[ Tourisme responsable #5 ] Crème solaire et environnement : un duel au soleil

« Et surtout n’oublie pas la crème solaire ! » nous hurlaient nos mamans. Et pourquoi pas, tiens ?

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5 min readAug 3, 2018

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Un grand dilemme semble animer nos lectrices·eurs cet été, entre une envie de respecter l’environnement et ses fonds marins, et le besoin de se protéger des rayons du soleil pendant nos activités en plein air ? Comment allier les deux ?

Et si ce dilemme n’en était finalement pas un, et que nous avions de réelles alternatives pour passer un été au soleil, sans mélanome ni destruction environnementale ?

S’il est évident que l’utilisation de crème solaire est un rempart aux brûlures et aux maladies de peaux, elle est aussi un fléau pour les fonds marins.

Un danger pour les fonds marins

En effet, les perturbateurs endocriniens, tels que l’oxybenzone et l’octinoxate, présents dans les crèmes solaires sont mortels pour les coraux et in fine dangereux pour le reste de la vie sous-marine.

Pour mieux comprendre : ces substances nuisent à la reproduction des coraux et à leurs cycles de développement. Les coraux blanchissent puis finissent par mourir, ne pouvant ainsi plus accueillir tout l’écosystème fragile qu’ils composaient auparavant.

Baignade ou non, appliqué en spray aérosol ou à la main, la crème solaire est projetée en micro particules dans le sable et finit emportée par les océans.

« Oui, mais moi je pars à la montagne ! Je m’en moque. »

Même utilisés en dehors des plages, loin du sable et des coraux, ces perturbateurs s’écoulent dans vos douches en rentrant chez vous, et, cycle de l’eau oblige, finissent dans les océans. La boucle est bouclée.

Pour se faire une idée, on estime à 4 000 à 6 000 tonnes de crèmes solaires déversées dans les océans chaque année.

Et c’est sans compter les emballages de ces-dites crèmes, bien souvent plastique et presque jamais zéro déchet. Quel gâchis !

« Je ne vais quand même pas arrêter de profiter du soleil ! »

Bien sur que non ! La vitamine D est essentielle pour l’être humain. Elle booste notre immunité et joue un rôle essentiel dans la santé de nos os et de nos dents. (Et puis c’est quand même excessivement agréable d’être à l’air frais d’une plage.) On estime que l’exposition au soleil peut procurer de 80 % à 90 % de la vitamine D requise chaque jour.

L’idée est simplement de réduire l’exposition au soleil. Pas seulement pour lutter contre le vieillissement cutané (réel) mais surtout contre le cancer de la peau, une déshydratation ou juste un lézardage superflu.

Une simple exposition (sans écran solaire) des avant-bras et du visage (là où l’épiderme est le plus fin et absorbe le mieux la vitamine D) pendant 10 à 15 minutes pendant midi, à raison de 2 ou 3 fois par semaine, suffirait à assurer un apport adéquat à un adulte en bonne santé, d’avril à octobre environ. (Le reste de l’année, le soleil tape moins alors il faudra une exposition plus longue ou privilégier d’autres apports, alimentaires notamment.)

De fait, en été, note à tous les aficionados du crêpage sur plage, vos besoins de soleil ne sont pas aussi forts qu’on l’imagine ! Pas besoin de rester 8h d’affilé, à alterner sable, badigeonnage de crème, baignade, crêpe, re-badigeonnage, baignade (vous avez l’idée) : une exposition à plus petite dose serait tout aussi bénéfique pour vous. On peut, de fait, sans changer nos habitudes, réduire notre consommation de crème… voire la supprimer.

Quelles solutions au final ?

Tout comme on peut décider de se libérer de nicotine ou de plastique, on peut très bien se libérer de la “corvée” de la crème solaire !

Il suffit d’éviter de s’exposer trop longtemps (plus de 15 min) au soleil aux heures où ses rayons peuvent être le plus nocifs (entre 12h et 16h en été) ou bien de mettre des tissus longs et un chapeau. Vivez libres et naturellement. Sortez des carcans de la mode du bronzage cramoisi à tout prix pour préférer un hâle “bonne mine” qui sera d’autant plus joli que vous mangerez des fruits et légumes en quantité pour avoir bêta-carotène et hydratation optimum. Préférez la plage avant midi et après 16h et profitez du créneau de mi-journée pour lire à l’ombre, faire les courses, un jeu etc.

Néanmoins, si vous n’avez pas le choix (randonnée, travail, enfants ingérables ou une peau particulièrement fragile), ne mettez pas votre peau en péril, mais à minima essayez de choisir des crèmes ne contenant pas de matières nocives, voire n’étant pas dans des emballages plastiques jetables.

Et bonne nouvelle ! Des entreprises se sont penchées sur le sujet. Il existe désormais des produits sans perturbateurs endocriniens, qui ne nuisent pas à la santé des fonds marins et continuent de protéger notre peau. On pense principalement aux marques @Weleda ou @Eq. Et pour leurs équivalents zerowaste, il existe des filtres minéraux comme l’oxyde de zinc sans nanoparticule (poudre réfléchissant les UVA/B) ou des sticks comme ceux de la marque @RawElements.

D’ailleurs, les pouvoir publics, à l’image de l’Etat d’Hawaii, traitent le sujet avec attention et tendent à interdire les produits composés d’oxybenzone et l’octinoxate de la vente. Un premier pas.

Et pour l’option tissu ?

Comme l’achat même d’une crème en tube ou en spray peut finir par ne plus être en adéquation avec votre vision ZeroWaste, il existe toujours l’option tissu. Et re-bonne nouvelle !

Les dermatologistes pensent que le tissu est tout aussi efficace qu’une crème solaire pour se protéger des UV. La seule contrainte est d’avoir une couche de vêtement sur soi, qui on le comprend bien, ne vous permettra pas de parfaire votre bronzage au complet. D’autant qu’il ne faut pas que le tissu soit mouillé ou trop fin, au risque de perdre son effet protecteur.

Enfin, attention à la fausse bonne idée du Lycra, et de ses vertus protectrices ANTI UV. Ce tissu synthétique est non biologique, est coûteux à recycler et peut provoquer des allergies au contact de la peau. Sans compter les micro-fibres qu’il laisse derrière lui dans les circuits d’eau et donc l’océan, comme tout textile synthétique. Pensez toujours à la simplicité : t-shirt en coton épais fera l’affaire et évitez toujours l’exposition longue entre 12 et 16h pour vos enfants !

Vous voilà fin prêts. Bonne vacances !

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