Mitania

de Bernard Afflatet

Éditions Numeriklivres
SF, Fantasy, Fantastique

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Un roman d’anticipation et d’aventure, qui pose la question des limites de la civilisation, celles de l’Humain et de son inéluctable solitude.

Bernard Afflatet

En 2100, Chris Nolan, accompagné seulement de Juliet, un système informatique qui lui sert de pilote et d’aide dans son quotidien, part explorer l’univers pendant douze ans à la recherche d’une vie civilisée. En 2112, il rentre sur terre bredouille. Entre-temps, sept siècles se sont écoulés sur notre planète qui lui est devenue inhospitalière : les continents, les pays se sont déplacés. Le monde est pleinement sauvage et aucun vestige ni trace de vie humaine n’y subsistent. Où est passée la Base Aérospatiale Internationale de Dubaï ? Pourquoi l’humanité a-t-elle disparu ? Y a-t-il des survivants ? Où se cachent-ils ? Chris et Juliet forment un singulier couple héros/machine : deux « Êtres » improbables, l’un asocial et l’autre qui, bien qu’artificiel, sait se rendre indispensable à cet homme esseulé et taciturne. Un roman d’anticipation et d’aventure, qui pose la question des limites de la civilisation, celles de l’Humain et de son inéluctable solitude. Un roman troublant, bien documenté, qui donne à réfléchir, sur fond de plaidoyer écologique. Le style est dense et précis, très visuel. C’est une invitation à s’interroger sur l’aventure humaine et son devenir…

Un avant-goût

Le capitaine Nolan s’applique à naviguer au mieux en surveillant les moindres bruits suspects que pourrait produire le drone. Une panne en plein désert ne serait pas la bienvenue. Mais ses craintes s’effacent progressivement. L’engin se déplace de façon fluide, comme une plume soufflée par le vent, et il se plaît bientôt à admirer les eaux cobalt à quelques mètres au-dessous. Il survole des plages à perte de vue, à une hauteur respectable pour ne pas déranger les oiseaux de toutes sortes qui peuplent la côte et limiter les dangers qu’une collision avec l’un d’eux engendrerait.

Vers midi, il décide d’atterrir près de l’ancienne capitale du Qatar, Doha-City, sans doute non loin de l’emplacement même où se trouvait l’aéroport international. L’avion n’a aucun mal à stabiliser son vol à la verticale et à se poser en douceur sur un lit de sable humide, balayé par le passage répété du courant d’air marin. Une fois au sol, Chris en profite pour se dégourdir les jambes et prendre son premier repas loin de EDGE. Un sentiment de liberté intense s’empare de lui tandis qu’il marche près des vagues, savourant sa bouillie d’aliments étrangement plus goûteuse que d’ordinaire. La brise chargée d’embruns et la sensation unique de profiter d’un tel panorama rendent ce qui fut un quotidien maussade un pique-nique enchanteur. Il s’attarde à observer un flamant rose fouiller de son bec recourbé une touffe d’algues. Ses confrères unijambistes paraissent goûter aux rayons du soleil tandis que d’autres survolent les flots avant de se poser pour chercher à manger dans quelque endroit qu’eux seuls savent choisir. Une vaguelette vient recouvrir sa botte comme une caresse des éléments souhaitant peut-être alléger sa peine et ses souvenirs.

Il est temps de repartir et le pilote regagne son aéroplane quand il aperçoit une forme furtive dans l’ombre de ses ailes. Immédiatement il distingue une hyène reniflant la carlingue. Nolan s’accroupit, saisi de panique, et fouille son uniforme à la recherche d’une arme quelconque. Mais le STORM-PX4 est resté dans le cockpit de l’appareil. Il décide alors de se coucher sur le sable et d’attendre que la hyène se lasse. Il fixe son attention sur l’animal qui fait le tour du drone à une centaine de mètres. Tant qu’elle renifle les sachets de nourriture elle ne me repérera pas, tente-t-il de se convaincre. Mais la légère brise renaît et le charognard se détourne de son attention première. Il lève le museau et semble comme aspiré vers une autre destination. Son arrière-train surbaissé le rend d’autant plus effrayant pour Nolan qui sent sa dernière heure arriver. Une hyène brune, habituée des rivages. Cette maudite bestiole vit la nuit normalement, c’est bien ma veine ! Je n’ai pas traversé l’univers pour me faire bouffer par une hyène ! J’ai tout de même un peu de chance ; elle vit aussi en groupe. Il doit s’agir d’un vieux solitaire. Je crois que ces animaux n’attaquent pas et qu’ils sont relativement craintifs, mais est-ce toujours le cas ? Si je m’enfuis maintenant elle va me pister jusqu’à l’épuisement… Et si je me jetais à l’eau ? Non, elle attendra sur le rivage jusqu’à ce que la nuit tombe et sera peut-être rejointe par toute une meute…

Nolan sent ses membres se mettre à trembler. Il entend réagir le sable sous son poids et a l’impression que ce crissement est assourdissant. Il choisit de s’enfoncer doucement dans le sol, se tortillant comme un reptile, jusqu’à ce que seuls le dessus de son crâne et ses mains soient visibles. Le vent a cessé et la hyène ne le sent plus, mais elle trottine toujours dans sa direction, intriguée par ces effluves inconnus. Elle n’est plus qu’à une vingtaine de mètres et la minuscule dune de sable derrière laquelle se cache Chris ne le protégera pas longtemps de la vue perçante du prédateur. Il serre l’extrémité de son poing entre ses dents et la vision des crocs puissants du carnivore déchiquetant ses chairs le terrorise.

Il peut maintenant entendre ses pattes tapoter le sable. Il discerne, mêlés au bruit des vagues, les halètements de la bête et de petits couinements terrifiants qui s’approchent de son corps paralysé de peur. Le silence s’installe subitement et le temps semble s’être arrêté. Plusieurs secondes s’écoulent durant lesquelles Chris cesse de respirer. Aucun bruit de pas ou de halètements… Aurait-elle disparu ? se demande Nolan en relevant lentement les yeux. Le museau de la hyène balançant sa tête de haut en bas ne se trouve qu’à quelques centimètres de son visage. Chris ne peut retenir sa stupeur et pousse un cri réflexe de terreur avant de verrouiller sa bouche de ses mains dans un geste inutile. La hyène surprise saute d’un bond vers l’arrière et se remet à dodeliner du chef. Intriguée, elle retrousse ses babines par intermittence, découvrant une solide mâchoire aux crocs monstrueux. Elle tourne en sautillant autour de l’emplacement de cette étrange proie au fumet chargé d’adrénaline. Tout en hochant la tête jusqu’à presque toucher le sol elle montre ses dents dans un sourire hideux et infect qui glace le sang du navigateur. Pitié mon Dieu… Viens-moi en aide… Je ne veux pas mourir de cette façon, dévoré comme une charogne… Oh pitié, pitié, pitié… sanglote Nolan pétrifié, alors que le monstre, à deux pas de lui, semble réfléchir à un plan des plus macabres dont, de toute évidence, un seul des deux protagonistes sortira vivant.

Tous droits réservés. Bernard Afflatet et Numeriklivres, 2014

Format numérique (ebook) — 255 pages-écrans

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