Pourquoi il est essentiel de vous demander pourquoi.

Valentin Decker
Essentiel
Published in
9 min readAug 11, 2017

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La scène se passe au XVème siècle.

Sur sa route, un voyageur croise un homme sur le bord du chemin. Ce dernier empile des pierres les unes sur les autres. Il souffre et transpire sous la chaleur étouffante. Il a le visage marqué par l’ennui que lui procure la rude tâche. Il compte les heures avant la fin de sa journée.

Le voyageur lui demande : « Que fais-tu ? Qu’espères-tu accomplir en empilant sans cesse ces pierres ? »

L’homme lui répond : « Je travaille car je dois nourrir ma famille. J’exécute les ordres de mon chef ».

Le voyageur continue sa route. Plus loin, il croise un autre homme qui, de la même manière, empile des pierres les unes sur les autres.

Mais celui-ci va plus vite. Il est plus énergique. Il a le sourire aux lèvres et la difficulté de la tâche ne semble pas l’affecter. Le contraste entre les deux hommes est frappant. Ils font exactement la même tâche, dans des conditions identiques. Mais l’un est heureux, l’autre souffre.

Le voyageur pose alors la même question : « Que fais-tu ? Qu’espères-tu accomplir en empilant sans cesse ces pierres ? »

L’homme lui répond : « Je construis une cathédrale. C’est la mission que je me suis fixée. Je souhaite offrir aux hommes un lieu où ils pourront se regrouper dans la paix, autour d’une même croyance ».

Tâches identiques, vies opposées. L’un travaille par nécessité, l’autre est animé par un sens de mission. Il sait pourquoi il travaille. Il sait ce qu’il souhaite accomplir. Et cela fait toute la différence.

Regardez autour de vous. Observez toutes ces personnes qui suivent une voie par défaut. Parce que c’est ce qu’on leur a conseillé, « que c’était la meilleure chose pour eux. ». Et puis parce que ça paie bien et que les conditions de travail sont sympa.

Nous sommes influencés par notre environnement direct : l’école, notre famille, notre éducation, nos fréquentations. Tout cela agit sur notre vision de la réalité et notre champ des possibles.

Et le piège est juste là : on fait des choses pour les autres. Pour qu’ils aient une bonne image de nous.

C’est humain. Nous avons tous eu ce sentiment. L’envie de ne pas décevoir et de répondre aux attentes du fils chéri qui finit dans un beau groupe.

Beatrice Moulin de SWITCH COLLECTIVE résume bien la chose : « on cherche le meilleur en soi. Et pas pour soi. »

Sauf qu’il y aura toujours cette petite voix dans notre tête qui nous rappellera qu’on ne se sent pas réellement à notre place. Qu’on n’est pas réellement heureux de notre situation.

Alors on s’interroge. On se dit qu’on est pas normal. On a tout pour être heureux, un beau CV, les conditions sont idéales, mais pourtant, on ne l’est pas. On se ment à soi-même, on ne montre pas son vrai visage. On se conforme et faisons tout pour ne pas nous faire remarquer. On ne s’épanouit jamais réellement.

On n’ose pas se l’avouer, car ce serait un aveu de faiblesse.

Le bal des faux-semblants

Tout le monde autour de soi semble satisfait. Les réseaux sociaux nous donnent l’impression que tout le monde vit une vie formidable, totalement épanouie. Mais les gens masquent leurs doutes. Ils se cachent. Redoutent le lundi matin et attendent avec impatience le vendredi soir pour oublier.

Selon « State of the global workplace », seuls 11 % des salariés se sentent engagés dans leur travail en France. Parmi les 89 % restants, 61 % ne sont pas engagés et 28 % sont activement désengagés.

La raison est très simple : les gens ne sont en accord avec leur why.

Pire encore, la plupart des gens n’imaginent même pas la possibilité de faire des choses en fonction de leur Why.

Faire en fonction de ce en quoi ils croient profondément, de ce qui les anime et les motive est une chimère. Un truc réservé à une élite privilégiée que nous vendent les bouquins de développement personnel clichés.

Fruit d’une génération où il nous a été dit que le travail était forcément pénible et laborieux. Que si on s’amusait au travail, ce n’était pas vraiment du travail.

Mais que se passe-t-il quand on essaie de faire taire son Why ? La petite voix dans notre tête prend alors la forme du pire sentiment qui soit : le regret.

La notion de regret est intimement liée à la seule ressource dont ne nous disposons qu’en quantité limitée : le temps. C’est la seule chose que l’on ne pourra jamais récupérer.

Bronnie Ware est une aide-soignante Américaine qui travaillait au service des soins palliatifs. Étant constamment au contact de personnes mourantes, elle a pu avoir des conversations d’une rare intimité, franchise et honnêteté sur la vie qu’ils ont mené et la mort qui arrivait.

Elle en a écrit un livre. Et le regret qui revient le plus souvent est celui-ci : « j’aurais voulu avoir le courage de vivre une vie fidèle à moi-même, pas la vie que les autres attendaient de moi ».

« C’était le regret le plus courant de tous. Quand les gens réalisent que leur vie est pratiquement finie et qu’ils se souviennent réellement dans leur passé, ils voient facilement combien de rêves ils ont laissés inachevés. La plupart des gens n’ont pas réalisé la moitié de leurs rêves et doivent mourir en sachant que c’est la faute des choix qu’ils ont fait, ou n’ont pas fait. La bonne santé donne une liberté que peu de monde réalise, jusqu’à ce qu’on ne l’a plus ». — Bronnie Ware

Le Why est personnel

Une vie heureuse est une vie dans laquelle nos actions quotidiennes sont en accord avec notre Why. C’est la meilleure façon de surmonter les moments de doutes, de minimiser les regrets et d’être impactant auprès des autres.

Peu importe son why. Il est propre à chacun. En essayant de plaire aux autres, d’éteindre sa personnalité et de se conformer, on ne satisfera pas notre why.

Avant de partir à la guerre de Troie, Achille hésite et demande conseil à sa mère. Celle-ci lui dit :

« Mon fils, si tu vas à la guerre, tu verras les pires horreurs. Tu vas souffrir et ce sera rude. Tu vas certainement mourir, mais on se souviendra de toi comme un héros et tu auras la gloire pour l’éternité. On se souviendra de toi comme l’un des plus grands guerriers de tous les temps.

Si tu n’y vas pas tu mèneras une vie paisible. Entouré de ta femme et tes enfants, tu couleras des jours heureux. A ta mort, ta famille se souviendra de toi. Mais tout le monde t’aura oublié quelques années plus tard. »

Souhaite t-il la gloire ? Ou plutôt une vie paisible ?

Qu’Achille choisisse d’y aller ou pas, peu importe. Ce qui compte, c’est que la décision qu’il prend soit en accord avec son Why. Et il n’y a aucun jugement moral à y apporter. Il n’y a pas de bien ou de mal, pas de bon ou de mauvais. Il n’y a que des choix à faire. Et plus ce choix se fait tôt, mieux ce sera.

Le Why est forcément intime. C’est la chose qui nous anime au plus profond de nous. Qui nous donne un sens de mission. Le Why est authentique et doit être pleinement assumé.

Le fait d’être en accord avec son Why se manifeste de manière assez visible. Nous sommes heureux de nous lever le matin. Nous n’avons pas l’impression que ce que nous faisons est du travail. Mais simplement un plaisir.

Lorsque l’on fait des choses en accord avec son Why cela se voit. Les gens autour de nous le remarquent. Mieux, ça les attire comme des aimants. Ils se sentent concernés par la mission que l’on s’est fixé, ils s’y identifient : ils veulent nous aider à l’atteindre.

Notre Why nous sert de boussole dans les moments douloureux et les choix difficiles. Il filtre la décision et la rend plus aisée. Achille doit-il partir à la guerre ? Il est attiré par le prestige et la gloire, son choix est vite fait.

À l’inverse, la superficialité se voit. Elle repousse. Si le why n’est pas authentique et si les actions ne vont pas dans le sens de celui-ci, les gens le sentiront.

C’est l’histoire de toutes ces grosses marques qui prétendent avoir des valeurs écologiques et humanistes, mais qui utilisent de l’huile de palme dans leurs produits et qui exploitent des enfants dans des pays pauvres.

Selon Simon Sinek, toute action se distingue par 3 cercles.

  • Le cercle extérieure qui représente le « What » : Ce que nous faisons.
  • Le cercle intermédiaire qui représente le « How » : Comment nous faisons les choses.
  • Le cercle du centre qui représente le « Why » : Pourquoi nous faisons les choses.

Le Why est au coeur. C’est de lui que tout découle. Si le Why est clairement défini et accepté, le How et le What découleront naturellement de manière cohérente et impactante.

Dans leurs publicités, Apple ne vous vendent pas leur What (des produits technologiques), ni leur How (un excellent design) mais leur Why. Ils vendent une vision du monde : « think different », pour les créateurs, ceux qui se battent contre le statut-quo.

Comment trouver son Why ?

C’est LA grande question.

On ne découvre pas son Why d’un seul coup, du jour au lendemain. C’est un processus chaotique, qui prend du temps. Au début, on a l’impression d’avoir envie de faire 10 000 choses en même temps. On a l’impression d’être incapable de se fixer véritablement sur un seul projet. Sentiment que j’expérimente moi-même régulièrement. Mais c’est le signe que nous sommes sur la bonne voie.

La réponse à la question de son Why est une chose qui s’expérimente. Qui se vit. Qui naît des frustrations et des obstacles que nous rencontrons. Qui naît des expériences ratées.

Vous cherchez à savoir ce que vous souhaitez faire dans la vie ? Expérimentez. Y a t-il meilleure façon de savoir si l’on aime faire quelque chose que de le tester ?

La découverte de son Why est quelque chose qu’il ne faut pas trop essayer de théoriser et de rationaliser. C’est le meilleur moyen de se conformer à ce que les autres veulent que l’on soit.

Il s’agit simplement de suivre ses instincts et d’écouter son coeur. D’être à l’écoute de la petite voix dans notre tête.

Enfin, le Why évolue au fil du temps. Il n’est pas le même à 20 et 40 ans, et c’est parfaitement normal.

Le tout est de faire les choses qui nous motivent et nous inspirent sur le moment.

“Seek a calling, not a job or a career.” — Phil Knight

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