La fin du CV

Louis Laroche
Hiridium’s blog
Published in
5 min readNov 24, 2016

Soyons francs : Le CV est une plaie pour le recruteur et le candidat. De meilleurs moyens pour atteindre les mêmes objectifs existent et sont déjà utilisés, alors pourquoi persister ?

Quel rôle remplit un CV ?

Avant d’envisager les alternatives au CV, revenons sur son objectif premier. Envoyé pour une candidature particulière ou mis en ligne sur un job board, il garde la même fonction : informer le recruteur sur l’état de son profil professionnel afin de lui donner envie d’entamer un dialogue. L’intérêt commun du recruteur et du candidat est donc de trouver le meilleur moyen d’atteindre cet objectif, CV ou non !

6 bonnes raisons d’abandonner le CV

1. Déjà obsolète dès sa réception

La première raison la plus évidente est l’obsolescence des informations du CV, puisqu’il représente le passé du candidat. J’exagère un peu en employant obsolète (on est d’accord) car un CV que l’on vient de vous envoyer est encore frais. Cependant, il n’évoluera pas et deviendra inexploitable : il n’est connecté à rien et ne se mettra donc jamais à jour. Que l’on parle des compétences, des expériences, voire pire des informations de contact ! Le cauchemar pour un recruteur qui ne veut pas travailler qu’en one shot. Vous savez lorsque vous devez faire des checks permanents avec d’autres sources plus à jour : LinkedIn, par exemple ;).

2. La véracité des informations

N’oublions pas que le CV est une représentation statique du parcours et des envies d’un profil qui candidate. Il doit alors se montrer sous son meilleur jour pour être sélectionné par le recruteur. C’est un problème récurrent pour le recruteur, les CV contiennent parfois de fausses informations et il est compliqué de vérifier leur véracité. Il faut alors faire un ‘background check’ fastidieux si l’on veut s’en assurer. Certains candidats sont aussi assez malins pour insérer des mots-clés “cachés” pour remonter dans vos résultats de recherche…

3. L’objectivité face à la forme

On a beau se croire hyper objectif, et très professionnel, la forme du CV aura forcément de l’importance dans notre appréciation de celui-ci. Ainsi, un “beau” CV sera jugé comme meilleur qu’un autre répondant moins à mes codes ou mes goûts. Il vous suffit simplement de discuter avec des collègues recruteurs pour se rendre à l’évidence : la sensibilité de chacun face à la forme d’un CV est subjective et pourtant elle ne révèlent rien au sujet de la qualité du candidat.

4. Une page unique pour les gouverner tous

S’adonner à l’exercice obligatoire du CV pour le candidat c’est réussir à faire entrer toutes les informations professionnelles le concernant en une seule page. Une page c’est peut être assez pour se faire une idée pour un recruteur, mais c’est nécessairement réducteur par rapport à un profil professionnel complet. Que fait-on des liens, des portfolios, et autres publications ?

5. Annoter un CV est nécessairement éphémère

Pour vous approprier le document il vous arrive d’annoter le CV, que ce soit en version numérique ou papier. Ces annotations sont toutes aussi périssables que le CV en lui-même. Toute l’analyse que vous aurez apporté au document sera perdue dès lors que vous aurez passé l’entretien, ou qu’il sera égaré dans les méandres de votre boîte mail. C’est votre expertise d’expert qui est mis à la poubelle. Dommage de ne pas en faire profiter vos collègues, non ?

6. Ton ATS n’est pas suffisant

Passons au niveau supérieur. Tu es un(e) recruteur(se) aguerri(e) et je t’entends dire “Mais enfin, un CV je peux l’ajouter dans mon ATS et y apporter alors des commentaires, annotations, voire même en extraire les données !”

Tu as raison de t’objecter, car tout ce que tu dis est bien vrai. Les ATS les plus performants permettent d’intégrer des CV en les important directement. Il faut alors se méfier de la quantité et de la qualité des données, mais c’est effectivement possible. On peut alors annoter la fiche du candidat, voire même détecter un doublon lorsque ce dernier postulera à nouveau. Il est en effet primordial pour tout recruteur de pouvoir apporter des informations et des modifications pour que son expertise vienne compléter le CV du candidat.

Mais…

Est-ce suffisant ? Qu’en est-il de la fraicheur des données ? Un CV reste un CV, c’est un document immuable, bien que vous y apportiez des annotations. Savez-vous estimer le temps que vous passez à sourcer constamment des profils, car vous n’avez pas la possibilité d’exploiter l’existant ? Difficile ! Encore plus compliqué : si vous travaillez votre vivier candidat, savez-vous estimer le temps que vous passez à mettre à jour vos profils grace à d’autres sources ?

L’évolution naturelle du CV : le profil social

Nous n’avons pas attendu la mort du CV pour utiliser d’autres moyens pour faire se connecter candidats et recruteurs.

Les profils sur les réseaux sociaux répondent aux nombreuses faiblesses inhérentes au CV. Ils sont tenus à jour par leur propriétaire : exit l’obsolescence des données. Les informations sont remises dans leur contexte social (on peut réunir plusieurs personnes réelles autour d’un même projet ou d’une publication) il est donc plus difficile de mentir sur ce que l’on déclare.

Cela ne résout pas le problème de la subjectivité on est d’accord, mais on progresse. On oublie la forme puisque tous les profils vont avoir la même mise en page. Néanmoins, il restera toujours les mots que l’on emploie, la photo que l’on choisis…

Plus besoin de se limiter à une page unique, le candidat prend l’espace qu’il ou elle jugera nécessaire pour communiquer toutes les informations relatives à son profil. Il est aussi possible, et conseillé, d’enrichir son profil de liens (site perso, blog, inspirations), de portfolios, de recommandations (écrites hein, pas les “+1” de compétences…).

Enfin, revenons au problème initial qui est l’annotation de la part du recruteur sur le profil social de la personne. Là se pose le même problème que pour le CV. Celui-ci peut tout à fait se régler en associant un CRM synchronisé aux profils sociaux. Vous gardez les avantages des deux mondes : des profils enrichis toujours à jour, et le savoir des recruteurs associé à ceux-ci. Notez que lorsque je parle de profil social, il convient dans le meilleur des cas d’associer plusieurs profils de sources différentes afin de les combiner !

Conclusion

J’espère vous avoir convaincu sur l’inutilité d’utiliser le CV encore aujourd’hui. D’autant que les profils sur les réseaux sociaux professionnels existent déjà; les utiliser davantage ne demanderait donc pas plus d’effort ni au candidat ni au recruteur. Le premier n’aura plus qu’à soigner un (ou plusieurs) profil social, et ne se cassera plus la tête sur la mise à jour constante de son CV. Le second aura un accès direct à des informations à jour qu’il peut travailler.

Bouclons la boucle en suggérant l’obligation à tous les sites carrières d’intégrer la candidature en 1 clic par profil social ! On améliore ainsi à la fois l’expérience candidat et celle du recruteur. Génial, non ?

Cet article vous a plu ? Lisez en d’autres !

Avec ou sans CV, découvrez pourquoi il faut recruter des atypiques !

Ou d’autres articles de Chloé Desault & Louis Laroche ici : https://medium.com/les-dessous-du-recrutement

--

--

Louis Laroche
Hiridium’s blog

Product manager, ex-entrepreneur @Hiridium_app, @KinTribeHQ, blogger, tech addict & passionate gamer.