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Le «like» crée du «link»

Philippe Francais
Le monde qui vient
2 min readJul 16, 2013

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Le directeur des nouveaux médias d’un grand quotidien régional me soufflait récemment à l’oreille que l’une des raisons du succès de Facebook tenait au fait que l’on pouvait «liker» les publications de ses amis et que l’on ne pouvait pas les «unliker». Autrement dit, Facebook vous permet d’exprimer facilement le bien que vous pensez de vos relations et de ce qu’elles publient, mais rend l’opinion négative plus difficile…

Cette approche positive de la relation au sein de communautés dites virtuelles pourraient inspirer bien des directeurs de rédaction et autres «media-marketer» en recherche d’audiences.

Je veux parler de la fausse rumeur de Bretigny-sur-Orge avec son fantasme des pilleurs de cadavres venus de la banlieue qui auraient caillassés les secours. Une intox vite propagée par Le Parisien, Europe 1 et TF1. Le journaliste de Essonne Info (presse locale) préférera de son côté rapporter les scènes de solidarité et d’entraide dont il a été le témoin : la chaîne humaine qui se forme spontanément depuis le magasin Intermarché pour apporter eau et vivres jusqu’à la gare; le personnel de la SNCF venu porter aide, assistance et réconfort; les habitants du quartier qui proposent de ramener avec leurs voiture des personnes sans solutions de transport…

Autant de sujets, d’angles, de faits et d’images que l’on ne verra pas dans les «grands médias». On dit que les trains qui arrivent en retard font vendre plus de papier que ceux qui arrivent à l’heure. Et quand la barbarie frappe aux portes de la catastrophe, on s’imagine que les ventes vont exploser, même si c’est de l’intox. C’est à voir…

Certes, le trash du fait divers sanglant peut provoquer des pics émotionnels qui se traduisent en ventes immédiates. Mais que reste-t-il de ces audiences éphémères ?

Un arrière-goût amer de journalisme sordide et de voyeurisme peu glorieux.

Raconter la vie des gens et leurs relations dans ce qu’elles peuvent avoir d’enrichissant pour chacun d’entre nous, raconter les petits exploits quotidiens des actes simples de solidarité et de civisme quand tout semble basculer dans l’horreur… tout cela ne permettrait-il pas de créer du lien entre nous, entre nous et les médias ? Des liens durables et solides ?

Le bien crée du lien. Le «like» crée du «link». Qu’en pensez-vous ?

Philippe Francais

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