J’ai gardé mon imagination d’enfant

Anne-Sophie Schimpf
Scribe
Published in
5 min readApr 18, 2017
Explorer le monde sans préjugés

L’autre jour, je réfléchissais à mes sources d’inspiration quotidiennes. J’avais envie d’écrire sur la créativité, sur la force débordante de l’imagination ; j’avais envie de m’épancher sur mes rêves, d’épiloguer sur les petits objets du quotidien, qui, à la manière des Vieux souliers aux lacets de Van Gogh, peuvent receler de charmes surprenants.

Vieux souliers aux lacets, Van Gogh (1886)

C’est alors que j’ai senti ce regard soudain posé sur moi. Pourtant, il n’avait que deux trous à la place des yeux, et un nez métallique un peu long qui me rappelait Pinocchio. Il avait été jeté au sol, déchet abandonné. Inanimé.

Malgré cette poussière qui le recouvrait, j’avais l’impression qu’il me regardait.

Un “détritus” trouvé à côté de mon arrêt de bus quotidien

Je ne sais pas trop ce à quoi vous pensez, quand vous voyez ce bout de décombres que j’ai fini par ramasser. Peut-être ne l’auriez-vous pas remarqué, si c’était à vos pieds qu’il avait traîné. Peut-être lui auriez-vous même donné un coup de pieds s’il s’était trouvé en travers de votre chemin. Après tout, ça s’apparentait bien à une ordure.

Et pourtant, moi, je trouvais qu’il y avait quelque chose de simple dans son expression.

A vrai dire, il me rappelait même la mascotte d’Amazon.co.jp :

L’envie me vint un soir de photographier ce petit être intriguant

Peut-être l’aspect poussiéreux conférait un je ne sais quoi à ce détritus, qui le rendait sensible à mes yeux.

Soudain, je m’imaginais l’histoire d’un bout de ferraille abandonné parce qu’il n’était plus utile. D’un personnage composé de rouilles et de fer, qui avait été aimé de son maître, qui avait aimé à son tour ; d’un personnage étrange qui avait vécu des aventures curieuses, et qui finalement avait été rattrapé par le monde des humains et s’était cassé — en même temps que quelque chose en lui se brisait. Alors, perdant son bout d’humanité, il était redevenu un simple objet, jeté, oublié, abandonné. Le temps le rouillait davantage, tandis qu’il était condamné à s’enterrer lui-même dans la poussière.

Et de ses yeux où plus aucune âme ne vivait, de ces creux vides, il regardait encore le monde autour de lui, ce monde qui devait lui paraître incompréhensible, où les codes de la société devaient lui sembler farfelus et excessivement sophistiqués. Ce monde où tout le monde court, sans savoir pourquoi, oubliant le monde autour de soi.

Et tandis que mon esprit divaguait ainsi, je m’imaginais l’histoire de cet objet curieux.

Ce n’était rien, et pourtant mon imagination s’enflammait. Des péripéties se nouaient, de nouveaux personnages apparaissaient, et mon esprit s’activait à démêler l’histoire qui pouvait appartenir à ce presque rien qui était pourtant quelque chose.

Et c’est là que je me suis rendue compte, que comme une enfant, j’avais, à partir de formes simples — deux ronds, un trait — imaginé tout un personnage, un héros, qui parcourait déjà le monde à partir de ses 10 cm.

Comme une enfant, je questionne la réalité. La mienne, elle se compose de choses simples, des formes abstraites et compliquées à la fois, qui dansent et s’animent devant moi, attendant que je les saisisse et les pétrisse de mon imagination.

Pas de frontières, pas de limites, je me dis que tout est possible. Et je laisse ainsi parler ma créativité.

“La logique vous mènera du point A au point Z. L’imagination vous emmène partout.”

Quand je marche seule dans les rues, j’imagine les histoires qui ont pu habiter ces quartiers.

Quand je prends le métro, j’imagine les journées de ces passagers anonymes qui partagent ma rame.

Quand je me promène dans un musée, j’imagine les personnages s’échapper de leurs tableaux, les sculptures s’animer, et il me semble les entendre rire quelque part, au loin.

Quand je me balade en forêt, j’imagine les êtres magiques qui peuvent la peupler et qui peuplaient déjà mes rêves d’enfant.

Certains diront peut-être que c’est absurde, qu’à un moment il faut grandir. Le Père Noël, ça n’existe pas. Et pourtant, qu’y a-t-il de mal à continuer de rêver ?

Je voyage à partir d’images, de romans, de musiques ; j’explore, je découvre, je savoure. Autour de moi, le quotidien recèle de secrets qui n’attendent que d’être révélés.

Alors je tends l’oreille, et j’écoute les murmures que le monde chante. Qu’importe que tout cela ne soit pas réel. Les plus grandes inventions ne semblaient pas réelles, elles non plus. Le monde a besoin encore de folie et d’insouciance.

Pourquoi faut-il, qu’une fois adulte, l’on soit si rationnels ?

Le monde d’un enfant est bien plus magique. Et j’ai envie de garder cette magie. Alors je reste, au fond de moi, une enfant.

Et dire que c’est juste une sorte de tête improvisée avec deux trous à la place des yeux et une vis à la place d’un nez qui m’a rappelé à quel point c’était l’imagination la force la plus vivante en moi.

Et si vous n’êtes pas encore convaincus, j’avais déjà détaillé ici les 25 raisons de rester un enfant :

Anne-Sophie Schimpf, jeune curieuse passionnée d’écriture et de voyages, toujours à l’affût de nouvelles idées ou de nouvelles découvertes.

Vous pouvez découvrir mes autres théories sur le Canapé de Friends ou L’art du sourire gratuit ou simplement toutes mes publications ici.

Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le recommander en cliquant sur le ♡ ci-dessous. Merci !

--

--