Les Tiers-Lieux sont des endroits formidables #1 : upcycling et empowerment

Annelise Meyer
L’Alternateur
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4 min readDec 10, 2017

Premier article dans la série “Les Tiers-Lieux sont des endroits (ET des gens) formidables”.

Dans mon dernier (et premier) billet, je parle de la façon dont est né le Bac à sable, le nom que j’ai donné au projet de Tiers Lieu que je porte avec deux partenaires, et de la belle expérience du Week-end Barbare n°8, passé avec une quinzaine d’autres personnes au milieu de la campagne bourguignonne. Parmi les projets portés par mes compagnons de week-end, aussi riches et divers que nos profils, il en est un qui m’a particulièrement marquée : le projet Utopia Maker, porté par Philippe Parmentier.

Vous connaissez ce TED Talk dans lequel Simon Sinek explique comment de grands leaders tels que Martin Luther King parviennent à emporter l’adhésion des foules ? Il y dessine ce qu’il appelle le “Golden Circle”, le cercle d’or de toute projet ou entrepreneur : basiquement, un projet ou une entreprise se définit par ce qu’il propose (son WHAT, produit ou service), la façon dont il crée ce produit ou service (son HOW) et sa raison d’être (son WHY). Le problème est que la raison d’être du projet, le POURQUOI, est souvent occultée, voire mise au second plan. Pourtant, comme l’explique Simon Sinek (et beaucoup d’autres sont d’accord avec lui d’ailleurs), c’est précisément ce Pourquoi, cette raison qui vous pousse à entreprendre, qui est susceptible de convaincre les gens de venir vers vous. Vos fans, clients, ne vous suivront pas tant sur ce que vous proposez que sur ce qui vous motive à le proposer.

Le brouillon de Pourquoi de Philippe, illustré par MaiLan Tran-Bernaud

Pendant le week-end barbare, nous nous sommes réunis pendant 90 minutes, avec MaïLan et d’autres barbares, pour aider Philippe à révéler le cercle d’or du projet de la fondation Materializacion 3D qu’il porte. Présentation d’un très beau projet :)

Vous vous souvenez de la devinette lancée mercredi, avec ce drôle d’objet ? Comme celles et ceux qui en avaient déjà vues l’ont deviné, il s’agit d’une imprimante 3D “fabriquée maison”. Elle est actuellement hébergée dans le maker space ICI Montreuil. Ce qui la rend particulière, c’est le Pourquoi de Philippe.

Le pourquoi de Philippe, c’est d’aider des personnes démunies, que ce soit physiquement, socialement… à gagner en autonomie. Après avoir découvert l’impression 3D, il a immédiatement perçu le potentiel de cette technologie et a commencé à chercher des moyens de lui donner vie. Il a trouvé la réponse en Colombie, après avoir rencontré un jeune garçon qui avait été amputé d’un bras.

La suite, c’est beaucoup de travail et d’essais pour trouver le moyen de produire, à partir de plastique recyclé, une prothèse pour équiper ce jeune garçon… puis beaucoup d’autres personnes, qui se sont portées candidates pour recevoir un appareillage dont le coût est bien plus accessible que celui d’une prothèse habituelle. Aujourd’hui, la fondation créée par Philippe, Materializacion 3D, est capable de fabriquer des prothèses à partir d’un coût de 25 dollars !

Source : Fundacion Materializacion 3D

L’objectif de la fondation est de créer des “kits prothésiques” prêts à l’emploi et de développer en parallèle un réseau de maker spaces pouvant accueillir des bénéficiaires potentiels et les équiper en local. Le réseau colombien compte dix maker spaces. En France, le projet est hébergé à ICI Montreuil et compte intégrer d’autres maker spaces dans le réseau, mais aussi ceux d’autres pays (des personnes ont déjà manifesté leur intérêt au Vietnam notamment).

Considérer l’homme comme un consommateur, c’est tout simplement lui faire perdre son identité sa véritable image… — Anthony Burgess

La fondation Materializacion 3D envoie les plans de fabrication ou fabrique elle-même un kit “prêt à l’emploi” qu’elle envoie à des maker spaces prêts à accueillir et équiper des bénéficiaires. Sur place, ceux-ci peuvent apprendre à créer eux-mêmes leur prothèse personnalisée et aider d’autres personnes à le faire. Le projet s’appelle “Hazlo tu mismo” — “Fais-le toi-même”. L’objectif : permettre aux personnes de sortir d’un rapport aidant-aidé pour participer activement à leur autonomisation et à l’autonomisation d’autres personnes.

Cette “mini”-extrudeuse, que tient Philippe, permet d’extruder le plastique qui formera les futurs kits prothésiques

La suite du projet, c’est de poursuivre le développement du réseau de maker spaces pouvant accueillir et former des bénéficiaires, un peu partout dans le monde. La fondation souhaite offrir à autant d’enfants que possible la possibilité de recevoir un kit à partir duquel ils pourront concevoir leur prothèse. Si vous souhaitez l’y aider, une campagne de crowdfunding est disponible sur Helloasso : vous pouvez contribuer à financer différents types de kits, les coûts de fabrication vont de 25 dollars (prothèse de main, mécanique) à 350 dollars (une prothèse myoélectrique, comprenant des capteurs, une batterie et un moteur pour le bras complet). Un beau projet à suivre et soutenir !

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Annelise Meyer
L’Alternateur

Traductrice, blogueuse et coworking-addict en soif de connaissances et de partage - A translator, coworker & positive blogger / tweeter / idea spreader :)