Les 2 techniques pour décupler votre mémoire
14 minutes et 48 secondes…
C’est le temps qu’il m’a fallu pour apprendre par cœur les 50 états des États-Unis.
Quelques précisions :
- Je ne suis pas un génie et je ne suis pas atteint d’hypermnésie
- Au contraire, apprendre par cœur a été un de mes points faibles pendant ma scolarité
- Tout le monde peut en faire autant en utilisant 2 techniques de mémorisation
Grâce à ces 2 techniques, j’ai pu m’amuser à mémoriser toutes sortes de choses : de nombreuses notions, du vocabulaire scientifique, les 100 décimales de Pi, les 302 arrêts de métro des 16 lignes parisiennes, les codes d’interphone de mes amis, l’intégralité des chiffres de mes cartes bleues, les prénoms de nombreux de nouveaux visages, etc.
Savez-vous qu’il existe des championnats du monde de mémorisation ? Au programme : mémoriser l’ordre d’un paquet de cartes le plus vite possible, retenir les noms d’un maximum de visages inconnus, apprendre par cœur des mots aléatoires, etc.
Et bien les champions du monde de mémorisation utilisent tous ces 2 techniques.
J’aurais aimé avoir connu le potentiel de ces 2 techniques plus tôt. C’est pour ça que je tenais à les partager aujourd’hui et à en faire profiter le plus grand nombre…
Technique n°1 : la Visualisation
Certains déclarent apprendre plus facilement en lisant et se déclarent “visuels”, d’autres préfèrent se répéter leur leçon à haute voix et se disent “auditifs” tandis que les “kinesthésiques” préféreront toucher.
Est-ce que cela a vraiment un impact sur notre facilité de mémorisation ?
Non.
En tout cas, c’est ce que tend à montrer cette méta-analyse d’Hal Pashler. Cette analyse met en évidence que les études ayant été menées avec des protocoles solides ne montrent pas d’amélioration significative de la mémorisation en fonction des styles d’apprentissage.
Notre cerveau n’est pas performant pour retenir des mots complexes, du vocabulaire technique ou des suites de chiffres et ce n’est pas le fait de voir, entendre ou toucher qui changera cela.
Et si, plutôt que d’utiliser maladroitement notre cerveau pour apprendre des informations brutes, nous les transformions légèrement pour l’utiliser à son plein potentiel ?
C’est exactement le principe de la visualisation.
S’il y a une chose pour lequel le cerveau est fort c’est retenir des expériences. L’astuce est donc de s’imaginer des histoires mettant en scène les idées ou les concepts à apprendre. Plus l’histoire est délirante et plus vous y associez des détails (odeurs, ambiance, émotions, couleurs, etc.), plus ce sera efficace.
Concrètement, je vais vous expliquer comment j’ai appris les 50 états des États-Unis.
Pour apprendre cette liste d’états, je me suis raconté une histoire en partant du Nord Est (en commençant donc par le Maine) vers le Sud Ouest et voici ce que ça donne :
Le personnage principal (main character = Maine) d’un film se rend dans la Comté du Seigneur des Anneaux (en anglais Shire = New Hampshire) pour y combattre un ver géant sur un mont (Vermont). Il réussit et l’enferme dans une chaussette (Massachusetts). Les habitants lui érigent une des anciennes merveilles du monde en récompense : le colosse de Rhodes (Rhode Island). Cette statue ouvre une connexion (Connecticut) vers un endroit inconnu. Le personnage principal s’y engouffre et atterrit au sommet de la statue de la liberté (New-York) etc.
Complètement délirant non ?
Oui mais diaboliquement efficace ! J’ai aussi essayé avec des histoires plus rationnelles en essayant d’y mettre une logique mais je m’en souvenais beaucoup moins bien. Utilisez donc votre créativité pour imaginer des histoires complètement invraisemblables mais dont vous vous souviendrez.
Avec de la pratique vous deviendrez de plus en plus rapide à trouver des histoires et à les retenir, il suffit de s’entraîner !
Et comment faire pour les nombres alors ? Et bien c’est la même technique mais vu qu’une histoire mettant en jeu des chiffres n’est pas très passionnante, il va falloir ruser et transformer ces nombres.
Personnellement j’ai utilisé cette table d’équivalence pour convertir les nombres de 0 à 99 en mots.
L’idée est que chaque chiffre est associé à une consonne (1 à T ou D, 2 à N, 3 à M, 4 à R, etc.) et il ne reste qu’à compléter avec des voyelles pour en faire des mots existants. N’hésitez pas à remplacer les mots de cette table qui ne vous parlent pas.
Cette table de codage consistant à associer des consonnes aux chiffres s’appelle le “major system”. C’est le système le plus largement utilisé par les champions de mémorisation (ou mnémonistes).
A titre d’exemple, voici comment commence l’histoire pour mémoriser les 100 premières décimales de Pi : je me réveille dans ma chambre et je replie mes draps (14) puis je me lève pour regarder une étoile (15) par la fenêtre. J’aperçois alors un panneau (92) sur lequel tombe comme par magie un châle (65). Je décide ensuite d’ouvrir la malle (35) de ma chambre et je commence par avoir très peur (≈ phobie 89) avant d’en sortir une cape (79) etc.
La partie un peu rébarbative du travail consiste à mémoriser ces 100 équivalences mots-nombres. Personnellement, ça m’a pris 4 jours en me testant régulièrement (méthode détaillée dans la 2e partie de l’article). Mais c’est un travail qu’on ne fait qu’une fois pour toute donc ça vaut le coup !
Pour vous donner une idée du potentiel de la technique, grâce à elle, il m’a fallu moins de 5 minutes pour mémoriser les 100 premières décimales du nombre Phi (le nombre d’or). Autant vous dire que les chiffres de cartes bancaires ou de digicode deviennent un jeu d’enfant…
Pour finir sur la visualisation, voici 2 autres exemples où cette technique m’a été utile :
- Mémoriser des prénoms. Je visualise les personnes avec des accessoires qui me font penser à leur prénom : des lauriers de Jules César pour Julien, un lingot d’or pour Laure, une bouteille de limonade Steff pour Stéphane, etc. Au moment où un inconnu vous donne son prénom, prenez 3 secondes pour vous créer une image mentale associée et vous ne devriez pas l’oublier de sitôt !
- Retenir une notion. J’essaie d’appliquer au maximum la visualisation à tout ce que j’apprends. Par exemple, pour mémoriser la théorie des 3 cerveaux, voici l’image que je me suis créée :
Ainsi que ce soit pour mémoriser des listes, des notions, des nombres ou des prénoms de nombreux inconnus, la visualisation est un outil très puissant. A vous maintenant de l’utiliser autant que possible dans vos apprentissages !
Technique n°2 : Se tester
La visualisation est certes très puissante mais bien qu’elle freine le processus d’oubli, elle n’y échappe malheureusement pas.
Comment s’assurer donc de retenir l’information apprise ?
En la relisant plusieurs fois ? En faisant des « fiches résumé » ? En coloriant les passages importants ? En faisant des cartes conceptuelles ?
Non.
Ce n’est bien entendu pas inutile mais il y a bien plus efficace et plus simple : se tester !
Et si certains d’entre vous ont l’impression de mieux retenir après plusieurs relectures, vous êtes probablement en train d’expérimenter l’illusion de l’apprentissage ! Les études montrent en effet que nous sommes plutôt mauvais pour prévoir l’efficacité d’une technique d’apprentissage.
Se tester permet d’ancrer un apprentissage dans la mémoire à long terme de manière particulièrement efficace. Par ailleurs, l’effort pour essayer de se rappeler de quelque chose participe aussi largement à cet ancrage.
Il est donc vraiment important de ne pas céder à la tentation de regarder trop vite la réponse mais de passer au moins une 20aine de secondes à chercher.
Enfin, chaque erreur devrait vous marquer suffisamment pour ne plus la refaire. Pour plus de détail sur le rôle fondamental de la correction des erreurs dans l’apprentissage, je vous renvoie à un de mes précédents article : les 3 grands piliers de l’apprentissage.
Mais comment s’assurer qu’une information reste durablement gravée dans notre mémoire sans y consacrer trop de temps ?
En espaçant la fréquence des tests : c’est ce qu’on appelle la répétition espacée.
Vous pouvez ainsi appliquer la règle des 1 jour, 1 semaine, 1 mois, 1 semestre. C’est à dire essayer de vous rappeler d’une information que vous venez d’apprendre dès le lendemain puis faire une piqûre de rappel une semaine, un mois et 6 mois après.
On voit sur ce schéma que chaque fois que vous vous testez, non seulement vous rafraîchissez instantanément la notion dans votre mémoire mais votre vitesse à laquelle vous allez l’oublier diminue.
Problème : ce n’est pas très pratique de se mettre des rappels dans son agenda pour penser à réviser à intervalles de plus en plus espacés…
Pour pallier ce problème, j’utilise l’application AnkiDroid (gratuite sous Androïd) qui permet de saisir n’importe quelle information et de s’assurer de la réviser à intervalles de plus en plus espacés.
Ainsi à chaque fois que j’identifie une information que je souhaite retenir, je la rentre immédiatement dans mon application. Il suffit ensuite de se faire une petite session de 5 minutes d’AnkiDroid chaque soir avant de se coucher pour réviser ces notions sans se soucier de rappels dans son calendrier 😀.
En conclusion, avec un peu d’entraînement, l’utilisation combinée de ces 2 méthodes vous permettront de retenir rapidement et durablement ce que vous voulez :
- Utilisez la visualisation pour mémoriser facilement une nouvelle information
- Puis testez-vous en répétitions espacées pour ancrer durablement l’information dans votre mémoire
Ça parait trop beau pour être vrai ? Essayez et vous verrez…
Et vous, quelles techniques de mémorisation utilisez-vous ?
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