In-Spirétude #5

Thibaut BEGUIER
In-Spir
Published in
4 min readJun 15, 2018

C’est le retour des In-Spirétudes, si vous avez loupé les premières, voici les épisodes précédents :

Cette fois-ci, on s’intéresse à l’influence du parfum sur nos performances cognitives. Est-ce qu’une odeur peut nous rendre performant ? 🧐

Ambient odors associated to failure influence cognitive performance in children

On espèrerait tous qu’il y ait une odeur magique, qui nous rende performant et nous guide tout droit vers la réussite. Pour tout vous avouer, il n’y en a pas qu’une…

C’est votre cerveau lui-même qui se conditionne pour réussir, ou, dans le cas contraire, pour échouer. Ici, pas de méthode Coué, mais seulement une étude pour voir si nous sommes conditionnés par notre environnement, et, dans cet environnement, par les odeurs. Alors, une odeur peut elle nous faire échouer, ou mieux, nous faire réussir ?

C’est ce qu’une équipe de chercheurs de Philadelphie a voulu démontrer, il y a déjà presque 20 ans. Pour commencer, il faut définir un terme important dans cette étude : l’association d’odeur ou associative odour learning . Il s’agit de la capacité du cerveau à enregistrer une odeur en parallèle d’un contexte, d’une image, d’un mot. C’est tout simplement la manière dont notre mémoire fonctionne. Un article sera consacré à cette notion. Cet apprentissage commence dès notre plus jeune âge, et se poursuit tout au long de notre vie d’adulte. Chaque nouvelle odeur que nous ressentons est intégrée à notre cerveau par rapport à une situation dans lequel on l’a sentie. Il y a bien alors des odeurs que nous apprécions, et d’autres qui nous dégoutent, nous rappelant un mauvais souvenir. Ce n’est donc pas seulement une odeur que l’on aime ou non, mais en réalité tout un contexte qui nous est favorable dans le meilleur des cas, ou répulsif dans d’autres. Rappelez-vous que le parfum touche directement aux émotions. Pas étonnant qu’il agisse sur notre plaisir !

Mais, jusqu’où cette association d’odeur peut-elle nous influencer ? Si l’on associe une odeur à une situation d’échec, peut-elle conditionner notre échec futur ?

Cete étude a été menée sur des enfants. Pourquoi des enfants ? Tout simplement parce que les émotions chez les enfants sont faciles à décrypter. Ils ont également peu “d’experience olfactive”; on peut facilement leur faire sentir de nouvelles odeurs, à associer avec de nouveaux contextes.

En laboratoire, il est bien plus simple d’induire et de mesurer un sentiment négatif fort(de la frustration par exemple) que de mesurer un sentiment positif, plus subjectif. L’objectif était donc de faire vivre un moment de frustration comme l’échec d’une tâche en présence d’une odeur, et ensuite mesurer la répercution sur la performance.

Pour cela, le protocle est assez simple. Tous les enfants, 24 garçons et 24 filles, tous autour de 5 ans, sont positionnées devant un jeu. Il s’agit d’un labyrinthe, dans lequel il faut faire sortir une poupée. Ils ont cinq minutes pour faire sortir la poupée, les organisateurs ayant bien pris le soin de boucher toutes les sorties. Il est donc impossible à résoudre, une expérience que l’on peut juger très frustrante pour un enfant de 5 ans ! Pendant ces 5 minutes, une odeur est diffusée.

Après cette première épreuve, tous les enfants ont le droit à une récréation de 25 minutes, sans odeur et sans règle : tout est fait pour se distraire.

Ensuite, trois groupes sont formés, avec chacun 8 garçons et 8 filles. Ces groupes sont répartis en 3 salles : une salle dans laquelle une odeur différente de l’odeur diffusée lors de l’épreuve du labyrinthe, une salle sans odeur, et une salle avec la même odeur que celle du labyrinthe. Tous les groupes doivent répondre au même test cognitif : 120 dessins d’animaux en noir et blanc. Au mileu de ces animaux se trouvent 40 chiens parmi lesquels 20 sont sans queue. La consigne est d’entourer les chiens sans queue. Le nombre de chiens sans queue entourés moins le nombre de mauvaises réponses donne la “performance” réalisée.

Pendant le test, les enfants sont également filmés afin d’interprêter leurs réactions faciales en 3 catégories : émotion négative, émotion neutre et émotion positive. De la même manière, les réactions verbales sont enregistrées et réparties dans les mêmes catégories.

Les résultats du test montrent que les enfants étant dans la salle avec la même odeur ont moins bien réussi le test de plus que 3,57 points sur 20 en moyenne que les autres (odeur différente ou sans odeur). De plus, l’étude des expressions faciales et verbales lors du test démontrent que 81,1% des enfants dans la salle avec la même odeur ont montré une émotion négative.

Cette étude montre que l’association d’odeur a une influence importante dans les tâches que nous effectuons et peut impacter directement notre réussite, en fonction du contexte cognitif enregistré. C’est donc une donnée intéressante si l’on prend en compte que la mémoire olfactive est très résistante au temps, comme nous le rappelle Proust.

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