Passer du “Avoir le temps de” au “Prendre le temps de”

Anne-Sophie Schimpf
Life Learning France
8 min readFeb 18, 2016

“Ce n’est pas le temps qui manque, c’est nous qui lui manquons.” Paul Claudel

“Je n’ai pas le temps”, “Je suis débordée”, “J’ai trop de choses”, “Je le ferai plus tard”… Combien de fois prononçons-nous ces mots sur un sujet ? Nous sortons toujours les mêmes répliques, les mêmes excuses, et nous nous désolons du temps qui passe, avec cette impression amère sur le bout de la langue : nous courrons perpétuellement après le temps.

Maintenant, imaginons une chose. Et si le temps était le Vif d’or du Quidditch dans Harry Potter ? Et que c’est à nous de nous démener pour l’attraper ? De fournir des efforts plutôt que de l’attendre ?

J’ai toujours aimé les Anglais, car eux disent “I’ll make time for it”. Make time : ils n’attendent pas d’avoir du temps libre, ils créent ce temps libre. Ils attrapent le Vif d’or, se libèrent de sa dépendance et se dégagent ainsi du temps. Eh bien, nous devrions penser pareil :

Puisque le temps ne vient pas à moi, c’est moi qui vais aller vers lui. Je n’attends plus qu’il se libère, je me libère pour lui. Je vais le trouver, et en faire ce que je veux.

Comment ? Eh bien en arrêtant simplement de penser que je dois avoir le temps pour faire quelque chose, mais qu’au contraire que je dois prendre le temps de le faire. Et ce temps, j’arrive à le prendre grâce à trois nouvelles habitudes.

1. Je me lève plus tôt pour une Morning routine

Votre réveil sonne, vous vous levez — parfois avec difficulté — puis vous vous dépêchez, vous sortez, vous allez travailler. C’est une routine automatique, le rush ; la journée s’écoule comme toutes les autres, et, fatigué(e) le soir, vous essayez de trouver du temps pour faire ce que vous aimez, mais la soirée est trop courte, la journée a été trop longue, et vous vous dites que vous n’avez jamais assez de temps.

trouver du temps ? Eh bien simplement, avant de commencer sa journée quotidienne, prendre le temps de faire ce qu’on veut. Se lever plus tôt pour être en toute tranquillité, avant que les mails professionnels ne fusent, que les enfants ne se réveillent, ou que les obligations ne commencent ; c’est un temps encore vierge, sans contraintes, sans stress, où l’on peut jouir de quelques instants de répit et de liberté.

C’est ainsi que j’ai décidé de me lever une heure et demi plus tôt tous les matins. Et, désormais, je peux :

  • M’étirer en douceur quand je me réveille, sans avoir peur d’être en retard
  • Prendre le temps pour petit-déjeuner tout en regardant une petite émission sur des sujets qui m’intéressent (Arte regorge d’émissions ciblées sur tous les thèmes possibles et inimaginables, Youtube en fourmille tout autant, c’est le moment d’en profiter pour apprendre tout ce que vous avez jamais voulu savoir!), en rattrapant des mails et messages personnels, ou quelques actualités de mes réseaux sociaux
  • Prendre le temps d’écrire, des notes, des pensées, des idées, des histoires, tout en me fixant un objectif de 500 mots minimum, car je me sens bien quand je le fais
  • Faire un peu de sport tous les deux-trois jours : soit 20 minutes de stretching ou de vidéos de coaching en restant chez soi, soit un petit footing à l’extérieur pour se revigorer l’esprit dans l’air frais, afin de se ressourcer d’énergie

Ainsi, tous les matins, je suis assurée d’être en forme, de me sentir sereine et confidente, car j’aurai consacré du temps à faire ce que j’aime. J’ai rempli ma jauge de satisfaction personnelle.

Peut-être que certains diront qu’ils sont plus du soir que du matin : oui, on pourrait avoir une Evening ou Night routine, mais, à la différence du matin, le soir dépend de la journée : on en sait jamais ce qu’il peut y arriver, un imprévu, un dîner qui s’intercale, on se rend compte qu’il y a un super film à la télé, on a eu une journée éprouvante et on est fatigué… C’est une routine instable qui ne dépend plus de notre volonté.

2. Je me fais des To-Do List

C’est une vieille habitude que j’ai acquise après deux années de classes préparatoires, et qui ne me quitte plus depuis : j’aime organiser ce que j’ai à faire.

Certains rétorqueront “Mais la vie est plus belle par ses imprévus, elle perd de son charme si on passe son temps à l’organiser”. C’est vrai. Mais une To-Do List, ce n’est pas passer son temps à l’organiser : on note juste les tâches que l’on veut faire, et ça ne nous empêche pas de vivre mille retournements de situations et de se laisser surprendre ! On s’adapte au besoin : l’essentiel est de savoir garder un oeil sur ses priorités et de ne plus s’éparpiller.

Car une To-Do permet en effet :

  • De noter tout ce qu’on a envie ou doit faire, et ainsi d’en avoir une vision claire
  • De prendre du recul sur le nombre des choses à faire, d’en estimer le temps nécessaire à les réaliser et de visualiser les possibilités dans la semaine
  • De connaître à tout moment quelles sont les priorités et de ne rien oublier.
  • De se fixer des buts et des objectifs. Egalement, de se fixer un objectif de temps pour ne pas s’éparpiller. Car, comme le disait Cyril Northcote Parkinson : “Plus vous laissez de temps à un travail pour se réaliser, et plus il a tendance à prendre ce temps qui s’allonge pour se réaliser”
  • De barrer ou de cocher le petit carré chaque fois qu’une tâche a été réalisée, et d’en sentir une réelle satisfaction d’avoir accompli quelque chose
  • De voir son avancée réelle et de se réjouir de son efficacité

Grâce à ma To-Do List, je donne le temps nécessaire à chaque chose pour qu’elle soit faite (je me donne même le temps de faire une sieste ou de glander sur Internet!). J’aime avoir cette petite liste de tâches bien découpées, ainsi je sais par quel ordre commencer, je sais où je vais, et j’adore cocher au fur et à mesure mes réalisations car je vois à quel point j’ai bien avancé, je reprends confiance, je suis satisfaite et fière de moi.

3. Je trouve le temps de faire ce que j’aime et de rester avec ceux qui me sont chers

Une soirée par-ci, une exposition par-là, une sortie ce week-end… Avec l’explosion des réseaux sociaux, nous pouvons toujours être affairés de droite à gauche, de voir mille personnes différentes, et finalement d’oublier l’essentiel : à savoir, prendre le temps de faire ce que l’on aime et rester avec ceux qu’on aime.

Parce que parfois, oui, on regrette de ne pas passer assez de temps avec une personne, ou on aimerait consacrer plus de temps à un projet qui nous tient à coeur. On est dans un ère où on nous pousse à nous sociabiliser un maximum, au détriment de ce qu’on possède déjà.

Mais pourquoi courir de droite à gauche quand il suffit de s’arrêter un instant pour profiter de ce la vie nous offre ? Pourquoi se perdre sur les réseaux sociaux avec des inconnus quand un cercle de personnes de confiance est largement préférable ?

  • Je me garde au moins une soirée pour moi par semaine : non, pas d’afterwork ce soir, ni de ciné, ni de dîner. Ce soir, je fais mon associale, je reste avec moi-même. Je dîne tranquillement — j’en profite pour me faire plaisir en cuisinant ce que j’aime — et je fais quelque chose qui me plaît. Je travaille, j’écris, je dessine, je regarde un film que je voulais voir depuis longtemps, je me plonge dans un de mes bouquins préférés, je me fais un soin ; et je me coupe tous réseaux sociaux pour ne pas être dérangée dans mon intimité.
  • J’arrête d’aller à toutes les soirées les week-ends : certes je m’y amuse, j’y passe du bon temps, mais qu’est-ce que cela m’apporte au fond ? Excepté pour les soirées plus intimes avec des personnes qui me sont vraiment proches, une soirée ne restera qu’un bon souvenir anodin, et j’en connaîtrais plein d’autres.
  • Je privilégie les soirées intimes : retrouvailles entre proches, dîner en amoureux ou entre amis… Je suis assurée de passer un excellent moment, parfois de graver des souvenirs uniques. Je n’ai pas besoin d’aller voir ailleurs, puisque j’ai déjà un cercle solide d’amis de confiance.
  • Je rentre un week-end sur deux pour profiter de ma famille : car elle a toujours été et sera toujours là pour moi, et que je m’y sens bien, j’aime retrouver ceux qui me sont les plus chers. Quand bien même nous aurions une soif d’aventure, une volonté d’indépendance, nous nous fortifions en revenant aux sources pour nous revigorer. Et il n’y a rien de mieux que se retrouver tous ensemble.
  • J’assiste à des événements en lien avec mes hobbies et passions : parce que ce sont des opportunités pour rencontrer des personnes qui partagent les mêmes centres d’intérêt, de découvrir des nouvelles choses, d’échanger et de s’enrichir.

Conclusion

Ainsi, j’ai redéfini mes priorités dans ma vie. Je me suis fixée des objectifs, je me suis assurée de faire ce que j’aime grâce à ces petites routines qui rythment mes journées quotidiennes. Je me suis imposé du temps pour prendre du temps pour moi et pour mes proches. Et j’ai donc beaucoup moins peur de courir après la montre : je m’en suis fait une petite réserve avec ma propre volonté. Je peux être sereine.

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