Créer des religions imaginaires en s’inspirant de l’histoire de manière originale

Sam Metzener
Flanc à la critique
16 min readApr 27, 2020

La question de la religion a été traitée à de nombreuses reprises dans le milieu du jeu de rôle, à travers des focales resserrées (“Les religions dans l’espace”) ou plus larges (“La religion dans les mondes imaginaires”).

À titre personnel, ce sujet me passionne ayant la double casquette de rôliste et d’historien ayant suivi un cursus en “sciences des religions” (groupement de branches académiques visant à étudier de manière dépassionnée et sans posture idéologique marquée les religions organisées comme une des parties constitutives d’une société et qui fait souvent appel au comparatisme comme outil méthodologique).

L’article qui suit ne prétend pas penser le rapport du jeu de rôle à la religion, ou vice versa. En revanche, il propose un outil pour créer à la volée des formes originales d’expression religieuse dans des settings variés (med fan, post apo, science-fiction, etc.).

Tome of Salvation, Ralph Horsley

Petite parenthèse définitoire

Avant de commencer, il convient quand même de poser une définition minimale de la religion (en tout cas de ce que moi j’entends par religion). Parce que si c’est clair pour vous, ce n’est pas forcément le cas des chercheurs qui s’étripent dans des querelles de clocher depuis le XIXe siècle. Ayant abandonné, un siècle plus tard, la chimère tendant à définir une forme essencialisée de la religion, ils se sont divisés en plusieurs courants qui étudient des religions données selon un prisme particulier :

  • Les phénoménologues des religions s’intéressent avant tout à la conscience des croyants, c’est-à-dire en grande partie à leur conception du monde et aux perceptions qu’ils ont eux-mêmes des faits religieux. Ils articulent leur réflexion à travers une analyse des textes sacrés.
  • Les anthropologues des religions étudient le fait religieux. Cette notion regroupe les rites, les pratiques, les traditions mais aussi les corpus théologiques qu’ils soient savants ou non (mythes, textes sacrés, normes) d’une tradition religieuse donnée.
  • Les sociologues des religions analysent le fait religieux en rapport avec son contexte social. Très éclatée, la discipline a amorcé une réflexion sur elle-même et ses fondateurs (Weber, Durkheim, Marx) afin d’actualiser sa pratique. La focale est mise sur les formes contemporaines de religiosité, qu’elles soient individuelles ou collectives.
  • Les psychologues des religions s’intéressent au fonctionnement psychique — conscient et inconscient — des comportements religieux normaux ou pathologiques, et ce à un échelon individuel ou collectif. Cette discipline offre un intérêt marqué pour l’analyse des états altérés de conscience.

Ce minuscule tour d’horizon a pour but de vous montrer à quel point c’est le foutoir chez les spécialistes. Il faut rester modeste quand on cherche à définir la religion, et plus encore quand on tente de l’analyser.

Dans le cadre de cet article, nous nous limiterons aux formes organisées de religion en écartant de notre petit outil les formes d’expression les plus spontanées. Cela ne nous empêchera pas d’être extrêmement audacieux par rapport au monde académique en supposant que la religion telle que nous l’envisageons ici implique :

  1. Un ensemble de croyances et de doctrines.
  2. Une forme de culte rendue au monde divin.
  3. Un ensemble de pratiques/rites à effectuer au quotidien.
  4. Des comportements à suivre ou à proscrire pour être en conformité avec ses croyances et le reste de la communauté.

Créer ses religions

Dans la grande majorité des jeux de rôle à tendance fantastique (med fan, post apo, science fiction), la religion s’exprime souvent de la même manière : il s’agit d’une transposition naïve voire caricaturale du polythéisme gréco-romain, du druidisme celte ou du catholicisme romain. C’est dommage car extrêmement limité au regard de la diversité et de l’originalité de certaines formes de religion.

Je vous propose ci-dessous une liste de tables qui vous permettront de créer sur le pouce des religions moins stéréotypées et de les intégrer à vos cadres de jeux NON HISTORIQUES (par historique, j’entends dans le passé de l’histoire humaine ou de nos jours en suivant un déroulement chronologique analogue à notre histoire), mais en leur conférant des éléments de vraisemblance issus de traditions avérées.

En fonction de vos envies, vous pouvez y piocher ce que vous voulez ou vous servir au hasard en lançant un dé 6. Le choix du hasard a le mérite de proposer des combinaisons originales qui stimulent l’imaginaire.

Nota Bene 1 : chaque tableau énonce une opinion — celle du croyant qui la professe. Cela représente une forme de subjectivité bienvenue en la matière.

Note Bene 2 : l’absence de religion n’est pas abordée dans cet article, bien que cela constitue une forme légitime et intéressante ludiquement de développement culturel (cf. une grande partie des pays de l’Europe occidentale au XXIe siècle, l’univers de Star Trek). Cela pourrait être le sujet d’un futur article (tout comme une réflexion plus poussée sur la vision assez conservatrice de la religion dans le jeu de rôle).

Nota Bene 3 : le mot libéral est souvent employé dans les lignes suivantes. En politique, il désigne un système centré sur l’individu et la liberté et, en économie, une école de pensée pour qui le libre-échange, la liberté d’entreprendre, de consommer et de travailler sont nécessaires au bon fonctionnement de la société où l’intervention de l’état doit être limitée. En théologie, il couvre un autre spectre : une vision optimiste de l’homme et de la civilisation, la volonté de replacer les écrits d’une religion dans leur contexte de rédaction et d’avoir une pratique en phase avec l’époque et la société dans lesquelles vivent les croyants.

Deux panthéons pour le prix d’un (vikings et grecs)

1. CADRE

Ma religion prend place à une échelle…

  1. … immense qui implique éclatement et diversité ainsi qu’un contrôle moins aisé des périphéries (exemples : une galaxie, une entité politique de la taille de l’empire romain).
  2. importante qui implique une ère culturelle commune et les moyens de s’en rendre compte permettant à une autorité supérieure d’avoir une vue d’ensemble (exemples : la chrétienté médiévale dès le XIIe siècle, la Chine de la dynastie Qin, le Japon du XVIIe siècle, l’empire aztèque, le Saint Empire romain germanique ottonien, une planète, une cité cyberpunk).
  3. spécifique qui permet une forme de diversification locale mais avec des contrôles potentiels dépendant du bon vouloir des dirigeants (exemples : le royaume de France au Moyen Âge central, la république de Berne au XVIIe siècle, l’empire almohade vers 1200, l’Utah en 1853, le royaume de New Burgundy en 2067 — 3 ans après l’Apocalypse, une station spatiale).
  4. restreinte qui renforce l’identité commune, la circulation des informations et le contrôle exercé sur les habitants (exemples : un diocèse, une commune, une entité régionale, la subdivision administrative d’une ville).
  5. minuscule qui crée un fort sentiment d’appartenance mais renforce le contrôle mutuel voire les suspicions en cas de perturbation de l’ordre naturel — catastrophes naturelles, épidémies (exemples : une petite communauté, un village, un quartier dans une ville cyberpunk, un avant-poste post-apo, un vaisseau spatial).
  6. chaotique en raison de l’instabilité politique qui empêche tout contrôle lointain et livre les populations à l’arbitraire, à la violence et aux changements fréquents et brutaux (exemples : le Saint Empire romain germanique pendant la guerre de Trente Ans, le Japon au XVIe siècle, la France des guerres de religion, l’Espagne médiévale des taïfas, les terres disputées des Pyrénées entre les néo Wisigoths et l’über-comté de Toulouse, l’Alliance de la série Firefly affrontant les séparatistes des planètes extérieures).

2. CROYANCE FONDAMENTALE

Ma religion professe l’existence…

  1. … d’une divinité unique exclusive qui entre en concurrence avec les autres formes de religion (exemples : le christianisme, l’islam, le judaïsme, la religion des Fremen dans Dune).
  2. … d’une divinité supérieure aux autres dont l’influence prépondérante est avérée (exemples : la religion des Hébreux avant l’exil à Babylone, l’Un des néo-platoniciens, le yézidisme).
  3. … d’un panthéon structuré de divinités différentes voire opposées (exemples : les polythéisme gréco-romain ou viking).
  4. d’un panthéon de divinités qui prennent les formes les plus diverses au plan local (exemples : la religion des celtes, des phéniciens ou des hittites, l’hindouisme).
  5. … d’un monde peuplé par des esprits qui peuvent interagir avec le nôtre et dont le respect influence notre quotidien (exemples : l’animisme ou le shintoïsme).
  6. … d’une philosophie de l’existence davantage que le culte d’une divinité créatrice (exemples : certaines formes de bouddhisme, le confucianisme).

3. NATURE DIVINE

Ma religion vénère une/des divinité.s réputée.s…

  1. agitée.s par les mêmes passions que les êtres vivants, ce qui n’est pas sans conséquences (exemples : les polythéismes gréco-romains, vikings ou hindous).
  2. indifférente.s au sort des êtres vivants et dont les desseins nous échappent (exemples : le néo-platonisme, le Crom des Cimmériens).
  3. supposément active.s dans le monde des hommes avec des plans spécifiques (exemples : l’hindouisme, le judaïsme antique originel, les dieux égyptiens).
  4. œuvrant soi disant en faveur d’une communauté donnée ou d’un lieu précis et de ses intérêts (exemples : les divinités “nationales” des états antiques proche-orientaux comme Moab ou Israël, le culte impérial dans la Rome antique).
  5. imprévisible.s, aussi faut-il effectuer de nombreux sacrifices sanglants d’animaux pour obtenir sa/leur bonne grâce (exemples : les religions gréco-romaine ou phénicienne, le judaïsme pré-rabbinique, l’hindouisme).
  6. secrète.s et mystérieuse.s, on ne peut accéder à son/leur message qu’en devenant l’élu de son/leur culte à mystères (exemples : les mystères d’Eleusis, la mithriacisme, les cultes isiaques, l’orphisme, les gnoses).

4. FONCTIONNEMENT

Ma religion fonctionne de manière…

  1. strictement verticale et unifiée. Cela assure la transmission des consignes, la conformité aux ordres et le contrôle exercé sur la population (exemples : le catholicisme du bas Moyen Âge, le chiisme iranien).
  2. autocéphale, c’est-à-dire verticale mais de manière plus souple et avec moins d’échelons hiérarchiques et des autorités suprêmes moins lointaines (exemple : le christianisme oriental).
  3. démocratique. Des représentants élus issus des fidèles et du bas clergé siègent dans une assemblée édictant les règlements du culte et qu’un conseil regroupant les plus hautes autorités est chargée d’exécuter, tout en gérant les affaires courantes (exemple : les églises calvinistes).
  4. complètement éclatée. Hormis une figure à l’aura symbolique, chaque secte ou mouvement peut prospérer librement (exemple : l’hindouisme).
  5. conciliaire. Des représentants du clergé se réunissent en assemblée et prennent les décisions. Les figures d’autorité n’ont qu’un rôle symbolique ou consultatif (exemple : le paléochristianisme, le parti communiste chinois — oups non désolé).
  6. népotique. Les charges suprêmes sont achetables et distribuées ensuite comme récompenses, servant parfois à asseoir des dynasties au pouvoir (exemple : la pornocratie pontificale du Xe siècle).

5. PARTICULARITÉ

Ma religion possède une véritable spécificité…

  1. elle prône la non violence de manière absolue. Toute vie est sacrée (exemples : le jaïnisme ou le mennonisme).
  2. elle proscrit le mensonge qui est tabou. La vérité ne doit jamais être cachée (exemples : le zoroastrisme, le Qowat Milat dans Star Trek).
  3. elle affirme que tout être est sentient. Sa vie doit être respectée (exemples : le jaïnisme, l’animisme).
  4. elle affirme que l’eau a un pouvoir salvateur et régénérant. Tous les sanctuaires sont construits le long des rivières et des fleuves (exemple : le mandéisme).
  5. elle prohibe un régime carné. Le végétarisme est de rigueur (exemples : le catharisme, le bouddhisme, le jaïnisme).
  6. ... elle affirme la sacralité de certains animaux qui sont vus comme étant la représentations de divinités. On ne peut pas les tuer et on leur manifeste une sincère déférence (exemples : le yézidisme, l’hindouisme, la religion égyptienne antique).

6. RAPPORT AU CORPS

Ma religion considère que le corps est…

  1. profondément sale et corrompu. Il s’agit de le purifier en le soumettant à une forte ascèse. La mort est une libération (exemples : le catharisme, le manichéisme).
  2. le réceptacle d’ une parcelle divine. Il est précieux et doit être entretenu par des rites de purification et de l’exercice (exemples : l’hygiénisme protestant du XIXe siècle, la secte pythagoricienne).
  3. utilitaire. Il a été voulu par la/les divinité.s et permet d’harmoniser les besoins physiques aux exigences spirituelles (exemple : l’islam, certains courants du judaïsme et du christianisme).
  4. un vecteur entre inconscient et conscient, mondes invisibles et visibles. Il forme un entre-deux par son esprit et sa chair. La conscience doit être élargie à travers lui(exemple : diverses formes d’animisme).
  5. une punition ou une rétribution pour nos vies antérieures. Nous sommes le résultat de nos actions (exemples : l’hindouisme, le bouddhisme, le manichéisme, l’origianisme, l’orphéisme).
  6. en chemin vers immortalité. Elle ne sera atteinte qu’en mangeant une nourriture le privant des substances de mort et en devenant maître de ses réflexes — musculaires et moraux (exemple : le taoïsme).

7. SEXUALITÉ

Ma religion considère que la sexualité…

  1. est à vocation reproductive. La contraception et des pratiques homosexuelles sont perçues comme allant contre les lois de la nature (exemples : le catholicisme, certains courants de l’évangélisme protestant).
  2. permet d’atteindre la libération en mélangeant le désir à la quête spirituelle (exemple : les pratiques tantriques).
  3. est prohibée hors du cadre du mariage. Le croyant qui s’y soustrait est dans l’illégalité (exemple : la plupart des religions).
  4. s’épanouit dans un cadre monogame hétérosexuel qui est perçu comme une métaphore du lien entre les êtres vivants et la/les divinité.s (exemples : le christianisme non libéral, le judaïsme non libéral, l’islam non libéral, les formes conservatrices des autres religions structurées).
  5. est libre tant qu’elle est féconde et sert les intérêts du groupe. Peu importe le genre, le sexe, le nombre de partenaires ou d’époux (exemple : l’animisme tribal).
  6. n’appartient pas à l’individu. L’humain fait partie d’une communauté et rien ne lui appartient en propre, pas même son/ses conjoint.s, pas même son propre corps (exemple : certains courants anabaptistes radicaux du XVIe siècle, les carpocratiens radicaux).

8. POLITIQUE

Ma religion a des buts civilisationnels. Elle considère que l’espace public…

  1. lui importe peu. Seule compte la quête individuelle de l’élévation de l’âme (exemples : les cabalistes, le soufisme, les mystiques chrétiens).
  2. est un terrain à conquérir afin d’imposer à terme ses lois (exemples : le salafisme, les mormons, le judaïsme ultra orthodoxe, le pentecôtisme).
  3. est soumis à l’autorité de l’État qui est par conséquent le chef de la religion (exemples : le christianisme byzantin, le protestantisme zwinglien).
  4. doit se soumettre à l’autorité divine qui prime sur les lois civiles (exemples : le chiisme iranien, le wahabisme saoudien, le judaïsme ultra orthodoxe, le pentecôtisme, l’hindouisme nationaliste).
  5. est un lieu de débat où exprimer les idées qu’elle professe (exemples : les formes contemporaines modérées de religion, le théâtre grec antique).
  6. ne lui appartient pas et est dangereux. Le plus grand nombre n’a pas vocation à recevoir la révélation (exemples : les gnoses, les cultes à mystères, les espaces sélectifs de sociabilité comme la franc-maçonnerie).

9. SOCIÉTÉ

Ma religion a une vision pour la vie sociale. Elle prône…

  1. un système de castes. En fonction de ses mérites et de sa lignée, chacun a une place précise dans l’ordre naturel du monde (exemple : l’hindouisme, les castes japonaises).
  2. une verticalité nécessaire. Tout comme le monde divin règne sur le monde des vivants, il faut une hiérarchie sociale marquée afin d’éviter le désordre (exemple : la féodalité médiévale européenne ou japonaise).
  3. une unité sociale et spirituelle de la nation car le monde divin englobe et unit tout (exemple : le shintoïsme d’état de l’ère Meiji).
  4. une vision égalitariste. Il n’est pas juste que les gouvernants s’approprient les ressources au détriment des plus démunis. Il faut partager chaque chose équitablement (exemples : l’anarchie chrétienne, le moïsme chinois).
  5. la vie en communauté. Vivre seul ne fait pas sens, on s’entraide mieux quand on est nombreux (exemples : le monachisme chrétien ou bouddhiste, l’anabaptisme radical).
  6. l’obéissance civique et le respect de rites commun. Pour que l’état prospère, les citoyens doivent effectuer les prescriptions adéquates (exemples : les religions gréco-romaine liée à l’état et à la cité).

10. ÉCONOMIE

Ma religion pense que l’économie doit s’inscrire dans un système…

  1. libéral sans contrainte. Le monde divin a créé l’humain libre. Celui-ci ne doit pas dépendre d’un état qui le détourne de cette liberté fondamentale et de la responsabilité qui en découle (exemples : le baptisme, le pentecôtisme).
  2. libéral redistributif. L’humain est responsable du fonctionnement de la société devant le monde divin, mais l’état et la religion sont eux aussi soumis à des devoirs, comme aider les plus démunis (exemple : les réformes luthériennes et calvinistes, le judaïsme libéral).
  3. protectionniste et corporatiste. Le monde économique se répartit dans des corps de métiers. Ceux-ci bénéficient de monopoles mais sont tributaires de traditions religieuses d’entraide (exemple : l’Europe médiévale catholique, la Japon médiéval).
  4. isolationniste. Le monde est mauvais. Il faut s’en extraire et vivre de sa propre production. Une partie des bénéfices est reversée à la religion (exemples : les amish, certains mouvements sectaires anglo-saxons).
  5. socialiste. La religion favorise l’entraide entre les peuples, la redistribution des richesses à travers un réseau d’organismes dédiés et encourage les investissements dans le cadre d’un système libéral pour mettre en place une forme de justice sociale (exemples : les socialismes chrétiens, les Frères musulmans).
  6. anarchiste. L’état est une construction abstraite aliénante de l’individu. La religion est là pour penser et mettre en place des structures de gouvernance différentes, centrée sur l’individu, tout en veillant au bien-être des plus démunis (exemple : les courants anarchistes dans toutes les religions structurées).

11. ALTÉRITÉ

Ma religion porte sur les personnes ne partageant pas ses idées un regard…

  1. hostile. Le monde environnant est un ennemi cherchant à abattre la religion. Cela appelle une riposte qui peut être idéologique et/ou armée (exemple : à peu près toutes les formes de religion dans leur versant le plus réactionnaire).
  2. méfiant. Le monde environnant est peuplé de personne ne partageant pas ses valeurs qui sont pensées comme un bastion à protéger (exemple : à peu près toutes les formes conservatrices de religion).
  3. indifférent. Les autres n’intéressent pas particulièrement les tenants de la religion qui sont tournés vers leur élévation personnelle (exemples : les cultes à mystères, les gnoses, le taoïsme).
  4. tolérant. La religion accepte l’altérité que ce soit par nécessité ou conviction. Elle est engagée dans un dialogue avec les autres formes de cultes et les autorités civiles(exemples : les expressions libérales des monothéismes, certains courants bouddhistes).
  5. intéressé. Les profanes représentent une masse de fidèles potentiels. La religion cherche à les convaincre de rallier ses rangs par des outils performants de communication et de propagande (exemples : le salafisme, le pentecôtisme américain).
  6. coopératif. La religion travaille régulièrement avec les autorités civiles ou d’autres cultes pour œuvrer contre des fléaux telles que la pauvreté, la violence ou l’analphabétisme (exemples : les ONG confessionnelles, les religions reconnues d’utilité publique dans le canton de Vaud en Suisse).

12. STATUT DES FEMMES

Dans ma religion, les femmes sont…

  1. traitées de manière égale aux hommes. Elles occupent des fonctions analogues et sont moins discriminées (exemple : le protestantisme libéral ou le judaïsme libéral).
  2. traitées avec paternalisme. Elles sont jugées à risque et les instances dirigeantes ont mis en place un discours et des structures pour les surveiller (exemples : euh une quasi totalité de toutes les religions organisées dans l’histoire humaine).
  3. victimes de discriminations. Jugées non égales aux hommes, elles n’ont pas accès aux mêmes fonctions (exemples : euh une quasi totalité de toutes les religions organisées dans l’histoire humaine).
  4. aux commandes. Elles ont instauré un fonctionnement original et un système de croyances qui leur permet de diriger de manière légitime la religion (exemples : le Bene Gesserit dans l’univers de Dune, attention pas les vestales qui étaient contraintes par des hommes).
  5. vénérées avec dévotion. Que ce soit en raison de particularités supposément féminines comme la fertilité, l’imagination, la douceur, les soins, ou d’un événement lié à la religion impliquant une femme, elles sont considérées avec respect (exemples : hum, oui alors plein de religions ont vénéré des aspects féminins mais les femmes ont vécu dans un monde pensé et gouverné par les hommes).
  6. les épouses de la/des divinité.s. Afin d’honorer le monde divin, lutter contre la stérilité ou rapporter de l’argent au temple, elles ont des rapports sexuels ritualisés avec d’autres fidèles (exemples : culte de Cybèle et Attis ou d’Ishtâr, certains cultes mésopotamiens antiques, les devadâsî indiennes).

Edit : dans l’histoire humaine, il n’y a jamais eu de religion matriarcale. L’imaginaire rôliste étant un lieu permettant d’imaginer d’autres possibles, il suffit de mettre “homme” dans l’intitulé et obtenir ainsi une religion dirigée par des femmes.

13. RAPPORT AU PROGRÈS / À LA TECHNOLOGIE

Ma religion considère le progrès…

  1. avec défiance. Souvent, il péjore l’univers tel que l’a voulu originellement le monde divin et il asservit l’homme. Il faut se montre prudent (exemples : les religieux conservateurs à des époques de repli ou au contraire d’apogée).
  2. comme ni bon ni mauvais, car c’est une somme de savoirs et d’outils. Il faut en examiner les causes, le fonctionnement et les buts ainsi que leur rapport à l’homme et au divin avant de statuer à leur sujet (exemples : les philosophes aristotéliciens médiévaux dans les trois monothéismes).
  3. avec hostilité. C’est une abomination qui pervertit l’humain en altérant son corps ou son mode de vie. Il a provoqué des catastrophes par le passé et il faut s’en garder coûte que coûte (exemples : les penseurs réactionnaires au cours d’époques chaotiques).
  4. avec indifférence. La quête du sacré implique un retrait du monde et des questions qui s’y rapportent (exemples : certains courants monastiques contemplatifs chrétiens ou bouddhistes, les cultes à mystères).
  5. plutôt positivement. Il s’agit après tout d’un moyen d’amélioration du quotidien (exemples : l’hygiénisme chrétien du XIXe siècle, le bouddhisme médiéval en Chine et en Inde).
  6. avec ferveur. En soi, il représente un don divin ou un miracle et doit être révéré comme il se doit (exemple : le rapport des Byzantins au feu grégeois, le rapport aux des premiers musulmans aux techniques et aux savoirs, les penseurs chrétiens de la Renaissance européenne, les croyants positivistes du XIXe siècle).

14. CONVERSION

Pour intégrer ma religion, il faut…

  1. appartenir à une communauté ethnique ou territoriale à qui le message est spécifiquement destiné (exemples : certains courants du judaïsme ou de l’hindouisme, le sikhisme).
  2. se livrer à une confession publique, en présence de témoins, qui révélera la sincérité des impétrants (exemple : l’islam).
  3. passer une série de tests qui détermineront du degré de motivation et de sérieux de l’impétrant (exemple : le judaïsme).
  4. subir des mises à l’épreuve symboliques, parfois heurtantes, qui représentent le passage du statut de profane à celui d’initié (exemples : le mithriacisme, les cultes isiaques, la franc-maçonnerie, les rites de chasse dans certaines tribus).
  5. subir des rites de passage liés à un élément qui représenteront le voyage intérieur de l’impétrant et son accueil dans la communauté (exemples : l’eau dans le christianisme ou le feu dans le zoroastrisme pour le baptême, la prise contrôlée de drogues dans certains animismes).
  6. subir une mise à l’écart du monde durant un laps de temps déterminé afin de refléter le passage d’un monde à un autre et l’entrée dans la communauté (exemples : certains cultes à mystères, certains ordres religieux chrétien, bouddhistes ou hindous).
The Sundering, Tyler Jacobson

Et un exemple dans tout ça ?

Un article à paraître dans les jours à venir fournira un exemple détaillé qui permettra de voir ce qu’un tirage aléatoire donne concrètement.

--

--