A propos de l’éthique et des NFT

Besancia
NonFungible France
Published in
8 min readJan 13, 2020

Avez-vous déjà pensé à l’éthique dans le monde des NFTs ? Sans réglementation, quelles sont les valeurs prédominantes dans la promotion des Non-fungible Tokens dans la Cryptosphère ?

Introduction

Il était une fois dans l’univers utopique du libertarianisme, une nouvelle technologie ayant permis de se rapprocher un peu plus de l’objectif final de cette philosophie.

Vous le savez déjà probablement, la blockchain permet de vérifier les transactions grâce à différentes algorithmes de minage et les clés privées du portefeuille stockant vos actifs sont bien gardées au chaud chez vous.

Pour les actifs fongibles comme le Bitcoin, cela prouve que vous en détenez bien un certain nombre dans votre portefeuille

Quant à eux, les Non-Fungible Tokens garantissent de manière infalsifiable, un droit de propriété total pour de plus en plus de types d’actifs à son détenteur.

De cette manière il n’existe plus de tiers de confiance pour gérer vos biens, vous êtes supposés être seuls maître à bord.
A ne plus déléguer cette confiance à autrui, elle vous revient donc de droit et vous n’êtes plus un simple observateur mais un réel acteur de ce système.

Mais avez-vous suffisamment confiance en vous-même ? En votre connaissance de l’économie et de cette technologie ? En vos principes moraux ?

Qu’est-ce que l’Ethique ?

Pour introduire ce sujet délicat, voici la définition du Larousse :

Ensemble des principes moraux qui sont à la base de la conduite de quelqu’un.

L’éthique est une notion qui évolue continuellement en fonction des mœurs, des usages et de la réglementation. En l’absence de réglementation étatique entourant les NFTs, il ne reste plus que des choix individuels ou communautaires pour définir notre conduite.

C’est pour cette raison qu’il est important d’en discuter et de remettre en question ses convictions pour (re)définir cette notion. Le but étant de trouver un équilibre pour que tout le monde trouve son compte dans cet écosystème.

Voici une définition d’une société “juste” pour les libertariens selon Wiki :

une société dont les institutions respectent et protègent la liberté de chaque individu d’exercer son plein droit de propriété sur lui-même ainsi que les droits de propriété qu’il a légitimement acquis sur des objets extérieurs.

Si on prend l’exemple du Bitcoin, il y a une piste de convictions politiques dans le Genesis Block mais aussi un forum de discussion pour que la communauté puisse échanger autour de l’utilisation du projet.

Lorsque le pseudonyme Satoshi Nakamoto a cessé d’être actif, cela a permis à tous ceux et celles qui travaillaient sur le projet de prendre en main la gouvernance et de fait, l’interprétation de son utilisation.

Sans institutions pour gouverner, les seul(e)s à pouvoir prendre des décisions pour le projet étaient : Chaque individu impliqué, les détenteurs, les constructeurs, les mineurs, les créateurs de contenu — chaque acteur a un rôle et un mot à dire dans la gouvernance et le futur du Bitcoin.

Quand les “objets extérieurs” n’étaient que des blocs contenant des Bitcoin à se partager entre mineurs, pas de problèmes : les questions sur la propriété tournaient principalement autour de la sécurisation de la blockchain pour éviter des hacks purement techniques.
Cependant, lorsque Bitcoin a commencé à être utilisé pour autre chose que l’achat de pizzas, les codes de la société ont commencé à être piratés et cela n’a pas plu à tout le monde…

Par exemple, Mark Karpelès a été arrêté pour deux raisons : le FBI pensait qu’il était lié d’une manière ou d’une autre au marché noir de Silk Road et la police japonaise pensait qu’il avait volé les 850 000 bitcoins.

Lorsque Ross Ulbricht a été arrêté, de nombreuses personnes de la communauté Bitcoin ont essayé de le défendre au nom de la liberté. Le FBI a eu recours à des techniques malveillantes et contraires à l’éthique pour le faire tomber, au nom de la guerre contre la drogue… Lorsque Mark Karpelès a été arrêté parce que la police pensait qu’il était lié d’une façon ou d’une autre au marché Silkroad, il n’y en avait absolument aucune preuve.

Sans rentrer dans le jugement moralisateur (est-ce que c’est « bien » ou « mal ») de l’arrestation de Ross Ulbricht ou encore de Mark Karpelès, est-ce qu’au final ce n’est pas l’intervention arbitraire des États sans concertation avec les différents acteurs du milieu qui mérite réflexion ?

Source : j’ai vendu mon âme en Bitcoin — Jake Adelstein

Conséquences

Les conséquences d’une prohibition sont toujours les mêmes : la multiplication dans la clandestinité de ce qui a voulu être interdit.

Pour se préparer à ce changement et éviter de finir comme Mark, les nouvelles plateforme d’échanges ont prit les devants et ont commencé à mettre en place des KYC afin d’anticiper une réglementation. L’avarice et la peur de ces acteurs ont prédominé sur l’idéal décentralisé auquel aspirait les Cypherpunk et la solution de facilité fut imposée assez rapidement.

Bien entendu, certains en ont profité car que tous ne partagent pas la même éthique et de nombreux documents officiels des utilisateurs ont fini sur le Darkweb…

Le point d’orgue de cette avarice fut atteint à la fin de l’année 2017, mais heureusement le prix très élevé et le retard entre les transactions causé par le blocage de la chaîne Ethereum leur rôle de garde-fou pour mettre fin à cette folie spéculative.

Peut-être que les gens se sont souvenus que le Bitcoin servait principalement sur le Darkweb. Peut-être que ce Cryptokitties n’était pas si joli et qu’il n’était pas nécessaire d’être aussi pressé pour l’obtenir finalement.

Avec la perte sèche que tout le monde a essuyé, l’état des lieux était assez catastrophiques pour une adoption massive de la blockchain :

- Les évangélistes prêchaient leur paroisse
- Le « grand public » s’était enfermé dans son individualisme conservateur
- Les « Whales » tenaient les marchés dans leur main

Alors comment, dans ce climat, les projets NFT ont réussi à tirer leur épingle du jeu ?

Gagnant-gagnant ?

Au début 2018, un nouveau rêve est apparu dans la tête des survivant(e)s du bain de sang : « Et s’il était possible de gagner des crypto-monnaies autrement qu’en minant ou en faisant du trading ? »

Sachant qu’il était devenu hors de question pour les utilisateurs de débourser un seul centime de plus pour un projet Crypto, les développeurs ont utilisé une méthode assez simple pour gagner la confiance des utilisateurs et qui fonctionne très bien dans les grandes surfaces : donner un échantillon du produit.

Grâce au standard ERC-721 devenu opérationnel, l’utilisation des « Giveaways » eu un effet double :

- Faire parler des jeux dans les réseaux sociaux de la personne participant aux tâches
- Faire grimper un sentiment de FOMO des actifs qui ne seraient créés qu’un nombre limité de fois

Petit à petit, un nouveau lien de confiance s’établit, celui d’un public prêt à jouer contre des récompenses qu’il allait être possible de revendre contre des crypto-monnaies. Le compromis était le bon : en attendant que les cours remontent, il est possible d’obtenir des actifs en se divertissant.
Le terme « Play to Earn » fut créé et dans le fond, ce fonctionnement semble compléter une définition citée plus haut : Les développeurs indépendants reçoivent une aide des joueurs et les joueurs reçoivent en récompenses des « objets extérieurs » dont ils sont propriétaires.

Mais si l’objectif est une société “juste” à terme, est-ce que l’un des idéaux à atteindre pour qu’elle perdure ne serait pas de trouver une forme de gouvernance partagée pour évoluer sereinement ?

Conclusion de cet article

Les NFT n’ont pour le moment aucune réglementation étatique, c’est donc une nouvelle fois les codes et principes moraux de chacun qui s’applique.

Ce qui est notable sur le modèle actuel, c’est que pour le moment la priorité est au renforcement de chaque communauté par projet pour s’assurer la présence des joueurs sur le moyen-long terme.

Nous nous sommes posés la question lorsque nous avons regardé comment est constituée la communauté NFT sur le premier semestre 2019… Et certaines questions éthiques se sont posées quand Enjin est parvenu à se démarquer grâce à un marketing ultra agressif pour promouvoir leur projet.

N’oublions pas que la tentation peut être rapide et efficace, sauf que contrairement à son grand frère le “jeu de trading”, il y a de nouveaux paramètres à prendre en compte dans l’économie Play to Earn.

En plus de devoir évaluer la qualité du projet dans lequel vous allez investir au minimum du temps et au maximum de l’argent, vous allez devoir évaluer la valeur des biens que vous allez acquérir.

Il existe deux initiatives regroupant les différents acteurs de l’univers des tokens non fongibles : la Non Fungible Alliance et la Blockchain Game Alliance. Il pourrait être utile qu’elle soit ouverte à tous afin que chacun puisse choisir notre politique générale librement, consciemment et de manière transparente. La montée en puissance des plateformes de vote décentralisées comme Agora propose des opportunités intéressantes pour que les utilisateurs finaux puissent se faire entendre.

N’oublions pas que le risque 0 n’existe pas, mais avec une bonne dose de pragmatisme, il est toujours possible de réduire les risques liés à l’usage de la blockchain. Et c’est en mettant nos rêves en commun qu’il sera possible de créer le monde idéal dans lequel nous voulons voir cet univers évoluer !

Sources :

We are Satoshi — par Josie

Sources d’inspiration pour l’article :

Pourquoi il est temps de réfléchir à l’éthique sur la blockchain
Les questions éthiques aparaissent depuis que des entreprises abandonnent la blockchain

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