ET TOI, TU FAIS QUOI DANS LA VIE ?

Moi, je travaille à trouver du sens.

julie.brun
7 min readMay 3, 2016
“moi, je travaille à trouver du sens”

C’est la réponse que j’ai envie de donner en ce moment quand on me pose cette fameuse question : « Et toi, tu fais quoi dans la vie ? ».

Cette question à laquelle souvent, on ne peut pas échapper, surtout dans les soirées de trentenaires parisiens. La chance que nous avons, au départ, c’est que dans la grande majorité des cas, les gens que l’on croise dans ces fameuses soirées bossent à 80% dans des agences de communication, de près ou de loin. Cela donne des échanges faciles puisque là où la plupart des gens ne comprennent pas un mot de notre jargon ou de ce que nous faisons concrètement, dans ces soirées-là, tout le monde se comprend puisque l’on parle le même langage fait d’anglicisme, d’abréviations et de nouveaux mots inventés chaque jour.

Puisque la plupart d’entre nous ne savent pas trop quoi raconter aux autres aux premiers abords, la question « et toi, tu fais quoi dans la vie » est la plus banale car aussi l’une des plus simples pour engager une conversation.

Pendant longtemps, j’ai adoré répondre à cette question.

J’ai aimé répondre à « et toi, tu fais quoi dans la vie ». Parler de mon job et de mon milieu professionnel et m’entendre répondre que c’était vraiment génial.

Par ego peut-être, mais aussi et surtout par conviction au départ, j’ai aimé voir des paillettes dans les yeux de mon interlocuteur quand je lui parlais de mon job, de l’univers des agences de pub.

Et j’étais convaincue que c’était le cas puisque mon job me motivait à 200%.

La plupart des gens pensent que la pub se résume à faire la fête, à se rendre à des tournages et à pouvoir aller au boulot en baskets, quel que soit le jour de la semaine. Et pour toutes ces raisons, les gens pensent que ce milieu est vraiment très cool.

Ce qu’ils ne savent pas, c’est que tu peux aussi travailler sur un projet pendant des mois sans jamais le voir sortir, faire, défaire, refaire et tenter de te convaincre que c’est toujours travailler mais aussi, bien souvent, ne pas savoir pourquoi tu fais les choses ou bien pire, les faire alors que tu n’es pas du tout en phase avec ça.

Ceci n’est pas spécifique au monde de la pub me direz-vous et puis ce n’est pas tout l’objet de la question.

Je ne vais pas non plus cracher dans la soupe puisque j’ai vraiment aimé mon job et je continue à l’aimer autant que je le déteste parfois, pour tout un tas de raison.

J’ai visé les grandes agences, les belles marques, les gros projets. Je me suis donnée corps et âme dans ce job, j’ai foncé tête baissée jusqu’à commencer à me poser quelques questions. Peut-être trop.

J’ai été cette éternelle optimiste qui pensait pouvoir trouver le Graal : l’agence parfaite, celle dans laquelle chaque jour, je rentrerai chez moi en me disant que cette journée avait été des plus inspirantes et enrichissantes. J’ai aimé apprendre de nouvelles choses constamment, travailler avec des profils différents, dans des structures différentes.

Au départ, les journées réussies étaient pour moi celles où je parvenais à cocher chacun des points de ma todolist ; autant vous dire que la plupart du temps, c’était une mission impossible puisque tout pouvait changer d’une minute à l’autre, au bon vouloir des choix et de décisions impossible à maîtriser. Mon profil de la « bonne élève » m’a tout de même permis de cocher les cases et de me persuader que je ne pouvais pas faire autrement que de prendre tout ça très au sérieux. Puis, petit à petit, ma détermination s’est étiolée, j’ai continué à faire des choses sans trop savoir pourquoi, sans me poser la question du sens ou de si je prenais vraiment du plaisir à les faire. Pendant longtemps, je me suis auto-convaincue que je pouvais changer le monde, avoir un impact sur notre société.

C’est un peu là tout le problème d’ailleurs. Changer le monde. Avoir un impact sur notre société. Trouver du sens finalement.

De l’importance d’avoir un job « cool », bien vu dans notre société, nous sommes passés à l’évidence que nous avons surtout, pour beaucoup d’entre nous, des « bullshit jobs », autrement appelés « jobs à la con ». Le premier problème avec ces jobs n’est ni le salaire (ou pas complètement) ni l’ambiance de travail, ni la pénibilité des tâches que l’on nous demande de faire. Le problème est bel et bien le manque de sens, de concret.

“on ne construit pas des fusées” — à propos de nos jobs

Nous sommes une génération de trentenaires qui avons, pour beaucoup d’entre nous, fait de longues études, puisque l’on nous disait « fais des études, tu verras, ce sera plus simple ».

Dans une école de commerce ou dans une école de communication, de laquelle nous sommes sortis en pensant que nous ferions partie d’une petite élite et que nous aurions bientôt une carrière fulgurante avec un salaire conséquent.

J’ai été la première ambassadrice du « comment être à fond dans son job ».

Pendant près de dix ans, j’ai fait partie de ceux qui y ont cru dur comme fer. Puis, j’ai fini par me rendre compte que le Graal n’existait pas et les questions que je me posais sont devenues de plus en plus nombreuses, de plus en plus présentes et de plus en plus profondes aussi.

C’est lorsque j’ai commencé à parler à mes potes comme je parlais au boulot que cela est devenu inquiétant. Quand un pote te demande si tu es disponible pour boire un verre la semaine prochaine et que tu lui réponds « je reviens vers toi asap », tu commences à te sentir vraiment lobotomisé.

Puis, quand tu commences à te confronter à des gens, hormis les membres de ta famille qui eux, ne cherchent même plus à comprendre. Tous ces gens qui ne comprennent pas ce que tu fais dans la vie ni pourquoi tu y passes autant de temps alors que tu ne sauves pas des vies. Là, tu commences à chercher du sens.

Enfin, quand, comme moi, tu changes de boulot tous les deux ans minimum et que ton entourage commence à trouver ça bizarre, il est temps de se poser et de faire le bilan, calmement.

Ca tombe bien parce que c’est justement au moment où les questions et les remises en cause devenaient trop importantes que j’ai découvert Switch Collective et le programme « Fais le bilan, calmement ». (On notera au passage la référence à l’un des sons de notre génération. Là aussi, ça parle à tout le monde !)

Fais le bilan calmement, c’est une sorte de bilan de compétences en 1000 fois mieux. J’ai du mal à le définir autrement car bien plus qu’un simple bilan de compétences, il permet de te rendre compte que :

#1. tu n’es pas complètement taré et qu’il y a plein d’autres personnes qui comme toi, se posent tout un tas de questions chaque jour.

#2. c’est tout à fait normal que tu ne sois pas pleinement satisfaite dans ton job, puisque c’est le cas pour plus de 70% des gens âgés de 18 à 35 ans.

#3. ce n’est pas uniquement dans ton cher milieu de la pub puisque cela touche tout le monde, même les gens qui sont dans le social (où l’on pourrait imaginer que la quête de sens et l’utilité sont moins un problème)

#4. c’est une histoire de génération et de transition : le switch va bientôt s’imposer à nous.

Enfin, il te permet de revenir aux basics, à ce qui te fait vraiment vibrer dans la vie (sans parler de passion car là n’est pas la question) et ce qui te met dans le flow. Le flow, ce sont cette ou ces activités qui te font perdre toute notion du temps quand tu les fais. Ca te vide la tête, te passionne à tel point que tu ne vois pas le temps passer.

Switch collective et le programme « Fais le bilan, calmement » c’est aussi un vrai déclencheur. Pendant et après, tu as envie de tester plein de choses, nouvelles ou pas, tu es porté par le groupe et tu as la sensation d’aider autant que de tu te fais aider.

Bref, enfin un programme qui nous permet de mettre des mots sur le fait que oui, la plupart d’entre nous a un bullshit job dont il n’est pas satisfait mais que le switch (la transition, le changement, appelez-ça comme vous voudrez) est à portée de main.

Switch Collective m’a permis de comprendre tout un tas de choses mais principalement le fait que je n’étais pas complètement folle, et c’est incroyable à quel point cela fait du bien. J’ai pu aussi, réussir à me détacher un peu plus de mon job actuel et de développer des « side projects » à côté, et donc d’aller chercher du sens ailleurs.

Il m’a aussi et surtout donné envie de ne pas avoir un job mais 2 ou 3 ou 4…

Je me sens une âme de slasheuse et le switch est parfait pour ça.

Alors à la question « et toi, tu fais quoi dans la vie », j’espère bientôt ne pas avoir assez d’une soirée parisienne pour y répondre tant les activités seront nombreuses, variées, riches et surtout….pleines de sens.

--

--

julie.brun

“Les mémoires d’une jeune femme dérangée”. Regard sur le monde, questionnements et débats intérieurs.