Psychologie du succès

Anaïs Raoux
WAKE UP
Published in
5 min readJan 23, 2018

Portrait #1 : Jean de la Rochebrochard

Ligne 14. Il est 8h30 du matin et je suis en route pour rencontrer Jean de la Rochebrochard à Station F. Si vous évoluez dans l’univers des start-ups à Paris, vous connaissez certainement Jean. Partner chez Kima Ventures, le fonds d’investissement de Xavier Niel, il investit en moyenne dans 2 à 3 start-ups par semaine. Il a écrit près de 150 articles sur Medium et travaille en ce moment à son premier livre sur la productivité “Human Machine”.

J’ai fait le choix (d’affronter le froid polaire et) d’interviewer Jean car son avis compte dans l’écosystème entrepreneurial. Il a réussi à y trouver sa place et les start-ups sur lesquelles il parie figurent désormais automatiquement dans la liste des noms à suivre. Autant vous dire que les entrepreneurs se bousculent au portillon.

Son profil Boussole ▼

À la lecture du (super) test, je comprends comment Jean utilise ces trois grandes forces au quotidien dans son métier d’investisseur :

  1. Plus qu’un leader de projet et d’idées, c’est un leader d’hommes et de femmes. Il challenge et fait grandir les entrepreneurs qu’il accompagne au quotidien. Il a également une intuition très fine et s’en sert dans son processus de décision d’investissement. Après tout, ce job est essentiellement basé sur l’humain.
  2. Il sait enthousiasmer. Si vous le suivez ici, ou ici, vous verrez qu’il communique à fond son enthousiasme sur des nouveaux produits, ses idées ou sur des start-ups de son portfolio.
  3. Il a une capacité de travail de dingue. En plus d’évaluer des projets et de coacher les entrepreneurs au quotidien, il est capable d’écrire un livre et de traiter tous, oui tous, ses e-mails.

Notre discussion ▼

Notre test de personnalité Boussole dévoile ces trois grandes forces : un leader d’hommes et de femmes, une immense capacité de travail et cette facilité à enthousiasmer. Est-ce que tu es d’accord avec ça ?

Oui, mais je vais peut-être t’expliquer comment j’en suis arrivé là. Petit, j’étais hyper timide, incapable d’adresser la parole à quelqu’un que je ne connaissais pas. J’avais un manque de confiance en moi de malade jusqu’à 25 ans. À l’école, j’étais le garçon mal sapé, mal coiffé avec peu de copains. Mais comme je n’étais pas dans le bruit ambiant des relations avec les autres, je suis devenu beaucoup plus observateur. Et à force d’observer, de regarder et d’écouter, j’ai appris à comprendre les gens qui m’entouraient.

Je suis sorti tard de l’université, à 25 ans donc. Sans vraiment savoir ce que je voulais faire, j’ai envoyé mon CV à une centaine d’entreprises de la finance. J’ai été rappelé par deux boites et embauché par l’une d’entre elles, Avenir Finance. Je suis entré dans un métier où il fallait se forcer à convaincre les investisseurs, et là je me suis rendu compte que j’étais bon. Je l’ai remarqué à la réaction des gens autour de moi. J’ai un bon esprit de synthèse et suis plutôt de nature à détester la règle, donc tout ce que je défends est le fruit d’une autonomie de pensée. J’étais donc toujours très enthousiaste à l’idée de pitcher quelque chose sous un angle un peu unique et de convaincre les gens autour.

À l’inverse, je ne sais pas être concentré sur des tâches de longue haleine, je suis bordélique et pas très rigoureux, je m’ennuie assez vite.

Donc, je me suis dit “c’est quoi le truc idéal ?” C’est un environnement hyper changeant sur lequel je ne fonctionne qu’en micro-tâches, où il y a beaucoup de contact avec les gens et dans lequel mon travail est valorisé et reconnu. C’est le cas dans l’investissement puisqu’on ne regarde une seule chose, in fine : la réputation. La réputation est le seul moyen de construire une bonne performance sur un horizon de dix ans.

Qu’est ce qui te fait vibrer ?

Les gens. Il n’y a que ça qui me fait vibrer. Accompagner les entrepreneurs et les aider à grandir. Dans les métiers de l’entrepreneuriat et de l’investissement, tu passes ton temps à voir des personnalités différentes. Les rencontres sont mon apprentissage.

C’est quoi la vie extraordinaire de Jean ?

C’est kiffer, tous les jours. Faire uniquement des trucs qui me plaisent. La vie de Jean c’est le goût des choses simples. Mais globalement, il faut que chaque action que je fasse en vaille la peine. Donc c’est aussi avoir de l’impact, et de la reconnaissance.

Tu as dis quand on parlait tout à l’heure, que dans ton parcours “tout s’est fait par accident”. Est-ce que tu crois au hasard ?

Je crois qu’il y a énormément d’éléments exogènes et endogènes qui se croisent. L’objectif c’est de maximiser le nombre de ces croisements. Plus tu arrives à détecter les opportunités, plus tu maximises les possibilités de rencontrer les évènements extérieurs et plus tu vas avoir des concours de circonstances. L’important c’est de maximiser la chance que les choses arrivent.

Tous les 2–3 mois, je me pose des questions de vie existentielles. Et je me dis que s’il ne m’arrive rien d’irréversible, alors ça n’a aucune importance, je continue d’avancer. Et sinon, je serai obligé d’attendre que le temps soigne ce genre de plaies. Je crois à une part de chance et je crois aussi qu’il n’y a pas de justice dans la chance.

Tu as participé à de jolis succès de start-ups comme Zenly revendu à Snapchat ou Captain Train qui ont été très médiatisés et qui donnent un peu l’impression que le succès arrive très vite, un peu comme par magie. Qu’est ce que tu dirais aux entrepreneurs qui sont au pied de la montagne ?

Quand tu es au pied de la montagne, tu ne sais pas de quelle taille est la montagne. Certaines personnes veulent écrire de belles histoires et d’autres uniquement de grandes histoires. Il faut respecter l’ambition de chacun et d’ailleurs l’ambition n’a d’importance que si on est à l’aise avec.

Donc on s’en fout de la taille de la montagne. Ce qui compte c’est de monter la marche d’après, puis celle d’après. Et au bout d’un moment tu es en haut. Il est impossible de régler un vaste sujet par une énorme action divinatrice. Tout ne se fait que par la conjugaison de petites actions. Fin de l’histoire.

Et dernière chose, quand on monte ces marches, c’est important d’être très clair dans sa vision. Tu ne peux pas avancer correctement si tu es dans le brouillard. Donc pour y voir clair, on commence avec la base : être bien avec soi-même pour être ensuite bien avec les autres.

Passez notre test de personnalité Boussole pour découvrir vos talents d’or et votre positionnement clé en entreprise.

Pour aller encore plus loin et trouver votre place grâce à vos talents, prenez part à notre prochain atelier “Trouver votre Ikigaï” le 13 février prochain.

Suivez-nous sur :

--

--