Les séries tv : une référence culturelle… et un point de repère politique

Valentine Serino
3 min readFeb 2, 2016

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Iowa, USA — Cette nuit était lancée la course aux investitures pour les candidats Démocrate et Républicain à l’élection présidentielle américaine de cette fin d’année. C’est avec le hashtag #IowaCaucus que les internautes ont pu réagir, commenter, s’informer sur le déroulement du vote et sur ses résultats.

Un candidat pour le moins inattendu a justement profité de cette occasion pour faire parler de lui sur Twitter… Et si vous n’avez pas raté l’épisode précédent, vous devriez déjà avoir une petite idée de son identité.

Le compte Twitter officiel de la série House of Cards s’est quant à lui fendu d’un message de soutien, ou plutôt d’un conseil avisé, aux véritables candidats :

Certains internautes, au cours de cette première étape de la primaire, ont pu de la même manière faire un parallèle entre les deux élections — celle de la série de Netflix, et la réelle :

Certains soulignant même une dimension “éducative” de House of Cards (et oui, on apprend des choses ! Ceci fera sans doute l’objet d’un billet ultérieur…) :

Et d’autres imaginant une élection au service de la promotion de la série :

Le citoyen, en quelque sorte, réutilise ce qu’il a pu apprendre de la série en tant que spectateur. Progressivement, la fiction télévisée devient donc au moins autant une référence audiovisuelle qu’un repère politique permettant d’analyser l’actualité et de se l’approprier. Et quoi de plus démocratique que des citoyens s’emparant de la chose publique ?

Le même phénomène a pu être observé dernièrement, lorsque le Danemark a voté des mesures pour limiter le flux migratoire dû à la crise Syrienne. Ces décisions furent unanimement décriées par les internautes, certains faisant même appel à Birgitte Nyborg, qui n’est autre que le premier ministre…dans la série danoise Borgen.

En montrant un Premier ministre idéalisé, cherchant toujours le compromis (mais refusant la compromission), toujours en quête de la meilleure solution, qui se bat et n’abandonne pas les citoyens ou ses idées, Borgen a contribué à exporter une image positive de la vie politique danoise et de ses représentants. Il est donc facile d’en attendre autant dans la “vie réelle”…Quitte à être déçu.

Cette confusion volontairement entretenue par les uns et les autres s’inscrit dans ce qu’indique Christian Salmon dans l’ouvrage Storytelling : les hommes politiques sont devenus des personnages de notre imaginaire quotidien, des figures éphémères de nos démocraties médiatiques”. Les responsables politiques réels comme ceux de la fiction, intègrent l’inconscient collectif de la même manière, brouillant ainsi la frontière entre la politique classique et celle des séries.

Et si nous préférions les responsables politiques fictifs ? Tous à leur manière sont charismatiques, ont des convictions inébranlables, ne font pas de promesses qu’ils ne pourront tenir. Dans House of Cards ou Borgen, nous les voyons dans leurs moments de doutes, sans fard, sans filtre. Nous voyons leur marge de manoeuvre réelle. Et si notre vie politique manquait simplement de cette sincérité que nous aimons dans les séries politiques ?

Et si les personnages de série pouvaient être, au final, des hommes et femmes politiques comme les autres ?

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