Accomplir sa Légende Personnelle, et l’exemple du marchand de pop-corn par Paulo Coelho

Anne-Sophie Schimpf
Personal Growth
Published in
9 min readFeb 29, 2016

Récemment, j’ai commencé à m’intéresser à ce que je voulais faire. Mes rêves, mes ambitions. Sur Medium, je lisais de plus en plus d’articles d’américains, qui partageaient mille et une Life Tips, sur comment changer ses habitudes, dresser sa propre liste de To do once in a Lifetime, lire, écrire, apprendre ; comment arrêter de recevoir la vie passivement pour la diriger activement. A côté, d’autres articles fleurissaient, sur des personnes désorientées ou désabusées, qui n’aimaient par leur travail et voulaient réapprendre à faire ce qui les stimulait.

Se sortir du métro-boulot-dodo, du train-train et confort quotidiens, et poursuivre ses rêves. Mais comment ? Faut-il parfois prendre le risque de tout abandonner ?

Puis, je suis tombée sur ce bouquin, L’Alchimiste de Paul Coelho. Je l’ai lu, je l’ai dévoré. Je l’ai avalé tellement vite qu’il m’a fallu quelques temps ensuite pour le digérer, prendre le temps d’y penser.

Et au terme de ma réflexion, je me suis simplement dit : “Il a tout résumé.” Et j’ai eu envie d’en parler.

L’Alchimiste, c’est l’histoire d’un jeune homme, Santiago, un berger qui a tout quitté pour voyager, sillonner les terres avec ses moutons, être libre et vivre selon sa propre routine. Il pense finir par se marier et s’installer avec la fille d’un marchant. Puis, un jour, il a un rêve, et apprend que ce rêve signifie qu’il doit chercher un trésor.

Faut-il se fier à ce rêve ou continuer son existence paisible ? C’est là qu’il rencontre un vieillard, le Roi de Salem, qui lui dit que ce trésor est sa destinée. Et qu’il ne tient qu’à lui de la réaliser. Ce sera sa “Légende Personnelle”.

(Extrait — Santiago rencontre le vieillard)

Le jeune homme ne savait pas ce que voulait dire “Légende Personnelle”.

“C’est ce que tu as toujours voulu faire. Chacun de nous, en sa prime jeunesse, sait quelle est sa Légende Personnelle.

A cette époque de la vie, tout est clair, tout est possible, et l’on n’a pas peur de rêver et de souhaiter tout ce qu’on aimerait faire de sa vie. Cependant, à mesure que le temps s’écoule, une force mystérieuse commence à essayer de prouver qu’il est impossible de réaliser sa Légende Personnelle.”

Ce que disait le vieil homme n’avait pas grand sens pour le jeune berger. Mais il voulait savoir ce qu’étaient ces “forces mystérieuses” […]

“Ce sont des forces qui semblent mauvaises, mais qui en réalité t’apprennent comment réaliser ta Légende Personnelle. Ce sont elles qui préparent ton esprit et ta volonté, car il y a une grande vérité en ce monde : qui que tu sois et quoi que tu fasses, lorsque tu veux vraiment quelque chose, c’est que ce désir est né sans l’Âme de l’Univers. C’est ta mission sur la Terre.

— Même si l’on a seulement envie de voyager ? Ou bien d’épouser la fille d’un négociant en tissus ?

— Ou de chercher un trésor. L’Âme du monde se nourrit du bonheur des gens. Ou de leur malheur, de l’envie, de la jalousie. Accomplir sa Légende Personnelle est la seule et unique obligation des hommes. Tout n’est qu’une seule chose.

Et quand tu veux quelque chose, tout l’Univers conspire à te permettre de réaliser ton désir.”

Ils gardèrent le silence, pendant un moment, à observer la place et les passants. Le vieux fut le premier à reprendre la parole :

“ Pourquoi gardes-tu des moutons ?

— Parce que j’aime voyager.”

[Le vieux] montra un marchand de pop-corn, avec sa carriole rouge, dans un coin de la place.

“ Cet homme aussi a toujours voulu voyager, quand il était enfant. Mais il a préféré acheter une petite carriole pour vendre du pop-corn, amasser de l’argent durant des années. Quand il sera vieux, il ira passer un mois en Afrique. Il n’a jamais compris qu’on a toujours la possibilité de faire ce que l’on rêve.

— Il aurait dû choisir d’être berger, pensa le jeune homme, à haute voix.

— Il y a bien pensé, dit le vieillard. Mais les marchands de pop-corn sont de plus grands personnages que les bergers. Les marchands de pop-corn ont un toit à eux, tandis que les bergers dorment à la belle étoile. Les gens préfèrent marier leurs filles à des marchands de pop-corn plutôt qu’à des bergers.” […]

“ Pour finir, ce que les gens pensent des marchands de pop-corn et des bergers devient plus important pour eux que la Légende Personnelle.” […]

“Pourquoi me dites-vous toutes ces choses ?

— Parce que tu essaies de vivre ta Légende Personnelle. Et que tu es sur le point d’y renoncer.”

Au départ, j’étais gênée par cette dénomination de “Légende Personnelle” : je la trouvais trop grandiloquente, exagérée, avec un soupçon d’orgueil et de prétention qui me déplaisait. Je ne suis pas un héros, je n’ai pas des pouvoirs marveliens ni herculiens, je ne réalise pas de grandes oeuvres ; je n’ai que ma petite existence et mes rêves d’enfant ou d’adulte au coeur d’enfant.

Mais maintenant, je me dis : et pourquoi pas ? Pourquoi nous serait-il refusé de vivre, nous aussi, une Légende, à notre manière ?

D’être un héros selon nos propres critères, de notre propre point de vue ? Pourquoi rabaisser ce qu’on fait ? J’ai mes ambitions, et je vais aussi surmonter des obstacles pour les atteindre. Et je me démènerai pour y parvenir, et j’en serai fière et en parlerai à mes enfants qui le raconteront à leur tour à leurs enfants puis à leurs petits-enfants et etc. Ce sera mon héritage — à une petite échelle, peut-être, mais qu’importe ? Il suffit d’une personne qui croit en nous pour que cela ait du sens après tout.

Alors, que retenir de cette lecture ?

Chacun peut vivre sa propre “Légende Personnelle”

“C’est la possibilité de voir son rêve se réaliser qui rend la vie intéressante” : et comment avoir cette possibilité de voir son rêve se réaliser ? Simplement en gardant la volonté de le réaliser.

Considérons :

J’ai un rêve depuis que je suis petite. Aujourd’hui, une vie pleine de confort s’offre à moi, un travail qui m’assure tranquillité, et je pense à ce rêve de temps en temps, avec nostalgie seulement.

Mais je n’ai pas envie de vivre dans le regret. Alors soyons fou.

  • Je note ce rêve dans un carnet : et je rajoute tout ce qu’il me faut pour l’atteindre. Le temps nécessaire, les connaissances à acquérir au préalable, les moyens à réunir. Je garde précieusement ce feuillet
  • Je commence à faire juste les recherches qu’il me faut : pour voir comment atteindre mon objectif. Ca ne sert à rien de se perdre dans une kyrielle de recherches et google-ing, inutile de s’embrouiller, recherchons l’efficacité
  • Une fois que vous vous serez mis en tête de réaliser votre rêve, vous le verrez partout : tout, dans votre entourage, vous y fera penser. Parce qu’on ne voit toujours que ce qu’on a envie de voir, vous vous rendrez compte de toutes les opportunités qui s’étaient toujours offertes à vous, vous interpréterez les choses différemment, en faisant le lien avec votre rêve. Si vous avez toujours voulu coder, vous vous rendrez compte que vous connaissez quelqu’un qui pourrait prendre le temps de vous aider. Si vous avez toujours voulu partir un mois en terres étrangères, vous vous rendrez compte qu’il y a des compagnies qui vous proposent pile ce qu’il vous fallait et que vous pouvez vous arranger pour prendre des congés. Si vous avez toujours voulu faire des collaborations artistiques pour déployer votre créativité, vous trouverez qu’il y en a plein d’autres comme vous qui essayent de se contacter grâce à des Meetups. Une fois que vous vous seriez mis en quête de votre rêve, vous verrez les signes que vous n’aviez jamais vus. Parce que “quand tu veux quelque chose, tout l’Univers conspire à te permettre de réaliser ton désir”
  • Et à partir de ce moment-là, qu’on a fixé ses objectifs, qu’on a une vision claire de notre projet et qu’on s’en donne les moyens, on peut le dire avec fierté : on a décidé de vivre notre propre Légende Personnelle.

Quid de la peur de quitter une zone de sécurité et de prendre le risque de poursuivre un rêve dont on n’a aucune garantie qu’il se réalisera effectivement ?

C’est une grande question effectivement. C’était la question du marchant de pop-corn dans L’Alchimiste.

On a toujours peur du futur, quand notre présent nous convient.

Mais c’est là la grande tragédie : mon présent me convient. Il n’est pas particulièrement stimulant, je m’en contente.

Mais pourquoi se contenter d’une chose quand on peut se donner les moyens d’en jouir pleinement ?

Le marchand de pop-corn n’ose pas sauter le pas. Il vit dans un confort respectable et il est respecté. C’est comme s’il se tenait à une convention de la société. Imaginons : les bergers sont les entrepreneurs, et les marchands de pop-corn sont ceux qui aujourd’hui subissent un métro-boulot-dodo, pensent qu’il est trop tard pour se reconvertir, et économise de l’argent pour des loisirs.

L’un va prendre d’énormes risques. Mais il va vivre à fond pour ce en quoi il croit. Il va se battre jusqu’au bout. Il connaîtra des échecs, il en souffrira, mais il apprendra à se relever. La jouissance de la poursuite du désir est plus forte que la satisfaction du désir lui-même.

L’autre a déjà tout : il n’a que des petits désirs par-ci par-là. Pas un but qui le stimule profondément dans la vie. La tranquillité garde le goût amer du regret : et si j’avais fait ça, qu’est-ce qu’il se serait passé ?

J’aime particulièrement la réponse de l’Alchimiste au jeune homme, lorsque ce dernier fait part de sa peur :

Parce que la vie n’aura plus le même goût, sitôt qu’on aura retrouvé notre force de volonté. Il faut croire en nous et en nos capacités. Et à partir du moment où l’on croira en nous, on gagnera une énergie insoupçonnée. Et chaque petit pas effectué en direction de notre rêve apportera une satisfaction personnelle bien plus supérieure que celles de notre train-train quotidien. C’est bien connu : le risque augmente la jouissance.

Mais alors rêve et sécurité s’opposeraient-ils nécessairement ?

Non, ce n’est pas ce que je dis. Certains rêves demandent plus de courage que d’autres. Il faut juste trouver le cran minimum nécessaire pour oser sauter le pas et se donner les moyens. J’insiste là-dessus, car qui n’essaye rien n’a jamais rien.

Et ensuite, il faut y croire. Trouver sa juste mesure, et comprendre que la quête du rêve impliquera des risques, mais qu’il ne tient qu’à nous de les surmonter.

Garder la force, le courage, et ne pas abandonner. Persévérer. Et la vie aura une saveur plus douce. Et notre coeur nous dira de ne pas nous inquiéter. Parce qu’il y aura toujours des personnes qui seront là pour nous encourager et nous aider. Il suffit de rester confiant et elles viendront à nous. Comme le Roi de Salem est apparu à Santiago. Comme ce marchand de cristaux qu’il aura rencontré. Comme cet Alchimiste est venu à lui.

Il suffit de sauter le pas et de commencer à chercher son rêve. Qu’importe les changements et bouleversements que cela devra entraîner. Dites-vous qu’ils devaient nécessairement arriver.

Parce que vous savez que votre rêve en vaut la peine.

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Merci !

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