Les petits ruisseaux font les grandes riviĂšres đ
Un mois chez Totem, retour dâexpĂ©rience (www.thetotem.co)
Jâai rejoint Totem il y a tout juste un mois. En un mois jâai vu deux nouvelles personnes arriver aprĂšs moi, je sais que trois autres arriveront dâici janvier. Et aprĂšs, stop : câest juste ce quâil faut pour que Totem puisse atteindre ses objectifs des quinze prochains mois. Nous serons donc toujours moins dâune vingtaine en janvier, et la taille de lâĂ©quipe nâest pas destinĂ©e Ă augmenter. Dans la mĂȘme logique nous avons 150 rĂ©fĂ©rences que nous proposons chaque semaine Ă nos clients, ce nombre nâĂ©voluera pas au-delĂ de 200 â bien-sĂ»r les produits Ă©volueront dans ces 200, mais pas la quantitĂ© de rĂ©fĂ©rences disponibles. Pourquoi ? Parce que les trois fondateurs pensent qualitĂ©, ils pensent « sustainable growth », ce terme nouveau et dĂ©jĂ parfois galvaudĂ©.
Jâaime cette logique parce quâelle nous amĂšne Ă penser avec ce quâon a, pour ĂȘtre capable de prĂ©parer ce quâon aura.
Câest ma principale illumination de ce mois passĂ© dans ma nouvelle Ă©quipe : en amĂ©liorant patiemment, mĂ©thodiquement, semaine aprĂšs semaine, tout ce que lâon peut amĂ©liorer, on fait dĂ©jĂ tellement mieux.
MĂ©thodiquement, câest peut-ĂȘtre le mot le plus important de la derniĂšre phrase : comment trois ingĂ©nieurs des meilleures Ă©coles françaises et mĂȘme amĂ©ricaines pourraient penser autrement ? Nous sommes trĂšs attentifs aux chiffres, quand nous testons une nouvelle mĂ©thode nous en mesurons au plus tĂŽt lâimpact pour en comprendre le bienfondĂ©. Cela est aussi soutenu par le systĂšme de reporting intra et inter Ă©quipes, de rĂ©unions et dâOKR que nous mettons en place et que nous suivons de prĂšs en lâamĂ©liorant, semaine aprĂšs semaine.
Mais cette mĂ©thode nâest pas propre Ă eux seulement. Je suis arrivĂ©e dans une entreprise dans laquelle le premier employĂ© est prĂ©cisĂ©ment le responsable dâentrepĂŽt, une personne qui appartient Ă mon Ă©quipe et que je gĂšre. Alper est une vĂ©ritable horloge, il nâaime pas lâimprĂ©vu. MĂȘme si on pense Ă la semaine (cf. plus bas), un bon moyen de combiner ce rythme soutenu et cette nĂ©cessitĂ© de prĂ©visibilitĂ©, outre la donnĂ©e, câest la mĂ©thode. La mĂ©thode de communication, la mĂ©thode de prĂ©paration des semaines, la mĂ©thode dâexĂ©cution des tĂąches.
Patiemment, câest peut-ĂȘtre le mot le plus difficile Ă accepter pour moi dans la phrase dâau-dessus, parce que je dĂ©teste attendre. Mais ce quâil y a de bien avec mon job (Head of Operations), câest quâen faisant de petites choses semaine aprĂšs semaine, je suis capable de voir que nous avançons, que nous devenons meilleurs et que nous pourrons aller bien plus loin sans mĂȘme nous en rendre compte.
Semaine aprĂšs semaine, câest le dernier point important, mais pas des moindres : une startup voit Ă la semaine, câest ce qui maintient sa vĂ©locitĂ©, son agilitĂ©. Et câest le rythme qui, je crois, me convient le mieux.
Cette semaine, nous avons mis en place de petites améliorations, parmi lesquelles les deux suivantes :
- le lundi matin, quand partent nos tournĂ©es, les livreurs rĂ©cupĂšrent chacun leur palette qui contient une quinzaine de caisses en moyenne. La semaine derniĂšre encore, câĂ©tait Ă eux de vĂ©rifier lâoptimisation du contenu des caisses, de dĂ©verser une caisse qui nâĂ©tait pas assez remplie dans une autre. CâĂ©tait Ă eux aussi de mettre dans lâordre les caisses dans leur camionnette, en premier les derniers clients Ă livrer, en dernier les premiers. Le dernier livreur partait systĂ©matiquement en retard. Cette semaine avec BarthĂ©lĂ©my, notre responsable logistique et Mohamed, qui nous aide Ă lâentrepĂŽt, nous avons fait, sans prĂ©cipitation, ce travail en amont avant leur arrivĂ©e, de placer sur la palette dâabord les derniĂšres caisses Ă ĂȘtre livrĂ©es, puis les premiĂšres. Le dernier livreur est parti du parking 10 minutes en avance. De 15 minutes de retard nous sommes passĂ©s Ă 10 minutes dâavance, soit 25 minutes de gagnĂ©es, pour 10 minutes bien employĂ©es de travail en amont.
- Nous prĂ©parons les commandes le vendredi pour le lundi et perdions souvent du temps car certains produits nâĂ©taient pas suffisamment bien rangĂ©s sur les rack de notre entrepĂŽt. Un petit ajustement de disposition Ă ce niveau-lĂ et un minimum de signalĂ©tique nous ont permis de prĂ©parer nos commandes au complet cet aprĂšs-midi en un temps absolument record (2h40 au lieu de 6h30).
Eh bien, rien que ces choses qui semblent bĂȘtes, il fallait y penser et surtout, surtout, il fallait les faire. Mon Ă©quipe et moi sommes sortis de cette semaine « Ă©puisĂ©s mais ravis », et nous savons exactement ce que nous avons Ă faire pour la semaine suivante.
Câest cette capacitĂ© Ă diagnostiquer, prioriser, tester, dans une boucle hebdomadaire qui me donne cette satisfaction et qui rend le travail non seulement stimulant mais gratifiant. Plus aucune place nâest laissĂ©e Ă lâimpatience, car nous abattons des montagnes chaque semaine. Et je sais que de tous ces petits ruisseaux que nous creusons chaque semaine naĂźtront dans quelques mois de grandes riviĂšres.
Câest la mĂȘme chose chez nos clients. Leur permettre dâaccĂ©der Ă un bel espace cafĂ©tĂ©ria oĂč ils peuvent trouver Ă leur disposition des fruits, du bon cafĂ©, des en-cas sains, ça semble rien, ça paraĂźt bĂȘte, mais câest ce qui fait que chacun se sentira bien, sera heureux de retrouver ses collĂšgues et dâĂ©changer avec eux, sera enclin Ă rester longtemps dans lâentreprise.
Une des valeurs qui apparaĂźt dans le manifesto de Totem est Root Yourself. Ăa pourrait vouloir dire : ancre-toi et dĂ©veloppe-toi de la racine aux feuilles. Câest comme ça que je lâavais comprise au dĂ©part. Ăa peut aussi vouloir dire : mĂȘme si on vise les Ă©toiles et mĂȘme si on va trĂšs vite, nâoublie pas dâoĂč lâon vient et rappelle-toi chaque petite amĂ©lioration, chaque petite Ă©tape de notre dĂ©veloppement, pour comprendre que si nous en sommes lĂ , ce nâest pas par magie mais par sueur đ , persĂ©vĂ©rance đŠ, ambition đ et mĂ©thode đ§ .