Un scénario optimiste pour Bitcoin (partie 4 sur 4)
Fausses croyances, risques réels et conclusion
Cet article est une traduction du quatrième et dernier article de la série en quatre parties de Vijay Boyapati, appelée “The Bullish Case For Bitcoin”, traduit avec l’accord de M. Boyapati.
Avertissement : Les opinions exprimées dans cet article et toutes les erreurs présentées ici sont de la seule responsabilité de l’auteur initial. Cet article est à titre informatif seulement. Ce n’est pas un conseil d’investissement. Cherchez un professionnel dûment agréé pour obtenir des conseils en placement.
La majorité des articles précédents de cette série se sont concentrés sur la nature monétaire de Bitcoin. Avec cette base solide, nous pouvons maintenant nous attaquer aux fausses croyances les plus communes concernant Bitcoin.
Bitcoin est une bulle
Bitcoin, comme tout marché basé sur des biens monétaires, affiche une prime monétaire. Cette prime monétaire est ce qui alimente la critique la plus courante selon laquelle Bitcoin serait une “bulle”. Cependant, tous les biens monétaires affichent en réalité une prime monétaire. En fait, c’est cette prime (l’excès entre le ratio prix lors de son utilisation/prix de la demande sur les exchanges) qui la caractéristique intrinsèque et fondamentale de toutes les monnaies. En d’autres termes, la monnaie est toujours et partout une bulle. Paradoxalement, un bien monétaire est à la fois une bulle tout en pouvant être sous-valorisé s’il est encore dans les phases débutantes de son adoption en tant que monnaie.
Bitcoin est trop volatil
La volatilité du prix de Bitcoin est liée à son caractère encore embryonnaire. Durant les toutes premières années de son existence, Bitcoin s’est comporté comme une action cotée en Bourse et n’importe quel acheteur massif — comme les Jumeaux Winklevoss — pouvait à lui seul causer de larges fluctuations du prix. A mesure que l’adoption et la liquidité s’amplifient au fil du temps, la volatilité de Bitcoin a diminué proportionnellement. Quand Bitcoin atteindra la même capitalisation que le marché de l’or, il affichera sans doute le même niveau de volatilité que ce dernier. Quand Bitcoin surpassera la capitalisation du marché de l’or, sa volatilité diminuera en dessous d’un niveau qui le rendra alors souhaitable et souhaité comme un médium d’échange global. Comme précisé précédemment, la monétisation de Bitcoin évolue selon une série de cycles de la hype de type Gartner. La volatilité est moins élevée pendant la phase de plateau du cycle de hype, tandis qu’elle est le plus élevée pendant les montées en flèche ou les phases de crash du cycle en question. Chaque cycle de hype aura une volatilité amoindrie comparativement aux précédents parce que la liquidité au sein du marché aura augmentée.
Les frais de transaction sont trop élevés
Une critique récente du réseau Bitcoin est liée à l’augmentation des frais nécessaires à la transmission de chaque transaction de bitcoins sur le réseau qui rendrait le système peu souhaitable. Toutefois, l’augmentation relative des frais est saine, et surtout attendue et prévisible. Ces frais de transaction sont le prix à payer pour rémunérer les mineurs de bitcoins qui sécurisent le réseau en validant les transactions. Les mineurs peuvent aussi bien être payés en bitcoins par les frais de transaction ou par des récompenses versées au meilleur mineur (ou groupe de mineurs, une pool) à chaque bloc miné (Note du traducteur : un bloc est miné approximativement toutes les dix minutes), une contribution financière inflationniste supportée par les propriétaires actuels de bitcoins.
Selon l’échéancier monétaire fixé pour la distribution du nombre total de bitcoins qui seront minés — une politique monétaire qui le place idéalement dans la course au statut de réserve de valeur — , les récompenses versés à chaque bloc miné vont éventuellement décliner pour tomber à 0 et le réseau devra alors être sécurisé exclusivement par le versement de frais de transaction. Un réseau avec des frais “bas” est un réseau avec une sécurité diminuée et qui sera sujet à une censure externe. Ceux qui vantent les différentes alternatives à Bitcoin sur la base de leurs faibles frais sont littéralement en train de décrire la faiblesse flagrante de leurs si bien nommés alt-coins, ou coins alternatifs.
L‘origine principale, mais spécieuse, des critiques de Bitcoin à propos des frais de transaction “élevés” repose sur le postulat que Bitcoin devrait être d’abord un système de paiement, puis une réserve de valeur éventuelle plus tard. Comme nous l’avons vu à travers les origines de la monnaie, cette croyance met clairement la charrue avant les boeufs. Il ne pourra devenir souhaitable d’utiliser Bitcoin comme un médium d’échange qu’à la condition qu’il devienne auparavant une réserve de valeur solidement établie. En allant plus loin, une fois que le coût d’opportunité associé à l’échange de bitcoins sera descendu à un niveau qui le rendra approprié dans un rôle de médium d’échange, la plupart des tractations n’auront plus lieu directement sur le réseau Bitcoin lui-même mais sur des réseaux dits de “seconde couche” (second-layer networks) avec des frais de transaction fortement diminués. Les réseaux surcouches, comme le Lightning Network, fournissent l’équivalent moderne des billets à ordre qui étaient utilisés pour les transferts de titres d’or au XIXe siècle. A la différence des billets à ordre néanmoins, le Lightning Network autorisera le transfert de bitcoins à bas coût sans avoir besoin de tiers de confiance, comme les banques. Le développement du Lightning Network est une innovation technique d’importance historique pour Bitcoin, dont la réelle plus-value apparaîtra comme une évidence une fois que son développement sera terminé et qu’il sera largement adopté dans les années à venir.
Compétition
Bitcoin étant un protocole logiciel open source, il a toujours été possible de le copier et d’imiter son réseau (en changeant ou non certaines de ses caractéristiques). Au fil des ans, pléthore d’imitateurs ont été créés, variant d’ersatz familiers, comme Litecoin, à des variantes complexes comme Ethereum lequel promet de mettre en place un système complexe d’arrangements contractuels mutuels et arbitraires au moyen d’un système computationnel distribué. Une critique commune de Bitcoin est qu’il ne pourra maintenir sa valeur dans un milieu où il est si facile de créer des concurrents supposément capable d’incorporer les dernières innovations et diverses nouvelles fonctions logicielles.
Le caractère fallacieux de cet argument réside dans le fait que les challengers (passés et actuels) qui ont été créés manquent d’un “effet de réseau” (network effect) associé à la technologie fondatrice et dominante dans cet espace particulier. Un effet de réseau — la valeur ajoutée d’utiliser Bitcoin simplement parce qu’il s’agit déjà du réseau dominant — est une caractéristique unique de et pour Bitcoin-même. Pour toute technologie possédant un effet de réseau, il s’agit de loin de la plus importante de ses caractéristiques.
L’effet de réseau de Bitcoin inclue la liquidité de son marché, le nombre de personnes qui en possèdent, la communauté de développeurs qui le maintiennent et le font progresser à travers son logiciel et sa notoriété digne d’une marque. Les investisseurs majeurs, au nombre desquels nous compterons un jour les états-nations, chercheront le marché le plus liquide, ainsi ils pourront entrer et sortir du marché rapidement s’ils le souhaitent sans affecter ouvertement son prix. Les développeurs afflueront pour faire partie de la communauté dominante de développement avec le plus haut niveau de savoir-faire, renforçant par là-même la force de cette communauté. La notoriété de marque sera également auto-renforçatrice, comme le montre le fait que les concurrents de Bitcoin sont toujours comparés à ce dernier.
Une bifurcation le long du chemin
Une tendance populaire a émergé en 2017, qui n’était plus seulement d’imiter le logiciel de Bitcoin, mais de copier la totalité de son historique transactionnel (connu comme la blockchain). En copiant la blockchain de Bitcoin jusqu’à un certain point puis en splittant en un nouveau réseau, procédé nommé un “fork”, les concurrents de Bitcoin étaient capable de régler le problème de la distribution la plus large possible de leur jeton numérique à une large base d’utilisateurs (Note du traducteur : lors d’un fork de Bitcoin, chaque propriétaire d’un solde quelconque de bitcoins au moment du fork est crédité du même montant en “bitcoins” forkés sur la nouvelle chaine transactionnelle forkée).
Le fork le plus significatif de ce genre a eu lieu le 1er Août 2017, quand un nouveau réseau nommé Bitcoin Cash (BCash) fut créé. Un propriétaire de N bitcoins avant le 1er Août 2017 se retrouvait donc propriétaire de ses N bitcoins ainsi que de N jetons BCash. La communauté réduite (mais bruyante) des thuriféraires de BCash ont par tous les moyens tenté d’usurper la marque Bitcoin, à la fois par le nom de leur réseau mais également par des campagnes propagandistes sur les réseaux sociaux visant préférentiellement les néophytes du marché pour les convaincre que BCash était le “vrai” Bitcoin. Ces tentatives ont largement échoué, et cela se reflète de façon très crue à travers les capitalisations et les prix respectifs des deux crypto-actifs (lien actualisé ici). Malgré tout, pour les nouveaux investisseurs, il peut persister un risque potentiel qu’un clone de Bitcoin et de sa blockchain parvienne un jour à le surpasser en terme de capitalisation, et ainsi, devienne de facto LE Bitcoin.
Une maxime importante peut être déduite des forks majeurs qui ont déjà eu lieu à la fois contre les réseaux originels Bitcoin et Ethereum. La majorité de la capitalisation s’établira sur le réseau qui conserve la communauté la plus active et la plus agile de développeurs. Même si pour le moment Bitcoin peut être perçu comme une monnaie naissante, il s’agit également d’un réseau numérique bâti sur un logiciel qui a besoin d’être maintenu et amélioré. Acheter des jetons numériques sur un réseau qui ne peut fournir qu’un support minimal ou par des développeurs inexpérimentés serait l’équivalent d’acheter un clone de Microsoft Windows qui ne serait pas mis à jour par les meilleurs développeurs de Microsoft. Il apparaît comme une évidence à travers l’histoire des forks qui ont eu lieu durant l’année écoulée que les meilleurs et les plus expérimentés des cryptographers et autres informaticiens sont actuellement occupés à développer sur le réseau Bitcoin original, et par conséquent sur aucun des autres imitateurs qui ont été et sont en train d’être déversés sur le marché.
Risques réels
Même si les critiques les plus communes que l’on retrouve contre Bitcoin dans les médias et certains milieux d’économistes sont mal placées voire basées sur une compréhension incomplète de la monnaie et de ses mécanismes, il ne faut pas nier qu’il existe des risques réels et significatifs à investir dans Bitcoin. Il serait prudent pour un investisseur potentiel qui réfléchirait à se lancer dans Bitcoin de comprendre et de mesurer ces risques avant de se lancer à corps perdu dans un investissement dans Bitcoin.
Risques liés au protocole
Le protocole Bitcoin et les bases cryptographiques sous-jacentes sur lesquelles il est fondé pourraient bien un jour se révéler plus fragiles qu’ils le ne le paraissent aujourd’hui, par exemple par la découverte d’une erreur fondamentale, ou bien finalement à portée d’évolutions technologiques comme l’informatique quantique qui pourraient le fragiliser. Si une faille était trouvée dans le protocole-même, ou si certaines nouvelles méthodes computationnelles rendaient possible de casser les sécurités cryptographiques qui sous-tendent Bitcoin, la confiance dans Bitcoin serait à juste titre sévèrement compromise. A priori, le risque attaché au protocole était largement plus élevé dans les premières années de développement de Bitcoin, quand il était encore incertain, même pour les cryptographes les plus férus, que Nakamoto ait réellement réussi à solutionner le Problème des Généraux Byzontins. Les inquiétudes à propos de sérieuses failles au sein du protocole Bitcoin-même se sont globalement dissipées au fil des années, mais étant donné le caractère technologique du BTC, ce risque ne disparaîtra réellement jamais, même s’il revêt maintenant plus le rôle de potentielle aberration.
Fermeture d’exchanges
Etant décentralisé structurellement, Bitcoin a démontré un degré remarquable de résilience face au nombre important de gouvernements qui ont déjà tenté de le réguler sévèrement ou même de l’abattre. Malgré tout, les exchanges où les bitcoins sont échangés contre des monnaies fiduciaires sont hautement centralisés et sont susceptibles d’être eux-mêmes régulés, voire fermés. Sans ces exchanges et la propension du système bancaire à faire affaire avec eux, le processus de monétarisation de Bitcoin serait sévèrement ralenti, si ce n’est totalement stoppé. Même s’il y a des alternatives pour apporter de la liquidé à Bitcoin, comme des réseaux de courtiers indépendants ou bien des exchanges décentralisés (Note du traducteur : DEX, pour Decentralized EXchange, exchanges fonctionnant en peer-to-peer) comme par exemple localbitcoins.com, la processus critique de découverte du prix arrive le plus souvent sur des échanges centralisés bien plus liquides.
Réduire ce risque dépend du versant juridique. Binance, un des plus importants exchanges mondiaux, avait été fondé en Chine, avant de s’expatrier au Japon après la censure gouvernementale chinoise (Note du traducteur : le Premier Ministre Maltais a depuis officiellement annoncé la prochaine domiciliation maltaise de Binance après des déboires avec les autorités japonaises). Les gouvernements nationaux sont également inquiets de potentiellement laisser filer une opportunité, sur un secteur qui pourrait devenir conséquent sur Internet, concédant ainsi un avantage compétitif capital aux autres nations.
A priori, le processus de monétarisation de Bitcoin ne pourrait stoppé que par un effort coordonné mondial de fermeture administrative ou juridique de la totalité des exchanges de Bitcoin. Le coup d’envoi a été donné pour une adoption si massive de Bitcoin que des fermetures si massives d’exchanges puisse devenir rapidement impensables politiquement, bientôt du même niveau de faisabilité que d’envisager une action concertée des gouvernements mondiaux pour provoquer la coupure d’Internet. Néanmoins, une telle possibilité reste encore réelle, et il convient d’en tenir compte avant d’investir dans Bitcoin. Comme nous en avons discuté dans une section précédente (partie 3) à propos de l’entrée sur le marché des états nations, les gouvernements nationaux commencent à se rendre compte du danger potentiel que pourrait poser une monnaie numérique, non souveraine, résistante à la censure, à leurs politiques monétaires. La question reste ouverte à propos de la façon dont les états nations agiront pour contrer cette menace que pourrait devenir Bitcoin, au point potentiel où leurs actions politiques pour l’arrêter finiraient par se montrer de toute façon inutiles et inefficaces.
Fongibilité
La nature ouverte, transparente et open source de la blockchain Bitcoin rend possible pour les états de marquer certains bitcoins comme “infectés” par leur utilisation dans de précédentes activités illicites. Même si la relative immunité à la censure présentée auparavant rendra de toute façon possible la transmission identique de tels bitcoins sur le réseau Bitcoin, les régulateurs et législateurs pourraient vouloir bannir l’utilisation de tels bictoins vérolés sur des exchanges ou auprès de commerçants, ce qui les rendrait largement inutiles. Bitcoin perdrai alors une propriété monétaire critique : la fongibilité.
Pour améliorer cette fongibilité, des améliorations devront être faites au niveau du protocole pour améliorer la confidentialité des transactions. Même si de nouveaux développements sont à l’ordre du jour (Note du traducteur : pour ne citer qu’elles, implantation prochaine des Confidentials Transactions/Bulletproofs), pour le moment, les cryptomonnaies pionnières comme Monero ou Zcash tiennent le haut du pavé. Il y a encore des améliorations technologiques majeures à apporter à Bitcoin, notamment concernant sa confidentialité. La question reste donc ouverte concernant la manière dont ces améliorations seront ajoutées à Bitcoin de manière à ne pas compromettre son utilité monétaire dans certaines autres utilisations.
Conclusion
Bitcoin est une monnaie embryonnaire qui est en train de transitionner depuis un état de collectionnable dans sa monétarisation pour devenir une réserve de valeur. En tant que bien monétaire non souverain (ou apatride), il est possible qu’à un certain moment dans le futur, Bitcoin devienne la nouvelle monnaie mondiale globale, à la manière dont l’or devint l’or-étalon pendant le XIXe siècle. L’adoption de Bitcoin en tant que monnaie globale est précisément le scénario optimiste pour Bitcoin dont nous parlons depuis le départ, et il peut être illustré par un échange de mail entre Satoshi Nakamoto et Mike Hearn qui eut lieu en 2010 :
Si vous l’imaginez comme étant utilisé même seulement pour une fraction du commerce mondiale, alors qu’il n’y aura jamais que 21 millions de jetons pour le monde entier, alors chaque unité aura énormément de valeur.
Cette possibilité avait déjà été encore plus franchement évoquée par le brillant cryptographe Hal Finney, le récipiendaire des premiers bitcoins qu’envoya Nakamoto, peu de temps après l’annonce officielle de la mise en ligne du premier logiciel Bitcoin fonctionnel :
Imaginez si Bitcoin réussit et devient le mode de paiement dominant utilisé dans le monde. Alors la valeur totale de cette monnaie devrait être égale à la valeur totale de la richesse détenue dans le monde. Les estimations actuelles à propos de cette seule richesse mondiale des ménages que j’ai trouvées tournent entre 100 à 300 milliards de dollars. Avec 20 millions de jetons, cela donnerait une valeur estimée pour chaque bitcoin de 10 millions de dollars.
Même si Bitcoin ne devenait pas une monnaie globale mondiale et devait se limiter à seulement concurrencer l’or en tant que réserve de valeur monétaire non souveraine, il serait alors aujourd’hui lourdement sous-valorisé. En mettant à la même échelle la capitalisation actuelle de l’or encore disponible avec celle du nombre maximum de bitcoins disponible (21 millions), on arrive encore à une valeur de 380000$ par bitcoin. Comme nous l’avons vu dans les sections précédentes, en se basant sur les attributs qui font d’un bien monétaire une réserve de valeur appropriée, Bitcoin surpasse l’or sur presque chaque critère à l’exception de l’historique établi. A mesure que le temps passe et que l’effet Lindy prend racine, l’historique établi ne sera bientôt plus un avantage compétitif en faveur de l’or. Par conséquent, il n’est pas déraisonnable de s’attendre à voir Bitcoin approcher, voire surpasser, la capitalisation du marché de l’or pendant la prochaine décennie.
La nuance majeure à cette thèse est qu’une large fraction de la capitalisation de l’or provient des banques centrales qui le détiennent en tant que réserve de valeur. Pour que Bitcoin égale ou surpasse la capitalisation de l’or, la participation d’au moins certains états nations s’avèrera nécessaire. Il est encore incertain que les démocraties occidentales entrent dans cette danse endiablée (Note du traducteur : le G20 des Finances de mars 2018 semble marquer un tournant dans l’acceptation relative de Bitcoin en tant qu’actif financier par les états-nations cependant). Il paraît plus probable pour le moment que les dictatures et les exécutifs stricts soient les premières nations à entrer sur le marché de Bitcoin (voir partie 3 pour plus de détails).
Si aucun état-nation ne participe au marché de Bitcoin, il pourrait tout de même demeurer une hypothèse optimiste pour Bitcoin. En tant que réserve de valeur utilisée seulement par les investisseurs particuliers et quelques institutionnels, Bitcoin en serait toujours relativement tôt dans sa courbe d’adoption — la bien-nommée “majorité précoce” (early majority) commencerait donc tout juste à entrer sur le marché pendant que la majorité tardive (late majority) et les “trainards” (laggards) mettront encore des années avant de se décider à entrer. Avec la participation encore plus massive d’investisseurs particuliers mais surtout institutionnels, un prix par bitcoin de 100000 à 200000$ est tout à fait atteignable.
Détenir des bitcoins est un de ces quelques paris asymétriques (asymmetric bets) auquel les gens à travers le monde entier peuvent décider de participer. Il s’apparente beaucoup à une option en Bourse, le revers de l’investisseur est limité à une perte de x1 (la potentielle totalité de la mise initiale donc) avec un potentiel gain de peut-être 100x ou même plus. Bitcoin est la première vraie bulle mondiale globale dont la taille et l’étendue ne sont limités que par le souhait des citoyens du monde de protéger leurs avoirs et économies des caprices induits par les incuries financières des gouvernements mondiaux. Effectivement, Bitcoin a surgi des abîmes de la catastrophe financière mondiale de 2008 — un désastre qui fut précipité par les politiques des banques centrales, au nombre desquelles on compta la Réserve Fédérale.
Au delà du cas particulier de Bitcoin, l’avénement d’une réserve de valeur non souveraine aura de profondes conséquences géopolitiques. Une réserve monétaire globale et non inflationniste forcera les états-nations à modifier leurs modes de financement par l’inflation comme mécanisme de taxation directe, mécanisme bien moins acceptable politiquement le temps passant. Les états rétréciront (au niveau de leurs prérogatives) avec la difficulté politique induite par la disrutpion fondamentale d’une recherche de mode de financement différente de la seule taxation. En outre, le commerce mondial s’organisera d’une manière qui aurait satisfait l’aspiration de Charles de Gaulle à l’absence de favoritisme d’une nation par rapport aux autres :
Nous considérons nécessaire que le commerce international soit organisé, comme c’était auparavant le cas, avant les grandes désillusions de ce Monde, sur une base monétaire indiscutable, et qui ne porte la marque d’aucun pays en particulier.
D’ici 50 ans, la base monétaire unique sera Bitcoin.
Remerciements
Merci à Vijay Boyapati pour l’opportunité qu’il m’a laissée de traduire sa série d’articles de qualité concernant l’aspect monétaire de Bitcoin, entre autre.