“J’ai échoué” ou la théorie du jeu d’échecs

Anne-Sophie Schimpf
Scribe
Published in
6 min readApr 6, 2017

--

Parce que la vie est un véritable casse-tête

Récemment, j’ai reçu un mail d’un de mes clients, qui me disait qu’il avait été laissé sur sa faim par rapport à mon livrable. Il me le signifiait poliment, mais entre les lignes, je devinais clairement ce qu’il voulait signifier. Il avait été déçu par mon travail, et j’en étais entièrement responsable.

Ce mail m’a fait l’effet d’un choc. J’avais conscience de m’être relâchée sur cette mission-là, mais, égarée dans ma petite bulle utopique, je n’avais pas imaginé qu’on puisse m’en tenir rigueur, car j’avais jusqu’à présent fourni un très bon travail.

Et voilà que j’avais déçu quelqu’un. J’avais manqué de professionnalisme, je le savais, et je m’en voulais. Ce fut pour moi un échec.

Cet “échec” me restait en tête et me rongeait. J’avais la sensation d’avoir échoué quelque part, failli dans une mission pour une personne qui pourtant avait confiance en moi. Et cet horrible sentiment était comme imprimé, gravé en moi.

Je devenais obsédée par cette pensée, commençais à me remettre en question — car je savais que cette négligence n’avait été qu’un symptôme d’un désintéressement soudain, d’une lassitude pour mon travail, et la déception n’en était qu’une conséquence naturelle qui devait me faire réfléchir.

Puis, d’un coup, je me suis souvenue d’une phrase, d’un inconnu que j’avais rencontré autour d’un verre, de manière tout à fait par hasard, et avec qui j’avais tenu une longue discussion passionnante sur soi et l’essence de soi.

“L’échec, ça n’existe pas. Enfin, pas comme on l’entend traditionnellement, enflé de connotations négatives, défiguré de préjugés, abîmé par la peur. Il n’y a pas de regret à avoir. Il y a des déceptions, oui, mais celles-ci ne sont rien d’autres que des apprentissages. L’échec, c’est ce qui va nous faire ouvrir les yeux et nous montrer qu’on s’est trompé de chemin, pour trouver le bon chemin. C’est l’opportunité de s’améliorer. Et ça, c’est inestimable.”

L’échec, ce n’est pas une porte qui se ferme mais un portail qui s’ouvre, et qui doit nous pousser à explorer de nouvelles voies, avec un seul objectif : donner la meilleure version de soi-même.

Alors j’ai repensé au jeu d’échecs et à sa signification. A ce plateau énigmatique, à ce casse-tête mythique, à ce duel passionnant.

Finalement, à la fin, quand on dit échec et mat, c’est que notre stratégie a été battue. On a peut-être manqué de vigilance, ou l’autre avait simplement une meilleure stratégie.

Mais est-ce qu’on arrête de jouer pour autant ? Non. On refait une partie, on veut sa revanche. Et les plus téméraires étudieront de nouvelles stratégies.

Et c’est exactement pareil pour la vie.

On joue en permanence aux échecs contre la vie. On fait nos premiers pas, on calcule ses coups, on réfléchit sur la marche à suivre face à une situation donnée, face à des circonstances particulières, selon l’humeur du jour. Soit on décide d’aller très vite et on enchaîne rapidement sur les attaques, soit on joue la prudence et on avance doucement sur la défensive.

Petit à petit, on va placer ses pions. On les avance, à leur rythme, on s’adapte au jeu et à la tournure que prend la vie. On va en privilégier certains, ce seront les points pour lesquels on éprouve probablement une certaine passion ou qui présentent un certain intérêt. On y tient, on y fait attention, on les protège.

On a des points forts, qu’on met en avant. C’est avec eux qu’on va attaquer.

Mais certains pions vont être avalés par l’adversaire, irrémédiablement. Ça va nous faire mal, il faudra les remplacer.

Et c’est vrai, dans la vie, tout ne se passe pas toujours comme on le souhaite.

On doit accepter ses imprévus et les pallier au plus vite pour ne pas perdre de terrain —ne pas perdre confiance.

Et alors, dans cet engrenage vital, à chaque partie, on doit apprendre de ses erreurs. Affiner ses stratégies. Certains vont revoir en mémoire leur partie, leurs mauvais tours, avec plus de recul, pour découvrir là où ils ont failli et adresser le problème directement. Une véritable introspection.

La vie peut être un adversaire redoutable, mais pas imbattable. Et c’est pour cela qu’il existe la persévérance. C’est une potion magique, qui nous tient éveillés, pour nous encourager à perpétuellement jouer, jusqu’à ce qu’on parvienne à gagner.

Et ce n’est pas parce qu’on gagne une partie que toutes les parties sont définitivement finies.

Non, gagner une fois procure une sensation d’intense satisfaction mais ne garantit pas la suite. La place d’un champion n’est pas figée.

Il y aura toujours du défi, un challenge, sinon l’existence perdrait sa saveur.

Et c’est ce défi avec soi-même, contre soi-même — que va donner ma stratégie aujourd’hui ? — qui nous stimule et nourrit au quotidien.

Un deus ex machina peut parfois quand même être bien utile, mais dans les échecs comme dans la vie, leur existence est douteuse… Mais qui sait ce qui peut arriver ? Il faut aussi se laisser surprendre.

Alors bien sûr, le jeu s’apprend, il y a des livres. C’est l’éducation. Il y a une partie théorique et une partie pratique, et on peut très bien être un autodidacte, un self-made man. Mais les livres de stratégie ont toujours quelque chose à nous apprendre, et c’est pourquoi il nous faut constamment étudier, pour nous procurer toutes les cartes en main.

Et puis, après tout, le livre, c’est aussi le meilleur outil pour nous faire découvrir des contrées inexplorées.

Alors moralité : il est important d’échouer de temps en temps.

  • Parce que c’est comme ça qu’on apprend.
  • Parce que c’est comme ça qu’on avance.
  • Parce que c’est comme ça qu’on se remet en question et qu’on s’améliore.

Il n’y a pas de honte à échouer de temps en temps, mais il y a une honte à s’en cacher et à ne pas en tirer un enseignement.

Parce qu’échouer peut être une chance, une opportunité pour se révéler davantage et développer la meilleure version de soi-même. Et cette meilleure version commence déjà par l’acceptation de son erreur, car ce n’est qu’après l’avoir assumé qu’on peut espérer la réparer — et progresser.

Et puis, n’oubliez jamais :

“SHOW ME SOMEONE WHO HAS NEVER FAILED — AND I’LL SHOW YOU SOMEONE WHO HAS NEVER TRIED” Jerry Stewart

Anne-Sophie Schimpf, jeune curieuse passionnée d’écriture et de voyages, toujours à l’affût de nouvelles idées ou de nouvelles découvertes.

Vous pouvez découvrir mes autres théories sur le Canapé de Friends ou L’art du sourire gratuit ou simplement toutes mes publications ici.

Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le recommander en cliquant sur le ♡ ci-dessous. Merci !

--

--