Pitch your Switch : A slasher story

J’ai longtemps eu une forme de handicap que partagent sans doute la plupart d’entre vous.

C’est un handicap complexe à déceler, car peu le considèrent comme tel.

Il est d’ailleurs étrangement très souvent extrêmement valorisé dans nos contrées.

Je vais vous le révéler.

Imaginez vous. Nous sommes en cercle. Je me présente face à vous, vous imaginez la scène?

Bonjour, je m’appelle Antoine Brachet, Je suis un bon élève.

Le corollaire ?

Je crois n’avoir jamais réellement pris de décision alignée avec ce que je suis avant l’âge de 30 ans. Déjà J’ai fait une école de commerce, heureusement mes parents m’ont soigneusement empêché de préparer l’ENA, je ne sais pas bien ce que je serais devenu.

J’ai quand même fait trois ans de conseil en stratégie, lieu magique rassemblant un troupeau fourni de bons élèves qui ne savent pas non plus choisir. Avantage clé : le système d’évaluation est tout à fait similaire à celui rencontré à l’école.

Si on résume, c’est le choix de rester dans un univers certain.

Si on est bon, et bien on a des bonnes notes, qui se traduisent objectivement par l’évolution du salaire et du statut social. Pour certains élus, il est même possible de devenir associé. Si on est mauvais, on dégage. Tout est très clair.

Et vivre dans cet univers certain est magique. Il permet de vivre dans une zone de confort absolue.

Parce que seul l’incertain est de fait source d’inconfort.

Bon en fait je ne suis PLUS un bon élève depuis 6 ans, 3 mois et 14 jours.

On m’a demandé de vous raconter pourquoi j’ai décidé de changer. Genre ras le bol, frustrations, tout çà…

En fait je n’ai pas DECIDE, en tout cas consciemment, de changer

QUATRE éléments m’ont fait basculer. Dans cet ordre.

La curiosité.

Les gens. Mais alors vraiment tout le monde.

L’envie d’agir

Le vin rouge

La curiosité m’avait prélalablement conduite à participer à un cercle de réflexion prospectif du doux nom de Futurbulences.

Il s’agissait de réfléchir au monde qui vient, en collectant pleins de petites pierres que l’on appelle dans le jargon des signaux faibles, puis en les scénarisant au gré de nos envies. Nous avons ainsi monté une pièce de théâtre mettant en scène le projet européen en 2025, articulé autour du dialogue entre 3 générations.

Mais çà c’est un peu du pipeau. On est dans le monde des idées. Mais on rencontre des gens. Avec lesquels on a envie de continuer à se voir

Réfléchir c’est bien. Agir avec d’autres c’est mieux.

Mais pour agir vraiment, il faut oublier plein de réflexes pré-acquis, surtout lorsque l’on est un bon élève.

Par exemple faire un business plan, en anticipant à 3 ans les résultats que l’on souhaite atteindre.

La bonne nouvelle, c’est qu’il suffit très exactement de faire ce que l’on a envie de faire. Maintenant. Et maintenant, çà veut dire tout de suite

Par exemple, dans mon cas, s’irriter il y a 2 ans d’un classement public (Choiseul) proposant 100 énarques comme reflet de la France en changement : les 100 de moins de 40 ans qui représentent la France de demain. Et proposer à tous d’identifier au moins une personne susceptible de porter un changement réel.

PROPOSE TON BARBARE ! CELUI QUI NE PARLE PAS GREC

Et çà donne deux ans après une tribu de 5000 personnes, dont 500 au moins se sont déjà rencontrées lorsque j’avais proposé d’aller boire une bière en début d’année 2015.

Vous vous souvenez de la blague de Gad Elmaleh qui propose à la salle d’aller boire une bière après ? Genre on se suit ? Bonjour, 2 tables de mille.

Bon et bien en fait c’est possible. A partir du moment ou vous le voulez.

Le monde se transforme.

Moi, ce que je fais, c’est que je réactualise le pari pascalien. Je fais le pari de l’optimisme.

J’ai trouvé ma cause : je construis avec 5 000 autres un futur qui puisse laisser sa place aux humains.

Et nous avons identifié 5 principes d’actions simples au cours d’un week end dans le Maconnais, sous les auspices du terroir de Chablis.

Bienveillance / Pas d’institutionnalisation / Pas d’entresoi / L’humain d’abord / Pas d’ego

Cela donne des initiatives qui n’auraient peut être pas abouti de la même manière sinon.

Laissez moi vous donner 3 exemples

Hacking de la cop21

Objectif : sensibilisation

Moyen : Curious, co-asker des questions aux négociateurs en utilisant la puissance des réseaux sociaux pour les conduire à partager une réponse qui sera diffusée à tous.

Netvibes : diffuser l’information

Mon investissement : évangélisateur, connecteur, directeur

Un peuple totalitaire?

Objectif : Ecriture d’un roman collaboratif sur les nouvelles formes de démocratie

Moyen : roman en ligne, accessible ici

Apéro hier : lancement d’une aventure collective

Mon investissement : porteur du projet

Et bien sûr SWITCH, et je profite de l’occasion qui m’est donnée ici de féliciter Clara & Béatrice.

Mon investissement : évangélisateur, connecteur

Last but not least : le vin rouge. J’aime bien les bonnes choses. Et je ne veux pas monétiser toutes mes activités.

Cela veut dire que je travaille toujours dans un grand groupe, en CDI, comme directeur du développement. Avec un plaisir immense, car j’y trouve d’autres leviers pour défendre les causes que je défend : nous éditons un logiciel capable de transformer l’ensemble des conversations sur Internet en une matière tangible, interprétable. C’est un moyen de s’ouvrir l’esprit. C’est peut être un jour un nouveau media.

Mon choix repose sur un pari simple : Linkedin et Facebook vont fusionner un jour ou l’autre. Je ne fais qu’anticiper

Si vous voulez être un slasher :

Retenez simplement une condition de succès (c’est le consultant qui parle, cela lui arrive parfois) : trouvez votre cause. Défendez là. Ensuite la voie pro, la voie perso, peu importe. Ce ne sont que des moyens. Et vous pouvez vivre plusieurs vie en simultané. Ca, je crois que c’est le théâtre qui me l’a appris.

ainsi, le boulot qui me paye est une facette parmi d’autres me permettant de défendre ma cause, puisque j’y oeuvre à créer une nouvelle forme de média, reposant sur l’intelligence collective.

Longue vie donc à Switch, longue vie à tous vos projets.

Nous sommes des millions. Nous sommes des fourmis. Nous sommes la marabunta