Voilà pourquoi je me suis engagée derrière Emmanuel Macron (1/2)

Maÿlis Dupont
En dialogue avec Macron
5 min readFeb 20, 2017

Certains d’entre vous m’ont connue à l’Ecole (Ecole Normale Supérieure de Cachan) et ne m’ont plus revue après. Avec d’autres, nous avons fait grandir une amitié intellectuelle durant ces années où je me suis consacrée exclusivement à la recherche et à l’enseignement (à l’Université Lille 3, à l’Université de Technologie de Compiègne, au sein d’une équipe CNRS/Ircam, à Sciences Po Paris…). Puis il y a eu mon aventure entrepreneuriale (une startup web portée 4 ans durant), une plongée dans un tout autre écosystème, et de multiples nouveaux liens tissés (à l’incubateur Agoranov, à Paris & co et au Startup Leadership Program notamment). Tous ceux qui me suivent encore aujourd’hui (qu’ils viennent de la recherche, de l’entrepreneuriat innovant ou de tout autre horizon) savent que je n’ai pas fini de chercher quelques nouveaux éléments de réponse dans un monde devenu si complexe, et parfois même si terrifiant.

Si je commence par ces éléments biographiques, c’est parce que ma parole est ancrée. Il vous faut en connaître les racines, ou le cadre pour pouvoir bien l’entendre. Sans cadre, la parole n’est que bruit, rumeur qui circule sur Facebook ou ailleurs. C’est probablement tout le problème de la communication moderne. Qui parle derrière ce que je lis ?

Chers amis de droite et de gauche, votre amitié vous amène à regarder un peu ce nouveau candidat, Emmanuel Macron, que je soutiens, sans tout à fait comprendre cependant ce qui justifie mon engagement, ou l’espérance politique qu’il a remis en moi.

Voilà donc la première des raisons de fond pour lesquelles j’ai décidé de suivre Emmanuel Macron :

1) Le courage de suspendre les recettes tout faites d’appareil

Connaissez-vous un seul entrepreneur innovant, décidé à « adresser » un problème décisif qu’il a vu, qui s’interdise de principe d’utiliser tel ou tel élément de réponse (technologique, commercial, etc.) qu’il connaît, sous le prétexte par exemple qu’il ait été inventé par un autre, d’une autre nationalité ?

Connaissez-vous un seul chercheur de métier qui, butant durant des années sur quelque problème insoluble de sa spécialité, ne cherche pas à renouveler le cadre (les outils, le vocabulaire…), à reformuler le problème, pour parvenir simplement à le dénouer ? Un problème qui ne comporte pas de solution est un problème mal posé, a-t-on ici coutume de dire.

Le tempo du politique n’est bien évidemment pas celui, effréné, de l’entrepreneur, amené à tester non pas un, mais dix, voire cent nouveaux éléments de réponse tous les jours, pour espérer survivre et s’imposer un jour sur son marché. Ce n’est pas non plus celui du chercheur de métier, qui a besoin du temps long pour absorber les quantités astronomiques de connaissances laissées par d’autres avant lui, stabiliser jusque dans ces moindres détails un protocole à partir duquel il pourra lui-même produire quelque savoir, etc.

Si l’échelle temporelle pertinente varie selon les univers (quelques jours, semaines ou mois, pour l’entrepreneur innovant ; quelques années ou dizaines d’années pour le chercheur de métier), la dynamique à l’œuvre est fondamentalement la même cependant : c’est une dynamique de recherche, du profit dans le cas de l’entrepreneur, de la vérité dans le cas du chercheur, du bien commun dans le cas du politique.

Ce pour quoi il est urgent que le politique se replonge corps et âme dans cet exercice d’une extrême exigence, celui d’une recherche véritable de solutions… qui n’ont rien d’évidentes, n’en déplaise à tous ceux qui croient encore possible de connaître le programme bien proprement ficelé de nos 5 prochaines années, comme un programme TV qu’il n’y aurait plus qu’à regarder !

Il est urgent que le politique se replonge corps et âme dans cet exercice d’une extrême exigence, celui d’une recherche véritable de solutions… qui n’ont rien d’évidentes, n’en déplaise à tous ceux qui croient encore possible de connaître le programme bien proprement ficelé de nos 5 prochaines années, comme un programme TV qu’il n’y aurait plus qu’à regarder !

Entre celui qui annonce qu’il va falloir travailler dur pour trouver ensemble de nouvelles solutions, sans nous livrer d’un coup de baguette magique ce programme (ou ce graal) qu’il n’y aurait qu’à appliquer pour que notre monde (la France, l’économie, …) soit sauvé, et celui qui se cache derrière la prétendue vérité (« j’ai trouvé ! ») d’un programme qu’il risque de toute façon de ne jamais appliquer au-delà de ses premiers alinéas, lequel voulez-vous donc écouter ?

J’ai choisi de faire confiance et, bien plus, d’aider celui qui veut réellement chercher, plutôt que de me bercer d’illusions en écoutant celle ou ceux qui disent avoir déjà trouvé et depuis longtemps ! (puisque les recettes sont la plupart du temps éculées — quand elles ne sont pas fantasmées — à l’exception notable de celle de Benoit Hamon autour du Revenu Universel, option que je ne partage pas à ce jour pour quelque raison fondamentale — j’y reviendrai dans un autre billet — mais qui a le mérite au moins de nous obliger à recommencer à penser !).

Comme tout autre recherche, la recherche du bien commun, en politique, suppose un engagement dans le temps, un véritable travail d’élaboration des problèmes, d’expérimentation des solutions, etc., et la capacité cardinale d’une réelle liberté de pensée, sans lesquels il ne peut y avoir le moindre espoir ni de trouver, ni même d’avancer.

Voilà pourquoi Emmanuel Macron est un candidat « hors normes » et ce qu’il propose une profonde révolution.

Voilà pourquoi Emmanuel Macron est un candidat « hors normes » à mes yeux et ce qu’il propose une profonde révolution.

Contre le procès de l’ambition… en connaissez-vous un autre qui ait l’honnêteté de dire qu’il va falloir chercher, que le monde est d’une redoutable complexité, mais que l’on peut aussi croire à l’intelligence et à la puissante capacité de réinvention de l’homme, pour chercher, ébaucher et trouver de nouvelles voies autour de ces deux piliers : le travail, et l’inclusion de chacun ? Je reviendrai sur ces deux piliers dans un prochain billet, mais voilà esquissé au moins cet argument de fond, qui a lui seul m’a éveillée.

Contre le procès de l’illusion, ou du rêve sans armée… en connaissez-vous donc un autre, dans notre histoire récente, qui ait réussi pareille mobilisation (plus de 190.000 adhérents) en si peu de temps et, peut-être plus important encore pour notre démocratie, à remettre en politique des milliers de citoyens qui n’étaient pas ou plus engagés, à commencer par l’auteur de ce billet ?

Il y a de réelles limites ou fragilités, bien sûr, dans ce début de mouvement derrière Emmanuel Macron (à commencer par celle de sa représentativité : qui ce mouvement représente-t-il aujourd’hui ? comment sortir vainqueur de ce défi fondamental de l’inclusion ?). Je ne cherche pas à les nier.

Mais, mes amis de droite et de gauche, sachons voir les révolutions qui se préparent (et il en est une bien différente qui sort de plus en plus de l’ombre) et ne pas manquer ce prochain rdv de la France avec son Histoire, dans le contexte politique, social, économique, écologique et moral si sombre que l’on connaît.

Pour continuer sur les autres raisons de mon engagement, c’est ici : Voilà pourquoi je me suis engagée derrière Emmanuel Macron (2/2)

A lire également :

7 thèmes importants du programme d’Emmanuel Macron

Le travail / Retrouver une “spiritualité” du travail ?

Le vivre-ensemble / Thématiser ce terme républicain de “fraternité”

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Maÿlis Dupont
En dialogue avec Macron

Chercheur / entrepreneur / consultante : Innovation — Innovation sociale — Mesure d’impact — Travail — Inclusion — Nouvelles formes d’activités