MM RADIO — DES PETITES CONVERSATIONS : “AGRESSE/E SEXUELLEMENT, LA SOCIETE S’EN FICHE, QUE FAIRE ?” AVEC CEDRIC BIENFAIT

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10 min readOct 31, 2022
Toutes les photos du plateau ont été prises avec les iPhone Pro Max — © MasterMINDER Entertainment

“Le meilleur moyen pour que les agressions diminuent, c’est que les agresseurs se fassent condamnés.”

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Le programme - semestriel cette Saison - dédié aux sujets de société avec la participation d’experts lance sa Saison 2 avec un thème des plus pertinents, alors que la violence est de plus en plus présente tant dans notre quotidien que dans les faits d’actualité.
“Agressé/e Sexuellement, la Société s’en Fiche, Que Faire ?” dans le but de répondre aux victimes qui ne se sentent pas assez — voire pas assez rapidement — écoutées et protégées par la justice, et qui permettra tout autant à l’entourage de comprendre ce qu’une victime peut vivre physiquement comme psychologiquement.

C’est Cédric Bienfait — travailleur social depuis 22 ans, en doctorat de sociologie sur le thème de l’accueil des victimes de violences conjugales par l’institution policière, auteur de “La Domination Conjugale” (éditions Eska) et qui nous avait déjà accompagné pour l’épisode “Harcèlement : Comment l’Identifier et Eviter d’En Devenir Victime” — qui répondra à cette question.

“Comme je le dis toujours, à l’école de la police, on leur apprend à remplir une plainte, mais on ne leur apprend pas à recevoir une victime.”

Définition de l’agression sexuelle — que peut aussi bien subir les femmes que les hommes — et ce que cet acte de violence comprend, à la différence des autres formes de violences sexuelles. “C’est tout atteinte sexuelle commise par violence, contrainte, menace ou surprise. Classiquement, ce que l’on appelle les agressions sexuelles par surprise, ce sont les agressions dans la foule, dans le métro, les fameux frotteurs, etc. Et en fin de compte, il existe 4 formes, on va dire, d’agression sexuelle. La première, qui est la plus connue, c’est le viol, c’est-à-dire qu’il y a pénétration génital, buccal, anal. Ça, c’est condamné. Vous avez ce qu’on appelle les atteintes sexuelles, donc les mains aux fesses, les mains aux seins, etc. Ils ont mis ça de côté et ils ont eu entièrement raison, c’est tout ce qui est atteintes sexuelles sur mineur, c’est-à-dire que l’on considère qu’un viol, c’est criminel, donc on est sanctionné plus durement que quand c’est une atteinte sexuelle, logique, sauf que pour un mineur, que ce soit une atteinte ou un viol, c’est du criminel. Il faut que le mineur ait moins de 15 ans, il faut que l’agresseur ait plus de cinq ans. Et le dernier, c’est le harcèlement sexuel qui est vraiment quelque chose de très spécifique.”

“[L’agression] n’est pas une pulsion sexuelle. C’est une pulsion de domination, de contrôle, d’emprise. Ils le font d’abord parce qu’ils en ont l’occasion.”

Dans le même ton, découvrez l’extrait interview MM TV de l’épisode “Harcèlement Sexuel : Comment l’identifier et Eviter d’en Devenir Victime” de Des Petites Conversations avec Cédric Bienfait.

Ecoutez l’épisode intégral dans l’émission DES PETITES CONVERSATIONS sur MM Radio.

Cédric Bienfait explique pour quelles raisons les hommes et les femmes ne saisissent pas de la même manière l’acte d’agression sexuelle et réagissent ainsi différemment lorsqu’une victime partage son expérience. “Nous sommes dans une société, il faut le reconnaître, que l’on appelle patriarcat, c’est-à-dire où le modèle masculin n’est pas le modèle féminin, avec énormément de stigmatisations sur la victime par les hommes, notamment, mais aussi par des femmes. Les hommes n’ont pas du tout la même approche. Alors, quand je dis les hommes, je fais des différences entre un homme de 50–55 ans et un homme de 20 ans. Ce n’est pas la même génération donc, ce n’est pas le même soutien. Cela peut s’expliquer pour des raisons générationnelles, des raisons culturelles.”

“Souvent, on imagine que l’agresseur est un homme frustré, isolé, qui va violer une femme dans le coin de la rue. Non, ça peut être aussi le chef de service, par exemple, qui va harceler sexuellement sa secrétaire, par exemple.”

Profil de l’agresseur sexuel, selon plusieurs études réalisées, et ce qui le pousse à agir. “Vous avez, on va dire, l’homme qui a une compétence sociale élevée et qui prend plaisir à la domination. Ça va être le harceleur sexuel au travail — le pouvoir. Vous avez l’homme frustré, impulsif, avec une dépendance affective. Lui va plutôt violer sa femme. Et vous avez enfin l’homme qui prend énormément de plaisir à la domination, avec en plus quelqu’un de très isolé socialement et là, ça va être le harceleur de rue. C’est caricatural. Et donc, ce sont des choix : l’opportunité, inhibiteurs, désinhibiteurs, la pensée permissive — je me donne des droits. […] Ça dépend de l’environnement. C’est-à-dire qu’il y a des environnements, je ne vais pas dire qui vont favoriser les agressions mais, où c’est plus facile. Par exemple, il y a énormément de problèmes dans les fêtes universitaires, énormément d’agressions sexuelles, parce qu’il y a de l’alcool, il y a aussi de la drogue, il y a un milieu festif, on est entre étudiants, parfois éloignés de ses parents, et on se permet des choses qu’on ne ferait pas toujours.”

“Ce qui est très dur pour les hommes — c’est aussi très dur pour les femmes — c’est que parfois, durant un viol, ils ont eu une érection, c’est mécanique. Il y a énormément de culpabilité.”

Parce qu’un individu a au moins été agressé sexuellement une fois au cours de sa vie et que les signalements des violences sexuelles sont bien plus importants ces dernières années — 33% en 2021 contre 3% en 2020 et 12% en 2019 selon le Ministère de l’Intérieur — se protéger devient plus qu’une nécessité. “Quand une victime se fait agresser, ce n’est bien évidemment jamais de sa faute. Nous sommes tout à fait d’accord. Des statistiques démontrent qu’une femme qui rentre seul la nuit chez elle a 25% de risque de se faire agresser sexuellement. Ça veut dire, effectivement, éviter de rentrer seul/e, surtout quand on a bu — l’alcool, la prise de stupéfiants — éviter de rentrer tout seul avec quelqu’un qu’on ne connaît pas. Alors, forcément, le fameux GHB dans le verre en boîte, il faut faire attention à son verre. Je ne dis pas non plus d’être paranoïaque mais — dans ces temps difficiles, il faut faire un effort de se protéger, Angela Peauty — il y a certaines règles. Et ce qui est horrible, c’est que c’est plus souvent aux femmes de faire attention que les hommes puisque, statistiquement, ce sont les femmes qui sont plus agressées.”

“Ce qui peut expliquer, parfois, une lenteur de la justice, c’est que les tribunaux sont engorgés, on le sait.”

Malgré des faits et des preuves, les victimes se sentent désemparées face un accueil au commissariat parfois peu approprié et une justice bien plus rapide lorsqu’un homicide est constaté — que l’auteur soit l’agresseur, soit l’agressé/e ou soit l’entourage de l’agressé/e. “La justice en France, surtout en matière de viol, est très lente parce qu’il faut enquêter et il faut être sûr qu’on va bien condamner la personne. Il y a un service en France qui s’occupe, par exemple, des viols, c’est la police judiciaire. Généralement, vous avez un policier qui est chargé de votre dossier, eh bien, on l’appelle régulièrement pour savoir comment ça avance et c’est leur travail de répondre aux victimes. Pour la police, il faut gérer ça sous la forme du consentement, c’est-à-dire que pour qu’il y ait eu agression sexuelle, il faut qu’il n’y ait pas eu consentement. Le consentement est très compliqué à obtenir parce qu’il faut que ce soit un consentement clair et précis. Si vous dites, “non, je ne veux pas, arrête-toi” et qu’il continue, le consentement est clair et précis. Mais le consentement peut avoir été obtenu par contrainte. Il faut que la personne soit en capacité de donner son consentement. Si elle est alcoolisée, si elle est sous stupéfiant, on considère qu’elle ne peut pas donner son consentement et donc, c’est ce consentement qui fait qu’une victime va être reconnue par un statut au niveau de la justice comme victime.”

“Généralement, la question “mais pourquoi t’as déposé plainte ?”, j’ai envie de vous dire, c’est peut-être parce que la personne est plutôt du côté de l’agresseur.”

Parce qu’une victime est doublement agressée par les réactions et commentaires de son entourage, Cédric Bienfait détaille de quelle manière soutenir un individu qui décide de partager son expérience violente physique comme psychologique. “Dans un premier temps, on écoute. Dans un deuxième temps, on félicite. Il faut un très grand courage pour dire, “j’ai été agressé/e sexuellement”, surtout quand l’agresseur est connu, donc on félicite. Ensuite, on déculpabilise, “ce n’est pas ta faute, son action est anormale”. Bien évidemment, on oriente vers des psychologues. Si elle souhaite déposer plainte, vous avez le 39 19 qui est très bien. Vous avez une plateforme de lutte contre les violences sexistes et sexuelles où on peut faire des déclarations, ça c’est très bien. Vous avez Le Collectif Féministe Contre le Viol qui est très bien quand vous êtes, parce que c’est de plus en plus le cas, jeunes. Vous avez une association qui s’appelle En Avant, Toutes qui s’est spécialisée dans les agressions des jeunes femmes, donc vous vous faites aider, ça peut être, par un travailleur social, par un psychologue, il y a des suivis individuels, des groupes de parole.”

“Certaines victimes ont besoin d’avoir un statut de victime, de voir un magistrat sanctionner leurs agresseurs pour se reconstruire.”

Selon les victimes, les étapes vers la justice et la guérison peuvent varier. Toutefois, beaucoup d’entre elles choisissent de se tourner vers les réseaux sociaux dans le but d’être entendues et se libérer. “Je pense qu’il faut être accompagné, vraiment, parce que sur les réseaux sociaux, il peut y avoir des emballements médiatiques et ça peut complètement échapper à la personne. Maintenant, parfois, oui, prévenir qu’il y a un agresseur, c’est quand même important. Les réseaux sociaux peuvent être un bon moyen quand on est dans l’anonymat. Ça fait du bien de [poster] parce qu’il peut y avoir une réaction mais des fois, ça peut se retourner contre la victime.”

“Si je devais donner un seul conseil : ne pas rester seul, ne pas rester seul, en parler à des personnes dignes de confiance qui sauront être présentes.”

Cédric Bienfait révèle le sujet de son prochain ouvrage prévu pour une publication en 2023. “L’idée, c’est qu’il existe beaucoup de livres pour les professionnels mais très peu à destination du réseau familial, amical et à destination des victimes. C’était mon idée [avec “La Domination Conjugale”]. Ce premier livre était sur les victimes — hommes, femmes, hétérosexuelles, homosexuelles — le deuxième livre sera sur les enfants. Comment aider à accompagner les enfants dans ce type de situation et — plus à destination des professionnels — comment accompagner les agresseurs et les victimes dans leur parentalité.”

Dans le même ton, découvrez l’extrait interview MM TV de l’épisode “Santé Mentale : Pour Qui, Quand et Pour Quelles Raisons Consulter ?” de Des Petites Conversations avec le docteur Andy Marks-Amstrong.

Ecoutez l’épisode intégral dans l’émission DES PETITES CONVERSATIONS sur MM Radio.

C’est tellement facile de laisser cours à la violence, ça peut être compréhensible, sauf que l’on change de camp, on n’est plus victime, on devient agresseur.”

Vous êtes victimes d’une agression sexuelle ?

Voici quelques solutions solutions à votre disposition :
+ 39 19 ;
+ Le Collectif Féministe Contre le Viol ;
+ En Avant, Toutes.

Poursuivez la conversation de cet épisode de rentrée de la Saison 2 de Des Petites Conversations, et partagez vos expériences de guérison afin de soutenir d’autres victimes qui ont choisi le silence, via nos réseaux sociaux @masterminderent.

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DES PETITES CONVERSATIONS de MM RADIO est une émission de sujets de société, semestrielle cette saison 2022/23, disponible sur SPOTIFY, AMAZON MUSIC et DEEZER, en plus d’APPLE PODCASTS, TUNEIN, STITCHER ET GOOGLE PODCASTS ! #DesPetitesConversations

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