Un forum ouvert pour construire l’écosystème French Tech en Alsace

Sébastien Derivaux
French Tech Strasbourg
7 min readDec 9, 2017

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Ce vendredi 8 décembre 2017, un Forum Ouvert était organisé sur le thème “Accélérer ensemble la croissance des entreprises innovantes” en place de la traditionnelle rencontre d‘Alsace Business Angels. L’objectif étant de proposer un espace de co-création, nous sommes contents de le co-organiser avec Alsace Digitale, Caisse d’Epargne Alsace et le Semia.

Autant dire que le format étant original et exigeant (un vendredi de 14h à 21h), nous avions quelques doutes sur le résultat final. Le résultat a pourtant été très impressionnant. Tout d’abord, la participation a été massive (plus de 100 personnes) et surtout qualitative (un bon mix d’entrepreneurs et de fonctions supports). Le principe “les personnes présentes sont les bonnes personnes” s’est très bien appliqué.

Le format était composé de 2 sessions d’ateliers décidés par les participants, une session d’échange sur les retours des ateliers et enfin une session finale pour lancer des projets.

Une partie de la place du marché où les sujet d’ateliers étaient affichée
Différents ateliers

Dans ses propos introductifs, Yann Klis a indiqué que pour lui l’écosystème startup à Strasbourg avait commencé avec un BarCamp (de manière intéressante, l’ecosystème startup en Thailande a aussi un Barcamp comme point de départ). L’ambition de ce Forum Ouvert serait donc d’insuffler une nouvelle dynamique à notre écosystème. Après un livre blanc qui cherchait à documenter la situation, place à l’action!

Je n’ai pas pu être partout, donc je relaterais seulement les 3 thèmes structurants que j’ai vu durant la journée. Mais il y avait plein de sujets intéressants comme la modélisation du parcours de l’entrepreneur pour l’aider dans le maquis des acteurs de la place, le renforcement des liens entre les PME/ETI et les startups ainsi qu’entre la recherche universitaire et le monde de l’innovation, …

Thème 1 : Comment augmenter le nombre d’entrepreneurs

Un écosystème n’étant que la somme de ses startups, plus il y a de startups, plus l’écosystème est dynamique.

La discussion a tournée autour de plusieurs sujets :

  • Le rôle d’une intervention au plus tôt (dès le primaire/secondaire) pour sensibiliser les jeunes sur le fait que le salariat n’est pas la seule solution.
  • Mettre en avant la diversité des entrepreneurs. Ce n’est pas parce la plupart des entrepreneurs que l’on voit sont des hommes, blancs, 40 ans et diplômés du supérieur que les autres profils ne peuvent pas le devenir également.
  • Le manque d’une figure d’exemple pour inspirer les entrepreneurs potentiel (i.e. notre Xavier Niel de Strasbourg)
  • Que finalement les principaux freins à l’entrepreneuriat sont ceux que l’on s’impose à nous-même.

Une solution esquisséee lors de la journée est de mettre en avant les startuppeurs locaux. Il a, par exemple, été proposé de mettre l’entrepreneur du mois en exposition sur la décoration d’un tram de Strasbourg. Mais aussi, faire plus d’événement (voire des émissions) d’acculturation du public au monde startup comme Incroyable Startups et Startup Stories.

On pourra montrer, à tous, nos merveilleuses startups … et que la vie de startuppeur est pleine de surprise (voir la vidéo)

Thème 2 : Lieu totem

Le lieu totem à Strasbourg est un sujet à fleur de peau. Dans son article qui reprenait le livre blanc, Christian Bach des DNA s’est focalisé dessus. Des débats sur le sujet ont animé Facebook et autres lieux de discussion. On pouvait penser que, par trop clivant, le sujet était enterré.

Un article paru dans La Tribune a remis le sujet au goût du jour:

En attendant le campus Nextmed, le lieu emblématique symbole de cette image “smart” fait encore défaut. Le Shadok, lieu-totem des industries numériques aménagé sur 2000 mètres carrés dans une friche portuaire (6,3 millions d’euros d’investissement public), n’a que partiellement rempli sa vocation depuis 2015. Deux autres projets en devenir, dans l’ancienne manufacture des tabacs et sur le site de la Coop dans le port du Rhin, complèteront d’ici 2021 la panoplie des tiers-lieux strasbourgeois dans les registres des géosciences et de la culture. Ces espaces d’innovation seront conformes à l’échelle transfrontalière revendiquée de longue date par les élus strasbourgeois. Mais à défaut d’unité géographique, ils risquent de ne pas apporter la visibilité européenne, qui est elle aussi revendiquée.

Le groupe de réflexion emmené par Michel Hussherr a eu une approche très pragmatique.

Après avoir acté l’intérêt pour l’attractivité d’un tel lieu (exemples de Station F, KM0, maison de l’Alsace), il y a abord eu des questions importantes, mais très philosophiques :

  • Approche sectorielle vs généraliste du bâtiment
  • Intérêt d’avoir des lieu totem en synergies (structure/marque) à l’échelle du Grand Est (par exemple des KM1, KM2 à la suite du KM0?)

Mais le groupe s’est ensuite transformé en véritable promoteur immobilier avec seulement deux mots clés : m² et rentabilité.

Partant du constat qu’il existe déjà de nombreux acteurs de support publics et privés, rien que la sommes de m² de locaux de ces structures seraient suffisante à justifier un tel lieu totem. Il n’a été trouvé que des arguments positifs à une telle cohabitation (gain de synergies).

En ayant tous les acteurs support de l’écosystème startup et un vivier de talents à portée, le lieu serait très intéressant pour héberger les startups matures ( 10–50 salariés et une capacité à payer les prix du marché).

De plus, la masse critique de ces premiers clients, rendraient le projet pertinent pour d’autres acteurs comme des cabinets comptables spécialisés dans les startups qui seraient sur le lieu de vie de leur propects. Enfin les entreprises hors Eurométropole auraient un lieu pour domicilier leurs travailleurs locaux.

Finalement, le plus gros problème pour cette vision est, qu’à Strasbourg, la majorité des acteurs support de l’écosystème sont publics et disposent déjà de foncier.

Toutefois, ce problème demande juste de trouver des solutions individuelles à chacun de ces acteurs et avoir un force d’attraction personnifiée pour initier la dynamique. Bref, il nous manque notre Xavier Niel encore une fois.

Qui veut construire un château pour notre princesse locale? (voir la vidéo)

Thème 3 : Gouvernance de l’écosystème

“Comment définir et avancer collectivement vers notre objectif de long terme (faire émerger une licorne)?” était la question du dernier thème auquel j’ai participé. En Alsace, nous sommes connus pour être nombreux et avoir, des fois, des difficultés de coordination (on avait bien deux sites French Tech Alsace au début). C’est culturel, car même la question de savoir si l’on dit Mannele ou Mannala n’a pas été tranchée.

En réalité, il faut dire Mannele bien évidement :)

Bref, il y a besoin de pouvoir décider des choses collectives. Comment fait-on dans un écosystème décentralisé?

Première question, quels sont les acteurs de l’écosystème? startups + investisseurs (VC, Business angels, banques, entreprises, plateformes de crowdfunding)+ fonctions supports (associations, incubateurs, …). Ouf, on est à peu près d’accord.

Ensuite, quel est le périmètre de l’écosystème? Nous sommes partis sur un périmètre French Tech Alsace (donc toute l’Alsace).

Reprenant une marque qui existe déjà, il s’est posé la question très pratique de qui a accès au fil Facebook? Peut-on laisser Rémy, (a.k.a. Madame Princesse plus haut) en user? Pour la bienséance, nous en sommes revenus temporairement aux contraintes de notre labellisation #MedTech et #UsineDuFutur (exit les princesses). Puis, finalement, nous avons décidé d’exclure les contraintes parisiennes de notre gouvernance (le retour de la princesse).

Une gouvernance idéale devrait être sur la base d’une assemblée générale regroupée en collèges représentatifs (startups, investisseurs, acteurs supports)? Mais comment définir qui rentre dans ces collèges? Et quel est le pouvoir de ces instances?

Finalement, une ébauche de projet a été définie avec une approche plus organique : la création de clubs informels qui fonctionnent par cooptation. Par exemple, un club du financement qui regrouperait l’ensemble des financeurs structurés (VC, Business Angels, banques, plateformes de crowdfunding) pour améliorer la communication et améliorer le financement des startups. Ce club serait aussi visible (page web commune aux clubs) et accessible (déjà avec un email de contact) afin d’avoir un point d’entré sur l’ensemble des acteurs.

Sur le même modèle, des clubs d’entrepreneurs seraient montés. Il en existe déjà un avec Strasbourg Startups. Il pourrait aussi s’en monter un sur l’entrepreneuriat féminin par exemple.

Il ne s’agirait pas de créer de nouvelles structures, mais des points de rencontre entre les structures aux objectifs similaires. Chaque club commencerait avec 3 structures/personnes, définirait sa propre gouvernance et grossirait par cooptation.

Je vais mettre en place cela. Contactez-moi si vous êtes un groupe de 3 structures/personnes sur une thématique pour monter un club.

“Hey toi, viens nous rejoindre dans la construction de l’écosystème” (voir la vidéo)

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