#CycleIFS : la décroissance en question
Jean-Marc Gancille, co-fondateur de Darwin, se présente comme un objecteur de croissance.
Le 13 février dernier, il est intervenu dans le cadre du #CycleIFS sur Le Plateau pour donner sa vision de la décroissance loin des caricatures et vers une voie de résilience.
La décroissance, kézako ?
La « décroissance » désigne un mode de pensée, un projet de société et une forme de mouvement politique.
Né au XIXème siècle (avec notamment Stanley Jevons, John Stuart Mill, Thomas Malthus), ce mouvement prend son essor dans les années 1970 (avec Nicholas Georgescu-Roegen).
C’est parce qu’il frappe les esprits, qu’il choque, fait réagir et fait bouger les consciences… que le mot décroissance est utilisé.
C’est un « mot obus » qui permet de pulvériser l’idéologie absurde de la croissance pour la croissance, de décoloniser nos imaginaires.
« Vivre plus simplement pour que d’autres puissent simplement vivre» comme le rappelle Jean-Marc Gancille.
Moins de biens, plus de liens
Il est communément admis que plus un pays produit, plus il peut augmenter le niveau de vie de ses habitants. Bien-être est alors associé à “toujours plus”.
La décroissance part du postulat que la croissance économique constitue davantage une source de nuisances que de bienfaits pour l’humanité. En effet, plus on produit plus on pollue et plus on épuise les ressources naturelles (pétrole, gaz, charbon), ce qui mène à des pénuries qui provoquent des crises environnementales et géopolitiques.
Sauf que ce modèle de société de consommation a atteint ses limites comme le rappelle Yannick Roudaut.
Les consommateurs doivent reprendre le pouvoir. Pour que la production baisse, il faut réduire notre consommation et se montrer moins gourmand. C’est le retour du partage. Par exemple en arrêtant d’acheter du neuf comme nous met au défi l’association Zero Waste France et privilégier l’occasion, le troc voire la gratuité comme le prône Paul Ariès.
Pour Jean-Marc Gancille, la décroissance est “un plaidoyer pour une transition démocratique et sereine vers de nouveaux modèles de sociétés soutenables et souhaitables”.
Cesser de faire de la croissance un objectif.
Etre décroissant ce n’est pas simplement une revendication critique du monde tel qu’il est, mais c’est aussi la tentative de dessiner un autre monde basé sur d’autres fondamentaux. En adoptant par exemple des habitudes et attitudes quotidiennes qui tendent vers une sobriété heureuse (comme l’appelle Pierre Rabhi).
La décroissance n’est pas celle de tous pour tout. Elle est doit être équitable et sélective. La décroissance économique signifie la croissance en l’humanité.
Des pistes de changements
La sobriété est la seule voie possible. Le changement demande du courage et des remises en questions profondes mais voici quelques pistes de changements défendues par Jean-Marc Gancille :
- Développer une culture de résistance au modèle productiviste (anti-pub, critical mass, anti-nucléaire, anti-OGM…).
- Adopter individuellement un attitude de simplicité volontaire : les liens plutôt que les biens, le temps libre plutôt que l’argent, le partage plutôt que l’accaparement, le collectivisme plutôt que l’individualisme, la participation citoyenne active plutôt que la consommation marchande passive
- .Abandonner la High-Tech pour les Low-tech : des produits simples,recyclables et durables fabriqués en quantité nécessaire et suffisante, diffusés dans un périmètre limité et qui répondent à des besoins vitaux et non superflus.
L’utopie a changé de camp !
L’intégralité de l’intervention de Jean-Marc Gancille est disponible sur Youtube
Le Plateau a co-créé avec l’Institut des Futurs souhaitables, des cycles de conférences autour de 4 thèmatiques : Economies et Finances, Energies, Vivre ensemble et sécurité alimentaire.
L’objectif ? Enrichir notre vision de l’avenir, s’inspirer avec des intervenants sans langue de bois, apprendre, comprendre et ressortir avec l’envie de changer le monde :)
Pour aller plus loin :
TEDTalk de Tim Jackson « Ramener l’économie à la réalité »
La décroissance expliquée en vidéo (Le Monde)
