EDUbox Migration: manuel de l’enseignant

Len Buggenhout
EDUboxvrt
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20 min readNov 22, 2022

Découvrez comment utiliser l’EDUbox Migration dans la classe en tant qu’enseignant ou superviseur.

L’EDUbox ‘La migration, une histoire de tous les temps’ a été développée avec le partenariat de L’Institut Hannah Arendt, Caritas International Belgique, le CESSMIR de l’Université de Gand, Tumult, Other Talk, Musée BELvue et le Red Star Line Museum.

Contenu du manuel :

  • 1. À propos de l’EDUbox
  • 2. À propos de l’EDUbox La migration
  • 3. Pour en savoir plus sur la migration
  • 4. Concordance avec les objectifs de l’enseignement
  • 5. Pourquoi un travail sur la migration ?
  • 6. Petits conseils pour en classe
  • 7. Conseils et déroulement
  • 8. En savoir plus ?

1. À propos de l’EDUbox

Des recherches de la KU Leuven et de StampMedia ont démontré que les jeunes souhaitent parler davantage de la migration en classe. Les enseignant·es aussi ont d’ailleurs besoin d’une information de qualité et vérifiée sur ce sujet. Pour soutenir ces dernier·es, il existe, par exemple, Other Talk- Teaching Migration, un environnement d’apprentissage numérique gratuit destiné aux enseignants sur des thèmes comme la migration, la diversité et le discernement à l’égard des médias. Les modules permettent d’aborder ces thèmes en classe sur des bases solides. C’est pourquoi nous développons ce matériel audiovisuel interactif avec des témoignages d’experts.

EDUbox est le format pédagogique numérique de la VRT. L’EDUbox La migration est un ensemble pédagogique pour inviter les jeunes à réfléchir de manière très accessible et interactive sur la migration.

Pour utiliser cette EDUbox, il n’est pas nécessaire que les enseignant·es disposent de savoirs sur la migration, la diversité et d’autres sujets sur ce thème. L’objectif est que les élèves travailllent en autonomie avec le matériel proposé. Le rôle de l’enseignant·e est de suivre et d’accompagner le processus, de coacher le cas échéant.

Ce rôle est donc celui d’un guide impartial·e. Nous sommes parfaitement conscient·es que ce rôle n’est pas toujours évident. En classe, les discussions sur des sujets comme la migration risquent parfois d’être chargées d’émotions. C’est pourquoi nous avons bien réfléchi pour cette EDUbox sur les méthodologies et les techniques afin de garder les activités aussi simples et maniables que possible. Ce manuel propose en outre quelques conseils concrets et pratiques pour accompagner le mieux possible des discussions en classe sur des sujets controversés et polarisants. Bref, quelques outils pour gérer la diversité dans un groupe. Pour approfondir ces connaissances sur ce thème, ce manuel propose ci-dessous quelques conseils de lecture.

2. À propos de l’EDUbox La migration

L’EDUbox La migration est d’une part disponible sous la forme d’un pdf téléchargeable. Il est tout à fait possible d’imprimer ce pdf afin de le distribuer en classe.

D’autre part, le site web interactif propose de la parcourir de manière entièrement numérique. Les élèves peuvent parcourir par petits groupes l’intégralité de la box sur un ordinateur ou une tablette. Mais à condition que chaque groupe dispose d’au moins un ordinateur avec une bonne connexion internet. Le pdf téléchargeable peut, dans ce cas, encore toujours servir d’appui. Les autres fournitures nécessaires se limitent à une corde et un paquet de cartes rouges et vertes.

Cette EDUbox a fait l’objet de tests auprès d’élèves de toutes les orientations et nous avons fait le choix de la garder aussi accessible que possible a été choisie en toute conscience. La migration est une thématique complexe, nous communiquons de nombreuses données chiffrées, mais de manière très abordable. L’objectif a été d’en faire un ensemble pédagogique attrayant pour tous les niveaux. Pour la même raison, nous avons ajouté beaucoup de vidéos et limité les textes. En outre, les thèses énoncées utilisent les malentendus souvent présents parmi les jeunes.

3. Pour en savoir plus sur la migration

Le site web de Caritas International propose du matériel pédagogique supplémentaire sur la migration sous la forme de « Between2Worlds », du matériel pédagogique gratuit clé sur porte destiné à aborder le thème très complexe de la migration de manière interactive et très accessible. Que ce soit par le jeu des chaises musicales, d’un puzzle ou d’un débat, toutes les fiches pédagogiques combinent “savoirs” et “jeux”, elles remettent en question les préjugés et incitent à l’engagement en faveur d’une société plus inclusive. Les fiches peuvent être téléchargées ici.

D’autre part, le serious game Walk in my shoes plonge les élèves dans la vie de jeunes réfugié·es de leur âge et les confronte aux dilemmes devant lesquels ils et elles se trouvent. Cet outil numérique gratuit permet aux enseignants d’aborder de manière accessible le thème sensible de la migration d’un point de vue très humain, dans l’espoir de rendre les élèves plus conscient·es de la réalité très complexe de la migration. Le serious game fait partie d’un ensemble pédagogique plus vaste permettant d’aborder en outre plusieurs facettes de la migration à l’aide d’une préparation, d’un débriefing et d’entrées thématiques que l’on peut approfondir en classe. Le jeu s’adresse à des jeunes à partir de 15 ans. Télécharger le matériel ici. Des hésitations sur l’utilisation concrète de ce jeu en classe ? N’hésitez pas de participer à des sessions de formation de Walk in my shoes.

Par le biais de jeux de rôle, Inclu Acto éclaire de manière interactive et ludique des questions concernant l’intégration et la vie en société en Belgique. Des jeunes se mettent dans la peau d’un·e réfugié·e et/ou d’un·e Belge pour illustrer de quelle manière favoriser la vie en commun. Le jeu se commande ici.

Dans l’exposition itinérante gratuite « Talents du Monde. Comment la migration renforce la Belgique », les élèves découvrent par le biais de témoignages et de tâches participatives la réalité de la migration et l’histoire de la migration en Belgique. Du matériel pédagogique supplémentaire est fourni aux écoles qui empruntent cette exposition pour leurs élèves. Lire ici comment procéder.

Le paquet pédagogique Other Talk de l’association vzw Tumult propose d’établir un contact entre une classe et un·e jeune avec un passé de réfugié·e.

Fedasil réalise des posters d’information (2021) pour l’enseignement secondaire qui expliquent un grand nombre d’aspects de la migration et de la protection internationale.

L’exposition « Histoires de réfugiés (1951–2021) » au Red Star Line Museum propose un bel ensemble de matériel pédagogique que l’on retrouve aussi par le biais des Archives de l’Enseignement.

L’EDUbox Nous/Eux sur la polarisation propose un grand nombre de conseils et de bons tuyaux pour aborder des thèmes sensibles dans une classe.

4. Concordance avec les objectifs de l’enseignement

Les détails peuvent être trouvés dans le manuel néerlandais.

5. Pourquoi un travail sur la migration ?

La migration est un thème actuel dans notre société, qui risque de vite échauffer les esprits. S’il est évoqué en classe, c’est souvent avec beaucoup de précautions et bon nombre de professeurs préfèrent l’éviter. Les opinions sur ce sujet se trouvent en effet parfois diamétralement opposés. En plus, le thème peut être très sensible pour des jeunes issu·es eux-mêmes et elles-mêmes dans un passé plus ou moins lointain de l’immigration. Les tensions et les oppositions se sont indiscutablement renforcées ces dernières années. Raison de plus pour insister sur l’importance de la connaissance factuelle sur la migration. Elle doit permettre aux jeunes de devenir de véritables citoyen·nes du monde et de parler de ce genre de thèmes en connaissance de cause et dans le respect de l’autre. L’important est surtout d’essayer d’aborder les questions controverées et les conflits de manière constructive et ouverte. L’espace laissé aux différences d’opinions et à la discussion reste alors le plus ouvert possible. En évoquant, par exemple, l’histoire des émigré·es belges pendant la Seconde Guerre mondiale, on (leur) apprend que la migration est un phénomène de toutes les époques. Au cours de l’histoire, des gens voire des peuples entiers se sont déplacés d’un endroit à l’autre. Cela explique du coup pourquoi nous avons tant de racines différentes.

Mais c’est vite dit. Comment appliquer cela dans la pratique ? Comment faire discuter les élèves sur des thèmes difficiles ? Comment leur laisser la parole pour qu’elle leur apporte vraiment quelque chose sans que cela dérape ?

N’hésitez pas à jeter un coup d’œil sur l’EDUbox La polarisation Nous/Eux. Celle-ci part de l’idée qu’il est possible d’entraîner ses élèves à ce genre d’exercices. La classe constitue de ce point de vue un milieu tout à fait propice. Elle n’est pas du tout isolée du monde extérieur. Elle est plutôt un reflet de la société. Les thèmes et les conflits sociétaux sont inévitablement présents aussi dans la classe, de manière latente ou non. Si on choisit d’éviter le plus possible les conflits et les tensions, ceux-ci risquent de surgir brutalement un jour par des propos suscitant la confrontation ou des discussions virulentes et on découvre une polarisation entre des groupes d’élèves. Il vaut donc mieux agir de manière proactive à propos de thèmes controvés ou susceptibles de créer une polarisation à un moment où l’ambiance en classe n’est pas (encore) tendue. N’hésitez pas à consulter aussi l’environnement d’apprentissage numérique gratuit plus général sur des cours à enseigner, notamment sur la migration : Other Talk — Teaching Migration.

Quand on réussit à aborder avec ses élèves des thèmes controversés, on contribue en plus à un climat d’ouverture en classe. Qu’est-ce qu’un tel climat représente et pourquoi est-ce important ?

  • Dans les publications scientifiques, un climat d’ouverture en classe est décrit comme une classe où les élèves ont le sentiment d’être libres et activement encouragé·es par l’enseignant·e à exprimer leur propre opinion, même si elle diverge d’autres opinions dans la classe. Un élément important est aussi que les élèves sentent que l’enseignant·e laisse s’exprimer différents points de vue quand ils/elles discutent d’un thème ou de l’une ou l’autre question.
  • Pourquoi un climat d’ouverture en classe est-il important ? Des recherches ont démontré qu’il favorise le développement d’une citoyenneté démocratique chez les élèves. Il renforce en effet un certain nombre d’attitudes qui se révèlent cruciales pour la citoyenneté démocratique, telles qu’une certaine connaissance de la politique, de la confiance en soi pour aborder des thèmes politiques, une confiance en la politique et envers les autres gens, ainsi que la conscience que des opinions divergentes et des conflits font simplement partie d’une démocratie.

Autrement dit : les élèves n’apprennent pas seulement comment fonctionne une démocratie en acquérant du savoir sur le sujet, mais parce qu’ils et elles en font activement l’expérience. Cela se fait par le dialogue sur divers thèmes, en formant leur propre opinion et en faisant entendre leur voix, en s’écoutant réciproquement et en faisant l’expérience de la pluralité et des divergences d’opinions en classe. Dans ce sens, on peut considérer la classe comme un laboratoire démocratique : pour les élèves, un endroit de choix pour apprendre par la pratique comment fonctionne la démocratie. C’est excessivement important, car ces élèves sont les citoyen·nes de demain. Ce sont eux et elles qui devront réaliser la société démocratique du futur.

Cette EDUbox n’est pas exhaustive. Nous situons la migration en tant qu’histoire de tous les temps dans une perspective historique. Le choix de ne pas traiter l’actualité contemporaine est parfaitement conscient. Pour cela, nous renvoyons volontiers aux émissions d’actualité ou d’information générale de chaînes de télévision et autres médias qui fournissent aussi des informations de base au niveau des élèves. Vous trouverez aussi des informations pertinentes sur ce thème dans les EDUbox Identiteit, Sociale media, Nepnieuws et Data in de pers. (Uniquement disponible en néerlandais.)

6. Petits conseils pour en classe

Les thèmes des exercices de cette EDUbox ont été choisis de telle façon que la position de l’enseignant·e puisse demeurer impartiale. Son rôle consiste donc surtout à bien accompagner l’exercice, en d’autres termes, d’être le ou la facilitateur·ice ou le coach de la discussion. Il a en même temps été tenu compte de toutes sortes de sensibilités qui peuvent être présentes dans une classe parmi les élèves.

  • Veiller à un climat d’ouverture et de sécurité, avec des règles de base

Le thème de la migration est un sujet sensible qui risque de susciter de l’incertitude chez les élèves. Bon nombre de personnes se sentent mal à l’aise quand il s’agit d’aborder un sujet controversé et de se montrer vulnérable le cas échéant. C’est pourquoi il est important de veiller à un climat aussi ouvert et sécurisant que possible en classe. Dans ce sens, c’est sans doute une bonne idée de convenir au préalable avec la classe de quelques règles de base comme, par exemple :

  • ne pas parler tous ensemble, bien écouter, même les opinions divergentes, et faire preuve de respect ;
  • si une discussion peut être chargée d’émotivité ou très vive, les injures ou les insultes n’y ont jamais leur place ;
  • toute forme de racisme ou des appels à la violence sont absolument à exclure.
  • Poser des limites et inviter à s’exprimer

Que faire si un·e élève dit malgré tout quelque chose que l’enseignant·e ou un·e élève trouve inacceptable, comme une remarque raciste ou haineuse ?

Bien que beaucoup dépende du contexte spécifique et de la formulation des propos, il vaut mieux intervenir dans certains cas. Une classe dans laquelle on tolère des attaques personnelles ou des propos haineux, risque de devenir un environnement hostile et menaçant. Surtout pour les élèves qui se sentent concerné·es ou blessé·es par les propos en question.

Cela signifie que l’enseignant·e ne doit pas hésiter à faire preuve d’autorité le cas échéant.

Dans d’autres cas, une autre approche peut être effective. On essaie d’expliquer clairement à l’élève en question qu’il ou elle a franchi une certaine limite. Cette restriction concerne particulièrement le langage violent et donc inacceptable parce qu’il est blessant, discriminatoire ou haineux. Il est important de préciser que la restriction ne frappe pas la personne qui a tenu ces propos, mais bien son langage.

Il faut aussi veiller à ne pas seulement ‘restreindre’ la parole. Des élèves pourraient se sentir rejetés. Donc, tout en marquant les limites, il peut être utile d’inviter en même temps l’élève concerné·e à poursuivre la discussion. Il est possible qu’il ou elle ait un problème ou veuille absolument exprimer quelque chose qu’il ou elle a sur le cœur. Ce qu’on veut finalement, c’est qu’il ou elle s’exprime d’une autre manière. Et aussi l’aider à réfléchir sur certaines opinions et sur ses comportements. C’est pourquoi il est important de manifester de l’intérêt pour l’opinion ou le sentiment qui a inspiré les propos récriminés.

Le coach en dialogue néerlandais Leon Meijs indique dans ses sessions d’entraînement comment on peut en même temps imposer des limites et inviter à poursuivre l’entretien. En disant par exemple : ‘J’ai beaucoup de mal avec ce genre de propos : ils sont blessants et manquent de respect. Mais je constate que tu dois avoir quelque chose sur le cœur. Tu veux qu’on en parle — mais d’une tout autre manière ?’

  • Accompagner activement la discussion

Il est important que l’enseignant·e accompagne bien la discussion et la facilite activement. Sinon, la discussion risque de s’éloigner du sujet ou de se limiter à un simple échange d’opinions. En interrogeant activement les élèves qui avancent une idée, on peut les amener à donner des arguments qui étayent celle-ci.

Pour accompagner un dialogue ou un débat de manière appropriée et active, on peut se servir de techniques de discussion et de questionnements. Quelques conseils :

  • veiller à ce que tous les débatteurs aient le même temps de parole et puissent parler dans les mêmes circonstances ;
  • écouter activement, avec intérêt et empathie ;
  • ‘refléter’ ce que les élèves disent (‘Si je comprends bien, tu as dit que…’)
  • questionner les opinions et interroger sur les arguments en posant des questions ouvertes telles que :
    ‘Qu’est-ce que tu veux dire par… ?’
    ‘Qu’est-ce qui fait que tu dises… ?’
    ‘Tu peux donner un exemple de… ?’
    ‘Comment sais-tu que… ?
  • De la classe à la cour de récréation ?

Les exercices de débat ont lieu en classe, c’est-à-dire que l’enseignant·e est à même de bien accompagner la discussion et de poser le cadre. Mais que faire si les élèves poursuivent la discussion sur l’un ou l’autre sujet dans la cour de récréation ou les médias sociaux ? En soi, cela ne fait pas partie des objectifs de cette EDUbox, mais il n’est certes pas inutile de rappeler aux élèves que les règles de base d’une bonne discussion constructive telle qu’elle a été menée ou exercée en classe, demeurent tout aussi valables hors de la classe : jamais d’attaques personnelles, faire preuve de politesse et de respect, etc. Le chapitre suivant approfondit plus concrètement ces règles et les directives pour des exercices de débat.

D’autres bonnes idées pour la classe ? Consulter l’environnement d’apprentissage numérique gratuit : Other Talk — Teaching Migration. Grâce à Demoklap (Atlas Anvers), on y trouve e.a. des ‘premiers secours en cas de propos malveillants’. On y apprend à réfléchir sur les motifs de l’élève et la température d’un groupe de classe et ce que cela peut signifier pour l’élève ou pour le groupe.

7. Conseils et déroulement

7.1. Structure de l’EDUbox

L’EDUbox se compose de 5 parties. Chaque partie est rédigée dans une couleur différente, ce qui permet à l’enseignant·e de vérifier aisément où en est chaque groupe en passant dans la classe. Idéalement, il faudrait prévoir deux heures de cours pour travailler avec l’EDUbox en classe.

Le chapitre 1 fait réfléchir les élèves sur leur propre histoire migratoire et les initie aux périodes les plus importantes de l’histoire de la migration en Belgique. Ils et elles apprennent en outre comment est abordé ce thème de nos jours.

Le chapitre 2 est le plus théorique. Les élèves découvrent ce que couvre exactement le terme migration à l’aide d’une série de thèses. Des idées erronées sont corrigées. La partie théorique est complétée de vidéos, d’une infographie et d’une fiche d’aperçu général avec des pictogrammes.

Vient ensuite le chapitre 3 qui laisse la parole/l’action aux élèves. Ils et elles chattent avec quatre migrant·es qui sont sur le point de quitter leur pays. Par le biais de textes, de films ou d’extraits audio, ils etelles peuvent se faire une meilleure idée des choix et des dilemmes auxquels sont confrontés les migrant·es. Ils et elles peuvent aussi se demander quel serait leur propre choix s’ils et elles se trouvaient à leur place. C’est ainsi l’occasion de faire appel à leur capacité d’empathie. Attention : il s’agit d’un entretien préprogrammé.

Le chapitre 4 rassemble tout ce qu’on a appris ensemble. Les élèves ont pu se rendre compte que la migration est une histoire de tout le monde et de tous les temps. Elle crée aussi des opportunités et des défis. Il faut avoir le courage d’y réfléchir, d’en discuter et d’avoir ou de défendre des opinions différentes.

7.2. Chapitre 1

Jeu

En guise d’entrée en matière, les élèves participent à un jeu. On pose une grosse corde sur le sol en forme de cercle. À défaut, on peut aussi tracer un cercle à la craie. Les élèves se placent autour du cercle et l’enseignant·e pose des questions. Les élèves pour lesquel·les la réponse est ‘oui’ prennent place à l’intérieur du cercle.

  • Qu’est-ce qu’il nous faut ?
    Une corde
  • Les questions :
    - Qui est-ce qui a déjà déménagé dans sa vie ?
    - Qui est-ce qui a déjà déménagé dans une autre province ?
    - Qui est-ce qui a déjà déménagé dans un autre pays ?
    - Qui a un ou des parents ou des grands-parents qui sont né·es hors de Belgique ?
    - Qui a un ou des parents ou des grands-parents qui sont né·es hors d’Europe ?
    - Savez-vous qu’il existe aussi une migration interne ? On n’est pas seulement migrant quand on a changé de pays, certains considèrent même un déménagement dans son propre pays comme une migration. D’une province dans une autre, par exemple, puisqu’on traverse un frontière (de province). C’est ce qu’on appelle une migration interne. Alors, qui parmi vous est, selon cette définition, un ‘migrant interne’ ?
    - Est-ce que l’endroit où vous êtes né·e et/ou où vous avez grandi joue un rôle important pour celui ou celle que vous êtes ?
    - Est-ce que l’endroit où sont nés vos parents jouent un rôle important pour celui/celle que vous êtes ?

Conseil : n’ayez pas peur d’entamer la conversation, mais respectez aussi que des jeunes préfèrent ne pas développer le sujet. Ce n’est qu’une entrée en matière, une opportunité d’en apprendre un peu plus l’un sur l’autre. Mais il est surtout très important que les jeunes se sentent en sécurité !
Tenez compte des caractéristiques du groupe, de la classe. N’hésitez pas à adapter les questions selon le degré de l’hétérogénéité du groupe.

Les jeunes peuvent ensuite se mettre au travail avec l’EDUbox. Passez-leur un lien vers l’EDUbox La migration et faites-les commencer directement au chapitre 1.

Qui es-tu ?

On reprend en résumé l’exercice précédent.

La migration : une histoire de tous les temps

Les élèves découvrent qu’un tiers de la population en Belgique est issu de l’immigration. Ils et Elles apprennent que les gens se sont toujours déplacés d’un endroit vers un autre et aussi la différence entre l’immigration et l’émigration. On leur apprend que la migration est une histoire de tous les temps. Les gens (voire des peuples) se sont toujours déplacés d’un endroit à l’autre.

Un puzzle

Il leur est proposé une série de portraits. Par un simple clic, chaque portrait fait entendre un récit de migration. À chaque récit correspond un album photo. Le puzzle consiste à faire le lien entre le récit et le bon album photo. Les jeunes lisent ensuite une série de textes qui en racontent davantage sur certaines périodes de notre histoire de la migration. Après une lecture, ils et elles cliquent sur ‘confirmer’ et glissent la bonne histoire vers la période correspondante.

Conseil : il est important que les élèves sachent que leurs essais sont enregistrés, ce qui est d’ailleurs mentionné explicitement sur la fiche (en haut à droite). Ils et elles seront ainsi moins tenté·es de faire l’exercice en cliquant sur n’importe quelle photo. On peut demander après coup de combien de tentatives les élèves ont eu besoin pour finir le puzzle.

Les élèves apprennent ensuite que quelques centaines de Belges émigrent chaque jour vers un autre pays. Il y a des exemples qu’on peut (faire) lire à haute voix. Est-ce que cela intéresse les élèves ? À consulter : https://www.gostrange.be/ (Go Strange donne des infos gratuites aux jeunes sur tout un éventail de possibilités pour vivre des expériences à l’étranger).

La migration : toujours actuelle

Les jeunes apprennent enfin que la migration est encore toujours très actuelle, c’est un thème qui (pré)occupe la société et qui constitue un défi. Une vidéo montre combien les opinions peuvent être différentes sur ce sujet. Il est important d’expliquer ici que cette vidéo présente ce que des gens pensent de la migration. Ce qu’ils disent n’est donc pas (nécessairement) la réalité.

7.3. Chapitre 2

C’est la partie la plus théorique qui doit permettre aux élèves de découvrir ce que la migration représente exactement. Ils et elles apprennent combien il est important de disposer d’informations exactes et qu’il n’est pas toujours facile de les distinguer dans le flot quotidien d’actualités. Par le biais d’un jeu de thèses, on peut mettre les points sur les i. Disposant de cartons rouges et verts, les élèves lèvent un carton vert quand ils pensent qu’une thèse est exacte et un carton rouge quand ils pensent qu’une thèse est fausse. Chaque thèse est suivie d’un ‘Savez-vous que… ?’ pour leur donner une information plus approfondie. Sur la fiche suivante (ou dans une vidéo) apparaît la bonne réponse.

  • Qu’est-ce qu’il nous faut ?
    Des cartons rouges et verts
  • Les thèses :

- ‘Réfugié’ et ‘migrant’ signifient la même chose.

Faux. Marjan Temmerman explique la différence dans une vidéo.

Conseil : le terme ‘demandeur·euse d’asile’ n’est, en principe, plus utilisé. On dit officiellement ‘demandeur·euse de protection internationale’. Mais comme on est dans une phase de transition, on entend ou lit parfois encore le premier.

Conseil : pour approfondir le sujet, regarder en classe l’épisode suivant de KLAAR : Nombre record de réfugiés dans le monde, ou faut-il dire migrants ?

- Plus de la moitié des migrants en Belgique sont des Européens.

Exact. La fiche suivante explique que les gens déménagent le plus souvent dans leur propre région.

- La guerre est une des principales raisons pour s’enfuir.

Exact. Marjan Temmerman explique quelles sont encore d’autres raisons pour prendre la fuite.

Conseil : Mettez-vous dans la peau d’un demandeur·euse d’asile débouté et suivez son trajet (date de 2019).

- Les réfugié·es qui demandent une protection, obtiennent sans délai un revenu minimum.

Faux. La fiche suivante explique que les demandeurs et demandeuses de protection internationale ont uniquement droit à une aide matérielle (un endroit où dormir, des repas et accès aux sanitaires) aussi longtemps qu’ils et elles sont en attente d’une réponse. Une vidéo donne une idée de quoi a l’air la vie dans un centre d’accueil.

Conseil : en guise d’approfondissement du sujet, voir le site web de Fedasil sur le coût de l’accueil des demandeurs d’asile.

- On ne doit pas rendre les choses trop faciles pour les réfugié·es ici. Sinon, il en vient toujours plus.

Faux. Marjan Temmerman explique pourquoi cette assertion est erronée.

Conseil : Jouer avec la classe le jeu dans Between2Worlds de Caritas International.

- Il y a autant de jeunes issu·es de l’immigration qui accèdent à l’enseignement supérieur que d’autres.

Faux. La fiche suivante explique que les jeunes issu·es de l’immigration ont 30 % moins de chances de réussir dans l’enseignement supérieur.

Conseil: Pour en savoir plus sur l’enseignement d’accueil en Belgique francophone, appelé Dispositif d’Accueil et de Scolarisation des élèves Primo-Arrivants (DASPA), voir le site: https://ec.europa.eu/migrant-integration/integration-practice/daspa-dispositif-daccueil-et-de-scolarisation-des-eleves-primo-arrivants_fr.

- Les immigré·es menacent les emplois des Belges.

Faux. Marjan Temmerman explique pourquoi (avec infographie).

Une synthèse de l’ensemble dans la vidéo explicative avec la spécialiste en la matière Ilse Derluyn et sur la fiche avec les pictogrammes. On peut se prendre le temps de parcourir tout cela.

7.4. Chapitre 3

Au chapitre 3, les élèves se mettent au travail en autonomie. Pour cela, ils et elles ont accès à un chatbot (ou dialogueur) spécialement conçu et préprogrammé pour cette EDUbox.

Au travail

Entre-temps, les élèves ont beaucoup appris sur la migration. Mais derrière chaque immigré·e se cache aussi une histoire personnelle. C’est ce que les élèves apprennent dans cet outil qui leur permet de chatter avec quatre migrant·es en instance de quitter leur pays. C’est aussi l’occasion de réfléchir sur ce qu’ils et elles feraient s’ils ou elles étaient à leur place et de faire montre de leurs capacités d’empathie.

Il est question de Rose, une jeune fille qui déménage à quatorze ans du Ghana en Belgique. Son père habite ici depuis quelque temps déjà et elle vient le rejoindre en Belgique avec son frère aîné et ses petites sœurs. Sa mère reste au Ghana.

Et puis il y a Borys, un mineur étranger non accompagné (MENA) de Kiev. Borys a seize ans et il s’est enfui ensemble avec son ami Pavlo à cause du conflit avec la Russie. Ils sont arrivés en pleine nuit dans une gare à Bruxelles où ils ont passé leur première nuit. Ils ont été amenés ensuite dans une famille d’accueil. C’est donc l’histoire d’un réfugié de guerre. Il est vrai que leur histoire n’est pas représentative pour l’accueil de tout mineur arrivant sans parents ni tuteur légal en Belgique. Pour plus d’infos sur un trajet standard de réfugié·e, cliquer ici.

Joao est un immigré portugais de 35 ans. Il est venu s’installer en Belgique il y a treize ans par amour. Son amie Émilie avait étudié quelques mois au Portugal et il l’a finalement suivie en Belgique. Cette histoire de migration ‘volontaire’ illustre combien une migration interne en Europe est en fait facile.

Norullah, 17 ans, est un réfugié mineur non accompagné d’Afghanistan. Il a fui les talibans à l’âge de 13 ans avec son frère de 15 ans, qu’il a perdu au cours de ce long et périlleux voyage.

Les élèves chattent avec les migrant·es à trois moments de leur existence : dans leur pays d’origine juste avant leur départ, en Belgique juste après leur migration et aujourd’hui. Ensuite, il leur est demandé de raconter à la classe ce qu’ils et elles ont pensé de ces entretiens et ce qu’ils et elles en ont retenu. L’objectif est en fait de susciter une discussion en classe.

Au cours du chat, plusieurs questions à choix multiple ou libres sont posées aux élèves. Il y a aussi une question sur l’amitié. Les sites (néerlandophones) Nok Nok et WAT WAT fournissent des infos de base utiles sur ce thème.

7.5. Chapitre 4

Dans ce chapitre, on essaie de formuler quelques conclusions sur ce qu’on a appris par le biais de cette EDUbox. C’est un bref chapitre théorique, y compris une vidéo de synthèse.

Les idées principales que nous avons cherchées à transmettre aux élèves :

  • la migration est une histoire de tout le monde et de tous les temps
  • chaque histoire de migration est une histoire personnelle
  • la migration crée des opportunités, elle aide à combler des postes vacants sur le marché du travail
  • la migration change notre manière de penser
  • la migration comporte aussi des défis, notamment de savoir comment organiser notre société pour accueillir des réfugiés
  • en tant que société, il faut avoir le courage d’aborder le sujet de la migration et même d’avoir des opinions différentes

Que retenez-vous de cette EDUbox ? Exercice

On remet une grosse corde sur le sol en forme de cercle. À défaut, on peut aussi tracer un cercle à la craie. Les élèves se placent autour du cercle et l’enseignant·e pose des questions. Les élèves qui répondent ‘oui’ prennent place à l’intérieur du cercle.

  • Qu’est-ce qu’il nous faut ?
    Une corde
  • Les questions :
    - Avez-vous appris aujourd’hui des choses nouvelles sur la migration ?
    - Avez-vous modifié ou revu votre opinion sur la migration au cours de cette EDUbox ?
    - Est-ce que les récits personnels de migration dans cette EDUbox vous ont touché·es ? Lequel et pourquoi ?
    - Voyez-vous pour vous-même un rôle à jouer dans cette histoire ? Y a-t-il quelque chose que vous pouvez faire ?
  • Autres questions que l’enseignant·e peut encore poser :
    - Qu’est-ce que vous retiendrez surtout de cette EDUbox ?
    - Qu’est-ce qui vous a frappé·es le plus ?
    - Qu’est-ce que vous raconteriez volontiers à des ami·es ou à la famille après avoir participé à cette EDUbox ?

8. En savoir plus ?

Pour en apprendre davantage sur le thème de la migration, voici quelques sites web utiles ou des lectures à conseiller. (Veuillez noter qu’ils sont tous en néerlandais.)

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