Snapchat que j’utilisais très peu avant. Durant notre trip, on a partagé plein de moments liés au tournage, mon compte Wisibility est passé de 20 followers à plus de 1 000 en 48h… Je crois que l’effet “Gosselin” y était pour quelque chose…

Du coup, on a eu plein d’interactions avec les gens qui nous suivaient en Live et c’était vraiment sympa ! Cette nouvelle manière de partager les dessous d’un tournage est très intéressante et surtout super Fun ! Je ne manquerai pas de continuer dans nos prochaines aventures !

Téléchargez photos et vidéos

Vous avez pu voir ici quelques photos de Théo Gosselin issues du troisième volet de notre collection Disconnect, la série complète est par là.

Comme à chaque fois, on vous offre 3 photos et un rush vidéo gratuits durant 24h.

Téléchargez cette image gratuitement durant 24h !

Téléchargez gratuitement cette séquence vidéo durant 24h !

Sachez que les deux autres séries avec Sonia Szostak et Brice Portolano sont toujours disponibles sur le site de Fotolia.

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Antony Legrand
Disconnect Collection

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