Je suis ma propre définition de la femme

Fifa
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17 min readMar 11, 2018

Moi, toute mon adolescence a été une question d’identités.

Chacune d’elles agissant fortement sur moi, je devais constamment définir qui j’étais et pourquoi je l’étais.

J’ai eu mes phases et mes phrases. Ces fameuses qu’on nous glisse à l’oreille comme un semblant de…reproche sur ce que nous n’étions pas “exactement”. Je parle en tant que jeune femme, bien-sûr. Quoique certes, ces messieurs pourront s’y retrouver.

Mais en gros, je suis une femme. C’est…certain. Cependant, pas toujours si évident que ça. Du moins si on en croit tous ceux qui m’ont dit que j’avais des réflexions masculines, des comportements trop masculins, un ton trop émasculatoire, une démarche de bonhomme”. Ah, j’oubliais la plus marrante de toutes : le “Tu conduis (à moto) comme un homme”. C’est vrai que j’ai passé une dizaine d’années de ma vie les cheveux coupés à ras, que j’ai déjà soulevé des bidons de 50L dans ma jeunesse, que j’ai 3 jupes et 1000 pantalons et qu’il m’arrive parfois de mater 1 cul ou 2, très discrètement.

Mais cela fait-il de moi un homme ?

Ou un garçon manqué. J’ai hérité de mon grand-père ( paix à son âme ) et de ma mère, un faciès de taureau qui m’a longtemps valu d’être victime dans la rue d’interpellations du type :

  • Hey, grand frère !
  • Fofo !

Le plus drôle c’est certainement mes enflures d’amis qui m’ont appelée “bro” pendant plus de six mois. À vrai dire, adolescente, je me fichais bien de ressembler ou pas à une fille. J’avais la tête rasée pour “mieux apprendre mes leçons”; terrassée comme tant d’autres filles par cette légende qui voudrait qu’une femme ne puisse pas s’occuper de ses cheveux et de ses études en même temps. De nombreux établissements encore au Bénin, imposent aux filles de se raser la tête. Cela est même un gage de serieux et un signe de fierté pour ces écoles. En effet, voyez-vous, on ne peut pas servir…deux déesses à la fois.

Mais quelque part, ça faisait mal toutes ces remarques, autour de ce qui fait ou ne fait pas une fille. À ce point où ma copine Chimène et moi, toutes deux premières de nos classes, étions devenues pour l’école et l’imaginaire de nos camarades, les intellos à “têtes rasées” en comparaison avec les “miss univers” du lycée, qui attiraient tous les regards. Chimène et moi, parias du jeu des sexes, nous nous consolions sur nos cahiers et nos bonnes notes, plus obnibulées par la mention très bien au BAC, que par le fait d’être des…femmes.

En classe de seconde, pour ma rentrée, j’avais bravé ma mère, et laissé pousser quelques gribouillis de cheveux afin de pouvoir me faire des tresses à rajout…et être vue comme une fille. En effet, ça n’a pas manqué. J’ai eu un petit-ami et de géniales remarques : “Tu es plus jolie comme ça”, “Tu vois, les tresses ça te va. Ne te rase plus la tête”, “ah c’est toi Marie-Madeleine ? Je ne t’ai pas reconnue”.

Deux signaux paradoxaux venant d’une même société :

1- Se couper les cheveux, c’est être sérieuse

2- Ne pas avoir de cheveux, c’est ressembler à un garçon

On peut en citer d’autres plus aberrantes comme “les filles n’aiment pas les maths”, “les filles baisent par amour”, “les femmes indépendantes ne connaissent pas un foyer stable”, “si tu ne sais pas cuisiner, tu n’auras pas de mari”. Mon adolescence, et ma vie d’adulte, et ma vie tout court, ont été un éternel renvoi à 5 lettres : F E M M E. Et je ne suis qu’un exemple parmi des milliards d’autres.

Mais surtout, cette case, cette prison de femme ne m’appartenait même pas.

On me poussait dans une maison qui n’était pas la mienne. Cette prison a été construite pour de nombreuses femmes dans le monde, sans même qu’elles n’aient leur mot à dire sur la couleur des murs, le tapissement du salon, les aménagements interieurs. Au contraire, les murs devaient être roses. La cuisine devait être occupée, le ménage fait. Le silence devait être de mise. Il ne fallait pas parler trop haut ou trop fort. Il ne fallait pas dire son mot. Suivre est le mantra. Accompagner est la mission.

Je ne suis jamais entrée dans cette maison. Je n’aime pas le rose. J’ai bêlé sur le pas de la porte, agneau charnu de dix sept ans, et écrit mon premier roman. Cette chose qu’on appelle femme. J’ai tenu un blog et décrit mon engagement : F E M I N I S T E. Je n’avais pas peur de m’en réclamer même si pour cela j’ai dû soutenir d’entendre d’autres remarques.

  • Pourquoi es-tu féministe ?
  • Tu as un petit copain ?
  • Quel homme voudra de toi ?
  • On t’a brisé le cœur, n’est-ce pas ?
  • C’est pour cela que tu es féministe…
  • Les féministes ne trouvent pas de mari
  • Tu vas finir avec des chats

Je n’en demandais pas tant. Je ne pensais pas être née pour trouver un mari. Ni faire des enfants, ni porter du rose, ni savoir faire la cuisine, ni avoir des gestes plus gracieux, ni porter des jupes, ni mettre plus de rouge à lèvres, ni pour être la femme derrière un grand homme.

Toutes les filles connaissent ces indescritpibles fourmis dans les jambes quand il y a un groupe de jeunes hommes au loin. Tu sais qu’il vont mater tes fesses. Ils peuvent même te héler, te parler mal si tu ne réponds pas. Voire pire. Une fois, dans le quartier, marchant avec ma petite sœur de 15 ans, j’ai failli casser la gueule à un jeune homme qui s’est cru permis de lui toucher les seins. Parce que ceux-ci rebondissaient derrière son corsage. Parce que nous étions en jupes courtes, et que forcément, nous n’étions qu’à la recherche de ça. J’étais en colère. C’est peu dire. J’avais la rage. J’avais vraiment la rage, de la voir subir un monde qui ne respectait pas son corps. Cette vie d’insécurité qui lui apprend que l’espace public est réservé aux hommes. Je ne trouve pas les mots pour décrire ce sentiment enrageant d’injustice qu’on ressent à devoir choisir des vêtements amples pour sortir de chez soi, à être sur le qui vive, à faire de la place constamment pour les garçons.

Toutes les filles connaissent cette appréhension de se faire draguer à tout moment, par celui qui te vend ton forfait dans le coin de la rue, en allant déposer un CV, en cherchant un emploi, en étant sur le Zem, au boulot ou à l’église. Toutes les filles connaissent cette sensation d’être un morceau saignant de viande, défilant devant des clients, avides d’en goûter un morceau ou d’avoir…leur droit de cuissage.

Les femmes sont des choses.

Tel était le postulat d’une jeune fille de 17 ans qui s’est découverte femme dans un monde d’hommes. Je me suis posé la question de la place de la femme à travers le portrait acéré de 7 femmes : caricatures des differents prototypes que j’avais décerné dans la vie des femmes autour de moi.

J’ai été dure, très dure. Une de mes lectrices m’a justement dit que j’étais beaucoup trop crue pour être humaine. Le commentaire m’a réjouie. Même être un humain ne me plaisait pas. Parce que c’est dans ce mot formé d’humanité et d’hommes que la femme est emprisonnée. Je souffrais de partout. Plus je découvrais les injustices de la féminité, et plus je me demandais à quoi ça servait de se définir par cette case de femme.

Dans le roman, mon point de vue était que partout, où elles vivent, les femmes sont dans..la chaise. L’électrique, celle qui tue tout, vos rêves, votre infini potentiel, votre personnalité, pour des rôles restrictifs comme ceux de trouver un mari, de donner la vie et de servir la société par son utérus. Tout revenait à ce que je pouvais donner à travers mes caractères sexués, et par la cuisine aussi, cette fonction pré-installée, dirait Chimamanda.

Je détestais le maquillage. Pour moi, il n’était qu’un autre masque parmi tant d’autres qu’il fallait porter, pour achever sa féminité. Je portais toujours des jeans, j’en porte toujours. Je marche comme je veux. J’aime la vitesse. Je me rase la tête, quand je veux. Je me tresse, si je veux. Je m’habille pour moi et pas pour toi. J’ai les seins à l’air, c’est toi que ça serre ? Je m’assois comme un négro. Je regarde des animés. Je connais beaucoup de sites porno. Je rappe et je drague. J’aime le foot et j’ai du plaisir à dire Fuck. Fuck. Fuck. Fuck.

Fuck le 8 mars. Fuck votre foutue définition de la femme.

J’ai finalement intégré que je n’étais pas une fille. Après observation des variables et attributs plébiscités par la société, j’étais heureuse de ne pas en être une. Dans mon roman, j’ai rejeté la faute de cet emprisonnement systématique sur le compte des femmes mais aussi de la société. Mais beaucoup plus sur les femmes. Pour moi, il était nécessaire que chaque femme se considère tout au moins plus comme un être humain, que nos actions, notre vie ne soient pas déterminées par les impératifs qu’on nous impose. Le cerveau ça sert.

Je n’ai jamais fini ce roman. Je ne pense pas que je le terminerai. Il s’est achevé sur ma propre vie. À l’âge de 20 ans, j’ai compris mieux les choses. J’ai pris de la hauteur sur le ressentiment que j’éprouvais envers les femmes du monde, de ne pas avoir mieux préparé ce monde pour nous autres, qui venions de naître. A cet âge également, mes fondements rationnels et mon système de valeur ont été intimement ébranlés. J’ai fait des choses, dont j’ai eu honte. J’ai utilisé mon corps pour exister et quelque part, je me suis soumise à la marche du monde.

J’ai perdu foi.

Je suis une fille ? Une fille ? Eh bien, basta, voilà une fille !

Le piège ce n’est pas le fait de grandir. Le piège, c’est cesser de croire que sa voix porte. C’est être fatiguée de se defendre, à tout va, épée toujours levée pour la liberté. C’est faire de ce sentiment d’épuisement entier, une parade contre le monde. J’avais 20 ans, et j’étais fatiguée que mes opinions féministes deviennent des étrangetés. Il y avait beaucoup de personnes, internet aidant, qui pensaient se réjouir en me “provoquant” sur les questions du genre.

  • On s’ennuie, Mylène est féministe, posons lui une question controversée pour créer de la polémique.

On me taguait sur des publications où se débitaient des âneries sur les droits des femmes. On attendait mes réactions comme on attend un spectacle malsain. Je voyais bien que dans leurs yeux, cette conviction n’était qu’une occasion de me voir me verser en propos, de me voir défendre mes causes et s’amuser de moi. La bête de foire. La féministe aux mots aigres. Ils déformaient mes propros, cherchant le petite bête pas la petite lumière. Ils n’essayaient pas de comprendre. Le féminisme, c’est bien évidemment les femmes qui n’aiment pas les hommes. Les folles de services. Si tu veux le désordre, provoque une féministe.

Invitée sur des plateaux, à des interviews, on avait fini par oublier les autres choses que je faisais. Qu’elle est donc bizarre cette jeune fille, non mariée, non mère, qui veut nous dire comment vivre nos vies ?

À la longue, j’avais fini par constater qu’une fois de plus, on cherchait à me pousser dans une case. F E M I N I S T E. 9 lettres. On a fait du chemin mais on est pas allé bien loin. Je voyais bien, au fil du temps, que je ne serais plus réduite qu’à ça : la fille qui dit que les femmes sont les égales des hommes.

L’aberration ! Dans les débats, médiatisés ou pas, j’avais la sensation d’être la fauteuse de troubles, celle qui voulait importer dans le paradis des noirs, une idéologie de blancs. La blogueuse qui voulait détruire la famille, rendre toutes les femmes célibataires et paresseuses. Qui fera la cuisine quand toutes ces feignardes diront qu’elles ne sont pas nées pour être des ménagères ? Qui lavera nos habits ? Qui s’occupera des gosses ?

  • Toi, il n’y a qu’un blanc qui peut t’épouser
  • Tu parles comme ça parce que personne ne te baise bien
  • Tu verras, quand tu tomberas sur un bon bangala, tu cesseras avec tes délires féministes
  • D’ailleurs, est-ce que tu sais cuisiner ?

La rappeuse Chilla a bien expliqué ce sentiment dans une récente interview accordée au Monde.fr

Journaliste : Pourquoi cela vous gêne-t-il qu’on vous qualifie de « rappeuse féministe » ?

Chilla : Je ne me plains pas qu’on me rallie au féminisme, puisque j’ai toujours porté les valeurs du féminisme en moi et que j’assume mes textes engagés. Mais il ne faut pas tout refermer uniquement autour de ça, ni me forcer à me positionner ou à me politiser.

En me réduisant à ma révolte face au harcèlement, on me donne le rôle de la rappeuse qui viendrait sauver les femmes. Or, je n’ai pas cette prétention. Je ne veux pas viser plus haut que ce que je peux donner. Je ne suis pas qu’un combat, féministe ou antisexiste.

J’ai envie d’insister sur ce point : n’attendez pas que du féminisme de ma part. C’est un sujet lourd, et je ne voudrais pas qu’on pense que je le récupère de façon opportuniste, ni que le propos global soit desservi à cause d’une étiquette, c’est trop important.

J’ai cru un moment que c’était ma propre interview.

L’imaginaire des gens sur les féministes se résout à une idée bien précise : la furie acariâtre qui déteste les hommes parce qu’elle n’est pas bien baisée.

C’est l’avatar qu’il m’a fallu supporter pour avoir porté à nu, les injustices que portent nos sociétés. Le débat en devient stérile. Entre ceux qui ne savent pas ( et ne cherchent pas à savoir ) ce qu’est le féminisme, ceux qui n’ont rien à dire mais apprécient de te faire bavarder, ceux qui n’en sont pas concernés ( le mansplaining, cet art suprêmement masculin ), ceux qui pensent que “c’était mieux avant quand les filles n’allaient pas à l’école” et les autres qui ne veulent rien entendre : le féminisme, c’est le mal. Et puis, basta ! Retournez à la cuisine.

J’avais aussi cru à tort, à un certain moment, qu’il suffisait d’être une femme pour s’engager contre cette société patriarcale. Mais non, que nenni ! Le port d’un vagin ne suffit pas au féminisme. Parfois, j’étais déroutée d’entendre des femmes renier le féminisme en raison des mêmes prétextes fallacieux utilisés pour discréditer le mouvement. D’autres ne voulaient tout simplement par perdre le tampon “Fille bien, pas féministe pour un sou, mariable à souhait”. D’autres encore ne voulaient pas avoir l’air d’haïr les hommes. Vous voyez, c’est pas bon pour le business. Puis, il y a celles qui ne veulent juste pas avoir à se justifier constamment.

Puis moi, qui avait fini par me taire.

Je me suis longtemps demandé à quoi ça servait. Quand au final, tu deviens juste la chèvre qui braille. On ne t’écoute plus. Il est plus difficile de se remettre en cause que de faire comme si on ne voyait pas :

1- 1 femme sur trois subit encore des violences conjugales,

2- Les milliers de femmes violées et torturées au Kivu, et dont les souffrances n’attirent plus les médias,

3- Les jeunes filles mariées et excisées, dont les organes morts sont commercialisés à des fins douteuses,

4- Le manque de répresentation dans les médias, et les instances de décision : J’en place une aux médias qui font des plateaux féminins, à chaque 8 mars, aux organisations civiles et aux gouvernements qui ont tôt fait de transformer cette journée en orgie de phrases mielleuses ou de dons,

5- La situation des femmes rurales, qui ne perçoivent pas suffisamment de la terre, exploitées par un marché ingrat,

6- Toutes les femmes éduquées pour baisser la tête, à qui on dénie le droit au leadership et à l’autorité,

7- Toutes celles qui meurent en couchent et toutes celles qui doivent se coucher pour obtenir ce qu’elles méritent,

Le piège c’est de penser que nous vivons dans un monde juste pour tout le monde.

I’m my own kind of womanhood

Credits : Erick Ahounou

Moi, garçon manqué ? Non. Je n’ai rien manqué du tout.

Je suis juste ce que je suis. Je suis ce que les jeux d’enfants, la télé, les lectures, les parents, les expériences ont fait de moi. Chaque femme est à elle-même, selon sa personnalité et ses envies, sa propre définition de la féminité. Ne pas porter de jupes ne fait pas de toi un homme. Il n’y a pas de compartimentation des traits de caractère, qui définiraient un homme versus une femme. Je ne crois pas qu’on naisse homme ou femme. On les devient.

Ce terme de “garçon manqué” en plus de devenir un sauf-conduit, est une case dans laquelle sont rangées les indéfinissables, en attendant qu’elles rentrent dans une autre case. La vie d’une femme, et celle d’un homme ( car eux aussi sont victimes de ce système ) est une grande cour, une concession infinie où il ne fait pas bon de rester dehors. Il faut entrer dans une case.

Pour ne pas entrer dans une autre caricature, une fille qui adore le foot, mate son DBS tous les dimanches, toujours à la recherche d’intensités n’est pas un garçon manqué. C’est une fille comme il faut. Comme elle se veut. C’est une définition de la femme parmi tant d’autres. J’ai compris que je n’avais pas à me forcer à répondre à une certaine formule mathématique de ce qu’est la femme.

Être femme est presque un rôle qu’il faut jouer. C’est un rôle, pardi ! Même jusqu’au simple fait de s’asseoir, il faut adopter une “attitude” féminine. Je veux juste m’asseoir, moi !

Aujourd’hui, j’ai 21 ans. J’abhorre toujours les cases, alors je me suis créé mon monde à moi. Pendant les 2 dernières années, j’ai essayé de vivre les idéaux que je portais. À défaut de les reporter sur papier, je faisais au mieux pour vivre une vie pleine, d’être non-humaine réfugiée dans son bunker d’ermite.

Je me disais : “Vis ton féminisme, au lieu de gaspiller ton énergie à changer les autres. Assainis ton entourage, déjà”. J’ai sensibilisé mes frères, mes amis et mes petit-amis. À dessein, j’ai cessé de m’exprimer publiquement sur des sujets de genre, à écrire sur la femme, me contentant de vivre un féminsme quotidien et non plus militant.

Femmes, si vous parliez

Credits : Erick Ahounou

Le silence tue. Les silences des femmes tuent.

Dans ce monde qui nous appartient tous, et #MeToo l’a si bien montré, nous devons prendre la parole sur les injustices dont nous sommes victimes. Nous sommes en 2018 et les femmes ne sont toujours pas les égales des hommes. Cette égalité est un droit. Mais c’est également un fait social. C’est comment nous traitons les femmes. Quels sont les messages que nous leur envoyons à travers nos propos, comment nous conditionnons leurs évolution et leur épanouissement dans la société. Cette responsabilité nous revient tous. Durant ces 2 dernières années, j’ai été si occupée à vivre mon rêve de chasseuse de talents, que j’en ai oublié qu’une seule voix, même aigue, peut changer au moins 1 esprit. Juste 1 seul, et les uns après les autres.

Le 8 mars dernier, nous avons eu une fois de plus droit à des tergiversations. Les poèmes, les “Maman je t’aime”, les visuels et autres dévoiement sur un jour qui est censé être le point sur la situation des droits des femmes dans le monde.

Avons-nous besoin de vos mots, quand dans la rue, nous nous faisons violenter, écarteler et violer comme des dechets ? Avons-nous besoin de vos poèmes quand nous sommes harcelées au travail, soumises à un chantage immonde en échange de notre corps ?

Dites-moi, que font vos “je t’aime” à une femme qui travaille 7 jours sur 7, sans répos, mais qui n’arrive toujours pas à obtenir un niveau de vie décent pour ses enfants et elle ? Que voulez-vous dire à la jeune fille mineure qui a été déscolarisée et mariée de force à un bougre de 50 ans ?

Quel monument érigez-vous pour tous ces clitoris, symboles intimes de cette féminité rognée, arrachés à toutes nos innocences ? Combien d’heures de silences pour les femmes qui sont mortes sous les coups d’un mari, pour qui une femme ça appartient à un homme ?

Que changent vos poèmes ?

Les 8 mars, les hommes se découvrent un amour immense pour les femmes. Mais cet amour, que vaut-il pour les autres jours de l’année ? Que change-t-il ?

Rien.

Parce que ça reste des mots. Le 9 mars, nous redevenons des choses. Et il en sera ainsi tant que les hommes et les femmes ne s’engageront pas pour faire un monde meilleur pour tous.

Saviez-vous qu’à l’heure où vous lisez ces mots, tous les présidents africains sont des hommes ? Que l’ONU n’a jamais connu de Sécrétaire générale ? Que tous les papes sont des hommes ? Qu’il n’y a jamais eu de présidente du Bénin ? Que tous les jours, des milliers de petites filles africaines, regardent la télé, une poupée blanche dans les mains, et que nulle part elles ne voient des femmes qui tiennent de grands rôles dans les institutions de nos pays ? Que les femmes ne s’affirment pas suffisamment, trop occupées à devoir se justifier constamment d’être à ce poste ? Que tous les traitements, nés de l’éducation et d’une société arbitraire et injuste, se fondent finalement en un manque de confiance en soi qui lui-même devient un complexe et un poids que nous portons jour et nuit ? Le savez-vous ?

Savez-vous réellement tout ce que ça fait d’être

F E M M E

dans ce monde ?

J’ai fait lire ce texte à plusieurs personnes avant de le publier. Chacune d’elle m’a transmis ses pensées. Elles constitueront l’épilogue de ce pavé que je lance à la gueule de ce monde hypocrite. Si chacun de nous changeait UNE seule chose, 7 milliards de choses changeront.

Moi j’aurais terminé en m’adressant aux femmes. Qu’elles ont le droit d’être elles. De créer leur propre case, celle où leur être a la liberté de s’épanouir. Et pour celles (et ceux) qui choisissent de rentrer et rester dans les cases attribuées par la société, en gros qu’ils y restent et oublient ceux qui ont choisi la liberté, leur vérité.

Marilyn Fanyo, blogueuse et Geek

Pour moi, les cheveux à ras sont la coiffure que j’apprécie le plus chez une femme. Les femmes n’ont pas besoin de faire semblant, ni d’entrer dans des moules qui ne leur conviennent pas. Et parce que mes meilleurs élèves sont des filles. Et parce que j’ai une élève qui fait près de 15km à pied tous les jours pour venir à l’école et pour ça je l’admire.

Will Fotso Fonkam, blogueur et enseignant au Cameroun

Garçon manqué je l’ai été, je le suis même peut être encore au fond de moi. Ma crise de pantalon a eu lieu à 10 ans, j’en avais marre du rose et rouge et des robes avec des noeuds dans les cheveux. Il faut savoir que nous sommes juste 2 mon frère et moi et je l’adore donc je voulais tout faire comme lui. Et je ne me disputais jamais avec les garçons donc c’était plus cool d’être avec eux. Une différence avec le Bénin ou l’Afrique, en France j’étais la seule noire dans ma classe donc mes cheveux étaient uniques en leur genre, j’étais toujours tressée (propre & nickel) mais pas les cheveux lisses, qui bougent avec le vent ou presque toujours pareil. Ça changeait tout le temps. Et les gars s’en foutent, les filles bavardent beaucoup trop, ça m’irritait.

En grandissant, j’étais toujours plus proche des gars mais … ce passage …

« Toutes les filles connaissent cette sensation d’être un morceau saignant de viande, défilant devant des clients, avides d’en goûter un morceau ou d’avoir…leur droit de cuissage. »

Personne n’y croit quand je le dis mais j’ai été longuement complexée, parce j’ai longtemps eu le sentiment qu’on ne me regardait pas étant intelligente ou jolie ou gentille mais juste parce que « elle est sûrement bonne à b**** ».

Bref, je suis une femme. Je m’aime avec ce corps de femme africaine, mes cheveux naturels crépus « dreadlocked », mon « zéro » effort make-up, mon mindset de garçon et ma vision de la femme qui est : « connais ta valeur, puis ajoutes les taxes ».

Message aux filles … aux femmes …

Beaucoup de gens penseront que tu es stupide, gentille, bête, gaga, que tu ne vois rien, ne comprends rien, que tu es facile à manipuler. Ou que tu es snob, trop indépendante, trop autonome. Donne leur le crédit. Fais ce que tu crois être bon et bien en tant que femme sans te comparer aux hommes ou vouloir prouver quoique ce soit.

Dieu à donner le pouvoir de donner la vie à qui? La femme. Je m’arrêterai sur ces mots …

Mounia Yaya

Bill Wegener

Et vous, que changez-vous ?

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Mes opinions, ici. L’ecrivain sur www.founmi.com et la chasseuse de talents sur www.irawotalents.com.