« Il n’y a pas d’art sans message »

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5 min readJun 17, 2022

Rencontrez Randa Hijazi, artiste en résidence

Notre nouvelle artiste en résidence est Randa Hijazi. Éduquée en Syrie et à Dubaï, elle est venue au Canada en 2017, et vit et travaille maintenant à Laval. Dans son travail, elle explore les liens entre l’ancien et le moderne. Randa fait entre autres de la peinture à l’acrylique, sur toile ou sur mobilier. Elle a été l’une des premières artistes à s’inscrire à Imprimo lors de notre lancement. Nous sommes ravis de l’accueillir dans la communauté.

Randa Hijazi

Imprimo : Vous répondez à nos questions pour « Artiste en résidence » depuis votre atelier, à Laval. Que voyez-vous par la fenêtre ?

Randa Hijazi : Par ma fenêtre, je vois la chaude lumière du soleil qui nous donne de l’espoir et du réconfort, et aussi tout ce vert, rempli de vie. C’est l’été, enfin !

I : Vous êtes née à Damas, en Syrie, et vous avez vécu à Dubaï. Vous vous êtes installée au Canada récemment, en 2017. Dans vos peintures, vous explorez les liens entre l’ancien et le moderne, en représentant les connexions entre humains, le pouvoir féminin, des artefacts, des histoires de civilisations… Comment votre parcours physique en tant que personne a-t-il influencé votre parcours créatif en tant qu’artiste ?

RH : Mon but est de faire passer un message par ma peinture. Ce qui m’inspire, ce sont toujours les enjeux humains et culturels. Il n’y a pas d’art sans message, et je ne crois pas à l’improvisation, sans étude approfondie. Parfois, il faut plusieurs toiles pour exprimer un sujet. Le fait de vivre dans plusieurs pays a enrichi ma culture visuelle et intellectuelle et m’a ouvert des horizons sur les civilisations et sur la souffrance de différents peuples. Je vois ça comme une richesse en soi.

I : Vous êtes une artiste bien établie, mais encore relativement peu connue au Canada. Y a-t-il eu un obstacle particulier que vous avez dû (ou devez encore) surmonter pour vous établir dans ce nouveau marché ?

RH : L’obstacle principal, c’est que je viens d’une société complètement différente de la société canadienne.

La plus grande barrière, c’est la langue. Je parle français et anglais, mais mon anglais demeure faible comparativement à celui des anglophones de langue maternelle. De plus, il faut du temps pour s’intégrer à cette société et se familiariser à ses traditions. Mais je ne renoncerai pas, je travaille fort pour m’y engager. Je suis satisfaite des objectifs que j’ai réussi à atteindre sur une période de cinq ans, et je suis confiante de réussir encore mieux ici qu’au Moyen-Orient.

Give smiling by a simple way (childhood cancer) par Randa Hijazi

I : Dans votre bio, vous mentionnez « travailler avec des yeux de photojournaliste et un cœur d’artiste ». Pouvez-vous nous dire ce que vous entendez par là ? Comment peut-on voir ça dans votre travail ?

RH : En Syrie, j’ai fait une exposition pour montrer les conditions humanitaires dans lesquelles le peuple syrien a vécu pendant la guerre. Durant cette période, j’allais dans les rues et je prenais des photos de personnes qui souffraient. À partir de ces images, j’ai commencé à peindre.

I : Vous êtes qualifiée en communication médiatique et en commerce, et vous avez un diplôme en beaux-arts. Comment ces compétences se conjuguent-elles dans votre carrière d’artiste ? Vous êtes active sur plusieurs plateformes pour promouvoir et vendre vos œuvres, par exemple.

RH : Oui, j’ai passé environ 12 ans de ma vie sur les bancs de l’université. Et si je pouvais continuer d’étudier, je le ferais. La science et la culture sont les clés d’une pensée éclairée et d’une compréhension plus profonde des concepts de la vie et de l’existence humaine. Chaque fois que j’étudie quelque chose ou que je lis, je sens que je me plonge dans un monde nouveau, et cette expérience me ramène à ma passion première, l’art. Nous ne devons pas oublier que l’artiste a une forte influence sur la construction d’une société, d’une civilisation. Son apport doit s’appuyer sur la connaissance, sur la science, il doit être fiable, sans aucune erreur. La mission de l’artiste n’est pas de présenter de belles œuvres d’art à la société, mais plutôt de présenter de l’information et de la culture. De formuler des concepts qui sont pertinents pour son époque.

I : L’artiste en résidence précédent Grant McConnell demande : Qu’est-ce qui vous dérange le plus dans le monde de l’art ?

RH : Ce qui me dérange le plus dans les arts visuels, c’est que c’est une forme d’art silencieuse, contrairement aux autres formes. Par exemple, les peintures accrochées sur un mur ne peuvent pas attirer l’attention avec du son ou des mouvements. L’art visuel ne fait pas appel aux cinq sens pour être compris ou apprécié. Pour « lire » une œuvre d’art visuel et apprécier son potentiel profond, il faut avoir des connaissances, de la sagesse et une solide culture. C’est pour ça que le pourcentage de pionniers de l’art et de bons « lecteurs » de la peinture est si réduit.

Ce dont on a besoin dans nos sociétés, c’est un renforcement de la culture artistique, que l’État appuie davantage la sensibilisation à la valeur des arts, avant même de soutenir les artistes eux-mêmes.

Wise king (lion’s symbol) par Randa Hijazi

I : Maintenant, quelques questions du tact au tac : Quel∙le∙s artiste∙s, vivant∙e∙s ou mort∙e∙s, aimeriez-vous rencontrer pour prendre un café ?

RH: Je suis une fan de Gustav Klimt, j’aurais aimé vivre toute cette époque !

I : Y a-t-il une compétence improbable que vous avez acquise grâce à votre pratique artistique ?

RH : L’art m’a appris à ressentir la beauté jusqu’au bout, puisque c’est une promesse de bonheur.

I : Vous souvenez-vous de la première œuvre que vous avez exposée publiquement ?

RH : C’était durant ma troisième année à l’université en beaux-arts, en 2019.

I: Quelle est la dernière galerie que tu as visitée ?

RH : Il y a environ 15 jours, j’ai visité la galerie Gallea, à Montréal.

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