Immersion dans la communauté de Cocachimba

Tourisme solidaire dans une association communautaire.

Stéphanie Piou
Durable et Solidaire
5 min readDec 22, 2017

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Crédit photo : Stéphanie Piou.

En 2013–2014, j’ai pris une année sabbatique pour prendre le temps de concrétiser mes projets personnels, découvrir de nouveaux coins du monde… et prendre le temps tout court ! Je me suis particulièrement intéressée à ce qui fait une “économie durable”, où l’entreprise est un moteur incontournable du progrès sociétal et environnemental. Je republie ici des extraits choisis de mon blog de voyage, ceux qui peuvent inspirer la construction d’un monde “Durable et Solidaire”.

Cocachimba, c’est un petit village au nord de Chachapoyas, à côté duquel une des plus hautes chutes d’eau du monde a été découvert… En 2005 ! Seuls les locaux connaissaient jusqu’alors la “cataracta”.

Plutôt que de faire l’aller-retour dans la journée depuis Chachapoyas, j’avais repéré la possibilité de loger sur place, afin de soutenir l’association de tourisme locale, qui forme les locaux à être guides, organise l’aménagement du lieu et des capacité d’hébergement des visiteurs. Une façon bien plus vibrante de découvrir le coin, et de partager avec les locaux.

Enfin hors de la ville ! Et moins seule…

Dans le bus entre Chiclayo et Chachapoyas, je rencontre Ciara, une Irlandaise vivant et travaillant sur un bateau de croisière dans les Caraïbes. Nous décidons de passer les quelques jours autour de Chachapoyas ensemble, toutes deux contentes d’une compagnie de voyage, et ayant hâte de sortir de la ville.

A peine débarquées à Chachapoyas, nous cherchons (longtemps) un combi (genre de mini-bus qui ne part que lorsqu’il est plein) qui nous rapprochera de Cocachimba. De là commence une montée de plus de 5 km, un peu longue puisque chacune porte toutes ses affaires (environ 20kgs pour moi, 15kgs pour Ciara). Des rapaces nous surveillent de près… Désolée, nous ne ferons pas votre repas aujourd’hui !

5 km de montée, bien chargées mais avec une vue superbe. Crédit photo : Stéphanie Piou.

C’est tout de suite un vrai plaisir de rentrer dans le village. Situé au cœur d’une ceinture magnifique de falaises partiellement recouvertes de végétation, il offre déjà de loin une belle vue sur la cascade ! Ses habitants sont très accueillants, nous proposent des oranges, ananas ou du lait de coco tout en papotant volontiers. Les rues résonnent du chant des coqs, aboiements des chiens, hennissements des chevaux. J’apprends même le crochet (si, si !!!) et à filer le coton (incroyable mais vrai !) avec Helen, la fille de nos hôtes.

Pas sûre que mon fil de coton sera le plus régulier ni le plus solide…

Le crochet, Helen le pratique depuis ses 8 ans. Elle fabrique des tas de vêtements et sacs superbes !

Je mesure ici combien il était important de faire l’effort de me remettre à l’espagnol avant de partir. Même sans parler couramment, c’est cela qui rend possible ces échanges spontanés avec les locaux…

En avant pour l’antre de la sirène !

La cascade de Gocta est la 3e plus haute du monde, avec ses 771m de haut ! Crédit photo : Stéphanie Piou.

C’est une compagnie de quatre qui se met en route de bon matin pour la cascade de Gocta : Ciara, Leonido, guide local formé par l’association de tourisme communale, un service de sécurité renforcé (le chien de la famille qui nous héberge nous a accompagné) et moi-même.

Et oui, il faut ce qu’il faut ! Car au bout des 2h de marche dans une nature luxuriante, entre toiles d’araignées, fossils qui font les morts, papillons affamés, terriers suspects et gouffres quasi-infranchissables, c’est bien l’antre de la sirène qui nous attend ! (j’espère que vous entendez la petite musique à suspense…).

Notre guide nous conte la légende de la sirène alors que nous approchons. Il y a plus de mille ans vivait Gregorio, un des premiers habitants de Cocachimba. Celui-ci n’était pas de toute première jeunesse, sa femme non plus, et ils n’avaient pas d’enfants. Gregorio se mit à s’absenter souvent, partant en direction de la cascade de Gocta. Un jour, il acquit un grand chaudron en or, rempli de bijoux… Dont madame ne vit pas la couleur.

Un jour elle se mit en tête de le suivre jusqu’à la cascade, sans qu’il ne s’en aperçoive. Arrivée là bas, elle le voit à moitié dans l’eau, aux côtés d’une superbe jeune femme, qui avait la particularité d’avoir des écailles à partir de la taille. Lorsqu’elle les interpela, la sirène attrapa Gregorio et l’entraina avec lui dans les eaux de la cascade. Madame rentra en pleurant au village. Mais la nuit suivante, Gregorio apparut dans ses rêves pour lui dire qu’il ne rentrerait pas, qu’il était bien là où il était… De là naquit la légende d’une cascade sous laquelle dort un chaudron d’or et de bijoux, et dont il ne faut pas approcher de peur de se faire entrainer sous l’eau.

(L’exactitude de cette interprétation de la légende est non contractuelle, c’est en tout cas ce que j’ai compris de l’explication du guide !)

Une légende qui perdure encore aujourd’hui.

La sirène aurait été revue une fois seulement dans la vie du village, par un jeune homme qui allait pécher dans le ruisseau en aval de la cascade. Il suivait le lit du ruisseau quand il aperçut en amont, au dessus, le haut du corps d’une femme rousse dans l’eau. Il n’a pas cherché à vérifier s’il y avait bien une queue de poisson là dessous, il a fuit jusqu’au village. Ceci a renforcé la crainte des villageois. Encore aujourd’hui, notre guide y croyait visiblement dur comme fer. Interrogé sur ce qu’il pense du fait que des groupes vont là bas, que lui-même y va très souvent, il répond que l’arrivée du tourisme ici a permis de montrer que la sirène ne se montre pas à des groupes. Mais il a complété en disant que, pour autant, les villageois ont toujours peur de s’y aventurer seuls…

En repartant, il s’est retourné plusieurs fois vers la cascade. Voyant que je le regardais, il m’a avoué : « J’aimerais voir la sirène »…

Un bonus qui donne des ailes

Alexandro, le président de l’association de tourisme communal, nous a très gentiment proposé de nous emmener voir un observatoire de colibris, où nous aurions la possibilité de voir l’espèce endémique du coin, le colibri « à queue en spatule » (« Cola de Espátula » en langue originale). Le froid a malheureusement écourté l’expérience, mais il n’en reste pas moins que ces oiseaux sont incroyables de rapidité.

Les colibris, d’une incroyable rapidité, sont très difficiles à photographier. Crédit photo : Stéphanie Piou.

Nous avons pu admirer les fameuses queues de spatule, mais mon appareil n’aura pas été assez rapide pour les partager avec vous. Je vous encourage à aller voir ce site pour les découvrir.

Originally published at social-et-solidaire.fr.

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Stéphanie Piou
Durable et Solidaire

Me voilà sur le chemin vers une autre vie, plus durable et plus solidaire. Ça vous tente? Embarquez donc!