Gallerie et coulisses: Synergies, équipages et qui-que-quoi

L'Arbre qui Pousse
Les feuilles de l’Arbre
22 min readJul 29, 2020

Vous lisez Le Manifeste d’un Printemps, partie 5/8. Retrouvez-ici toutes les autres parties du Manifeste. Pour obtenir une version papier, vous pouvez aussi la commander en remplissant ce formulaire.
Bonne lecture à vous !

Décider de fonctionner ensemble

Faire le choix d’un projet collectif, c’est accepter la complexité de toute organisation humaine, c’est embrasser le vivant et le vivre intensément, c’est lâcher notre besoin de contrôle et notre peur de ce qui est organique pour faire confiance à la vie qui s’exprime et s’épanouit pleinement. Nous croyons dans la force du collectif, et nous puisons dans la diversité des personnes, des activités et des idées pour irriguer nos espaces d’interaction. Aujourd’hui, l’Arbre qui Pousse est un laboratoire d’organisation humaine qui ne s’autorise aucun compromis sur la qualité des interactions… Elles sont à la base du fonctionnement de tout l’écosystème, et seront déterminantes pour la résilience du projet dans son ensemble.

Les quelques pages qui suivent n’ont pas pour vocation de figer un mode de fonctionnement ou de l’imposer à un écosystème naissant. Il s’agit ici de traduire avec des mots et des images l’architecture d’un système humain qui se construit au quotidien dans les interactions à la ferme. Nous sortons de toute notion de contrôle pour être observateurrices et catalyseureuses de l’énergie déjà présente. Par ces quelques pages, nous souhaitons permettre à chacun•e d’appréhender et de comprendre notre mode de fonctionnement pour pouvoir y interagir avec le plus de justesse et de confiance possible.

L’Arbre qui Pousse est un système intégré : aucun pôle ne peut exister sans l’autre, chaque activité est reliée au tout. C’est sous ce regard que le projet est une initiative innovante, puisqu’il rassemble en un seul lieu différents aspects d’une société en transformation. Espace de célébration, de production, de réflexion et de transmission, l’Arbre qui Pousse les intègre en un tout cohérent.

Si une organisation humaine est complexe, elle n’est pas compliquée pour autant. Le vivant est complexe, car son équilibre (précaire) dépend d’une multitude de facteurs qui interagissent, et un problème ne pourra pas se résoudre grâce à des formules universelles toutes faites. À l’opposé, un avion est compliqué, car il nécessite des compétences spécifiques et un contrôle absolu de chacune de ses composantes pour pouvoir voler.

L’Arbre qui Pousse est un système complexe, et aucune formule, aucun algorithme, ni aucun modèle de gouvernance tout fait ne pourront répondre à ses enjeux. Aujourd’hui, plutôt que de chercher dans les livres des solutions compliquées, nous naviguons consciemment une mer d’incertitudes et d’interactions imprévisibles. Ce qui nous importe, c’est de permettre à chacun•e la spontanéité et l’autonomie, tout en gardant un fil conducteur solide et des objectifs clairs.

L’écosystème

Au sein de cet écosystème, il y a des personnes, des projets et des espaces. Un système tridimensionnel donc, qu’il serait vain de résumer en un organigramme plat ou pyramidal. Au risque de rentrer dans une modélisation trop intellectuelle, nous osons considérer chaque intervenant•e avec trois coordonnées : une identité propre, un projet et un espace. Ces coordonnées sont à considérer au sens large, puisqu’on peut énergiser un espace pour y créer une boulangerie, on peut s’identifier à notre propre individualité ou à un organe particulier, et on peut avoir le projet d’habiter à la ferme comme d’autres ont le projet d’y planter des légumes.

Conscients de cette tridimensionnalité, il n’y a plus aucun intérêt de cloisonner une personne dans un rôle, ni même de l’enfermer dans une identité simple au sein du projet : nous acceptons la complexité du vivant qui peut être en même temps boulanger•e, habitant•e, occupant•e de la salle polyvalente, apprenant•e dans les champs, membre d’un conseil d’administration, parent d’une famille, et coopérat•rice•eur de l’atelier vélo.

Ce qui nous intéresse réellement, c’est de maximiser les surfaces d’interaction, et d’autonomiser les groupes de travail et les initiatives qui en découlent naturellement. Justement, le champ d’autonomie et les responsabilités se définissent consciemment, en prenant en compte que cela ne déborde pas sur le bien-être des autres. Si c’est le cas, il vaut peut-être mieux inviter ces autres à rentrer dans la danse. Ainsi, l’intérêt collectif prime, et cela permet au superorganisme que nous sommes d’avancer avec flexibilité et responsabilité.

Acteurs, actrices et organes

Certains actrice•eur•s et intervenant•e•s sont regroupé•e•s en organes. Ces organes sont les vecteurs d’une mission particulière au sein du projet (comme l’organe Accueil et Partage Public), ou les expressions d’une identité partagée (comme l’organe Habitat). D’autres acteur•rice•s s’y retrouvent naturellement en tant que personnes ou associations ayant déjà une structure propre.

in.Seed

Pauline, Juan, Arthur et Pierre-Alexandre co-fondent in.Seed. Il s’agit d’un atelier pluridisciplinaire de conception et de développement de systèmes intégrés sur le territoire. Ils cristallisent tous types de projets collectifs en une vision systémique et permaculturelle. Ils y développent sur mesure les stratégies d’organisation et de gestion, les technologies, l’architecture et l’aménagement de l’espace les plus adaptés pour subvenir aux besoins locaux, en augmentant systématiquement la qualité, la valeur et la vibration de tout l’écosystème. Aujourd’hui, cette jeune équipe se met au service de l’Arbre pour le développer, et le faire voler à la “bonne hauteur”.
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Les Nouveaux Commanditaires

Natacha, médiatrice culturelle à l’Arbre qui Pousse, développe un projet-pilote pour repenser la forme, l’émergence et le rôle de l’art en milieu rural. S’inspirant d’un modèle des Nouveaux Commanditaires, l’ambition ici est d’utiliser l’art comme medium pour témoigner du passé, de l’histoire, et de déposer des pistes de réflexion et d’action pour notre futur. Il s’agit de performances ou d’oeuvre réalisées par des artistes, grâce à un protocole singulier qui combine du mécénat et des acteur•rice•s de l’Arbre. Les commanditaires veulent retrouver cette aura que la ferme avait, la faire revivre et à nouveau, pouvoir rassembler la communauté autour d’un nouvel imaginaire collectif. L’ambition des commanditaires est de réaliser des oeuvres pérennes qui aident chaque visiteur•se à comprendre l’esprit du lieu et de valoriser les activités de la ferme, de rendre la part belle aux savoirs et aux savoirs-faire liés à la terre, et de constituer une plateforme pour reconnecter ces visiteuse•r•s à l’art et à leurs territoires au travers d’une expérience transformatrice et enfin, de valoriser le patrimoine architectural.

Ressources partagées

De nombreux espaces extérieurs sont collectifs, voire public, dans les interstices des terres, mais également la cour de la ferme et le terrain d’aventure. Potager, chemins sur les terres, la Traverse. Un foyer, l’Etable, est mis à disposition de tous les acteur•rice•s de l’écosystème. En son centre, un poêle de masse de cinq tonnes qui rayonne à la grande joie de tous les coeurs assis autour des tables, d’une boisson, au milieu d’une conversation ou avec un bon livre. Une outilothèque est en cours de constitution, la ferme aura alors des outils partagés mis à disposition de l’écosystème. En terme logistique, une remorque, une camionnette, un tracteur et ses accessoires, un drone et une pelleteuse sont mis à disposition des membres.

Les habitantes

Ces habitant•e•s sont les gardien•ne•s des lieux et les meilleur•e•s ambassadrice•eur•s de l’écosystème, des hérauts modernes. Combien de passant•e•s ne les interpellent pas, par curiosité, pour savoir ce qu’il se construit dorénavant à la ferme de la Balbrière ? Après un hiver d’ateliers de co-création et de visite afin de trouver les personnes les plus adéquates, ils sont aujourd’hui 23 à avoir été séduit par l’idée de vivre à l’Arbre qui Pousse. Quelques couples, des familles avec enfants en bas âge, distribués dans sept unités de logement. Les chantiers de rénovation sont en passe d’être terminés. Après un confinement vécu ensemble, les liens se tissent, les projets se réalisent (une buvette, une grande table conviviale, un potager, un poulailler, des toilettes sèches, un free market, un abris vélo,…) et une ambiance fraternelle s’installe. Des jeux se créent, des cérémonies se tiennent, du fromage et du kimchi fermentent, des échanges francs se fluidifient et l’amour porte le coeur de chacun dans une perspective de résilience, de frugalité et de faire-localement. Enfin, L’organe Habitat se structure doucement, des pépinières (groupes de travail) émergent et une vision commune, un récit autour de cette question cruciale “Pourquoi être ici aujourd’hui ?” s’écrit chaque jour.

Accueil à la ferme

Au vu d’une législation encore floue encadrant les habitats réversibles ou légers, la politique actuelle des lieux est de ne pas installer de résidences en dehors du bati existant. Néanmoins, Anouk est en train de rénover un petit espace “gîte à la ferme” pouvant accueillir 2 personnes. Une construction bien pensée, autonome, une démonstration de techniques d’éco-construction et de modules low-techs, afin d’héberger et d’inspirer. Une série d’ateliers permettant une forme d’éco-tourisme est en train d’être constituée : découverte du biotope, de la faune et de la flore locale, un tour de découvertes de plantes comestibles, ou encore un autre pour aller à la rencontre des producteurs des environs.

Une épicerie

En voici un bel exemple d’interaction fructueuse : les habitant•e•s mutualisent leurs achats de nourriture et Joachim, le maraîcher, a quelques paniers à distribuer en vrac. En une semaine, une épicerie entre membres de l’écosystème s’improvise dès lors dans les anciennes écuries. Distribuer à coût juste des produits de qualité, produits localement. Fromages, huiles, nourriture en vrac, bières, cidres et vins et fruits & légumes. De quoi s’offrir une énergie captée ici, localement.

Le potager d’accueil

À l’initiative des habitants, un potager voit le jour à coté de la ferme. En triple interaction, car affublé d’une serre, d’un petit plan d’eau et d’un poulailler, nous verrons croître aubergines, tomates, poivrons, concombres, melons, maïs, fraises, patates douces et autres haricots grimpants cette année. Sans oublier la spirale aromatique, rond-point coeur de l’espace, ou humidité et ensoleillement s’enchevêtrent en vue d’une croissance épicée. Ce potager pourrait accueillir citoyen•ne•s curieu•ses•x ou autres passionné•e•s de légumineuses ou de racines, pour partager l’abonde des savoirs, anciens et nouveaux.

Le Refuge

Une maison commune, un espace d’accueil pour des personnes isolées en quête de lien, des artistes en résidence, des wwoofeuse•r•s, des curieu•ses•x,…

Instruction en famille — La Cabane à apprendre

Laurent, Muriel et tou•te•s les ami•e•s de la Cabane à Apprendre vivent une expérience un peu particulière. Iels se définissent comme une communauté de “homeschoolers”: des enfants et leurs parents qui pratiquent l’instruction et les apprentissages formels en famille. Cette Cabane est un espace de co-apprentissages. Chacun y vient avec ses objectifs et ses méthodes de travail. Le matin est consacré aux moments de travail personnel pendant lesquels iels utilisent plusieurs sources de savoirs et de techniques. L’après-midi est réservé aux ateliers collectifs ou personnels. Les ambitions de la Cabane à Apprendre sont multiples : renforcer la liberté individuelle, travailler la confiance et le respect, stimuler l’écoute de soi et des autres, sensibiliser à l’écologie et au plaisir, déployer les individus dans leurs autonomie, transmettre le goût de l’effort et de la coopération. Tout un programme qui s’inscrit en écho parfait à l’Arbre qui Pousse, nous apprenons chaque jour, en se côtoyant.
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L’auberge de la ferme

Vanessa est sur les lieux depuis six ans. Elle confectionne avec amour des plats dans sa Taverne-restaurant. Elle compte s’approvisionner en légumes chez Herbéa, le maraîchage de Joachim. Son établissement est ouvert tous les week-ends et ses talents culinaires se mettent au service de tous les événéments, qu’ils soient solennels ou festifs. Doté d’une grand terrasse avec vue sur l’entrée de la ferme, sa taverne dans l’ancien chartil de la ferme est aussi affublée d’une piste de boules et de pétanque. Quand l’adresse se conjugue au saveurs du terroir.

Maraîchage — Herbea

Joachim fait grandir des légumes, des fruits et des herbes aromatiques. Initialement, il voulait répondre à la demande des restauratrice•eur•s des environs, et le confinement lui a offert la possibilité de démarrer un système de paniers. Ses fruits et légumes sont produits de façon « agroécologique », sur un sol vivant, en respectant le cahier des charges de l’agriculture biologique et en favorisant la biodiversité. Sur sa petite parcelle (à peu près 20–30 ares), il a également l’ambition de faire une démonstration qu’il est possible de vivre décemment autour d’une activité pérenne, sans équipement lourd.
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Maraîchage — Arthur

Projet en construction

Arthur est en train de revitaliser 7000 mètres carrés, grâce notamment au lupin et à l’avoine japonaise afin de pouvoir démarrer ses cultures en 2021. Le sol a subi plusieurs décennie de compactage lié aux chevaux et l’ambition est de lui offrir structure et vitalité. Du myscanthus géant est également planté en bordure pour créer une barrière naturelle contre les intrants du champs industriel de pommes de terre voisin. Particularité, elles seront gérées de façon communautaire, en auto-cueillette. Un partenariat sain entre un producteur et les consommatrice•eur•s. L’ambition est simple: créer des liens autour du vivant et de l’alimentaire et sensibiliser sur les pratiques de production. Des rencontres, du liant et de bons légumes, des fruits savoureux, cultivés en solidarité sur un sol vivant.

Atelier vélo — FahrBar

Louis et Jonas, c’est un peu un mélange de théatre et de haute-mécanique. Que dis-je ? De la “permamécanique”. Ils réparent tous types de cycles et vous aident à trouver la fourche ou le cadre adapté à vos besoins. Les draisiennes des enfants du quartier et les super bécanes de rider•euse•s de l’extrême, chacun•e y trouve son compte. Ils sont aussi considérés comme les meilleurs guides vélo de la région: balades, circuits aux alentours, en dehors et en dedans les bois. Ils règnent en maîtres sur quelques longues allées de notre campagne. Des ateliers participatifs de réparations collectives sont également prévus. Ces deux pirates désireraient également rendre officielles les traces de vélos de cross/dirt/jumps (sic) dans les bois aux alentours de la ferme. Une “station vélo”, en somme.
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La Boulangerie de Catherine

Projet en construction

Catherine vient d’ici. Elle avait l’intention de lancer des livraisons de pains à vélo dans le quartier et au-delà. Puis, elle a pris connaissance du projet et s’y voit bien y installer un four à bois. Elle a le gout du bon, mais aussi du “bon pour la santé”. Ce qui la réveille le matin ? Glisser ses mains dans la farine, créer ses miches, mais aussi et surtout, les partager. Pains, brioches, craquelins, baguettes, les volutes qui passeront nos narines nous feront sentir l’odeur de la passion et de l’artisanat. L’idée de Catherine est de produire des pains pour le quartier, avec des ingrédients de qualité et des fermentations longues.
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Atelier couture — Macabana’couture

Marie et Marie-Clémence appliquent les principes de la permaculture aux arts textiles. Elles créent, produisent, sensibilisent, informent et transmettent leurs savoirs-faire. Elles pensent, concoivent et réalisent des vêtements et accessoires avec “ce qui est”. Du local, de l’éthique, de l’upcycling et de l’innovation autour du concept de seconde peau. L’habit est en effet aussi important que notre alimentation. De quelle tenue souhaite-t-on se parer? D’où proviennent ces fibres? Quelle image rayonne ou renvoie-t-elle? Ces vêtements deviennent indices de nos êtres, sur nos sensibilités, comme une extension de nos corps et de nos âmes. Tactile, visuel, quotidien, symbolique, créatif ou conventionnel il satisfait notre besoin d’appartenance. Elles s’installent dans ce Nid, boutique et atelier, lieu de co-création où permacouturier•e•s se cotoient et s’inspirent.
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L’atelier Low-Tech et Ressourcerie

Projet en construction

Anouk, en plus de son éco-habitat “témoin”, se lance dans la mise sur pied d’un Atelier low-tech. Plus qu’un lieu d’apprentissage, ces ateliers se conçoivent comme un hub d’innovation pour stimuler le développement de technologies alternatives. Les apprenti•e•s auront l’occasion de tester, de créer des prototypes, de donner matière à des projets académiques ou individuels. Dans une logique de brassage constant entre générations et talents, cet atelier, l’incubateur et la ferme sont en constantes interactions, puisqu’on travaille ensemble à construire un bel oeuvre. Inscrit dans le paysage Ottintois, l’Atelier offre aussi un espace de travail et des outils partagés pour les coopérateur•rice•s désireu•ses•x de venir profiter des compétences et du conseil des plus expérimenté•e•s. On y répare, fabrique, rénove, bricole, invente… On réunit aussi, lors de sessions Festival ou Stages ou encore en résidences de design et d’artisanat. Et puis on expose pour en rire, pour inspirer, pour divertir et aussi pour vendre. Du bon sens, de la récup et beaucoup d’inventivité, pour une consommation réduite ou mieux allouée.
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Développement personnel — SoleiLune

Reynald a grandi entouré de camions et de pelleteuses, des géants de dix tonnes. Ayant suffisamment exploré la matière, il s’est offert un parcours d’introspection afin d’équilibrer son individualité. Il travaille aujourd’hui pour SoleiLune, une association qui organise des activités où les enfants et les adultes peuvent trouver des outils d’expression et de connaissance de soi. Que ce soit grâce à la mise-à-nu et résonance du chant, l’expression physique et respiratoire du yoga ou l’interprétation symbolique du Tarot. Reynald prétend qu’en chacun•e de nous se cache un•e tarologue, et pratique notamment des lectures entre pair•e•s dans des sphères moins visibles, au détour des ombres. La mission des activité de Reynald est simple: trouver l’équilibre entre l’émotionnel, le créatif, l’intellectuel et le corporel. Son espace de cérémonie accueille diverses pratiques de connaissance de soi, de soins et de méthodes de développement personnel.
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École Montessori — La Casita

Projet en construction

Patricia, Sandra et Chloé sont à l’oeuvre pour édifier La Casita. Les chantiers auront lieu sur le terrain d’Aventure de l’Arbre cet été, avec une ouverture prévue au Printemps 2021. La Casita, c’est un lieu d’apprentissages alternatif, en pleine nature, inspiré de la pédagogie Montessori. Elles y développent des ateliers pour les enfants et mettent en place des projets sociaux. La Casita sera un lieu d’apprentissages alternatif pour les enfants de 2,5 à 6 ans. Un endroit où les enfants auront l’opportunité d’apprendre, de faire des rencontres et de s’amuser, tout en étant en lien constant avec la nature. Apprendre avec ses mains tout en éveillant la confiance en soi, la volonté, l’indépendance… Elles souhaitent créer un cadre épanouissant et joyeux qui permet la coopération entre les enfants. Le dicton « Il faut un village pour élever un enfant » les inspire beaucoup ! Leur rêve est de créer une petite communauté dont la mixité apportera de la vie et du dynamisme au lieu. Un grand projet possible grâce à un collectif d’éducateur•rice•s, des parent•e•s, des bénévoles, d’aîné•e•s ainsi que des habitant•e•s du quartier prêt•e•s à soutenir les enfants rêveur•se•s et solidaires de demain.
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La pépinière d’Aurélie

Aurélie, ensemenceuse et pépiniériste, a constitué au fil des années une collection de plantes indigènes et comestibles afin d’y construire des oasis de biodiversité. Elle se lance aujourd’hui avec l’objectif de créer une pépinière artisanale de production. On y trouvera de jeunes arbres et arbustes fruitiers, des plantes compagnes, aromatiques et vivaces à implanter dans un paysage nourricier, des fleurs et plantes potagères et des essences forestières en mottes destinées à l’implantation de micro-forêts en Belgique. Elle y développe également un volet formation via des ateliers de propagation de plantes (semis, bouturage, marcottage, greffage,préservation des semences…) et des cours de design d’espaces comestibles qui pourront être proposés sur place, seuls ou inclus dans une formation plus complète avec l’intervention des autres porteur•se•s de projets ou d’organismes externes à la Balbrière.

Le verger permaculturel

Projet en construction

Pablo et le projet des Pieds dans la Dyle pratiquent la viticulture comme elle devrait toujours être envisagée: vertueuse et régénératrice, où le vin n’est finalement qu’une conséquence du soin apporté au vivant. À l’Arbre qui Pousse, nous cherchons à développer un modèle riche par sa diversité de cultures, un vignoble paysan qui allie vignification de raisins et fermentation de fruits pour des hydromels en tous genres. Humble, convivial, accessible et vertueux, tant au champ qu’à la cave. Nous nous inscrivons dan le modèle des Pieds dans la Dyle, qui cultive une multitude de petites et moyenne parcelles à la taille confortable et adaptée à chaque néo-viticulteur. Le tout relié par un mode de production éthique et régénératif. Avec Pablo, nous lançons donc une vigne pré-ère industrielle où l’on va s’affranchir des traitements phyto-sanitaires en plantant des cépages dits «HPD», Hybrides Producteurs Directs, naturellement capables de résister aux maladies cryptogamiques mais aussi au phylloxéra. À la cave, les vinifications lentes et naturelles, sans aucun ajout de souffre ni de levures, menées en cuves de réemploi, en anciennes barriques et en dames-Jeanne, donneront des vins frais, juteux et digestes, qui seront distribués le plus localement possible. Il est même question de mises en bouteille «zéro-déchet» ou les clients se retrouvent un jour donné au chai, avec leur propres bouteilles vides qu’on leur rend remplies, étiquetées et le col ciré, prêtes à être encavées… Lire cela, cela vous donne aussi envie de vous enivrer de bonnes choses ?

Comment se pilote ce navire?

Un organe opérationnel: Accueil et Partage public (A&PP)

Prises de décision au quotidien — 4 personnes

Juan, Pauline, Arthur et Pierre-Alexandre composent l’organe “Accueil et Partage Public” de l’Arbre. Cet organe peut être vu comme le service public du projet, c’est le mycelium et la boussole, il connecte, rend le terreau fertile et crée du liant en n’oubliant pas la vision initiale. Creuset de l’animation et de l’âme des lieux, c’est un organe qui a la responsabilité de coordonner les équipages, les acteur•rice•s extérieur•e•s et intérieur•e•s, ponctuel•le•s, temporaires ou résident•e•s, en vue d’une belle réalisation. La gestion du patrimoine de la ferme et des terres, également, prendre soin de l’histoire et y imaginer des modifications contemporaines subtiles, à la fois fonctionnelles, esthétiques et pertinentes. Créer un nouveau récit collectif, stimuler les imaginaires, sensibiliser, réunir et mettre en action. Communiquer et stimuler la visibilité vers l’extérieur, devenir contes d’une histoire nouvelle dans ce paysage rural. Brouiller les frontières, décloisonner pour mieux percevoir et agir sur une réalité de façon à introduire l’harmonie et la fluidité. Liquéfier toute friction éventuelle, en apprendre les leçons. Nous croyons à la force du collectif et à l’auto-gestion, surtout lorsqu’il se base sur de la stigmergie, une communication transparente, des processus clairs et simples et une posture équilibrée entre l’observation et l’action. Au-delà des chantiers, des aménagements et des rénovations, l’équipe s’assure également que les ressources, l’eau et les sols soient traités et nourris avec soin.

L’équipe de l’Accueil et Partage Public est en charge aussi d’une bonne coordination entre les organes du superorganisme, ainsi que l’installation de nouveaux acteur•rice•s, ou même des visiteuse•r•s du quotidien. Transmettre le bon message aux bonnes personnes, pour autonomiser les acteur•rice•s et les individus dans l’écosystème, en toute simplicité. Enfin, une attention particulière est portée sur la capacité d’essaimage de ce lieu d’émergence. L’Arbre est une itération importante, qui vise à en inspirer d’autres.

Arthur, Juan, Pauline et Pierre-Alexandre animent en parallèle la Fondation Ecotones et in.Seed scrl, afin d’assurer la meilleure séquence de réalisation. Du design organisationnel, des terres, de la ferme ou au sein de l’association, leurs compétences se mettent au service de l’écosystème entier pour le faire voler à bonne hauteur. Une des réflexions à l’heure actuelle est de pouvoir assurer une résilience financière à l’Arbre qui Pousse, via des ponts liant le secteur privé, le secteur public et la philanthropie.

Créativité et Amélioration

Rencontres 1x/mois — 10–20 personnes

Ces rencontres sont des moments de brainstorming et de création de nouvelles surfaces d’échange entre tous les acteur•rice•s. Ce cercle n’a pas pour vocation d’établir des chartes ou d’écrire des conventions, il est simplement une plateforme d’échange qui soulève des problématiques et apporte de nouvelles idées, challenge le modèle organisationnel et ramène au groupe les besoins de clarification. Tous les actrice•eur•s du projet sont invité•e•s à ce cercle d’intelligence collective. Son champ d’autonomie est vaste en terme de réflexions, l’objectif étant de nourrir le conseil d’administration afin que ce dernier puisse prendre les bonnes décisions en plus petit comité. Il n’est pas pour autant exclu que des grands choix s’y dessinent, mais il ne s’agit pas d’interférer ou d’être redondant par rapport au champ d’autonomie des synergies.

Conseil d’administration

Prises de décisions 1x/2mois — 10 personnes

L’ASBL de l’Arbre est un système complexe qui ne peut se résumer à un conseil d’administration. Qu’on le nomme différemment ou pas, un groupe de personnes forme une base solide pour les prises de décisions liées à la stratégie et au développement du projet sur le long terme. Ce groupe est aujourd’hui constitué à l’intersection entre l’organe opérationnel (Accueil et Partage Public), la Fondation Écotones (propriétaire du lieu et soutien du projet), les habitant•e•s de la ferme, et d’autres représentant•e•s de l’écosystème. Il se décline comme suit :

4 membres de l’organe opérationnel APP

3 membres de la Fondation Écotones

1 membre de l’organe Habitat
2 porteuse•r•s de projets

Le rassemblement du conseil d’administration permet de débloquer des situations non-résolues dans l’opérationnel au quotidien, et prend des décisions sur base de ce qui est soulevé lors du cercle “Créativité et Amélioration”.

Synergies

Interactions

Lorsque plusieurs acteur•rice•s ou organes se reconnaissent dans un projet ou dans une mission, ils créent une interaction. Certaines peuvent être très simples et brèves (Je mange à la ferme ce midi, toi aussi ? Cuisinons ensemble !), d’autres nécessitent une structure particulière (J’aimerais diminuer les coûts alimentaires de tous les habitants, et créer une micro-épicerie dans la ferme. Qui est partant ?). Dans ces deuxième cas, un projet peut naître. Les acteur•rice•s ou les organes qui créent cette interaction demandent alors à un membre de l’organe opérationnel (Accueil et Partage Public) de les rejoindre dans le nouveau projet pour s’assurer que ce projet contribue à la vision globale de l’Arbre qui Pousse. Ensemble, ils définissent alors leur raison d’être, leur champ d’autonomie et leur redevabilité vis-à-vis de tout l’écosystème, et ouvrent un canal de discussion sur la plateforme numérique de la ferme. Ce nouveau projet devient ainsi autonome et peut déployer toutes ses envies au sein de son champ d’autonomie.

Co-habitations

Lorsque plusieurs groupes de travail, entreprises, personnes ou associations se retrouvent dans le même espace, ils créent ensemble une Cohabitation. Certaines cohabitations sont très brèves et anecdotiques (J’aimerais jouer du piano pendant 15 minutes dans le foyer, ça ne vous dérange pas ?), et d’autres méritent la création d’un cadre adapté (J’aimerais pouvoir répéter toutes les semaines avec ma chorale polyphonique dans le foyer, quelle serait ma participation financière et à quel moment je peux le faire ?). Dans ce deuxième cas, il convient d’élaborer une charte d’utilisation du lieu, simple et compréhensible par tous. Pour cela, les personnes ou groupes de travail qui créent la cohabitation font appel à un membre de l’organe opérationnel (Accueil et Partage Public) pour définir ensemble les bases de cette charte d’utilisation.

Quels flux financiers?

Sans tabou, la mise sur pied d’un tel écosystème nécessite, au-delà d’un enthousiasme, d’une détermination ou d’une vision, de conséquentes ressources financières mises à disposition, voire investies, au service d’une telle entreprise. La résilience de tels lieux d’émergence se joue financièrement à deux niveaux: au coeur de l’écosystème, grâce à des partenariats extérieurs connexes mais également au travers de l’ingéniosité de nouveaux modes de financements.

Nous parlons ici de viabilité et de résilience financière au-delà de l’acquisition foncière. Comment l’écosystème optimise cette énergie et finance les possibles et les initiatives qui poussent en son coeur ? Le modèle de base repose sur de la location d’espace et est en équilibre dès le départ. Toute la beauté du jeu est de dépasser cet équilibre, de rester inclusive•f•s (il serait simple d’y développer des activités élitistes) et démonstrative•f•s, associant aux lieux un pouvoir de rayonnement maximal, en s’autonomisant vis-à-vis de subsides classiques.

Au coeur de l’écosystème

Le montage prévu aujourd’hui permet à l’ASBL d’avoir un revenu financier lié au mandat de gestion, qui percole jusqu’à l’organe Accueil et Partage public pour en assurer les bases. L’idée est évidemment de faire levier collectivement, d’aller chercher des subsides publics, de trouver davantage de mécénat mais également de pouvoir générer un chiffre d’affaire totalement ré-investi dans l’écosystème. Au-delà des loyers perçus, des montants excédentaires, les revenus liés aux activités de la ferme (accueil, événements, ateliers, formation) sont reversés dans un pot-commun, géré collectivement. Ces montants excédentaires sont aujourd’hui quasi-nuls, car nous faisons décoller un nouvel écosystème, et les locations sont minimes pour les porteuse•r•s de projet, afin de leur permettre à eux de décoller. Les frais des artisan•e•s et des producteur•rice•s sont voulus très faibles. Leurs contributions humaines, en ressources brutes (quelques bouteilles pour le vigneron, par exemple), ou un système de royalties en pourcentage de chiffre d’affaire sont à l’étude.

L’ambition de ce pot-commun est de pouvoir déterminer collectivement la direction que notre superorganisme emprunte. Un peu comme si, à l’échelle d’un état, nos impôts étaient démocratiquement redistribués dans les secteurs les plus à soutenir.

Une autre idée est de pouvoir déposer des demandes de financement, qui une fois qu’elles mobilisent grâce à des campagnes de crowdfunding davantage bottom-up, du mécénat top-down pourrait doubler ou tripler la mise. Une convergence basée sur de la confiance, de l’autonomisation et une ré-appropriation collective.

Partenariats connexes et nouveaux modes de financements

Après les “Social impact bonds” (obligations liées à l’impact social), des investissements privés dans des initiatives à impact (ex: Duoforajob) assurés par des tiers-payeurs, généralement public (ex: Forem/Actiris), qui remboursent sur base d’une réduction de leurs coûts (moins d’accompagnement de demandeur•se•s d’emploi, dans cet exemple), il pourrait être ingénieux d’étudier la faisabilité d’“Obligations de Résilience”. L’avantage pratique des social impact bonds, c’est qu’une quantification objective est relativement simple. Et si des collectivités s’engageaient pour rembourser des investissements dans des initiatives stimulant la résilience de leurs territoires, de façon systémique ? Augmentation de la biodiversité, réduction des coûts liés aux soins de santé, stimuler la production alimentaire et artisanale locale, l’accès à la culture, réduction de la solitude, grand facteur de morbidité, recréer du sens pour la plupart, densifier le tissu social grâce aux brassages, aux mélanges intergénérationnels et à l’inclusion, stimuler l’entrepreneuriat à visée locale, etc. Les conséquences seraient gigantesques et significatives à l’échelle des territoires. Malheureusement, cela nécessiterait des capteurs spéciaux pour différencier le nombre élevé de variables en jeu pour en étudier les conséquences exactes. Intuitivement, cette relocalisation et re•connaissance de son environnement local nous semble bénéfique en tous points. Cela nécessiterait aussi que ces compétences ne soient pas distribuées dans trois, parfois cinq niveaux institutionnels différents, combinant une mobilisation conjointe de l’administratif, le politique, l’économie et l’environnement.

D’où l’intérêt de partenariats nouveaux, privés, publics, philanthropiques, alignés autour d’objectifs communs.

Enfin, en attendant que ces “Obligations de Résilience” se développent sur nos territoires, l’ASBL l’Arbre qui Pousse tentera de compenser ses dépenses grâce aux subsides publics, qu’ils soient communaux, provinciaux et régionaux. Nous estimons que l’objet social du projet est mis au service du public et de la bonne gestion des Communs (terres, eaux, énergie, ressources humaines, etc.). Néanmoins, nous savons à quel point ces subsides structurels ne sont pas pérennes et ne peuvent constituer un socle suffisamment solide. Un changement de mandat politique, des coupes budgétaires, nombreux sont les facteurs qui peuvent venir changer la donne du jour au lendemain et impacter négativement l’évolution de l’écosystème. Nous planchons actuellement sur un Fonds de mutualisation à l’égard d’initiatives au service du Vivant tels que les lieux d’émergence. Ainsi, une fois affilié, des solutions de compensations vis-à-vis de pertes ou d’absence de subsides pourraient être générées pour offrir un filet de sécurité à ces initiatives, pour couvrir les perturbations éventuelles et sécuriser leurs essors.

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Bonne lecture à vous !

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