Aborder son changement de voie en restant positif(ve) et serein(e). Rencontre avec Florence Servan-Schreiber

Marina Bourgeois
Oser Rêver Sa Carrière
6 min readSep 21, 2017
Florence Servan-Schreiber

Oser Rêver Sa Carrière : Florence, je dois vous avouer un petit truc avant de démarrer : j’ai sauté de joie quand vous m’avez répondu positivement pour cette interview ;-). Un grand merci, donc !

Florence Servan-Schreiber : Comme faire plaisir fait plaisir, et bien tout cela nous fait plaisir !

Oser Rêver Sa Carrière : Florence, je vous ai sollicité pour plusieurs raisons : tout d’abord, parce que j’apprécie beaucoup votre travail et votre énergie. Mais pas que ! M’inspirant de l’un de vos ouvrages, “3 kifs par jours”, je recommande souvent à mes client(e)s souhaitant changer de voie de tenir un petit carnet de leurs kifs du jour. L’exercice leur plaît énormément. Comment vous est venue cette idée ? Pourriez-vous l’expliquer à nos lecteurs(trices) ?

Florence Servan-Schreiber : Cet exercice est l’un des classiques dans les laboratoires de psychologie positive. Je l’ai découvert en lisant les publications de Martin Seligman, son fondateur. Cet exercice forge dans notre cerveau un nouveau canal de détection de bénéfices et nous permettra, ce canal une fois établi, de gagner en espérance de vie. C’est en voulant l’expliquer à mes enfants auxquels je souhaite une vie joyeuse et longue que je l’ai traduit en “kifs”. Comme il ont immédiatement compris le concept, la détection de sources de gratitude est devenue à la maison une célébration des kifs.

Oser Rêver Sa Carrière : Florence, vous êtes passionnée par ce que vous faites. Vous avez plusieurs« casquettes » comme on dit dans notre jargon professionnel. Vous nous en parlez ?

Florence Servan-Schreiber : Dans le fond, ce qui me passionne reste constant : défricher, essayer, traduire dans mon langage et raconter. Je le fais sous les formes suivantes : en écrivant des livres, en animant des ateliers, en donnant des conférences, en chroniquant dans des magazine ou des émissions de télévision, et plus récemment dans “La fabrique à kifs”, une pièce de théâtre/master class de bonheur dans laquelle j’ai le droit de chanter et danser.

La Fabrique à kifs

Oser Rêver Sa Carrière : Vous êtes une slasheuse en réalité Florence ! Une slasheuse heureuse ?

Florence Servan-Schreiber : Comme nous tous, parfois oui, parfois non. Ce que j’observe, depuis la parution de “3 kifs par jour”, est que je fais preuve de plus de courage. Je me suis longtemps considérée être paresseuse.
Aujourd’hui, si je me dis j’ai envie d’ouvrir une académie de cours de connaissance de soi en ligne/jouer au théâtre/écrire un nouveau livre/ ou apprendre la cuisine japonaise, je le fais. Cette partie là de ma vie m’amuse beaucoup. Je ne me retiens plus. Je me donne du mal pour me mettre dans des expériences de flux. C’est beaucoup de travail et je franchis des obstacles comme tout le monde, mais j’ai la sensation de progresser et j’aime ça

Oser Rêver Sa Carrière : Comment avez-vous vécu vos différentes transitions professionnelles Florence ?

Florence Servan-Schreiber : Dans la douleur. C’est inévitable. Mais c’est grâce à cela que j’ai appris qu’il faut se perdre pour se trouver. Je n’aime être ni dans le noir, ni dans le gris. Pourtant, ces transitions ne me redonnent de la couleur que bien plus tard. Maintenant, je le sais. J’espère que la prochaine fois, ça fera moins mal. Et encore….la renaissance n’en est que meilleure.

Oser Rêver Sa Carrière : Votre entourage a-t-il joué un rôle important lors de vos changements professionnels ?

Florence Servan-Schreiber : Certainement ! Déjà, ceux qui nous supportent à la maison quand on est déprimé ou perdu. Je les remercie ici. Ensuite, les petites perches que j’ai attrapées, qu’elles m’aient été tendues en conscience ou non. Et derrière une perche, il y a toujours un perchiste.

©Fabrice Mabillot

Oser Rêver Sa Carrière : Florence, estimez-vous avoir « trouvé votre voie » ? Et qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Florence Servan-Schreiber : Je traverse en effet un moment professionnel tout à fait en accord avec mes convictions, intellectuellement stimulant, créativement libre et bouillonnant. Je ne me censure pas, je vois grand à mon altitude, j’aime être avec les gens qui m’entourent dans ce chemin et l’accueil de mon travail est réjouissant. En plus, nous sommes plusieurs à en vivre. Franchement, je n’échangerais ma place contre aucune autre. Mais ça pourra encore changer….je me connais.

Oser Rêver Sa Carrière : Changer de voie est une véritable étape de vie. Beaucoup y songent mais peu franchissent le cap. Peur de l’inconnu, du regard des autres, peur de l’échec ou de changer son train de vie…que diriez-vous à quelqu’un souhaitant se reconvertir mais n’osant pas ?

Florence Servan-Schreiber: Je regarde les choses autrement. Ce qui nous fait peur, c’est de sentir que l’on DOIT changer quelque chose. Il arrive un moment où on ne peut pas faire autrement, pour soi. Donc, quoi qu’il arrive, on va bouger, pour ne pas s’asphyxier dans une situation qui ne nous convient plus.
Alors plutôt que de lister les peurs, concentrons nous sur les avantages de ce changement, identifions les obstacles et freins et envisageons comment les contourner. Et je sais à quel point ces moment commencent par “je ne veux plus de cela” mais je ne sais pas véritablement vers où aller. Qui a dit qu’il fallait y arriver tout seul ? Investissez sur vous même pour apprendre à mieux vous connaître. C’est une des dépenses les plus rentables et durable ;-)

La reconversion est également une véritable montagne russe émotionnelle. L’excitation, le doute, la joie, la peur s’entremêlent souvent. Comment gérer ces émotions et rester positif(ve) ? Du mieux qu’on peut…. Sérieusement, je n’ai pas de conseils à donner, je suis moi-même une montagne russe émotionnelle et un monstre de pessimisme. Mais j’avance quand même !

Oser Rêver Sa Carrière : Avez-vous des petits rituels à conseiller à nos lecteurs(trices) pour garder le cap et traverser leur bilan de carrière ou bilan de compétences le plus sereinement possible ?

Florence Servan-Schreiber : N’oubliez-pas, dans ces moments là, peut-être encore plus que jamais, de faire ce que vous aimez faire : un cours de danse, voir vos amis, apprendre quelque chose qui n’a rien à voir avec cette situation. Les moments de doute nous ratatinent, et les instants de flux où l’on se sent bien nous déploient. En vivre, en vivre, en vivre !

Oser Rêver Sa Carrière : Florence, interro’ ! Vos 3 kifs d’aujourd’hui ?

Florence Servan-Schreiber : Un réveil très doux, mieux que ça, même ;-), MERCI. Répondre à vos questions (je mesure le chemin parcouru), MERCI.
La journée n’est pas terminée, les imprévus peuvent encore pleuvoir, MERCI.

Oser Rêver Sa Carrière : Un grand merci Florence d’avoir pris le temps de répondre à mes questions !

Florence Servan-Schreiber : Kiffez souvent, kiffez longtemps !

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Marina Bourgeois

www.oser-rever-sa-carriere.com

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