Et si on allait plus loin ?

Chapitre 3 : Mama Moto.

Cindy Cherchevsky
5 min readOct 12, 2017

(English version here)

Ça y est, c’est terminé.

Il est 18h et le soleil se couche à Cape Town. Je suis dans mon appartement avec quelques amis. Ces derniers s’agitent autour des produits posés sur mon lit: trois sacs, un sweat-shirt, quelques t-shirts. Des mois que je me creuse la tête pour donner naissance à ce projet, pour enfin créer quelque chose qui ait du sens, qui compte pour moi. Pour la première fois je peux le dire : “oui, c’est moi qui ai fait ça”.

A Cape Town dans le quartier de Bo-Kaap

L’euphorie du moment est vite rattrapée par le doute. Tout est toujours plus facile quand on a rien à perdre. J’ai fait tout ce qui était de mon ressort, dessiner mes idées encore et encore, chercher des matières correspondant à mes critères, trouver des ateliers et des artisans capables de réaliser mes modèles… TOUT ÇA, c’est fait. Mes prototypes sont bels et bien là, exactement comme je les imaginais. Il ne me reste plus qu’à les vendre, et ça, c’est une autre affaire. Le commerce de vêtements n’est pas qu’une histoire de mérite, si les gens n’aiment pas les produits, c’est comme ça, fin de l’histoire.

La trésorerie de la première collection Mama Moto se fera par financement participatif. Les produits seront disponibles en pré-commande via une plateforme de crowdfunding. Sans économies, c’est pour moi le meilleur moyen de me lancer. Avant d’entreprendre cette nouvelle étape, je décide de partir en road-trip moto avec mes produits tout neufs. C’est l’aventure qui a inspiré cette collection alors quoi de plus honnête que de tester ces prototypes en conditions réelles.

Sur les routes du Western Cape

Me voilà en route pour une semaine en Afrique du Sud sur mon fidèle Ténéré. Mes sacs sont avec moi et mes vêtements sur mon dos. C’est le début d’une boucle à travers le Cederberg, Sutherland, Prince Albert, le Karoo, Calitzdorp, Swellendam … Ces quelques jours me donnent autant de bonheur que de fil à retordre. Tous les paysages défilent à mon guidon, la montagne, le désert, les forêts. Je rencontre tous les climats, du soleil aride à la pluie battante qui me gèle jusqu’aux os, en manquant d’emporter ma moto dans des torrents de boues.

A la rencontre de la pluie près de Prince Albert

Un jour, je tombe en panne au beau milieu de nul part, mon moteur inutilisable tant ses bougies avaient pris l’eau. Par chance, je suis ramassé par deux fermiers et leur camion à la tombée de la nuit.

En panne à bord du pickup

Je ne me ferai jamais assez à la gentillesse de ces gens. On me demande souvent si l’Afrique du sud n’est pas un pays trop dangereux… je ne me suis jamais sentie aussi bien accueillie et en sécurité que dans celui-ci.

A mon retour, je suis assez fière de mes produits mais je me rends compte qu’il me reste à faire des petits ajustements. Les propriétés isolantes du chanvre m’ont protégés du climat particulièrement changeant, en cette période les matinées sont froides et les après-midi très chaudes. Le cuir de mes sacs était ce qui m’inquiétait le plus mais après une semaine de poussière, de boue, de soleil et de pluie, un coup de brosse et les voilà de nouveau près au combat. John ne m’avait pas menti, ces produits sont d’une qualité rare. Ils sont bels et biens taillés pour l’aventure.

Mon sac de voyage Mama Moto

Cette nouvelle épopée me redonne des ailes, et j’ai envie de la partager avec la terre entière. Je me pose la question d’organiser moi même des voyages à moto à travers le pays. J’ai déjà participé à des rallyes, c’est le genre d’expérience qui me stimule.

Je connais de mieux en mieux ces terres et un nombre incalculable d’endroits fabuleux. Et si je poussais l’aventure plus loin ? Je pourrais continuer à créer et vendre mes produits, tout en proposant à ceux qui le désirent de les emmener avec moi sur la route? Finalement, rien n’a plus de sens pour moi que de pouvoir partager mes découvertes avec d’autres passionnés.

Traversée d’une rivière près de Clan William

Je peux le dire aujourd’hui : j’ai posé une première pierre à l’édifice. Ce n’est que le début mais pour la première fois de ma vie je me sens exister par quelque chose de vrai. Ce que je fais résonne avec mes envies et ma vision du monde. Je travaille avec des gens formidables et peu importe si je ne gagne pas des fortunes. C’est vrai, mes produits coûtent chers à fabriquer, et mes gains seront sûrement moins importants que ceux de mes “concurrents”. Néanmoins, je peux dire haut et fort qu’ils sont fabriqués par des gens que j’aime, dans un pays que j’aime, dans le respect des individus et l’environnement.

Mon sac à dos Mama Moto

Pour préparer le lancement de ma première collection, je rentre à Paris quelques semaines. Je suis motivée et impatiente. Le projet Mama Moto m’est de plus en plus clair et cela me rend heureuse. Il s’articulera en deux activités principales: la création de vêtements, et l’organisation de voyages sur mesure en petits groupes. Et qui sait, peut-être que dans quelques années je pourrai proposer mon propre rallye Mama Moto …

Ps: J’aimerais profiter de cet article pour remercier tous les gens qui m’aident dans cette aventure, Kelly et Sylvain pour tous leurs bons conseils, Ernst pour son aide précieuse, et Marchant pour son grand soutien !

Merci à tous de tout mon ❤️ de partager cet article ! Donnez moi vos feedbacks et likez la page Facebook de Mama Moto, ce n'est que le début !!! 🏍💨

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Cindy Cherchevsky

From Paris. Founder of Mama Moto. Traveler, adventurer, entrepreneur. Living in Cape Town 🇿🇦