[Paris-Lou Salomon] 2/2 “ L’être, c’est l’intention que tu vas mettre dans ton action quotidienne afin de vivre plus intensément les choses.”

Pierre Fournier
La Fabrique des Solutions
7 min readMar 29, 2017

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Voici la seconde partie du portrait de Lou Salomon, elle nous présente l’importance de la complémentarité entre l’être et le faire. Mais également son retour d’expérience suite à son séjour sur les chemins de Compostelle. Elle nous partage ses inspirations et ses rêve. La première partie est ici.

Qu’as-tu fait à ton retour en France ?

Je suis rentrée en France pour finir mes études. Le retour n’a pas été facile, j’ai mis environ 2 mois pour me réhabituer à la vie française.

Par exemple, j’étais émerveillée par le fait que de l’eau potable sort du robinet. En Inde et en Asie du sud, ce n’est pas monnaie courante.

En parallèle de cette dernière année d’étude. J’ai réalisé un volontariat en service civique auprès de la même association Avenir en héritage, avec laquelle j’avais fait mon premier stage.

Qu’est ce que le changement de perception selon toi ?

Comme le disait Kant “Nous ne voyons pas le monde tel qu’il est mais tel que nous sommes”.

Chacun à sa propre perception et interprétation de la réalité. Et bonne nouvelle, chacun a le pouvoir de changer cela et c’est très puissant !

Par exemple, on peut percevoir un environnement donné comme hostile ou au contraire bienveillant et accueillant. On peut percevoir cette personne comme énervante et antipathique ou au contraire comme une personne en manque d’attention et d’affection. On peut observer la nature sans vraiment y faire attention jusqu’à l’émerveillement de celle-ci.

Ce changement de perception par rapport son environnement m’a permis de mieux apprécier la simplicité des choses, d’être plus présente, plus à l’aise dans mes rencontres et mes relations avec les autres.

Peux tu définir ce qu’est le faire et l’être ?

Le faire, c’est ce que tu fais pour les autres. S’engager dans une association, passer du temps avec ses enfants, visiter sa grand-mère régulièrement, sourire à un inconnu dans la rue … tout geste est louable et propre à chacun.

L’être, c’est mon âme et mon corps physique qui réagit à l’environnement extérieur. C’est par exemple la bienveillance, l’attention, l’écoute active, l’amour que l’on peut avoir quand on interagit avec les autres. C’est aussi notre capacité à “s’aimer soi-même”, à gérer nos émotions et à se placer en tant qu’observateur de nos pensées.

C’est l’intention que tu vas mettre dans ton action quotidienne afin de vivre plus intensément les choses.

Par exemple lors d’une discussion :

L’action de parler appartient au faire et l’être, aux sentiments et au ressenti que je vais avoir en moi durant cette discussion.

Quel déclic t’a permis de prendre conscience de cela ?

Cette année-là, j’ai rencontrée une très belle personne (qui est par ailleurs devenu mon partenaire d’aventures), qui m’a apportée toutes les dimensions de l’être que je n’avais pas. Au début j’ai été très réticente à cela, je me suis beaucoup fermée. Je ne comprenais pas quelle était l’utilité d’aller voir à l’intérieur de soi, de méditer. Pour moi, il fallait être dans “l’action” en permanence, peu importe comment on se sentait à l’intérieur.

De fil en aiguille j’ai compris la complémentarité en l’être et le faire. J’ai réalisée qu’avec l’être on pouvait avoir une approche et une action plus saine, pertinente au sein de ce monde. Cela permettait de se sentir mieux avec soi et dans son quotidien.

Cela m’a permis aussi d’élargir ma perception de l’action : en effet, il y a plein de héros et héroïnes du quotidien qui n’ont pas forcément créer de grands projets associatifs qui “font” du bien aux autres.

Qu’as-tu découvert de ces deux choses ? Quels changements personnels as-tu vécu ?

Depuis un an, je découvre le pouvoir de l’être, prendre de la perspective avec soi-même pour mieux se donner au monde. Avant j’étais uniquement dans le faire: je définissais les problèmes de société auxquels j’étais la plus sensible et je m’engageais auprès d’associations qui agissaient sur ces thématiques. C’est ce que je continue de faire aujourd’hui mais en essayant de travailler aussi sur l’être.

Par exemple, vous pouvez faire une maraude mais être en train de penser à la soirée que vous allez avoir avec vos amis après. Vous pouvez aussi partir faire une mission humanitaire mais essentiellement pour fuir vos problèmes, votre solitude et vous rassurer sur votre situation. Dans ces cas, on est dans le faire mais déconnecté de l’être.

Pour moi, c’est deux notions sont complémentaires et sous certains aspects indissociables.

En effet, si tu es trop dans le faire, tu peux te faire submerger par les activités. Alors que, si tu y ajoutes l’être tu te sens mieux avec toi-même, tu as la capacité de prendre du recul, de mieux gérer tes émotions ainsi que ton flux de pensées.

Le faire et l’être sont des choses importantes pour moi maintenant que j’essaie d’approfondir de jour en jour (et c’est pas toujours facile :)). Ce qui est aussi important de noter c’est que le faire nourrit l’être et vice-versa. Ils appartiennent au même mouvement. Je trouve dans ces deux orientations de vraies lignes conductrices pour ma vie.

Comment cela se concrétise dans ton travail ?

J’ai beaucoup de chances d’avoir un travail qui me plait, qui correspond à ce que j’ai envie de faire, à mes valeurs et d’avoir des collègues super chouettes et très bienveillants ! C’est vrai qu’il prend beaucoup de place dans ma vie (comme beaucoup d’entre vous je suppose) mais pour moi il n’y a pas “le travail” et “ma vie” ! Mon travail est complètement ancré dans mes aspirations ! De plus, il me permet actuellement d’exprimer le faire que j’ai envie de porté et de me faire évoluer sur l’être (découverte de soi, prise de recul …)

Tu as eu le plaisir de marcher l’été dernier ? Qu’est ce que cela t’a apporté ?

Je suis partie sur le chemin de Compostelle pendant 10 jours. Non-croyante, je me suis laissée porter par la simplicité par cette marche et des rencontres extraordinaires qui se produisent ! En effet, pas de masques, pas de barrières sur Compostelle, chacun en étant complètement soi, avec aussi toutes ses souffrances et ses faiblesses, ouvre une voie profonde et enrichissante ! J’ai été profondément touché par l’amour et l’énergie libérés par la foi religieuse des personnes qui vous accueillent tout au long du chemin et par la solidarité entre marcheurs et pèlerins.

Compostelle nous montre la voie de la paix intérieure, nous apprend à être pleinement dans l’accueil et l’amour avec chaque personne, d’être à l’écoute, simple, honnête avec toute l’humilité des gens ordinaires ! J’y ai appris à accueillir le monde davantage tel qu’il est, à laisser couler mes pas sur la route, à lâcher-prise !

A chaque cheminement son apprentissage et à chaque étape ses leçons ! Marcher, ça fait du bien, au corps (même si sur le moment, on ne s’en rend pas toujours compte) à l’esprit et à l’âme ! J’étais venu chercher sur le chemin des réponses à soucis et conditionnements personnels et j’y ai trouvé un profond apaisement et une confiance en la vie !

Quel rêves souhaitent tu nous partager ?

Que chaque individu puisse évoluer dans un cadre qui lui permet de se développer pleinement, de se découvrir et de se relier aux autres. Que chacun puisse aussi trouver sa ou ses pierres, dénuée d’avidité, avarice et d’égoisme. Chacun peut apporter afin de construire l’édifice de l’humanité.

Qu’est ce qui est important pour toi ?

Recréer du lien social, se connecter aux autres, se reconnecter à soi-même, observer et s’immerger dans la beauté de l’autre, dans sa diversité et dans sa différence. Petit à petit, j’apprends à me reconnecter à la nature et à ressentir que comme un arbre qui grandit. L’être humain est une impulsion de la nature et non une entité séparée. Pour moi, cette prise de conscience permet une vraie approche globale des problèmes de société. Cet élargissement de la conscience permet selon moi, d’ancrer son action sur le long terme, que son intention soit plus naturelle et désintéressée.

Quelles situations t’interpelle dans la vie quotidienne ?

Beaucoup de choses m’interpellent au quotidien et je suis particulièrement sensible à la cause du sans-abrisme. Cependant, la perte de lien social, l’isolation des personnes et l’individualisation de nos vies est à mon sens sources de bien des maux de la société. Les raisons sont multiples : une mauvaise utilisation du numérique, la télévision, l’éclatement de la famille … Cela m’attriste beaucoup de voir l’enfermement sur nous-mêmes que cela provoque, alors qu’on est sensé être des des êtres qui expérimentent le monde, et qui se relient entre eux. La prise de conscience dont je parle plus haut me pousse notamment à lutter contre notre tendance à l’isolement et à vivre des expériences avec les autres.

Qu’est-ce que le principe de cohérence ?

Enfin, je trouve que la cohérence est une vertu importante à mettre au cœur de nos vies. En effet, s’engager sur son chemin intérieur, réfléchir sur la vie, avoir des aspirations … tout cela est vain et insuffisant s’il n’est pas fondamentalement lié à des actions et une mise en application dans sa vie quotidienne. En effet entre les paroles et les actes, il y a souvent un espace, qui ne sera surement jamais complètement effacé mais dont on peut s’évertuer à réduire la distance.

S’engager sur son chemin intérieur, réfléchir sur la vie, avoir des aspirations … tout cela est vain et insuffisant s’il n’est pas fondamentalement lié à des actions et une mise en application dans sa vie quotidienne.

Un texte inspirant à nous faire partager?

Je vous invite à lire le conte des 3 portes de la sagesse.

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Histoires et parcours de vie de personnes ordinaires réalisant des choses extraordinaires, articles critique et constructif sur l’ESS, l’entrepreneuriat social et la société.

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