Le travail, tel que nous le connaissons, est mort!

À l’heure d’une définition contemporaine du travail

Chloe Conscience
SWITCH COLLECTIVE
Published in
5 min readFeb 15, 2016

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Jeudi soir dernier a eu lieu la première conférence de Switch Collective “Work As We Know It Is Dead”. Pour cette première, Michael Dandrieux, sociologue de l’imaginaire, a pris la parole pour nous parler de 3 notions fondamentales : le temps, le travail et le sens. Son intervention donne un regard éclairé sur l’évolution de la société dans un monde qui change de plus en plus rapidement.

La mission du cycle de conférences “Work As We Know It Is Dead” organisé par Switch Collective est de construire concrètement et collectivement le futur du travail. Chaque conférence décrypte les transformations passées et présentes de chacun des métiers traditionnels de la “creative class”: le consultant, le journaliste, l’avocat, le prof, le médecin, le banquier etc…

La phrase la plus dangereuse du langage est “Nous avons toujours fait comme ça”.

Dessin de Mai-Lan Tran

Nous sommes de plus en plus nombreux à nous interroger sur notre parcours et sur le sens à donner à nos actions professionnelles.

Pour parvenir à nous aligner dans un parcours professionnel épanouissant, Michael Dandrieux, sociologue de l’imaginaire, nous invite à répondre à la question suivante :

Comment être un bon contemporain ?

La transformation profonde de nos vies digitales a eu de l’impact sur notre construction identitaire. Nous ne concevons plus les rapports sociaux de la même façon qu’il y a 25 ans. Les opportunités de création de valeur que propose le digital sont allées jusqu’à modifier notre rapport au monde. L’instantanéité et la diversité des informations disponibles modifient non seulement notre rapport au temps, mais également notre rapport à la vie.

Choisir, créer et produire sont devenus des opportunités quotidiennes. Des opportunités qui dessinent non seulement notre parcours professionnel, mais aussi notre chemin personnel.

Que voulons-nous apporter au monde de demain ?

Être un bon contemporain signifie vivre avec son temps. Cela suppose la faculté de repenser ce qui a été fait dans le passé et ne fonctionne plus dans le présent. En 2016, les notions de temps, de travail et de sens sont plus que jamais en mutation.

01- Nous manquons de temps

La rapidité d’évolution à laquelle nous assistons avec le développement du digital a une conséquence directe sur la notion de compétence. Celles-ci deviennent obsolètes de plus en plus rapidement. Nous assistons à la fin d’un système de standardisation et de consommation de masse, pour une valorisation de la singularité et du sur mesure. Dans les 10 à 15 années à venir, les compétences actuelles ne seront plus valorisées. Les valeurs humaines telles que l’agilité, la capacité d’adaptation, l’intelligence émotionnelle et emphatique, vaudront davantage qu’une expertise. En 2016, les voies toutes tracées sont toutes bouchées. L’expérimentation, la bifurcation et la formation continue prennent le dessus : le recrutement tend à s’orienter sur nos appétences et notre potentiel.

Avant, nous choisissions notre métier. Aujourd’hui, nous créons notre métier. Nous ne considérons donc plus la linéarité du temps, mais la valeur de l’espace. Le travail considéré comme une répétition successive de tâches disparait peu à peu pour se calquer à nos sincérités successives. Notre enjeu est de prendre conscience de l’importance de ne plus se positionner en qualité d’individu unique, mais en personne plurielle. Cela signifie savoir faire preuve d’adaptabilité et avoir la capacité d’apprendre et de désapprendre. Nous sommes dans l’ère du collaboratif où le multi potentialiste, “celui qui a la capacité de se renouveler”, a davantage de valeur que l’expert.

02. Nous ne nous reconnaissons plus dans la définition du travail, tel que nous l’avons apprise

Le travail, tel que nous le connaissons, est en voie de disparition. Les formations et l’éducation que nous avons reçues semblent s’être éteintes à notre entrée dans la vie active. Nous n’avons plus, ni ne trouvons, notre place dans les cases à cocher. Ainsi pourquoi persister à vouloir s’y contraindre ? Nous ne sommes pas confrontés à la réalisation de missions définies, mais nous sommes interrogés sur la création de nouvelles activités : au sein de notre entreprise, ou au sein de notre vie.

La création est un pari, une prise de risque et de position. Cela suppose de ne plus viser le meilleur en soi, mais de viser le meilleur pour soi. Notre singularité est valorisée pour produire de la valeur économique et sociale.

03. Nous avons besoin de sens

Nous avons grandit dans un monde qui valorisait l’idéologie du “progrès”, la promesse que demain tout irait mieux. Au fil des années, nous sommes parvenus aux constats successifs que l’homme n’avait pas 100% du contrôle de lui même (l’inconscient Freudien), que la relativité est restreinte, nous nous sommes trouvés confronté au principe d’incertitude et avons vécu 2 guerres à à peine 30 ans d’intervalle. N’apprenons donc pas de nos erreurs ? Face à de tels constats, nous ne voulons pas vivre pour demain, mais pour aujourd’hui.

Aujourd’hui, nous nous sentons de plus en plus responsables de notre propre avenir. Le travail est aujourd’hui vu comme tripalium, au point d’en nier la dimension sociale.

Dessin de Mai-Lan Tran

Pourquoi considérons-nous le travail comme une contrainte à en oublier l’autre définition fondatrice : le lien social ?

Nous pouvons travailler avant tout pour notre relation aux autres et pour avoir un impact sur les choses qui nous entourent. À quel moment avons-nous considéré déviant de marier le travail et la passion ?

En qualité de contemporain, il est de notre responsabilité de nous interroger : “Comment participer à construire le monde dans lequel nous allons vivre ?”

Nous sommes en zone de haute pression imaginaire. Nous pouvons aujourd’hui choisir de changer notre posture dans notre entreprise ou dans notre vie pour redéfinir la notion de travail.

Qu’allons-nous apporter au monde de demain ?

La génération Y, ou Z, est une vue de l’esprit. Le sujet n’est pas d’opposer les générations mais de créer notre époque au moment où nous la vivons.

Dessin de Mai-Lan Tran

C’est le principe qui fait son époque, et non l’inverse” — Karl Marx. Nous ne sommes plus obligés de travailler comme l’ont fait la génération précédente, mais nous sommes responsables du sens que nous choisirons de donner au travail.

L’oeuvre du travail est de parvenir à inviter, partager et collaborer les uns avec les autres pour produire une valeur nouvelle, à l’image du monde dans lequel nous allons vivre.

Nous devons agir en tant que personne qui allons mourir, construire notre génération et habiter notre époque. La vie ne nous attend pas. Maintenant est notre moment.

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On Switch ? “L‘intersection entre la personne que l’on veut que tu sois, et la personne que tu es”

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