10 raisons de préférer une épée bâtarde une main et demie pour la reconstitution médiévale

HistOuRien
5 min readOct 17, 2016

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Comme nous l’avions déjà mentionné dans l’article “Une lame à l’épreuve du temps”, l’épée est l’objet qui évoque le mieux le monde médiéval. Elle est, au Moyen Âge, l’apanage des hommes d’armes et revêt une symbolique sociale et religieuse importante pour l’époque. De nos jours, elle est l’arme la plus répandue parmi les reconstituteurs médiévaux. Cependant, elle existe sous différentes formes définies par la longueur de sa lame et par la manière de la manier. Nous pouvons distinguer trois types : l’épée à une main, plus courte et se maniant avec un bouclier ; l’épée à deux mains, la plus longue et ne servant que dans certaines circonstances sur un champ de bataille et, enfin, l’épée bâtarde une main et demie que nous allons analyser dans cet écrit. Cette dernière est probablement la plus employée dans les reconstitutions médiévales. Pourquoi ce choix ? Serait-elle la meilleure des formes d’épées ? Nous allons nous pencher sur ces questions en abordant ses qualités et ses défauts. De plus, nous verrons à quelle époque et dans quelles conditions elle était employée.

L’épée bâtarde s’impose sur le terrain des opérations au milieu du XIVe siècle, quand les pièces d’armure de plate commencent à se répandre. En effet, son emploi est permis par le fait que le bouclier comme moyen de défense devient de plus en plus superflu. Ce sont ces pièces d’armures qui viennent se positionner au-dessus de la cotte de maille qui permettent de le remplacer et qui, au final, aboutissent à son abandon. Cela donne la possibilité à l’homme d’armes de libérer une main qui elle aussi, désormais, peut servir à manier l’épée. De plus, la nécessité de percer (le mot est là) cette nouvelle défense va mettre l’accent sur l’importance de la pointe de l’arme. Cette nouvelle épée peut être manipulée à une ou à deux mains et la technique de demi-épée (saisir la lame à sa moitié avec la main gauche) fait son apparition. Cette dernière vise à raccourcir la portée pour travailler plus prêt de son adversaire et d’employer la seconde moitié de la lame comme d’une dague afin d’augmenter la précision des coups d’estoc et, de cette façon, de trouver plus facilement le défaut de l’armure. C’est donc le contexte qui a créé cet outil de guerre efficace.

Cette forme d’épée est beaucoup employée dans le cadre de la reconstitution car elle est plutôt bien représentée dans les traités de combat de la fin du Moyen Âge. Nous avons donc de bons témoignages de la manière dont elle était employée dans le combat civil ce qui permet d’en reproduire les gestes. Plus concrètement, cette épée possède une meilleure allonge sans renoncer à la possibilité d’un combat rapproché. Elle permet d’effectuer une variété d’attaques et de “parades”, déviations et accompagnements (voir “5 erreurs récurrentes dans la reproduction du combat médiéval…”) qui témoignent de toute la subtilité d’un affrontement à l’époque.

Qui plus est, la possibilité de manipuler cette épée à une ou deux mains permet de s’adapter plus facilement aux circonstances du combat et, si nécessaire, de mettre plus de force dans sa frappe. En outre, le poids de l’arme ne variant que d’environ 300 grammes entre une épée à une main et une épée bâtarde, cela accorde à son porteur la possibilité de moins se fatiguer au cours d’un affrontement. Comme nous l’avons souligné, en combat collectif, il est nécessaire de manier cette épée en portant des pièces d’armures protégeant convenablement le corps. Toutefois, son utilisation, au Moyen Âge, est aussi attestée dans les duels judiciaires (donc en habits civils) comme en témoignent les traités de maîtres d’armes.

En conclusion, cette forme d’épée est une perle pour les reconstituteurs. Son maniement historique est plutôt bien documenté (quoi qu’il y ait, aujourd’hui, des historiens pour contester la crédibilité des sources) et permet un panel large de mouvements dont l’efficacité n’est plus à démontrer. De plus, l’épée bâtarde est polyvalente : elle peut s’employer à proche comme à moyenne portée, permettant une allonge plus grande que l’épée à une main. En outre, durant les représentations publiques, son maniement peut aussi être assez spectaculaire. C’est donc une épée polyvalente et efficace qui servira le reconstituteur au mieux de ses aspirations. Il est, toutefois, nécessaire d’en bien choisir la forme pour respecter l’historicité de l’objet (voir article “[…] Comment bien choisir son épée pour la reconstitution médiévale?”).

A vous de jouer maintenant. Faites-moi part de vos impressions sur cette lame exceptionnelle. Si le sujet vous intéresse, vous pouvez aussi lire mon article sur “5 raisons de choisir une épée courte à une main […]”. Dites-moi quelle est votre type d’épée médiévale favorite et prenez une photo de vous avec celle-ci pour me l’envoyer. N’hésitez pas à faire vos commentaires et à en débattre. Si vous avez aimé cet article, vous pouvez le partager, l’applaudir, le liker et allez faire un tour sur ma page facebook.

Si, comme moi, vous êtes passionnés d’Histoire militaire médiévale, vous pouvez aussi aller voir cette bibliographie non-exhaustive d’Histoire militaire médiévale.

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