Covid et Data #1 : bienvenue dans notre “bac à dataviz”

Wedodata
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4 min readApr 27, 2020

Depuis le début de cette épidémie, les graphiques ont envahi les écrans. Pas un jour sans qu’un tableau de bord interactif, une carte, et bien sûr, des courbes (à aplanir #restezàlamaison) n’accompagnent un article, une vidéo, une conférence de presse gouvernementale. Face à cette profusion, chez Wedodata, on a souhaité prendre du recul, réfléchir à l’impact de ces visualisations sur des sujets de santé publique - mais surtout de vies d’hommes et de femmes -, tester des formats pour trouver les plus pertinents. On a décidé de vous faire partager les coulisses de ces recherches. Episode#1

La communauté de la dataviz a la grande qualité de se poser sans cesse des questions face aux données, aux représentations et à leurs interprétations (passez une journée sur le Slack de la Datavisualization Society — notamment le channel #topics-in-data-viz — et vous le vivrez en live !). Sur le sujet de cette pandémie, nous avons clairement une #vizresponsibly comme l’explique très concrètement ici Amanda Makulec. C’est dans cet esprit que nous publions ces essais.
Si vous souhaitez reprendre ces graphiques pour une publication ou si vous souhaitez une mise à jour des données, merci de nous écrire sur hello@wedodata.fr

EPISODE N°1 / Et si on déformait la France…

La carte thématique est un terrain glissant comme nous le rappelle la géographe et cartographe, Françoise Bahoken. Mais on s’y risque car le sujet du Covid-19 est intimement lié à des disparités régionales : celle du Grand Est où le virus s’est diffusé de manière exponentielle après le rassemblement évangélique de Mulhouse (17 au 24 février) et celle de l’Île-de-France qui concentre près de 19% de la population sur 2,2 % de la superficie de l’Hexagone.

Pour représenter des disparités géographiques, une simple carte choroplèthe peut être efficace : ce sont ces cartes avec des variations de couleurs ou d’ombrages pour caractériser quantitativement un phénomène. Mais le problème avec le Covid-19, c’est que de petits territoires comme Paris, les départements de petite couronne ou le Territoire de Belfort, très touchés par le virus, y sont plus difficiles à distinguer. Sinon une carte à bulles ? Mais ces dernières ont tendance à se chevaucher et rendent la situation en Ile-de-France particulièrement illisible. Une carte en anamorphose (appuyée par une discrétisation de couleur) nous est donc apparue comme une solution intéressante pour améliorer la lisibilité des données (voir ci-dessus). Gros débat en interne sur le fait de laisser les chiffres sur la carte ou pas : pour ne pas trop s’étriper, on vous fait donc cadeau des deux !

Pondérer ou pas, telle est la question

L’anamorphose déforme la réalité géographique pour montrer la réalité d’un phénomène, ici le nombre d’hospitalisations provoqué par le Covid-19. Mais peut-on vraiment parvenir à représenter fidèlement cette réalité à un niveau départemental ? La population française est inégalement répartie entre ces territoires, se pose donc la question de pondérer le nombre d’hospitalisations par le nombre d’habitants. Voici ce que cela donne sur les deux cartes ci-dessous : à gauche, une anamorphose guidée par les chiffres bruts et à droite, une autre guidée par un taux d’hospitalisation pour 100 000 habitants

Plusieurs différences sautent aux yeux : le ratio atténue la sur-représentation des métropoles (comme Bordeaux, Toulouse, Marseille, Lyon, Lille ou Nantes) et il met en exergue la situation en Corse-du-Sud et dans le Territoire de Belfort (qui jouxte l’Alsace). Mais le débat reste tenace au niveau de la pertinence de cette pondération. Comme l’expliquait Michèle Legeas, de l’École des Hautes‐Études en Santé Publique, dans cet excellent article de Médiacités : « Avec le coronavirus, […] rapporter le nombre de personnes infectées à la population régionale ou départementale n’est pas forcément juste. Pour que cela ait un sens, la répartition d’un virus doit être homogène sur un territoire. Ce qui n’est pas le cas avec le Covid‐19. »

N’hésitez pas à réagir/commenter/proposer des pistes via Twitter ou par mail à hello@wedodata.fr

Pour retrouver :
- l’épisode 1 : Et si on déformait la France…

- l’épisode 2 : Et si on faisait une comète…

- l’épisode 3 : Et si on se plongeait dans les bases mondiales…

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