La pensée en arborescence : comment créer avec un cerveau éparpillé

Leïla Poncelet
Scribe
Published in
8 min readJun 8, 2017

Cet article s’adresse aux personnes ayant une tendance à cogiter pas mal, à s’éparpiller et/ou avec des difficultés de concentration.

J’ai découvert le terme “pensée en arborescence” dans un livre sur l’hypersensibilité étant moi même hypersensible comme je t’en parle ici.

Tu vas très vite t’apercevoir que la pensée en arborescence est un peu comme un cadeau empoisonné si tu ne sais pas la contrôler. Mais je veux plutôt que tu vois ça comme un chiot foufou qui fait des bêtises comme tout enfant en apprentissage. À toi d’en faire un chien épanouit qui sera un compagnon exceptionnel ou un chien malheureux qui sera dur à maîtriser…

Je te partage ici mes solutions pour que tu exploites au mieux ce cerveau un peu trop pensif, dans tes projets et ta vie en générale ;)

La pensée en arborescence c’est quoi ?

J’ai découvert ce terme dans le livre Je pense trop de Christel Petitcollin qui illustre parfaitement ce phénomène dans l’exemple suivant :

« Manon doit faire un exposé sur la Renaissance italienne. Elle s’y attelle de bon cœur, mais plus elle fouille le sujet, plus elle s’y perd. Chaque découverte en amène d’autres, qui à leur tour en amènent encore de nouvelles. Il y aurait tant à dire. (…) Poussée par sa curiosité, elle musarde dans ses découvertes, fait des recherches affinées sur un peintre et tombe en extase devant ses tableaux. Comme il est moins connu que les autres peintres italiens, elle aurait bien envie de le mettre en avant dans son exposé, par esprit de justice, comme pour le réhabiliter. Mais la peinture n’est qu’un aspect de la Renaissance. De grands philosophes ont modelé le Quattrocento. (…) Alors elle plonge dans les œuvres philosophiques, dérive vers Érasme, qui l’éloigne encore du sujet, mais dont la pensée est tellement subtile… (…) Il ne faut pas oublier de parler de Cosme de Médicis, mécène, humaniste et politicien avant-gardiste. Et Manon repart dans ses recherches. (…) Le temps passe, le devoir ne se structure pas. C’est alors qu’elle réalise que la Renaissance florentine n’est qu’un aspect de la Renaissance italienne. Il faudrait aussi parler de ce qui se passe à Rome, à Venise, à… Manon est découragée, elle n’y arrivera jamais ! »

« À l’instar de Manon, vous avez ce qu’on appelle une pensée en arborescence.

C’est-à-dire qu’une idée en fait jaillir dix, qui à leur tour en font jaillir dix nouvelles, fonctionnant par association d’idées, dans un foisonnement infini. Cela explique que votre cerveau ne s’arrête jamais.

Si comme Manon, vous éprouvez le besoin d’explorer à fond tous les aspects de chaque idée nouvelle et d’être sûr d’en avoir fait le tour avant de revenir au thème principal, cela peut même devenir très handicapant. »

T’es toujours la frérot ?

Je pense que tu as saisi le bordel monstre que c’est dans ma tête et si c’est le cas pour toi aussi, j’imagine que tu aimerais savoir pourquoi…

Un déficit du système d’inhibition

Notre cerveau possède un système d’inhibition permettant de trier automatiquement les informations sensorielles qui se présentent à nous. Les infos inutiles se mettent en veille et le cerveau est alors pleinement disponible pour se concentrer sur l’essentiel.

Chez un hypersensible il y a un déficit de ce système d’inhibition et ce dernier ne fonctionne qu’en mode manuel… Par conséquent le tri des infos doit se faire consciemment, ce qui demande un gros effort mental.

Sans cette inhibiteur il est donc difficile pour un hypersensible de faire des choix ou de hiérarchiser des idées, ces dernières ayant toutes la même importance. Cela explique aussi la difficulté à se concentrer et le fait que nous soyons vite épuisés par les environnements pleins d’informations.

Quand on te dit « tu te prends trop la tête » et bien oui, mais tu n’y es pour rien, c’est biologique !

Moi à mon cerveau

Une imagination débordante

Oui parce que faut quand même bien trouver un avantage à cette pensée exubérante qui nous fatigue H24 hein ;)

Le fait de fonctionner par association d’idée permet d’avoir une bonne imagination et une grande créativité.

C’est également très utile dans la recherche de solution car au lieu de chercher des idées de manière séquentielle c’est à dire les unes après les autres, le cerveau droit peut explorer plusieurs réflexions en même temps et faire le parallèle entre chacune d’entre elles. Ce processus est tellement inconscient et rapide que des fois la solution surgit de nulle part, sans explication à donner sur le moment !

Donc n’hésites plus à te fier à ton intuition profonde même si tu penses que ce n’est pas réfléchit ton cerveau a fait le taff t’inquiètes baby ;)

J’aime bien cette phrase de Christel Petitcollin dans son livre :

En fait chez l’hypersensible, la décision est un art, soit elle est fulgurante soit elle est impossible.

Des solutions pour tirer le meilleur de cette pensée frivole !

Une pensée à 2000 à l’heure c’est merveilleux mais si tu n’apprends pas à la maîtriser convenablement ça peut aussi te causer quelques difficultés comme : t’empêcher d’exprimer tes idées correctement, te fatiguer mentalement et physiquement, te décourager à aller au bout des choses.

Voici les astuces que j’applique dans mes projets perso et pro pour réussir à exploiter mes idées, garder l’énergie mentale pour continuer d’avancer et finalement accomplir mes objectifs !!!

1/ Organise ta pensée grâce à la carte mentale

La carte mentale est un outil qui t’aide à organiser toutes tes idées autour d’un sujet. Elle permet d’avoir à la fois une vision très détaillée et une vision globale, utile pour retrouver facilement le fil de tes pensées ;)

Grâce à la carte mentale tu vas pouvoir :

  • noter tes idées comme elles te viennent sans suivre un ordre linéaire #nofrustration
  • par la suite trier, hiérarchiser et structurer tes idées plus facilement
  • retrouver rapidement le fil de tes pensées tout au long de tes réflexions
  • BONUS : laisser exprimer ta créativité en ajoutant des couleurs, des images, des dessins… bref lâche-toi !
Sale briseuse de rêve…

Tu peux le faire par écrit sur une feuille ou bien numériquement comme sur l’exemple. Il existe plusieurs sites mais j’utilise personnellement Mindmeister, gratuit en utilisation basique.

2/ Économise toi en faisant petit à petit

N’ayant pas d’inhibiteur on se retrouve inconsciemment à vouloir être au max à tous les niveaux, ce qui finit par nous épuiser, nous décourager et même nous faire douter de nos capacités et de nous même.

Pour éviter ça tu dois ACCEPTER que tu ne peux pas TOUT faire d’UN coup même si ton cerveau te donne envie de croire le contraire. Dis lui que sur ça, c’est TOI qui gères :

TU DOIS actionner ta machine à décision.

Voici quelques questions toutes simples que je me pose quand je dois faire un choix :

  • Quel est mon but principal ? — Réponds y le plus précisément possible
  • Est-ce que cette idée répond à mon but principal ? — Si non, j’enlève, je supprime, j’oublie
  • Est-ce que SANS cette idée je répond quand même à mon but principal ? — Si oui, j’enlève, je supprime, j’oublie

OUI ça ne sera pas parfait OUI tu vas te sentir frustré OUI tu vas avoir l’impression d’oublier des éléments hyper importants OUI tu vas faire des erreurs MAIS tu vas AVANCER SANS ÊTRE ÉPUISÉ.

Avancer sans t’épuiser va te donner la force d’aller au bout des choses.

Et surtout ces petits accomplissements vont te faire gagner en confiance.

3/ Optimise tes efforts en respectant ton rythme

Organiser, structurer, trier, hiérarchiser sont des choses qui nous demandent plus de concentration que quelqu’un d’autre et un effort conséquent à chaque fois.

Autant le faire dans un moment où on est plus prédisposé à le faire. C’est à dire quand ton énergie est au top.

Pour ma part je suis mentalement plus disposée à me concentrer fortement le matin alors que le soir ça sert à rien, passé 17–18h je suis une lasagne en décomposition et souvent mes efforts du moment ne portent pas leurs fruits, voir je fais carrément de la merde !

Découvre ton rythme et respecte le.

Si tu as du temps pour bosser sur tes projets le soir alors que tu sais que tu n’es pas au max de tes capacités, fais des tâches qui ne demandent pas trop d’effort mentalement.

Comment tu te sens face à ton cerveau quand t’es au top

4/ Améliore ta concentration en diminuant les distractions

Nos pensées sont déjà source de distraction alors fais en sorte que le monde extérieur ne vienne pas te rendre la tâche encore plus difficile !

Optimise ton espace pour que tu t’y sentes bien et avec le moins de stimuli possible.

  • Eloigne toutes sources de distraction : télé, internet (il existe des logiciels gratuits pour bloquer l’accès à certains sites), téléphone en silencieux loin de toi (pour les iPhones le mode Lune est magique et non ce n’est pas une appli pour montrer son cul !)
  • Fixe toi des objectifs incassables : J’utilise l’application Cold Turkey Writer qui est une app de traitement de texte bloquant l’accès au reste de l’ordi tant que l’objectif de temps ou de nombre de mots prédéfinit n’est pas atteint.
  • Crée toi une ambiance pas trop stimulante sensoriellement :
  • Range ton bureau pour travailler dans un espace visuellement épuré. J’utilise aussi l’appli Cold Turkey Writer en mode libre pour son design visuellement moins stimulant.
  • Niveau auditif j’ai besoin paradoxalement d’avoir une musique de fond car le silence me perturbe et m’empêche de me concentrer. Comme s’il rendait justement tous les petits bruits plus forts.. (si j’entends une porte grincer je vais me demander de quel appartement ça vient, si c’est la voisine je vais me demander si elle rentre du travail auquel cas ça signifierait qu’elle travaille de nuit, je me demande alors vu sa tête quel job de nuit elle pourrait faire….etc etc etc).

J’espère que tout ça t’aura aidé à comprendre comment tu penses, à accepter que tu dois fonctionner différemment et surtout à te servir de cette fabuleuse pensée dans tes projets et ta vie en générale :D

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