[Paris- Lou Salomon] 1/2 “Ne pas être comme le monde voudrait que l’on soit, mais simplement “être soi”.

Pierre Fournier
La Fabrique des Solutions
6 min readMar 24, 2017

Voici le parcours de vie en deux parties de Lou Salomon, travaillant à Animafac, à Paris. Elle nous raconte sa vie, pleine de voyage, de rencontre, de remise en question et de bienveillance. Laissez- vous transportez par l’inspiration et la simplicité.

Pierre Fournier : Lou, présente-toi ?

Lou Salomon, j’ai 24 ans, je vis à Paris. Je travaille actuellement au sein d’une association, Animafac. Elle accompagne des jeunes dans leur engagement, dans le montage et le développement de projets associatifs, ainsi que dans leur insertion professionnelle.

Quelle enfance as-tu eu ?

J’ai grandi au bassin d’Arcachon en Gironde. J’ai eu une enfance simple, je suis très reconnaissante de l’éducation que j’ai reçu, basée sur des valeurs de partage, d’amour et de simplicité. Ma maman m’a donné des clés afin de s’affirmer en tant que personne, de ne pas être conditionnée par ce que pensent ou font les autres.

Ne pas être comme le monde voudrait que l’on soit mais, simplement “être soi”.

Étant enfant, j’ai été quelqu’un de sociable d’un point de vue extérieur, mais je me sentais aussi très introvertie. Dans, certains moments “j’étais vraiment dans mon monde” mais bon, tout enfant et adulte l’est quelque part ! En pleine exploration du monde extérieur, il me semblait à certains moments un terrain de jeu intéressant mais à d’autres moments, ce monde était un territoire hostile où la coopération était difficile.

Avec le recul, je réalise que je me renfermais à certains moments beaucoup sur moi-même, surtout quand j’étais seul. Certains pourront dire que j’étais un peu “sauvage”, mais je cherchais ma place que je pouvais avoir dans le monde !

Je suis restée à Arcachon jusqu’à mes 18 ans. Je ne me suis pas beaucoup engagée dans le secteur associatif à l’époque mais je vivais les valeurs que m’avait transmises ma mère.

Qu’est ce qui t’a perdu dans le système scolaire ?

J’ai été très bonne à l’école, mais pas par mon intelligence. A mon sens, j’avais compris ce que le système me demandait pour être performante. Je savais ce que les professeurs attendaient qu’on écrive sur notre copie et ma mémoire était plutôt bonne.

J’ai été perdue dans mon orientation car j’avais le choix des possibles et les professeurs n’avait pas trop d’inquiétude à mon égard. Cela ne m’a pas aidée à mon chemin d’orientation pour répondre à la question suivante « Qu’est-ce que j’ai envie de faire ? » C’était une période de flou pour moi.

J’ai postulé à l’école de commerce de la Rochelle avec l’ambition suivante : « Si je veux changer le monde, j’ai besoin de comprendre l’économie car l’économie est actuellement une dimension centrale du monde.» C’était ma façon de penser à l’époque. L’international m’intéressait fortement également. Mes parents était voyageur et baroudeur, ils m’ont transmis cela.

Qu’as-tu vécu quand tu es allée à La Rochelle ?

Je suis entré à l’école de commerce à la Rochelle en 1ère année. Premier appartement, première “liberté” (c’est comme ça qu’on le perçoit sur le moment), nouvelle ville, nouveaux amis et … beaucoup de soirées ! Je me suis engagé auprès d’une association SIFE (ancien nom d’Enactus, elle permet d’accompagner des projets d’entrepreneuriat social étudiant) sur un projet de création d’épicerie sociale. Je me suis engagé à l’AFEV , une association qui lutte contre les inégalités et recréer du lien social dans les quartiers. J’ai accompagné une jeune deux heures par semaine à faire ses devoirs. Je voulais faire une carrière dans l’humanitaire. A la fin de la 1ère année, je suis partie au Togo et en Arménie pour faire des missions humanitaires. C’était des expériences très enrichissantes qui m’ont beaucoup fait grandir.

J’ai axé mon parcours d’école de commerce sur mon souhait de travailler dans ce domaine. Cela n’a pas été simple de faire accepter cela à l’école, mais l’équipe pédagogique était conciliante et je les remercie pour cela. Mon premier stage, je l’ai fait dans une association rochelaise de solidarité internationale et locale, Avenir en Héritage.

Ensuite, durant mon année à l’étranger, je suis partie en Allemagne réaliser une licence franco-allemande. J’ai réalisé mon stage dans une entreprise en tant qu’assistante de relation presse et communication. C’était une expérience qui m’a plu mais j’ai senti qu’il me manquait du sens derrière mon travail. A quoi a servi le travail que j’ai fourni ? Quel est le but derrière ?

J’ai vraiment senti à ce moment, qu’une des inspirations qui guiderait ma vie serait de trouver comment la rendre le plus utile.

Quel événement as-tu vécu dans ta vie qui t’a marqué énormément ?

En 2013, j’ai perdu ma mère qui est décédée d’une leucémie. Ma maman était un pilier dans ma vie. Cela a été très dur, mais j’ai l’impression d’être profondément sortie grandie de cette expérience. C’est en acceptant la souffrance et le deuil que l’on s’en libère.

Pour moi le décès de ma mère ne relève pas du hasard: c’est comme ça. Toute l’éducation que j’ai reçu d’elle et les valeurs qu’elle m’a transmise nous avaient préparées ma sœur et moi à vivre cela.

Tu as beaucoup voyagé, qu’est ce que tu as vécu dans tes divers voyages et qu’est-ce que tu en as retiré ?

En 2014, je suis partie en Inde à Auroville, pour effectuer un stage dans un incubateur pour entrepreneur sociaux. Je suis tombé amoureuse de ce pays. C’est un autre monde : les repères que j’ai eus en France était obsolètes là-bas, mes conditionnements étaient tout le temps à fleur de peau. J’étais dans un environnement totalement nouveau : mon corps, ma tête et mon cœur étaient stimulés à tout instant comme un enfant qui découvre le monde.

Ce voyage m’a ouvert les yeux : pleine de nouvelles rencontres, de découvertes de la culture indienne, leur côté traditionnel et innovant. Ils ont une perception du monde matériel qui est totalement différente de la nôtre, c’est intriguant et passionnant de pouvoir observer leur façon vivre ainsi que de discuter avec eux sur leur manière d’appréhender la vie humaine.

Avant que j’arrive en Inde, je suis allée faire de l’humanitaire aux Philippines où j’ai notamment vécu quelques jours dans le bidonville de Manille. J’ai été confrontée avec la pauvreté radicale et apparente. La pauvreté matérielle, notamment des villes, poussée à son extrême, dénature à mon sens la nature humaine. Cette expérience m’a énormément marquée.

Cela m’a permis de me reconnecter à l’essentiel et de me donner de la force pour agir pour les autres, de me détacher des choses matérielles, de me connecter à l’humain et aux autres.

Suite à l’Inde, avec une amie, nous avons voyagé à travers l’Asie du sud-est afin de découvrir les divers écosystèmes de l’entrepreneuriat social dans 8 différents pays. Encore une expérience humainement très forte avec des rencontres extraordinaires de personnes qui donnent leur vie pour les autres et des aventures incroyables !

Reconnecter à l’essentiel, qu’est-ce que c’est ?

L’essentiel, c’est l’amour universel, c’est l’agape. C’est écouter son cœur, être au maximum à l’écoute des autres, faire un travail sur soi pour accéder à l’état de percevoir le monde comme une merveille.

Je me suis rendu compte au fil des années, que nous avions la capacité de changer la perception. Cela permet de changer énormément de choses dans ma vie.

Voici la première partie du portrait de Lou, retrouver la seconde partie sur La Fabrique des solutions.

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Pierre Fournier
La Fabrique des Solutions

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