Aurélien Quignon, économiste, renforce Wirate pour créer de nouvelles évaluations de startups

Jessica Balès
Wirate
Published in
3 min readDec 8, 2020

Aurélien Quignon est docteur de l’Université Paris Nanterre. Il a réalisé sa thèse au laboratoire de recherche EconomiX-CNRS https://economix.fr/ en bénéficiant du dispositif CIFRE dans le cadre d’un partenariat de recherche entre Wirate et le CNRS.

AM : Tu as accepté de rejoindre Wirate alors même que tu achevais la rédaction de ta thèse. Qu’est-ce qui t’as poussé à t’engager dans une telle aventure entrepreneuriale dans un moment aussi intense de ta vie ?

AQ : Étudiant le lien entre l’innovation et ses barrières du point de vue académique. Il me paraissait intéressant et stimulant de tenter l’aventure à l’intérieur d’une startup. C’est une opportunité de confronter mes connaissances théoriques aux pratiques d’une activité entrepreneuriale. Ça me confronte aux mêmes réalités que les porteurs de projet doivent affronter. Ça a aussi enrichi mes travaux scientifiques. Et c’est également une envie de m’engager en profondeur dans le projet de Wirate et de contribuer au développement de futures évaluations des startups.

AM : Tes travaux portent notamment sur le lien entre l’accès des entreprises aux ressources financières et leur engagement à l’innovation, peux-tu nous dévoiler quelques-unes de tes conclusions ?

AQ : Les entreprises innovantes (startup, PME, ETI) sont confrontées à des contraintes de financement. Je me suis posé des questions simples, par exemple : les dispositifs publics de soutien à l’innovation sont-ils efficaces ? En croisant des données administratives et des brevets sur un panel de pays européens, j’ai pu établir que subventionner les investissements en R&D favorise l’intensité d’innovation. Notamment pour les entreprises de petites tailles. Au-delà de soutenir des investissements qui n’auraient pas eu lieu autrement, l’obtention d’une subvention européenne certifie la qualité du projet innovant auprès d’investisseurs dits « traditionnels ». Ces résultats, qui démontrent la nécessité d’un soutien public sont précieux pour les politiques publiques. Ils permettront de déterminer les prochains dispositifs et d’accroître l’effort de recherche.

AM : Avec la réforme de l’impôt sur la fortune de 2018 et l’assèchement constaté du financement privé des startups, et aujourd’hui la crise de la COVID19 avec ses conséquences à venir sur l’économie, comment vois-tu l’avenir du financement des startups ?

La crise du COVID-19, et les mesures de distanciation sociale que nous avons vécues pendant plusieurs mois (et qui devraient se maintenir sur une longue période), a eu des répercussions immédiates sur l’activité de l’écosystème entrepreneurial et aura des effets à moyen-terme.

Dans un contexte d’incertitude et une probable traversée du désert pour les startups, le choc d’offre entrainera un ajustement des fonds alloués. Particulièrement pour celles dont l’activité est encore à un stade précoce. Il est même probable de vivre un nouveau ralentissement de l’investissement. Au regard des précédentes périodes de récession, le volume total des transactions, le capital investi et la taille des transactions devraient tous diminuer considérablement. Malgré une concurrence accrue, engendrée par une sélection plus stricte par les manageurs de fonds, la qualité des investissements pourrait s’améliorer.

Bien-sûr, les investisseurs pourront toujours s’appuyer sur les évaluations développées par Wirate pour les accompagner dans leurs prises de décision. Je pense en particulier à Wisize qui permet de vérifier la maturité d’un projet pour rechercher des investisseurs, et Witeam qui permet de vérifier la solidité d’une équipes à exécuter son projet à moyen et long termes.

Et puis, nous allons développer de nouveaux indicateurs de performance et de potentiel, dont certaines prendront mieux en compte les périodes de crise comme celle que nous vivons actuellement.

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