Retour de CREATIVE STUDIO — le programme dédié aux créatifs de l’audiovisuel de MM Radio — pour une Saison 2 avec un épisode unique et au format un peu plus long, à la rencontre de l’équipe derrière le film d’animation “Léo” co-réalisé par l’italo-américain, Jim Capobianco.
Au château du Clos Lucé à Ambroise — dernière résidence historique de Léonard de Vinci, où se tient depuis le 3 février jusqu’au 12 mai 2024 une exposition dévoilant les étapes créatives du dessin animé co-réalisé en stop-motion avec l’animateur français Pierre-Luc Granjon. “C’est vraiment le Clos Lucé qui est à l’initiative du projet d’exposition,” nous raconte Diane Junqua — directrice de la communication et du mécénat du château. “On s’est dit que vu le sujet — film d’animation — qui parle de Léonard et Léonard chez nous, au Clos Lucé, on ne peut pas passer à côté. Donc, on a parlé avec les studios Foliascope, c’était en 2020, au moment du Covid, et ça nous a semblé juste incontournable et assez évident parce qu’on a un public vraiment familial et beaucoup d’enfants qui viennent — plus de 200 000 scolaires par an. C’est la première fois que l’on fait une exposition vraiment dédiée à la jeunesse et travailler avec Jim Capobianco, qui est le scénariste de “Ratatouille” et du “Roi Lion”, ça a été quelque chose d’assez fabuleux.”

© MasterMINDER Entertainment

“On a déjà des projets, on pense à des musées qui pourraient être intéressés. On aimerait évidemment que cette exposition voyage en France mais aussi à l’étranger, à travers le monde, puisque le film pourrait être distribué, normalement, dans le monde entier.”

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Pour ce 4ème épisode de Creative Studio — après le développement éditorial d’un sujet, l’image et l’habillage sonore — nous nous intéressons à la post-production. Etape cruciale de toutes créations audiovisuelles avant leurs diffusions au publique, appelée aussi montage, elle inclut différents processus et champs d’opération, et est d’autant plus particulière pour un film d’animation.

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Angela Peauty en discute avec l’illustrateur, animateur et réalisateur Pierre-Luc Granjon pour ce sujet intitulé “Dans Les Coulisses de la Post-Production d’un Film d’Animation”. “J’ai fait 4 films de 26 minutes qui s’appellent “Les Quatre Saisons de Léon” avec Antoine Lanciaux et ce sont des films que Jim connaissait, qu’il avait passé dans un festival qu’il organisait à San Francisco, des films pour enfants, et ce sont ces films qui faisaient partie de ses références pour “Léo” — avec tout un tas d’autres films qu’il a pu voir dont des films d’Europe de l’Est, des films américains. Je n’en revenais pas qu’il connaisse mes films. Et quand Ilan Urroz, le producteur de Foliascope, a proposé mon nom en tant que coréalisateur, on lui a dit “bah oui, bien sûr”, tout de suite.”

“[Jim Capobianco] n’a pas réussi à “monter” son film aux États-Unis, il avait trouvé des financeurs mais pas suffisamment. Mais le fait que ça se passe en France, il en fut ravi finalement.”

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Pierre Granjon explique la différence entre le processus de post-production pour un film d’animation et celui pour un film plus classique. “En animation, le montage est très, très en amont. On fait, au départ, un storyboard assez précis à partir du scénario et on filme ce storyboard qui devient un animatique. Et dessus, on cale les voix des vrais comédiens que l’on a enregistré et on a comme un film d’images fixes mais avec les voix qui donnent un rythme. C’est vraiment très, très, très proche du montage de l’ordre des scènes. [L’équipe a] commencé à travailler la post-production quand on a commencé à tourner. On leur fournissait des images, ils commençaient à faire tous les effets que l’on voulait. Je pense que quand on a fini le tournage, il y avait aussi la partie en 2D qui continuait à travailler encore un petit peu et ils ont dû encore travailler 2 mois, quelque chose comme ça, pour tout finir — je parle du compositing — puis l’étalonnage et le mixage.”

“On a souvent des voix maquettes avant d’enregistrer les vrais comédiens, parfois nous faisons nous-mêmes les rôles juste pour voir la durée de tel plan et quand on enregistre les vrais comédiens, ça prend une ampleur.”

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Il explique la tâche spécifique d’un réalisateur auprès d’une équipe de post-production, qui comprend des ingénieurs de l’image et du son. “Ce qui s’est passé sur ce projet — parce que j’avais un autre tournage de prévu, un court-métrage qui commençait, j’avais des voix à enregistrer — j’avais prévenu Jim que je ne pourrai pas trop être là pour la post-production et comme je le disais, ce n’était pas très, très grave puisqu’il y avait Jim et que c’est son film quand même. Donc, il y avait un réalisateur qui était là et qui pouvait assurer. Alors, [un réalisateur] laisse l’ingé[nieur] son travailler. Après on arrive et puis, on écoute ce qu’il a fait, là on est avec lui un peu plus longtemps et puis on modifie, comme ça il y a une base de travail, on ne part pas de rien. Ça permet aussi au réalisateur d’avoir un peu de recul parce que si on est tout le temps avec lui, jour après jour, on a un peu le même problème que quand on fait le film. C’est-à-dire qu’à un moment on a plus de recul, on ne se rend plus trop compte alors que si on est un peu absent de temps en temps et qu’on revient écouter, ça permet à l’oreille de se reposer et puis, de revoir son film afin de le réécouter d’une autre manière.”

“Ah moi, j’avoue que ce n’est pas ma période préférée. J’aime beaucoup l’étape du scénario où on écrit l’histoire, où tout est possible, la fabrication, j’adore aussi le tournage. Quand on arrive au bout du tournage, phew, ça y est, le plus dur est fait. Et puis, en fait non, il y a encore la post-production.”

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Puisque les images sont façonnées dès le début du tournage pour un film d’animation, c’est l’habillage sonore qui est bien plus explorée après la réalisation. “Le mixage est une autre étape où on travaille le son. On vient fignoler le son, le placer dans l’espace aussi. […] Le travail du mixeur, c’est aussi que les bruits de pas soient au bon endroit dans l’image parce qu’on travaille en 5.1, enfin je crois que maintenant il y a du 7.1, je ne sais plus. Ce sont les enceintes dans la salle de cinéma. Donc, il y en a une derrière, une au milieu, au centre, il y en a sur les côtés. Placer le son au bon endroit pour qu’il tombe dans l’image, dans l’écran, au bon endroit, c’est tout un travail. Après, il y a tous les niveaux, à quel point on met en valeur le bruit du vent ou la musique, tout ça, ce sont des choix du réalisateur.”

“Ils ont enregistré la musique avec un vrai orchestre, c’était Alex Mandel qui s’en est occupé, il est allé loin, en Australie, pour enregistrer avec les vrais instruments.”

Regardez un extrait MM TV de l’épisode “Dans Les Coulisses de l’Habillage Sonore” avec David Starck.

Ecoutez l’interview intégrale de CREATIVE STUDIO sur MM Radio !

“En stop motion, on est vraiment confronté à la matière, c’est vraiment un métier d’artisan, c’est très minutieux, c’est vraiment un travail de fourmis et ça rassemble énormément de métiers artistiques.”

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Pierre-Luc Granjon révèle s’il désire évoluer dans d’autres métiers de l’industrie audiovisuelle. “Il y a quelque chose de plus serein dans l’animation qui me correspond bien. Alors, ça peut être très stressant selon les moments, il y a des moments plus tendus que d’autres, justement, quand on s’aperçoit que l’on prend du retard. […] Je suis aussi animateur, de temps en temps, sur des court-métrages et j’aime beaucoup ne pas être le réalisateur. D’un seul coup, je n’ai plus la pression du réalisateur, je fais ce que l’on me dit de faire et puis, j’essaye de proposer des choses mais, ce n’est plus du tout la même pression. De faire ça à des petites périodes, c’est très agréable, c’est quelque chose que j’aime bien. La production, non, je ne ferai pas de production, je crois que c’est encore un autre métier, c’est assez stressant. […] De toute façon, je pense que je ne vais pas quitter l’animation. Après, ça ne sera pas forcément de la stop motion, il y a plein de techniques qui m’intéresse.”

“Quand j’étais ado, je me voyais faire de la bande dessinée, il y avait vraiment l’idée de raconter des histoires.”

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Evoluer dans l’industrie de l’animation sans passer par une école, en autodidacte, est-ce possible ? “J’ai fait mes études dans les années 90, il y avait moins d’écoles d’animation. J’ai fait une école d’arts appliqués à Lyon mais qui m’apprenait le dessin textile ou l’architecture d’intérieur, ça n’a un peu rien à voir. Je suis resté dans cette école qui durait quand même 4 ans parce qu’on dessinait beaucoup, on peignait et ça, j’aimais beaucoup. On sculptait aussi un peu et après, j’ai visité le studio Folimage et ça a fait tilt. Voilà, c’est ça que j’ai envie de faire. […] Il y a des vrais autodidactes qui font leur film tout seul, ça existe encore. Je pense qu’il y a mille manières d’arriver au truc. Mais maintenant, il y a tellement d’écoles que je pense que ça vaut le coup.”

“La bande dessinée, il y a un côté un peu laborieux, ça va être un peu bête ce que je vais dire, laborieux dans le fait de travailler tout seul, tout le temps à sa table et j’ai quand même besoin qu’il y ait de la vie autour.”

Regardez un extrait MM TV de l’épisode “Dans Les Coulisses d’un Créatif de l’Image” avec Vivien Lavau (Keep Diggin).

Ecoutez l’interview intégrale de CREATIVE STUDIO sur MM Radio.

“Hors création, quand je ne suis pas en période d’écriture, je trouve que c’est tellement important de se nourrir d’expos, de films. Je vois plein de films, c’est rare que je ne regarde pas un film par jour.”

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Pierre-Luc Granjon partage des conseils pour les auditeurs qui désirent évoluer dans l’industrie de l’animation, notamment en post-production. “C’est vrai que ce n’est pas forcément évident. Quand ils ont fait des écoles, parfois ils ont un petit réseau et ça leur permet après de travailler sur des projets respectifs des uns et des autres, mais tout le monde n’a pas ce réseau-là et je pense que, des fois, contacter des écoles de cinéma, que ce soit de l’animation ou pas d’ailleurs, pour du son ou quand on fait de la musique, envoyer une petite bande démos de ce que l’on a pu faire car il y a souvent un petit budget. […] Ces réalisateurs qui sortent d’écoles, ou réalisatrices qui vont faire des films dans des conditions plus professionnelles, si ça s’est bien passé avec tel compositeur ou avec tel monteur, seront sûrement rappelés et c’est une manière d’entrer dans le milieu.”

“Il y en a plein de mon âge qui ont commencé un peu par hasard, en étant objecteur de conscience à des endroits, ça permettait de mettre le premier pied dans le milieu parce que c’est beaucoup par relation le milieu de l’animation.”

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En plus de son court-métrage sur écran d’épingles intitulé “Les Bottes de la Nuit”, qu’il est en train de réaliser et “qui devrait sortir en salles accompagné d’autres court-métrages”, Pierre-Luc Granjon évoque un autre projet. “Je vais animer sur un long-métrage que j’ai co-écrit d’Antoine Lanciaux qui s’appelle “Le Secret Des Mésanges”, qui est un film en papier découpé qui se tourne à Folimage. Je pense qu’il sortira en 2025.”

“Je ne sais pas si le public en a besoin mais les gens qui fabriquent, moi, je sais que je n’ai pas envie de passer ma vie derrière un ordinateur, j’aime bien faire les choses avec mes mains et la stop motion permet ça.”

Ecoutez le nouvel épisode de la Saison 2 de CREATIVE STUDIO, “Dans Les Coulisses de la Post-Production d’un Film d’Animation” sur MM Radio !

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