Les enjeux de l’architecture durable à l’heure de l’urgence climatique

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9 min readOct 9, 2019

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Hérité des décennies 1960 et 1970, le terme “éco-building” se voit aujourd’hui propulsé au coeur des discours et des préoccupations actuelles. En effet, tout comme certains efforts sont fournis dans le domaine du transport, de la mode ou de l’énergie pour “écologiser” les dernières technologies du secteur, l’architecture n‘échappe pas à la tendance et se voit elle aussi parée d’une ribambelle de nouvelles méthodes et de matériaux toujours plus performants pour tenter de réduire son impact sur la planète.

Concept et bases de l’architecture durable

Bien loin de son objectif primaire de concevoir et bâtir des lieux de vie pour les hommes, l’architecture se teinte aujourd’hui de différents enjeux qui lui sont liés, dont l’exigence d’une meilleure efficacité en termes d’impact écologique. Dans cette optique, l’architecture durable a émergé comme une discipline à part entière, avec pour objectif de concevoir et de construire des habitats et des bâtiments ayant une empreinte écologique toujours réduite. A la base de ce concept, l’idée d’utiliser uniquement des techniques et des matériaux respectueux de l’environnement, et tout aussi important, de minimiser l’impact négatif du bâtiment tout au long de son cycle de vie grâce à une bonne utilisation de l’espace et une efficacité énergétique accrue.

Pour réaliser cette mission, plusieurs éléments fondamentaux sont à prendre en compte, autant dans le design que dans la méthode de construction qui lui succède. Une éco-construction réussie commence dès le choix de l’orientation du bâtiment, un élément simple mais pourtant primordial. En effet, concevoir astucieusement un bâtiment en fonction des conditions préexistantes de la surface sur laquelle il sera bâti (taux d’ensoleillement, proximité de zones boisées, exposition au vent) permet d’augmenter substantiellement les apports naturels d’énergie mais aussi d’en minimiser les pertes. La localisation des fenêtres ainsi que leur qualité (double vitrage, triple vitrage) est par exemple à prendre particulièrement en compte.

De même, élément basique mais pourtant d’importance majeure : la forme du bâtiment. Pour satisfaire ces mêmes exigences de régulation de la température, certaines conceptions sont plus efficaces : puisque la surface exposée à l’air extérieur est une source de déperdition d’énergie, plus la surface extérieure est importante, plus le bâtiment aura tendance à perdre de la chaleur. Pour parer à ce phénomène, il est préférable d’opter pour une forme plus compacte, qui permet de limiter les pertes calorifiques en augmentant le rapport entre la surface des espaces intérieurs et les façades exposées aux aléas climatiques.

Bien d’autres facteurs entrent également en compte dans la conception d’un bâtiment éco-responsable, tels que la qualité de l’isolation thermique, les système de gestion de l’eau et de récupération de la chaleur (par exemple grâce à une pompe à chaleur géothermique qui utilise directement la chaleur du sol pour chauffer l’habitation).

Globalement, et avant même d’entrer dans les détails des méthodes et des matériaux préconisés par l’architecture durable, l’on constate aisément qu’un éco-building nécessite en fait bien plus qu’un mur végétal pour mériter ce nom. En effet, gare au tentatives de greenwashing ! Ces dernières années, les projets de tours végétales se multiplient dans les grandes villes, souvent équipée de serres sur les toits, de terrasses aquatiques ou autres installations censées reproduire la douceur de la nature. Cependant, sous couvert de verdure, on assiste en fait à un greenwashing architectural, relevant davantage du “coup de com” que d’une réelle volonté de revenir à des espaces plus respectueux de la planète. L’architecture durable ne s’improvise pas, elle exige une prise en compte réelle des conditions du milieu et une volonté d’accueillir la nature et de dialoguer avec le paysage !

La diversité des matériaux et des techniques

Le prix de l’originalité : la paille

A rebours de la modernité du concept d’architecture durable, les matériaux favoris de ses adeptes ne sont en réalité pas toujours issus des dernières grandes découvertes de l’ingénierie. En effet, parmi les favoris de la liste des matériaux et techniques responsables : la paille. Bien loin de l’imaginaire que l’on peut en avoir, la paille possède de nombreux avantages et son utilisation en architecture permet d’aboutir à des constructions esthétiques et surtout efficientes. En France, la méthode la plus répandue est celle de la paille de remplissage, qui consiste à remplir avec des bottes de paille une structure porteuse, souvent en bois, adaptées aux dimensions et au sens de pose des bottes. Les finitions sont ensuite adaptables : les murs en paille peuvent être recouverts de terre ou de chaux pour être ensuite peints avec des produits naturels, ou une finition en bardage peut être envisagée pour un aspect plus moderne.

Les avantages de la paille sont très nombreux et englobent de nombreux aspects qui nous sont chers chez edeni : la santé, l’écologie, et l’éthique ! Tout d’abord, la paille favorise un air intérieur sain et du fait de son origine agricole, possède un effet “puit de carbone” non négligeable : elle capture et stocke une partie du CO2 de l’atmosphère. De même, elle permet une économie d’énergie conséquente du fait de sa qualité isolante : elle régule la température intérieure du bâtiment selon les nécessités de la saison, ce qui permet d’utiliser moins de chauffage en hiver, et moins de climatisation en été (d’ailleurs, si vous pouvez vous en passer totalement, ce n’est pas nous qui allons nous en plaindre !). Dernier des nombreux attributs positifs de la paille (en réalité, il est reste encore pléthore, mais nous n’avons pas le temps de tous les aborder !) : elle est très peu coûteuse en énergie grise du fait de la faible transformation nécessaire à son utilisation et du transport réduit qu’elle nécessite. La paille est même une alliée jusque dans sa fin de vie, puisqu’elle peut être très facilement compostée !

Le prix du plus beau come-back : le pisé

Utilisé depuis des centaines d’années dans nombre de pays, le pisé est une technique ancienne qui se voit récemment remise au goût du jour du fait de sa capacité à répondre aux enjeux économiques et écologiques actuels. Il représente en effet un tiers du patrimoine bâti mondial, et plus de 80% des constructions anciennes de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Comment fonctionne-t-il ? Produire du pisé ne nécessite que 3 éléments, et un soupçon d’énergie mécanique : de la terre argileuse, que l’on trouve sous la terre végétale, de l’eau, pour former une sorte de pâte similaire à du ciment, un coffrage, pour la construction au sens propre, et l’énergie nécessaire pour compresser le tout et former un mur robuste et durable. En plus de cette facilité de fabrication, le pisé possède des caractéristiques techniques très avantageuses, y compris écologiquement : ce matériau possède de l’inertie, ce qui implique un confort thermique permettant de se passer d’isolant sur les surfaces ensoleillées. De même, il est poreux à la vapeur d’eau, permettant la condensation et l’évaporation nécessaire à une habitation saine. Enfin, caractéristique plus technique, mais ayant elle aussi son avantage en termes de coût carbone : les murs en pisé peuvent être autoporteur, ce qui signifie que l’on peut se passer de structure en bois ou en métal (et comme on le sait bien chez edeni, la meilleure production est celle qui n’existe pas !).

Dernier aspect extrêmement positif du pisé, et pas des moindres : son cycle de vie est totalement neutre. En effet, le pisé n’étant à peu de choses près que de l’eau et de la terre argileuse, il est réutilisable à l’infini, et facilite donc grandement le travail de restauration ou de réparation des constructions. Pour boucher un trou apparu dans un mur, rien de plus simple : on récupère les débris de mur, on les retransforme en pisé, et c’est reparti !

Quelques exemples de constructions durables

Les deux types de matériaux abordés précédemment sont loin d’être les seuls sur le marché de l’architecture durable, et il serait injuste de ne pas honorer certaines techniques très particulières et originales. Dans cet objectif, voici quelques exemples de constructions durables qui nous ont marquées par leur originalité !

Les projets de Earthships Biotecture

La photo ci-contre en est un témoignage, les constructions de Earthships Biotecture sont emblématiques d’une architecture radicalement durable. En effet, leur principe de base est de n’utiliser aucun système de chauffage ou de climatisation qui nécessite l’utilisation d’énergie. Mais comment cela est-il possible ? Grâce aux merveilles de la conception architecturale : une attention particulière portée à l’orientation, et surtout l’utilisation de matériaux très divers (et de récup !) pour adapter chaque surface à son exposition et à ses caractéristiques. En effet, ces habitations sont construites à base d’une large gamme de matériaux tels que l’argile, le bois, mais aussi des pneus remplis de terre en guise de murs porteurs, ou des conserves et bouteilles pour les murs non porteurs. L’impact environnemental de ces constructions est donc réduit au minimum, et au plus grand étonnement de certains, leur performance est équivalente, voire supérieure à celle d’habitations classiques !

Les matériaux utilisés en architecture durable peuvent en effet n’être pas originellement destinés à ce secteur, ce qui permet la création de constructions profondément originales, esthétiques, et utiles ! Ces nouveaux matériaux témoignent de la nécessité de penser à la réutilisation et au recyclage des équipement utilisés dès l’étape de la conception. L’architecte japonais Shigeru Ban est un symbole de la recherche dans ce secteur, à travers ses études et ses constructions à base de tubes de cartons : ci-contre, une église réalisée sur ce modèle, que l’on peut admirer à Kobe, au Japon.

Pour terminer, une construction au top de la modernité, élue “building le plus green” par le Building Research Establishment : The Edge, le bâtiment abritant le quartier général de Deloitte, à Amsterdam. Ce building impressionnant par son apparence de “vaisseau spatial” est une merveille de technologie architecturale : un système de régulation thermique passif, une production autonome d’électricité, et une façade sud entièrement recouverte de panneaux solaires, qui ont à s’y méprendre l’apparence de simples fenêtres. Les eaux de pluie sont également collectées et utilisées pour les chasses d’eau et l’irrigation des zones de verdure. Dernière petite touche technologique : le bâtiment est entièrement équipé d’ampoules LED connectées, qui permettent à chaque employé de régler son éclairage personnel selon ses besoins, et donc de ne pas suréclairer en fin de journée par exemple.

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