La musique : cet “os pour chien” pour notre cerveau !

Jérémy Coron
Essentiel
Published in
11 min readDec 13, 2020

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« Sans musique, la vie serait une erreur » — Friedrich Nietzsche

Dans mon billet précédent, j’ai mis en évidence qu’écouter du Mozart ne permettait pas d’être plus intelligent, mais, pour autant, ça ne veut pas dire qu’écouter de la musique n’a pas d’effet sur notre cerveau.

Bien au contraire.

Écouter de la musique, la bonne musique, peut notamment booster notre capacité de concentration, notre créativité et même notre motivation.

Et nous allons justement en parler, ensemble, dans ce nouvel article.

Alors, c’est parti !

Parlons cerveau, musique, neurosciences, mécanismes attentionnels, évolution et ondes cérébrales !

Cerveau, concentration et musique : ce que nous dit la science.

J’ai, personnellement, toujours travaillé en musique.

Il est difficile pour moi d’être productif sans une paire d’écouteurs dans mes oreilles, ce qui m’a d’ailleurs valu plusieurs critiques au cours de mon expérience professionnelle.

Passons.

Ce n’est pas le sujet…

Quoi que si, ça l’est.

Ça l’est dans le sens où ces critiques ont amorcé en moi le désir de comprendre le pourquoi du comment la musique m’était indispensable pour être efficace.

(Au passage, j’alimentais secrètement l’envie d’avoir enfin des arguments solides à envoyer au visage de mes détracteurs.)

Je me suis alors penché, musique dans les oreilles, sur tous les articles, études, revues et conférences qui parlaient de près ou de loin du lien entre la musique, la concentration et notre cher cerveau.

Ce que j’ai fini par trouver allait bien au-delà de mes simples hypothèses personnelles.

3 points en particulier ont retenu toute mon attention.

#1. La raison évolutive pour laquelle écouter de la musique rend plus productif.

Comme je le dis, le répète et le martèle au travers de mes podcasts et de mes articles : nous avons hérité notre codage génétique de millions et de millions d’années d’évolution.

Aussi fou que cela puisse paraître, la majorité de nos comportements, de nos actions, de nos réactions, de nos sentiments et autres sont semblables aux comportements, actions, réactions et sentiments de nos ancêtres.

Seul le contexte dans lequel nous évoluons diffère du leur, le reste est en tout point similaire.

La majorité de nos comportements, de nos actions, de nos réactions, de nos sentiments et autres sont semblables aux comportements, actions, réactions et sentiments de nos ancêtres.

Alors, est-ce que l’on peut tirer un lien entre le rapport à la musique qu’entretenaient nos ancêtres et le fait que la musique nous rend plus productifs ?

Non.

Par contre, on peut en tirer un sur le fait que la musique limite l’attrait naturel qu’à notre cerveau à la distraction.

Il faut savoir que notre cerveau a évolué de sorte à constamment vouloir nous préserver de tout danger.

Dans ce sens, il s’est doté de deux « systèmes » qui s’opposent et donc qui se complètent.

➡️ Le premier, un « système » conscient dont le rôle est de nous permettre de nous concentrer sur une tâche donnée comme écrire un e-mail ou faire ses notes de frais.

➡️ Le second, un « système » inconscient dont le rôle est de veiller en permanence sur l’environnement qui nous entoure pour être à l’affût de tout type de bruits, de stimulus ou d’indices mettant en exergue un changement de contexte et donc un danger potentiel.

C’est ce que j’ai appelé le « réflexe zoom-dézoom » dans l’article suivant : Votre cerveau vous empêche d’être productif.

Ce mécanisme qui, à l’époque de nos ancêtres, nous permettait de nous placer en état de vigilance au moindre craquement de branche potentiellement annonciateur de l’arrivée d’un prédateur fait, aujourd’hui, qu’au moindre éternuement d’un collègue, au moindre dossier qui tombe, à la moindre porte qui se ferme ou au moindre rire, automatiquement notre cerveau va déplacer son attention de la tâche en cours à la source sonore, ce qui induit, inévitablement, une perte de concentration, d’efficacité et de productivité.

Ajoutons à cela le téléphone qui sonne sans cesse, les SMS, les notifications et les sons en continu annonçant la réception du moindre e-mail et nous nous retrouvons avec un cerveau qui alterne constamment entre l’état de « zoom » et l’état de « dézoom ».

Notre cerveau baigne aujourd’hui dans un environnement qui le distrait perpétuellement.

Parfois, on a conscience de ce switch, souvent pas, dans les deux cas, il nuit à notre concentration, à notre efficacité et à notre productivité.

Et c’est là que la musique joue un rôle intéressant, car elle permet à notre cerveau de se « couper » de l’environnement qui l’entoure, elle lui permet de se placer dans une « bulle » de sécurité où, techniquement, aucun bruit environnant ne peut le déconcentrer.

C’est en ça que la musique est un « os à ronger » pour notre cerveau, car elle occuper la partie de son attention dédiée à l’analyse de son environnement, lui laissant le champ libre pour se concentrer pleinement sur les tâches importantes dont la réalisation nous incombe.

Voilà pour le premier bénéfice de la musique sur la concentration et sur la productivité.

#2. Le lien entre l’écoute d’une musique et le bien-être professionnel.

Autre effet scientifiquement prouvé de la musique sur le cerveau : le fait qu’écouter de la musique rend plus heureux, plus joyeux et permet, de fait, de diminuer la pression du stress et de l’anxiété devenus courants dans notre monde professionnel actuel.

En quoi écouter de la musique produit ces effets sur notre cerveau ?

Simplement par le fait que la musique joue un rôle de « madeleine de Proust », elle va stimuler notre mémoire et nos mécanismes associatifs et, par la même occasion, elle va stimuler la production de certains de nos neurotransmetteurs bien spécifiques que sont la dopamine, l’ocytocine et la sérotonine.

L’écoute de musique stimule la production de certains de nos neurotransmetteurs bien spécifiques que sont la dopamine, l’ocytocine et la sérotonine.

La production de ces neurotransmetteurs variant selon le type de musique écouté, plus précisément selon l’association émotionnelle que la musique écoutée va provoquer en nous.

Je m’explique.

Notre cerveau fonctionne par association et par prédiction.

Autrement dit, il associe un élément passé à un élément actuel pour estimer un résultat futur.

C’est d’ailleurs ce mécanisme qui est à la base même de l’apprentissage.

Dans ce sens :

➡️ Écouter une musique que notre cerveau associe à un événement passé où nous étions motivés, où nous nous dépassions, où nous étions sûrs de nos capacités ou à tout autre élément similaire observé dans un film provoque une augmentation de notre production de dopamine.

La dopamine étant le neurotransmetteur de la motivation, du dépassement de soi et du plaisir, alors l’écoute d’une musique adéquate va nous placer alors dans cette même dynamique.

➡️ Écouter une musique que notre cerveau associe un événement passé où nous étions entourés de nos proches, de nos amis, de notre famille à passer un bon moment provoque instamment une production d’ocytocine.

L’ocytocine étant le neurotransmetteur du partage, de la joie, du lien social et de la sécurité, alors l’écoute d’une musique adéquate va nous placer alors dans un état de sérénité et d’apaisement.

➡️ Écouter une musique que notre cerveau associe à un moment de réussite personnelle, à un exploit individuel va provoquer, là, une production de sérotonine.

La sérotonine étant le neurotransmetteur de l’ego, alors l’écoute d’une musique adéquate va nous placer naturellement dans un état de confiance désinhibition, dans une certaine mesure. État particulièrement intéressant dans le cadre de processus créatif.

Reste ensuite à identifier quelle musique provoque quel état chez vous.

Ici, seuls l’empirisme et la connaissance de soi peuvent vous apporter la réponse à cette question…

#3. Écouter de la musique “casse” les tâches monotones.

Enfin, dernier avantage à mettre au profit de la musique : sa capacité à “casser” la monotonie d’une tâche.

Quel que soit notre niveau de compétence, de responsabilité, de talents, de diplômes, nous devons toutes et tous faire face à des tâches monotones et répétitives : faire ses notes de frais, remplir un CRM, compléter un tableau statistique, préparer des courriers …

Certaines tâches, de par leur nature, nous ennuient et ennuient notre cerveau.

Ces tâches sont nous les détestons par essence.

Pourquoi ?

Simplement, car notre cerveau n’aime pas être sous-stimulé, il ne s’épanouit pas dans la répétition, mais bel et bien dans la nouveauté, dans l’éveil et dans le challenge.

Pourtant, ces tâches, il faut les réaliser.

C’est là qu’utiliser le levier de la musique peut être une très bonne stratégie, une très bonne stratégie pour « casser » la lassitude induite par la réalisation de ces tâches.

Tout changement de rythme, de volume, de sonorité et de musique seront tout autant de signaux qui maintiendront le cerveau alerte et qui le tiendront éloigné de tout risque d’erreur due à la perte d’attention provoquée par ces tâches.

C’est d’ailleurs pour ça qu’il est important de bien choisir sa playlist, car là où un certain type de musique sera idéal pour être concentré, un tout autre type sera adapté pour casser une routine et une monotonie.

Justement…

Quelles musiques choisir ?

Maintenant que les bénéfices de la musique sur la concentration, la productivité et l’efficacité sont posés, voyons quelles musiques écouter et quelles musiques éviter pour tirer pleinement bénéfice de ces derniers.

Les musiques à éviter.

Pour faire simple, il faut éviter toutes les musiques à paroles.

Pourquoi ?

Car notre cerveau est programmé pour chercher à comprendre les mots, les phrases et le sens de tout dialogue ou monologue. Ce processus est 100% inconscient et donc 100% non maitrisable.

Et ça, il ne faut pas grand-chose pour s’en rendre compte, d’ailleurs tout le monde l’a déjà vécu.

On est invité à une soirée quelconque et d’un coup un groupe de personnes éloignées de nous prononce notre prénom et notre nom dans leur échange, instantanément on l’entend.

C’est plus fort que nous, c’est instinctif, on l’entend malgré le fait que nous étions nous, de notre côté, déjà pleinement impliqué dans un tout autre échange.

Certains isolés mots ont le même effet, employez le terme « sexe » dans une soirée et vous verrez que tout le monde se retournera vers vous. Même si vous l’avez prononcé à demi-mot.

C’est bien la preuve que notre cerveau passe son temps à analyser ce qui l’entoure et qu’il cherche constamment à comprendre le sens des mots qui sont utilisés à proximité de lui.

On en revient à cette notion de « surveiller les sources de dangers qui l’entourent ».

Notre cerveau passe son temps à analyser son environnement en quête d’éventuelles sources de danger.

C’est pourquoi, pour en revenir à la musique, même sans en avoir conscience, les paroles nous distraient et limitent notre efficacité. Et ce quelle que soit la langue des paroles en question, car, encore une fois, notre cerveau est programmé pour chercher à comprendre les mots.

Les musiques à favoriser.

Les musiques à favoriser sont, à l’inverse des musiques à éviter, toutes les musiques qui ne présentent pas de paroles.

Après, le choix du style de musique incombe au style de celui qui les écoutent.

Par contre, certaines musiques instrumentales sont plus efficaces que d’autres et c’est notamment le cas des musiques de jeux vidéos et des musiques de films qui ont justement été pensées pour susciter des états émotionnels et donc la production des fameux neurotransmetteurs dont nous avons parlé précédemment.

Personnellement, grand fan de la saga des Zelda, j’écoute cette playlist en boucle depuis plusieurs mois :

Auparavant j’écoutais celle-ci :

Et encore avant ça, j’étais avant tout sur l’écoute de bruits d’orage et de pluie.

La seule variable ici consiste dans la nature de la tâche à accomplir, une tâche demandant de la concentration nécessitera l’écoute d’une musique régulière alors qu’une tâche routinière nécessitera l’écoute d’une musique plus « punchy » et avec davantage de variation de style, de sonorité et d’intensité.

Des musiques spécialement conçues pour stimuler notre concentration.

Je ne pouvais pas terminer cet article sans vous parler des musiques spécialement conçues pour stimuler l’activité de notre cerveau.

Oui, ça existe !

Il faut que vous sachiez, si ce n’est pas votre cas, que notre cerveau est constamment parcouru d’ondes électriques, c’est par le prisme de ces ondes que notre cerveau fonctionne pour faire simple.

Notre cerveau est continuellement parcouru d’impulsions électriques.

Il s’avère que la fréquence d’onde qu’émet notre cerveau varie selon la nature de la tâche ou de l’activité que nous sommes entrain de réaliser.

Voici les différentes fréquences dans lesquelles notre cerveau peut se retrouver :

Les ondes Alpha.

Les ondes Alpha sont des ondes lentes qui correspondent à l’activité dans laquelle se trouve notre cerveau alors que nous sommes relaxés ou en phase de créativité.

Les ondes Bêta.

Ce sont des ondes plus rapides qui correspondent aux phases d’activités courantes, voire intenses.

Quand on est au travail et qu’on est pleinement concentré, notre cerveau fonctionne alors en ondes Bêta.

Les ondes Gamma.

Les ondes Gama sont très rapides et elles correspondent au fait que notre cerveau intègre des informations, les analyses et apprend.

Les ondes Delta.

Ce sont les ondes que notre cerveau émet lorsque nous nous reposons ou lorsque nous sommes en méditation profonde.

Les ondes Thêta.

Les ondes Thêta correspondent aux ondes émises par notre cerveau lorsqu’il est dans un état de relation intense.

Utiliser ses « ondes » pour être plus productif.

Aucun consensus scientifique n’est encore fait, mais il semblerait que les ondes de notre cerveau s’aligneraient avec les ondes de la musique que l’on écoute.

Dans ce sens, écouter de la musique Bêta augmenterait notre productivité, notre efficacité et notre concentration.

À titre personnel, j’en ressens les bénéfices, est-ce un effet placebo ou un phénomène réel ? Peu importe, les résultats sont là et c’est le plus important.

C’est pourquoi je ne peux que vous encourager à tester par vous-même.

En conclusion.

Pour conclure, écouter de la musique en travaillant présente de nombreux avantages sur notre efficacité, notre productivité et notre créativité.

Le tout est de savoir doser son écoute et ne pas se forcer, vous ressentez le besoin d’en écouter, faites-le, vous n’en ressentez plus le besoin : arrêtez.

C’est aussi simple que ça.

Et enfin, dernier conseil, écouter de la musique en travaillant ne veut pas dire s’assourdir, mais ajouter un fond sonore à son travail, c’est pourquoi il est nécessaire que vous écoutiez vos musiques le moins fort possible.

Préservez votre santé et votre intégrité physique avant toute chose, c’est le plus important.

Bonne future écoute à vous et amusez-vous bien à renvoyer dans leur 22 tout individu critiquant votre écoute de la musique au travail 😊.

Vous voulez aller plus loin ?

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Jérémy Coron
Essentiel

Passionné de neuroergonomie et de surperformance professionnelle, je vous partage le résultat de mes recherches au travers de mon podcast hebdomadaire.